Le Fils de l'homme 

My Martin

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Nouveau Testament. Évangile selon Saint Jean 

La Passion du Christ ; les événements qui précèdent et accompagnent la mort de Jésus de Nazareth 

 

Les autorités du Temple mettent en avant le grief que Jésus pervertit le peuple, refuse le tribut de César et se fait appeler messie et roi 

Le lendemain matin, Jésus est emmené et jugé devant Ponce Pilate, le préfet de Judée (conquise par les Romains depuis -63 avant J.-C.). Condamnation à mort 

 

Jésus est flagellé -lié à une colonne, frappé avec un fouet aux lanières lestées d'os ou de métal. Ou d'un long clou 

 

Le nombre de coups de fouet n'est pas limité par la loi ; à la suite des coups, des victimes non condamnées à mort demeurent parfois handicapées à vie ou meurent 

Due à la flagellation, l'hémorragie réduit la durée de survie 

 

Jésus (33 ans) ... couronnement d'épines. Présentation aux outrages de la foule ("qui dois-je libérer, Jésus ou Barabbas ?"). Crucifixion  

 
 

 
Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit « Le Caravage », peintre baroque italien 

né le 29 septembre 1571, à Milan (Lombardie)  

mort le 18 juillet 1610, à Porto Ercole (120 km au nord-ouest de Rome). 39 ans  

 

Naples. Museo e Real Bosco di Capodimonte  

Caravaggio (35 ans) - La Flagellazione di Cristo. Vers 1606-1607 

Huile sur toile. 286 × 213 cm 

 

Huis clos 

Le Christ, ses bourreaux. Aucun spectateur -ni Pilate, Judas. Ni Marie 

La colonne est dans la pénombre 

Le Christ au centre (pas de lacération des chairs). Sa lumière sur les trois bourreaux -visages épais, chairs foncées 

Le personnage de gauche est semblable au bourreau de "la Salomé", de la même année -autoportrait du Caravage ? 

1606-1607. Londres, National Gallery. Salomé reçoit la tête de saint Jean-Baptiste (en italien, Salomè con la testa del Battista) 

 

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Pour la famille Di Franco (Tommaso de Franchis), le Caravage a réalisé Les Sept Œuvres de miséricorde (1607). 390 X 260 cm -confraternité de Pio Monte della Misericordia (1607), Via dei Tribunali (Naples)  

Nouvelle commande pour l'église San Domenico Maggiore (Naples)  

 

Thème spécifique de l'iconographie de la Passion  

Longue prééminence d'un modèle inventé par Michel-Ange 1475-1564 ; la référence marque longtemps les peintres, stimule les sculpteurs 

Par sa composition, l'œuvre du musée de Naples est proche de plusieurs toiles préalables de même iconographie  

par Sebastiano del Piombo, premières périodes maniéristes (1518), chapelle Borgherini, à San Pietro in Montorio (Rome) 

Federico Zuccaro, maniérisme romain 1539-1609 

Andrea Vaccaro, Napolitain, suiveur du Caravage 1604-1670 

 

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Mai-juin 1607. La toile est réalisée  

 

Septembre-octobre 1609. Juin-juillet 1610. Reprises, esquisse. Le Caravage souhaite insérer en bas à gauche, la figure du commanditaire ; sans suite 

 

Le tableau est admiré. Le clergé local commande une nouvelle « Flagellation du Christ » -réalisée à La Valette (Malte), en 1608 

 

 

 
 
Exposition "Le Caravage. Un coup de fouet"  

Rouen. Musée des Beaux-Arts. Huile sur toile. 134,5 × 175,5 cm 

Le Christ à la colonne (ou La Flagellation du Christ). Vers 1606-1607  

 

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L'instant de tension précède la violence -la flagellation 

Les deux bourreaux lient le Christ à une haute colonne  

Gestes brutaux. Visages marqués, mains rudes. Vêtements pauvres  

 

La lumière de soupirail provient d'en haut, accentue les gestes des bourreaux. Effet de mouvement 

Manteau rouge jeté au sol, royauté déchue. Le Christ est harassé  

 

Arnauld Brejon de Lavergnée (né en 1945), historien de l'art. Le visage du Christ est tourné vers le bord extrême du tableau. « Isolé dans sa Passion, [le Christ] regarde le vide ; les bourreaux accomplissent leur travail ; le spectateur est pris entre les deux » 

 

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Vers 1589-1590. Ludovic Carrache 1555-1619 (peintre pré-baroque, école bolonaise) propose une vision renouvelée ; La Flagellation du Christ (1585-1591) -Douai (Nord), musée de la Chartreuse  

 

Ludovic Carrache place ses figures grandeur nature au bord de la toile. Le spectateur est impliqué dans la représentation du drame 

