Le jugement dernier

Emilie Decamp

Suspendu à leurs lèvres,
Les yeux à l'abandon,
Je bois les paroles mièvres
Des filles du pardon.

Assises sur les chaises du jugement dernier,
Leurs yeux font le tour de leur mortelle demeure.
Sur leurs pommettes albâtres glissent à pas comptés
Les larmes acerbes de leurs pénibles erreurs.

La main sur ma lame,
Les doigts agités,
J'entends qu'elles réclament
Ma triste pitié.

Les pieds attachés et les bras à jamais liés,
Elles respirent précipitamment leurs ultimes bouffées.
Et alors que leur poitrine se gonfle toujours d'air
Déjà leurs corps s'affaissent sur leur trône éphémère.

L'arme salvatrice
Pointée vers leur sein
Se lève avec dédain
Pour le sacrifice.

Un spasme s'empare de leur chair marbrée
Et le sang gicle comme éclate la vérité.
La justice sauvage a gagné du terrain
Alors que l'enfer s'offre au funeste destin.

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