Le dernier souffle du Monarque
Frédérick Maurès
Deux longues journées déjà que Pépito Molécon était enfermé dans sa cellule. Les visites n'avaient pas encore été autorisées. Peut-être en fin d'après-midi… S'il voulait bien se montrer coopératif, lui avait-on fait comprendre. Autrement dit, s'il voulait bien faciliter la tâche des autorités en avouant. Mais en avouant quoi ? Le moral en berne, Pépito venait de passer deux jours qui lui avaient paru des siècles. Prostré, assis sur le rebord d'une paillasse à l'hygiène plus que douteuse, les coudes plantés dans les genoux, tempes serrées entre ses poings crispés, il broyait du noir. Plus le temps avançait, plus il sombrait dans une forme de léthargie semi-dépressive.
Le matin même, l'avocat commis d'office pour sa défense ne lui avait pas paru être un foudre de guerre. Tout l'entretien s'était déroulé avec la désagréable sensation que Javier Dolgovar attendait désespérément quelque chose que Pépito se refusait à lui donner. Toutes les actions qu'il pourrait envisager, tous les recours qu'il n'excluait pas, tous ces alibis qu'éventuellement il aurait pu aider à confirmer, tous les peut-être, les sans doute et les probablement qu'il n'hésitait pas à distiller au fil de son discours unilatéral, tout, absolument tout semblait conditionné à l'accomplissement de certaines formalités que Pépito faisait mine de ne pas saisir. Pour lui, s'acquitter d'un pot-de-vin, c'était mettre délibérément le doigt dans un engrenage antinomique à son éthique personnelle, aux antipodes des valeurs inculquées par Réanna et Gabino.