Le Lecteur

eroliange

Fred

Eroliange

Le Lecteur

Prologue

Cette année, un peu plus que les précédentes, était une année difficile.

Bon, certes, depuis quelques mois, j’avais rencontré une femme formidable, que dis-je une femme, un ange.

Des cheveux blonds, légèrement ondulés lui tombaient jusqu’au milieu du dos. Un visage de poupée, d’une blancheur de céramique, dont ressortaient ses lèvres rosées et ses yeux bleus opales. Elle avait un corps d’une blancheur presque transparente, sur lequel je m’amusais parfois à suivre le parcours d’une veine. Ses seins un peu lourds et bien ronds, me mettaient en appétit à la moindre vision de leurs naissances. Un corps fin. L’ensemble donnait une impression de fragilité extrême. Pourtant elle ne l’était pas.

Elle possédait un caractère bien trempé, mais elle était d’une douceur extrême avec moi. Elle était simple, intelligente, cultivée, et tant et tant de qualités, mais qui a déjà été amoureux, sait que tout est merveille dans l’être aimé.

Je ne sais pourquoi, lors de notre première rencontre, j’avais l’impression d’être bien, de la connaître, je me sentais en confiance, sans besoin de jouer le séducteur.

Je déjeunais dans un bistrot surpeuplé, et la place en face de moi était libre. Une des dernières places de ce bistrot, où l’on vient pour se donner des forces pour supporter l’après-midi de boulot restant et non pour le plaisir de manger. Elle s’est installée en face de moi, en me demandant si cela ne me gênait pas. J’avais le nez plongé dans un livre, dont je ne me souviens d’ailleurs plus le titre. J’ai répondu que cela ne me gênait pas, tel un automate, puis j’ai levé les yeux.

Je ne sais pourquoi, mais j’ai laissé se refermer mon livre, et je l’ai regardé sans relâche tout le long du repas. Elle ne me quittait pas des yeux non plus. Nos regards ne se sont, depuis, plus quittés.

Une histoire banale, mais une histoire d’amour.

C’était il y a dix mois environ.

Quatre mois plus tard, elle s’installait dans mon appartement. Elle conservait le sien, au cas où, et y faisait un saut quelques soirs par semaine.

Elle était secrétaire de direction, dans une grosse société internationale.

De mon côté, j’étais cadre dans l’informatique. Un pisseur de code, comme on dit. Ce n’était pas ma passion, mais c’était mon job. J’avais été formé quelques mois auparavant à l’informatique, par cette même société qui m’employait. A la base, j’étais ingénieur scientifique dans une branche qui n’intéresse que peu de monde : la géologie. Dans cette ère de dématérialisation et de mondialisation, la planète n’a plus sa place. Je m’étais donc résolu à changer de métier, et de région par la même occasion.

Je n’étais pas très heureux dans mon boulot. Elle l’était dans le sien, me semblait-il.

Elle était comme moi, éloignée de sa famille pour le boulot.

Je ne connaissais pas sa famille, et elle m’en parlait peu.

A ce qu’il me semblait comprendre, son père avait eu une position professionnelle importante, mais sans plus. Je ne les avais jamais rencontrés, ni jamais eu en communication quelle qu’elle soit.

Bref, elle conservait une auréole de mystère pour moi, mais c’était mon amour, mon équilibre.

Elle me permettait de tenir, dans une région que je n’appréciais guère, dans un boulot qui ne m’intéressait que peu.

Un jour, elle me quitterait, je le savais, car je n’étais rien, et qu’elle était un ange. Je profitais des moments de bonheur au maximum, à ses côtés.

J’oubliais. J’écrivais des poèmes. Un recueil de poèmes de près de cent cinquante page. Je l’avais soumis à de nombreuses maisons d’éditions. Aucune réponse, sauf si je voulais financer moi-même l’édition de quelques exemplaires qu’ils jugeaient prometteurs. Je n’avais pas les moyens.

Certes, en le relisant, aujourd’hui, je sais qu’il n’aurait jamais été vendable, ou se serait fait assassiner par la critique.

Mais j’y croyais.

D’autant plus, que, pour en revenir à l’année difficile que je traversais, j’avais de graves soucis financiers à cette époque, et j’espérais que ce recueil allait être ma sauvegarde.

