Le grand indicateur

My Martin

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D'après un article du journal "Le Monde". Actualité, science & médecine. 13 décembre 2023. Florence Rosier 

 

Science, revue américaine hebdomadaire. 8 décembre 2023 

 

 

Afrique de l'Est. Tanzanie centrale, autour du lac Eyasi (Rift Valley). Peuple Hadza. Chasseurs-cueilleurs 

 

Afrique australe. Mozambique. Peuple Yao, culture bantoue. Chasse, agriculture, pastoralisme 

Réserve spéciale de Niassa (Mozambique Nord). Pour l'étude, une femelle grand indicateur a été capturée  

 

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Afrique subsaharienne 

 

Pour appeler l'oiseau, chaque ethnie utilise un son spécifique  

Les Yao lancent un trille bruyant, suivi d'un bref grognement  

Les Hadza émettent un sifflement mélodique  

 

L'oiseau-pilote entend le signal  

Ni domestiqué, ni contraint, il collabore avec les humains 

 

Universités de Cambridge (Royaume-Uni) et du Cap (Afrique du Sud). Dr Claire Spottiswoode, biologiste évolutionniste, co-autrice de l'étude. L'oiseau ne répond que s'il a en tête, une ruche à montrer 

Pour guider l'homme jusqu'à l'essaim, l'oiseau émet un cri. Il volette, de branche en branche  

Pour ne pas perdre l'homme en chemin, il continue à lancer ses cris  

Lors de chaque envol, il déploie les plumes blanches de sa queue  

 

L'oiseau guide les humains sur une distance médiane de 152 mètres (832 mètres, au maximum) 

Le guidage est imprévisible ; plus fréquent, chez les femelles et les juvéniles 

 

Pour les calmer, L'homme enfume les abeilles, découpe les rayons à la machette et récolte le miel  

 

L'oiseau se nourrit des morceaux de rayons ou du couvain (nymphes, larves, œufs) donnés en récompense, par le chasseur de miel. Ou tombés au sol  

Le grand indicateur est l'un des seuls oiseaux capables de digérer la cire d'abeille 

 

 

Dans la nature, entre deux espèces sauvages, il existe de nombreux exemples de mutualisme. Une relation durable, bénéfique aux deux parties 

 

Entre un être humain et un animal sauvage, un seul autre cas de mutualisme 

Depuis cent quarante ans, sur les côtes du Brésil Sud (État de Santa Catarina. Laguna) 

A l'automne, les poissons migrateurs (mulets) se rapprochent de la côte 

Alors certains dauphins (Tursiops truncatus) rabattent les bancs de mulets, vers les filets des pêcheurs  

Par des plongeons particuliers, les dauphins signalent aux pêcheurs, la présence des bancs  

En capturant une partie des poissons qui s'échappent des filets, ils gagnent un déjeuner facile 

 

Canada, Halifax. Dalhousie University. Mauricio Cantor, chercheur. Un comportement acquis ; la mère transmet cet apprentissage à son juvénile  

 

 

1588. Actuel Mozambique (Afrique de l'Est). Missionnaire portugais au Mozambique, de 1589 à 1597, Joao dos Santos observe ces oiseaux. Ils entrent dans l'église, picorent les cierges 

 

Par la suite, le missionnaire décrit précisément l'alliance de l'oiseau avec l'homme 

 

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1989. Kenya. Deux naturalistes observent le comportement de l'oiseau. Ils confirment le récit du missionnaire 

 

 

William Searcy (University of Miami) et Stephen Nowicki (Duke University, Durham, Caroline du Nord), biologistes américains.  

Les chasseurs de miel Yao apprennent de leurs aînés, le signal spécifique à l'oiseau  

 

Pour l'oiseau, l'apprentissage n'est pas évident 

Le grand indicateur est un parasite de couvée. La femelle pond ses œufs par séries de 3 à 7 (10 à 20 œufs par an) 

Chaque œuf est pondu dans un nid différent, dans la couvée d'une autre espèce -guêpiers, hirondelles, martins-pêcheurs, ... 

Sur le bec, le poussin grand indicateur est doté d'un crochet membraneux, avec lequel il rejette les autres oisillons hors du nid 

 

Le jeune indicateur observe et copie le comportement des "guides de miel" plus âgés. Ainsi, il apprend ainsi à collaborer avec l'homme 

A moins qu'il n'associe directement le signal humain à la récompense qui suit, lors de la première rencontre avec des chasseurs de miel 

 

 

États-Unis. University of California, Los Angeles. Brian Wood, anthropologue 

Entre les deux complices, co-évolution culturelle  

 

Dater cette alliance -hypothèse  

-Trois millions d'années. Sonder et ouvrir les arbres abritant les colonies d'abeilles. Les Hominidés utilisent des outils de pierre  

 

-Un million d'années, domestication du feu. La capacité des êtres humains pour accéder au miel, se renforce  

Régime alimentaire des Australopithèques ou des premiers "Homo". Ces deux technologies accroissent l'importance du miel, dans l'alimentation humaine 

Les premières collaborations avec le grand indicateur prennent forme  

 

Les cultures humaines perfectionnent l'alliance. Les signaux d'appel. Une fois la ruche identifiée, comment récompenser l'oiseau 

 

 

Le grand indicateur -Indicator indicator 

20 centimètres. 50 grammes. Espèce endémique 

Ventre blanc. Sur l'épaule, une tache jaune. Sur le dos, des plumes couleur noisette  

 

Ordre. Piciformes -dérivé de Picus, nom scientifique du genre-type des pics -pic vert. Picus viridis, ... 

Tous les Piciformes ont les pattes avec deux doigts orientés vers l'avant et les deux autres vers l'arrière ; une disposition adaptée à la vie arboricole, le long des troncs 

 

Famille. Indicatoridae -4 genres et 17 espèces 

 

Genre. Indicator 

 

Espèce. Indicator indicator (1777. Anders Erikson Sparrman 1748-1820. Médecin et naturaliste suédois. Abolitionniste) 

Statut de conservation UICN. Préoccupation mineure 

 

Habitats variés comprenant des arbres, en particulier dans les espaces boisés secs ; oiseau absent dans la jungle de l'Ouest de l'Afrique 

 

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L'alimentation du grand indicateur se compose  

d'abeilles (adultes et couvain) 

de vers de cire (Galleria mellonella et Achroia grisella. Papillon de nuit parasite de l'abeille) 

et de cire d'abeille 

 

Tôt le matin, lorsque les abeilles sont engourdies, l'oiseau attaque les colonies  

 

Il se nourrit également  

de ruches à l'abandon  

et de restes de colonies pillées par les humains. Ou par de gros animaux -les ratels (Mellivora capensis. Cousins éloignés du blaireau) 


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