Le jardin secret de Claire

Robert Drabowicz

PROJET DE MANUSCRIT EN COURS : "MAINTENANT OU JAMAIS"
(Texte susceptible d'être modifié)
Publication du livre courant 2011 (Voir sur : www.robert-drabowicz.fr et Facebook) 

Contexte : Novotel Paris Porte de Bagnolet, janvier 1971. Serge s'attarde au piano-bar de l'hôtel. Il fait la connaissance de Claire. Claire vient de quitter le cocktail où elle passait la soirée en claquant la porte. Du même coup, elle a éconduit son ami et mis fin à sa relation avec lui. Elle quitte l'hôtel où elle était descendue avec lui et se réinstalle au Novotel. Il est prévu qu'elle reparte sur Bordeaux le lendemain...

EXTRAIT :
La conversation est engagée. Serge, qui sent que son invitée a besoin de parler, se raconte très peu si ce n’est pour parler brièvement de son travail, de son ambition et de la raison qui l’amène sur Paris. Claire exerce la profession d’œnologue dans la région bordelaise. Son père est le propriétaire d’un grand domaine viticole. Pendant qu’elle parle avec passion de son métier et des vins, Serge l’observe et la détaille discrètement. A l’évidence, ses vêtements sont d’une grande marque. La bague sertie de diamants, la fine gourmette en or et son collier de perles sont à la conclusion, à n’en pas douter, de quelqu’un issu d’un milieu bourgeois très riche. L’instinct de femme alerte Claire. Elle vient de flairer l’examen :
— C’est du Chanel ! concède-t-elle, soudainement en interrompant son discours.
— Pardon ? fait Serge, surpris.
— Mes vêtements… c’est du Chanel. Je réponds à la question que vous vous posez depuis un petit moment, ajoute-t-elle avec un brin de malice dans ses yeux.
— Vous avez une classe folle… Les hommes doivent vous désirer.
— Oui… peut-être… Et… vous, comment me trouvez-vous ? Désirable ?
— Je ne sais pas encore, répond Serge, du tac au tac et sur un ton détaché, l'air ailleurs.
— Marié ?
— Oui, depuis peu.
— Intéressant… dit-elle, avec un regard qui le passe en revue.
— Et vous ?
— Trop vite mariée, très vite divorcée, s’amuse-t-elle.
A-t-il supposé la femme fatale qui prend un malin plaisir à mettre tous les hommes à ses genoux parce qu’elle est prodigieusement belle ? Ne cherche-t-il pas alors à s’affirmer comme n’étant pas « comme les autres » ? L’impertinence, l’assurance et la faconde de Claire excitent son orgueil de mâle. « C’est quoi, cette nana qui croit qu’il suffit de se cambrer afin de dresser ses nichons et faire rebondir un peu plus son cul pour assujettir un homme à sa mansuétude sexuelle ? » se dit-il, non sans une certaine rogne. « Faire montre d’une certaine indifférence ! » lui avait recommandé, un jour, l’oncle Albert.
— Bientôt, vous saurez… chuchota-t-elle, effrontément à son oreille.

Serge l’a remarqué : Claire a un peu bu. A défaut de le savoir, il imagine que toute femme seule se ramassant un coup de blues est vulnérable ; surtout quand elle est aidée par l’alcool ; surtout quand elle a du caractère : surtout quand elle n’a pas froid aux yeux. Serge décide de ne prendre aucune initiative et de laisser les choses se faire à l’initiative de Claire. Au bout du quatrième verre et d’une conversation qui n’avait pas manqué de sel, Claire se lève soudainement en soupirant.
— On y va ? lâche-t-elle, en lui prenant la main.
— Où ça ?
— Idiot… où veux-tu qu’on aille ? Ah… oui, c’est vrai, tu as raison : alors, dans ta chambre ou dans la mienne ?
— Euh…
— Bon, allez va pour la mienne ! Viens, j’ai une furieuse envie de te faire l’amour, poursuivit-elle, en l’enlaçant et en lui donnant un fougueux baiser.
Comment se soustraire à cette terrible envie qui monte depuis ses entrailles pour s’acoquiner avec celle qui trépigne d’impatience dans sa tête ? Irrésistible désir amoureux qui dévore avec les yeux, accélère le rythme cardiaque, raccourci le souffle, enfièvre, solidifie ce pénis qui ne demandait qu’à recevoir le signal de départ et annihile toute résistance. Perte du contrôle, abandon, reddition : femme intelligente, sensuelle et belle, qui veut et qui sait faire ; gagnera-t-elle toujours ? Ne jamais parier le contraire. Éternelle aguicheuse ? Oui, depuis la nuit des temps. Trop douce et bienfaisante égérie de l’amour : l’homme en a peut-être plus besoin que la femme…
Serge est vaincu. Claire le sait. Elle a senti, en se collant à lui, son sexe dur comme de l’acier, tendu comme la corde d’un arc, promesse de nombreux et fabuleux voyages dans sa fente brûlante de désir.

Claire est déchaînée. Il est un peu plus de minuits. Dans l’ascenseur qui monte trop lentement les étages, ils sont seuls. Claire passe sa main sous sa robe et arrache son slip. Elle le tend vers Serge en lui disant :
— Tu m'as fait un terrible effet, touche-le comme il est mouillé !
Éclatant d’un rire suave dépourvu de toute vulgarité, elle se colle à lui et frotte lascivement le bas de son ventre contre ce saillant qui ne se dresse que pour elle. L’ascenseur s’arrête enfin. Serge est à bout. Elle le sait car son instinct féminin le lui a dit. Prodigieuse qualité de femme aimante, amoureuse, charnelle, gourmande, sans complexe, conquérante et libre. Douce sylphide de l’amour ou cruelle amazone ? La réponse est donnée tout de suite, à peine la porte de la chambre franchie.

Claire retire furieusement les vêtements de Serge avec dextérité. Serge en fait de même. Claire est nue, belle à faire crever de désir. Son pubis, presque imberbe, est beau tant il est discret. Ses seins se dressent fermement en pointant des bouts durs comme de la pierre. Serge la prend par la taille et se colle contre elle. Il sent la chaleur de son corps, son souffle court et son cœur qui bat la chamade. Ils sont nus, debout contre le mur. Serge attrape sa jambe gauche, la passe autour de sa taille, puis soulève légèrement son corps et la pénètre violemment. Claire est ouverte et le reçoit en poussant un grand cri de délivrance. Elle passe ensuite ses deux mains autour de son cou et, prenant appui contre le mur, enserre son amant autour de sa taille avec ses deux jambes. Serge initie alors un mouvement de va-et-vient rotatif croisé avec un sens allant de bas en haut. Des variations de vitesse et de puissance induites par une perception sensorielle bien inspirée, parfondent un mouvement pénétrant aussi surprenant que savoureux. Il perçoit tout l’étonnement de Claire, mais sent, plus qu'il le devine, qu’elle est en train de prendre un plaisir comme jamais elle n’en a eu jusqu’à présent.

Serge n'a posé aucune question. La sentant sur le point de jouir, il s'en va, avec elle, l'accompagnant dans une longue jouissance. Claire sent le sexe de Serge se vider abondamment de sa substance par saccades dans son vagin. Son sperme est brûlant, Claire hurle de plaisir, Serge aussi. Puis c'est un silence apaisant qui les gagne. Ils restent un long moment ainsi... à bout de souffle, haletants, silencieux, collés l'un à l'autre tout contre le mur. Parfaite osmose d'un acte d'amour réussi parce qu'il a trouvé son aboutissement dans la plénitude.

.../...

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