Même si j’avais un salaire correct, sans plus, le remboursement de l’emprunt pour l’appartement, des impôts non prévus, une casse moteur de ma vieille voiture, ajoutées à des amendes de stationnement, et à des charges d’électricité hallucinantes vue la taille de mon appartement, j’étais pris à la gorge.

Travailler pour payer des dettes, était un calvaire, d’autant plus que je ne désirais pas dépendre d’Aurélie. C’était son prénom.

Je ne pouvais plus lui payer un restaurant, sortir avec elle. Elle commençait à payer tout et cela m’irritait.

Je me voyais la perdre irrémédiablement, et je me perdais inexorablement.

Elle me voyait soucieux de mes finances, même si je ne voulais pas le laisser paraître.

Un jour, elle me proposa de m’aider financièrement. Je lui rembourserais plus tard.

Je refusai catégoriquement.

Je ne pouvais plus emprunter, mon taux d’endettement ayant atteint des fonds abyssaux.

J’aurais pu demander à mes parents, de l’aide, mais ils avaient travaillé toute leur vie pour se payer un minimum, et ils vivaient chichement. Je ne pouvais me résoudre à leur demander de l’aide. De plus, ils se seraient inquiété et n’en auraient plus dormi.

J’étais dans ce type de spirale ou tout vous emporte, et aucune solution à portée de main.

Vous allez me dire qu’il y avait la proposition d’Aurélie.

Je ne voulais pas dépendre de son aide. Après, je me serais senti quelque peu émasculé, et une fois les problèmes d’argent intégrés à notre couple, somme toute récent, je perdais ma liberté, et surtout son regard amoureux et admiratif.

Non, ce n’était pas possible.

Je repoussais toutes les échéances tant bien que mal, sachant qu’à un moment, l’inéluctable arriverait.

Dans un dernier sursaut d’espoir, je m’étais mis à écrire des nouvelles érotiques, pensant que, le sexe ne connaissant pas de crise, je pourrais me remonter ainsi.

En bref, j’allais droit dans le mur, sans savoir comment l’éviter.

L’atmosphère, au sein de notre couple, en devenait pesant.

Elle était de plus en plus souvent chez elle, et je me fermais de plus en plus, voyant le couperet arriver.

Dans mes soirées sans elle, je buvais, plus que nécessaire, et essayait de me convaincre qu’elle méritait une vie meilleure, et quelqu’un de mieux que moi. Elle me quitterait, je vendrais ce que j’ai ici, démissionnerais, et rentrerais chez mes parents, pour chercher un poste d’ouvrier dans les vignobles locaux.

J’étais au plus mal.

C’est souvent au plus profond du gouffre, qu’arrive la solution inespérée, et inattendue.

La proposition

Ce soir là, Aurélie n’est pas là, comme c’est de plus en plus souvent le cas.

J’ouvre ma boîte mail.

Au milieu des publicités multiples, un mail retient mon attention.

Son objet : votre profil a retenu toute notre attention.

Je l’ouvre.

« Monsieur,

Nous avons pris connaissance de votre recueil de poèmes.

Nous ne pourrons malheureusement le publier.

Cependant, ma cliente est très intéressée par votre profil.

En conséquence, nous avons une proposition à vous faire.

N’hésitez pas à prendre contact avec moi, afin que nous discutions de cette opportunité.

Cordialement. »

Un mail venant d’un opérateur connu.

Intriguant .

Je réponds à ce mail, en y joignant mes coordonnées téléphoniques.

Moins de cinq minutes plus tard mon téléphone portable sonne, indiquant numéro inconnu.

Je réponds.

Mr Durand, c’est moi qui vous ai envoyé le mail.

Oui.

J’ai une proposition à vous faire.

Je vous écoute.

Pouvons nous en discuter autour d’un café ?

Bien sûr.

Demain, dans le café à quelques pas de votre résidence, à 20h00, cela vous convient ?

Oui.

A demain.

A demain.

Il raccroche.

Surprenant comme contact.

Je n’ose appeler Aurélie pour lui en parler.

Non, ne pas l’inquiéter.

Ce coup de téléphone est déjà tellement bizarre.

Je suis à la fois excité de connaître le contenu de la proposition, et à la fois inquiet de la façon dont cela se déroule.

Un coup de téléphone.

Aurélie.

Je réponds.

Ça va, mon amour ? me dit-elle de sa voix la plus tendre.

Oui, mon cœur, et toi ?

Tu me manques.

Toi aussi, ma perle.

