Le Dernier Convoi

sjmdxo_

Franziska est issue de la bourgeoisie berlinoise des années 1930. Elle rejoint de force la BDM en 1938. C'est en fuyant l'Allemangne, qu'elle rencontrera Noah, un juif français d'origine polonaise.
C'était en novembre 1938 que je devenais officiellement une membre à part entière de la Bund Deutscher Mädel.


Je n'étais pas franchement ravie à cette idée, cela ne me réjouissait guère. 
Je trouvais cela fort injuste et barbare d'être forcée à intégrer cette... Communauté.


Pourtant, j'étais enthousiaste sur un point. La limite d'âge de la BDM étant de 17 ans, à mon anniversaire prochain, le 2 avril, je serai trop âgée pour cette catégorie et donc autorisée à rentrer chez moi. Il me restait donc cinq mois ici. Cinq mois à tenir. Cinq mois qui allaient sûrement me paraître interminable. Cinq mois où je serais obligée d'être une personne que je ne suis pas. Cinq mois où j'espérais survivre à cette soumission forcée. 


Les nombreuses relations de mes parents m'avaient tout de même fortement aidé pour mon intégration au sein de la BDM, bien que je me fiche littéralement de toutes ces filles blondes aux yeux bleus qui m'entourent. Je ne peux m'empêcher de penser que je joue relativement bien la comédie lorsque je suis à leurs côtés.


Nous sommes toutes aussi blondes aux yeux bleus les unes que les autres. J'avoue que je ne comprends pas vraiment ce principe mais nous constituons la race supérieure, autrement appelée la race aryenne. Je ne comprendrais donc jamais les intérêts de ce parti. 
C'est, pour toutes ces filles un honneur d'en faire partie et je ne peux m'empêcher de pester leur stupidité. C'est également une obsession pour le Führer de faire des allemands une race supérieure, d'ailleurs elle ne se cachent pas de se réjouir d'en faire parties.


À mon arrivée, on m'a immédiatement attitré un dortoir. On était sept dans ce dernier. Les filles semblaient froides et distantes, au moment même où j'ai croisé leur regard je me suis immédiatement raidie sous la froideur de leurs iris bleus. N'ont t-elle pas appris la politesse ? 
Je ne me sentais absolument pas à ma place et je n'avais qu'une envie ; retourner chez moi.


Une jeune fille prénommée Lize, légèrement plus sympathique que toutes les autres résidentes, s'est occupée de me faire visiter l'endroit et ses alentours, on a donc commencé par le bâtiment principal, là où se trouve principalement les pièces communes telles que le réfectoire ou encore les douches et les dortoirs.


La cantine est relativement grande pour nous toutes, il est clair que nous ne sommes pas oppressées, ce qui n'est d'ailleurs pas le cas dans les dortoirs pour lesquels il était compliqué de dire que nous ayons un quelconque espace privé.

Les chambres possèdent le strict minimum ; des lits, des armoires, que souvent nous partagions par deux et quelques bureaux pour étudier après la classe, étant donné que le nombre de bureaux est bien inférieur à notre effectif, nous avons rédigé un emploi du temps sur lequel on indique l'heure de révision de chacune. Par exemple, moi je peux réviser le mardi après midi à partir de quatorze heures jusqu'à seize heures ainsi que le jeudi matin de huit heures à dix heures du matin. Quatre heures par semaine devraient me suffirent pour mes occupations et surtout mes devoirs.


Les douches, quant à elles, sont communes. Je trouve cela relativement gênant mais je me tais pour ne pas paraître ingrate. Je pense que je peux m'y faire, ce n'est pas non plus invivable. Du moins, j'espère.


Le bâtiment en face de celui-ci est le bâtiment administratif. Là où tout se passe. Les admissions dans la BDM, nos dossiers personnels et les personnes les plus importantes et influentes s'y trouvent. C'est d'ailleurs là que mes parents ont finalisé le dossier d'admission pour mon internement.