Au centre, le Christ est attaché à une haute colonne haute 

Le visage rejeté en arrière, les cheveux tirés par une main brutale, il regarde le ciel avec désespoir 

Autour de lui, les bourreaux en ronde infernale 

A l'arrière-plan dans l'ombre, sur la gauche du tableau, Pilate au manteau rouge 

A droite, un guerrier en armure désigne la scène ; il invite le spectateur à participer au supplice 

 

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Plus que celui de la figure du Christ, le traitement des bourreaux est caractéristique de la première période napolitaine du Caravage 

 

Cadrage serré 

Disposition inédite des figures. Cadre rapproché, format horizontal a mezze figure (figures à mi-corps) 

Mise en scène originale, dynamique 

La dramaturgie se déploie dans un espace parallèle au plan du tableau 

Tension vers un « hors-champ », au-delà du bord de la composition 

 

Le Caravage reformule les codes de la peinture narrative, la relation entre l'espace du tableau et son prolongement idéal 

 

La toile s'apparente aux œuvres que le Caravage peignait à Rome pour ses collectionneurs ; registre de la peinture de dévotion privée 

 

A Naples, cette reformulation est plus ou moins assimilée par les disciples du Caravage 

Louis Finson 1580-1617. Flamand, l'un des premiers propagateurs du caravagisme dans l'Europe du Nord  

Le Napolitain Battistello Caracciolo 1575-1635 

 

L'influence du Caravage est perceptible au cours de la première moitié du XVIIe siècle 

 

 

 

 

1955. Rouen. Le tableau est acquis sur le marché de l'art parisien sous une attribution à Mattia Preti 1613-1699. Il Cavaliere Calabrese. École napolitaine, peintre du baroque, fortement influencé par le Caravage 

 

1960. Roberto Longhi 1890-1970, Italien, historien de l'art. Le tableau de Rouen devient le point central de sa théorie sur la production des copies du Caravage 

Nouvelle approche pour l'attribution d'une œuvre 

Méthode morellienne -Giovanni Morelli 1816-1891. Analyse directe de l'œuvre ; la peinture elle-même est la meilleure preuve. Dans certains détails mineurs (les mains, les ongles), les plus grands peintres se laissent aller à des automatismes  

 

A l'époque, le Caravage est « l'un des artistes les moins connus de l'art italien » 

Pour Roberto Longhi, le Caravage est le premier des peintres "modernes". Dès 1926, il lui consacre une analyse 

Style direct et naturaliste 

Attention particulière portée à la vie de tous les jours -au XVIe siècle, les artistes commencent à s'intéresser à des sujets, qui ne sont pas seulement religieux ou historiques 

Univers poétique 

Rôle fondamental joué par la lumière  

Après la Contre-Réforme (XVIe siècle, l'Église catholique réagit face à la Réforme protestante, les liens de l'esthétique du Caravage avec le réalisme lombard 

Pendant quatre ans, le jeune peintre (13 ans) a été formé à Milan, auprès de Simone Peterzano -école lombarde ; luminisme expressif, détails vrais  

Portée révolutionnaire de son art -adopté et divulgué par nombre de peintres italiens et étrangers 

 
 

 
 
29 mai 1606. Rome. Rixe de rue, coup d'épée. Le Caravage (35 ans) tue Ranuccio Tomassoni da Terni, le chef de la milice locale. Blessé, le Caravage fuit 

Passage dans le fief des Colonna (Latium, région de Rome), ses protecteurs 

 

Octobre 1606-juin 1607 (une dizaine de mois). Premier séjour à Naples  

Impact considérable de son séjour dans la ville. Le Caravage affirme son style, forgé dans la cité papale. Renouvellement 

Clair-obscur, ténébrisme dramatique ; les personnages sont présentés avec réalisme. Le divin, plus humain 

 

L'organisation de l'atelier du Caravage reste stable 

A Rome, longue amitié avec le peintre Prospero Orsi 1560-1633, qui présente le Caravage à de riches collectionneurs  

A Naples, association avec Louis Finson 1580-1617. Peintre, dessinateur, copiste et marchand d'art flamand. Finson produit un certain nombre de copies, d'après les œuvres du Caravage 

 

Continuité entre la période romaine et l'époque du séjour du Caravage, à Naples. Mêmes commanditaires et collectionneurs 

Ottavio Costa 1554-1639, banquier et mécène génois  

Vincenzo Gonzaga 1562-1612, duc de Mantoue 

Le cardinal Scipione Caffarelli-Borghese 1577-1633 

 

Ces échanges se poursuivent lors des déplacements du peintre  

Court séjour, juillet 1607-1608. Malte  

Juillet 1608-octobre 1609. La Sicile 

Début octobre 1609-24 juillet 1610 (8 mois). Second séjour à Naples ... 


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