Le facteur Cheval
idem
Il était une fois un facteur
Appelé Ferdinand Cheval
Qui parcourait durant des heures
Le rêve d'un Palais Idéal
Marchant, vaillant, le nez au ciel
Les joues creusées, les yeux luisants
Il y voyait bien des merveilles
Une reine, des jardins, des géants
Rêveur épris par sa passion
Facteur Cheval trompait l'ennui
Ainsi défilaient les saisons
En songeant aux mille et une nuit
Mais un beau jour chemin faisant
A contempler trop les nuages
Il trébucha s'arc-boutant
Contre une pierre qui tint ce langage :
« Ne crois-tu pas que le temps presse
A l'équinoxe de ta vie ? »
Le facteur tombé sur ses fesses
Ouvrait la bouche, comme ahuri
« Ohé, l'ami ! Reviens sur terre
Vrai, tu feras bien des heureux !
Tire ton palais de la pierre
Elève-le vers les cieux
« Je le savais, je suis un fou
J'ai l'imagination malade
Pour m'en guérir allons au bout
Allons mener notre croisade
Voici mon rêve, à l'œuvre ! », dit-il
Il prit la pierre dans son mouchoir
Le trésor d'une vallée fertile
L'achoppement de son histoire
Le bon facteur jaugea la pierre
Sculptée par les temps et les eaux
Trouvait dans ses formes un mystère
Et tout espèce d'animaux
Et de ce jour, il n'eût de cesse
De transformer un tas de pierre
En un palais, en une promesse
En quelque chose d'extraordinaire