Lize m'a également montré la cour, là où l'on peut se réunir pour discuter ou échanger. La cour est très grande, bien assez pour nous toutes. L'entrée est fermée par un portail très surveillé par des soldats, qui sont d'ailleurs les seuls hommes que Jutta Rüdiger, responsable de la BDM, autorise à entrer. Ils n'ont d'ailleurs aucunement le droit de nous approcher et de discuter avec nous sous prétexte que nous ne sommes pas encore des femmes assez bien éduquées pour satisfaire l'exigence des hommes allemands. Jutta souhaite faire de nous des femmes sportives, joyeuses et en capacité de se soumettre totalement, sans broncher, à notre futur mari qui ne saura tarder d'après elle. Certaines ont à peine quatorze ans, comment peuvent-elles, à un si jeune âge, être prêtes à jurer serment de fidélité à un homme pour toute leur vie. Un homme qu'elle n'auront sûrement pas choisi, d'ailleurs. Je refuse de finir comme cela et je fuirais si il le faut.


J'avais remarqué au loin un jeune homme, d'à peine vingt ans, me dévisager. Je le fixais en soutenant son regard. Et j'aperçus, malgré la distance, ses rayonnants yeux bleus verts qui reflétaient grâce au petit soleil hivernal.
Il était grand et assez mince à côté de ses compagnons plutôt robustes en comparaison. 
J'ai rapidement détourné le regard en me rappelant son poste tandis qu'il avait fait de même en plantant son regard face à lui en se redressant pour fixer le mur derrière moi.


C'est après cette entrevue assez perturbante que Lize m'annonce avoir fini la visite. Elle me demande si j'ai besoin d'autres renseignements et après avoir secoué la tête négativement je la vois se diriger vers les dortoirs.


Je me sens seule et je hais ce sentiment. Je me sens impuissante et prisonnière de ma propre vie. N'est-ce pas le cas ?


Après ces pensées quelques peu déprimantes, je secoue la tête en espérant retrouver de la constance puis me dirige nonchalamment vers mon dortoir. Je suis exténuée et j'ai vraiment envie de me reposer une heure ou deux.


Je me suis reposée à peine une demi heure quand une fille me réveille brutalement pour me dire que l'on doit toutes, immédiatement, se rendre dans le réfectoire.
J'enfile rapidement mes chaussons et me dirige en courant dans la cantine afin d'éviter toutes punitions à cause d'un retard.


Quand j'entre dans la vaste pièce une trentaine de jeunes filles me font face, elles ne m'aperçoivent pas, toutes occupées à fixer l'attroupement qui s'est fait autour d'une des tables. 
C'est en m'approchant que je distingue une silhouette masculine. Un homme d'un certain âge et peu séduisant à mon goût est assis sur une chaise, les mains dans les poches, contemplant les nombreuses femmes autour de lui.
Je me demande qui est cet homme qui amasse autant de succès auprès de la gente féminine.


C'est en me posant silencieusement la question qu'une dénommée Matilda me signale qu'il s'agit d'un sergent nazi haut placé qui vient rendre visite à sa fille, une certaine Elizabeth, qui fait partie de la BDM depuis 1936.


C'est avec détachement que j'essaie de suivre la discussion à laquelle tout le monde participe, et au bout d'une heure d'ennui insupportable je décide de m'éclipser discrètement vers mon dortoir.


Je suis enfin seule, sans personne pour m'embêter et je profite de ces quelques instants de calme pour réviser mes leçons de français.
  • Vous méritez bien mieux que cette note ridicule. N'y faites pas attention. Merci :)

    · Il y a plus de 6 ans ·
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    Mario Pippo

    • Merci à vous d’avoir prit le temps de me lire :)

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      sjmdxo_

    • J'ai pris le temps, mais comme il se débattait, je l'ai rendu :)

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Mario Pippo

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