Le jour des hirondelles

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Le jour des hirondelles

 

      Ce jour là, les hirondelles venaient d'envahir la France. C'est curieux, je me lève un matin, et il faut que regarde le ciel ; il a une transparence qui ne me trompe pas. Cette fraîcheur, cette limpidité me font scruter chaque année, la lumière du ciel pour y chercher quelque chose. Je ne sais pas toujours tout de suite ce que c'est, mais au fur et à mesure que passent les années, je sais. Je me dis : 'c'est un ciel pour hirondelles'. Il m'arrive d'être en avance d'un jour ou deux, mais c'est très rare.

 

      C'et que je t'ai retrouvé, mon amour, un de ces matins là. Dans la fraîcheur d'avril, partie pour un congrès, les hirondelles m'ont fait cortège pendant tout le voyage en train, qui me conduisait à Bordeaux. En ville on y fait moins attention, mais pendant sept heures où l'on n'a rien d'autre à faire qu'à regarder le paysage, parce qu'on connaît le programme par cœur, on les voit, ces hirondelles. Et c'est toi qui étais au rendez-vous, mon amour perdu, mais jamais oublié. Deux jours de congrès pour un voyage de retour qui fut un pur cristal. Deus jours à nous esquiver de tous les congressistes dès que l'occasion nous était donnée, et à évoquer un présent que nous ne pouvions plus relier à rien, après ces années.

 

     Jamais cortège ne fut plus éblouissant pour un retour d'amour auquel nous ne nous attendions pas. Un amour fou, un amour bref, de sept années, que nous avons dégusté avec tant de gourmandise.

                                                                                      Sitelle, le 04 juillet 2011.

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