Je peux venir demain soir ?

Mais bien sûr.

Là, je réalise que j’ai un rendez-vous à 20h00. Je réagis :

Par contre je ne serais à l’appartement que vers 21h00, j’ai beaucoup de boulot.

Tu as du boulot, ou tu me caches des choses ?

Je ne te cacherais jamais rien, dis-je, en culpabilisant.

Je t’aime, bonne nuit.

Bonne nuit mon amour.

Nous raccrochons, et je me couche avec un sentiment de malhonnêteté vis-à-vis d’Aurélie.

Je me rassure en me disant que je lui en parlerai demain soir. Elle comprendra.

Le rendez-vous

Nous voici le lendemain.

Le midi, comme d’habitude, je déjeune avec Aurélie. Un bistrot que je peux payer avec mes tickets restaurants.

Elle est accompagnée d’une amie de son boulot.

Nous discutons de tout et de rien.

Aurélie me trouve un peu lointain. Je la rassure en lui disant que je dois finir un développement pour le soir et que j’ai un problème que je n’arrive pas à résoudre.

Elle n’insiste pas.

L’après-midi se passe.

Je dois me rendre à ce rendez-vous, tout en ne rentrant pas chez moi, Aurélie pouvant être déjà là. Je décide de faire un détour en voiture et me garer un peu à l’écart.

Je rentre dans le café, et je remarque au premier coup d’œil l’homme avec qui j’ai rendez-vous. Il a une cinquantaine d’années, les cheveux grisonnants, il est massif.

Je m’approche de lui, il se lève.

Mr Durand ?

Lui-même.

Enchanté.

Moi aussi. Vous désirez un café ?

Avec plaisir

Il fait un signe de la main au serveur. Ce dernier me dépose un café quelques secondes plus tard.

A peine le café déposé, il attaque :

J’imagine que vous voulez savoir ce que nous avons à vous proposer.

Oui, tout à fait, dis-je, un peu mal à l’aise.

Déjà, vous n’aurez pas à quitter votre travail actuel.

Ah ? fis-je surpris.

Oui, ce serait en extra.

Ah, mais comment ça ?

Oui, ce serait en dehors de vos heures de travail.

D’accord. Et cela consisterait en quoi ?

Ma cliente a lu votre recueil de poèmes.

Elle a aimée ? dis-je, soudain plein d’espoir.

Non, mais elle vous reconnaît un certain talent dans l’innocence.

Ah !, déçu de cette franchise.

Oui, elle est persuadée que vous êtes un homme honnête.

Ce n’est pas une compétence.

Je sais, mais laissez moi finir.

Je vous écoute.

Ma cliente est malvoyante, elle a un certain âge.

Oui.

Elle est passionnée de littérature.

Oui.

Elle ne peut plus lire elle-même.

Oui.

Elle voudrait un lecteur intime.

Comment ça ?

Oui, une personne qui lui fasse la lecture d’œuvres qu’elle choisirait.

Mais je ne suis pas lecteur !

Nous le savons.

J’avoue ne pas bien comprendre.

Vous devrez venir lui lire des histoires un certain nombre de soirs par semaine.

Et c’est tout ?

Non.

Comment ça ? J’ai l’impression qu’il y a une caméra cachée, ici ?

Il n’y en a pas, c’est une proposition sérieuse.

Dites-moi tout, qu’on en finisse.

Nous viendrons vous chercher chez vous, et vous aurez les yeux bandés le long du trajet.

Tiens donc.

Madame est très connue, et ne désire pas que vous sachiez où elle demeure.

Jusque là, je peux comprendre.

Nous vous ôterons votre bandeau, une fois arrivé dans votre pièce de lecture.

Et ?

Elle sera dans la pièce, et vous ne la verrez pas, et ne l’entendrez pas.

Bizarre.

Seul votre siège sera éclairé, et vous aurez le livre à lire, posé sur le guéridon, à côté du siège.

Et une fois terminé ?

Vous lirez jusqu’à ce que ma cliente nous sonne. Nous viendrons vous rechercher, vous mettrons le bandeau sur les yeux, et vous ramènerons.

C’est une plaisanterie ?

Non.

Et vous pensez que je vais accepter une telle proposition ?

Oui.

Comment ça, dis-je, un peu à bout d’arguments et de nerfs.

Vous serez bien payé.

L’argent n’est pas tout.

Ma cliente a de l’argent, et nous savons que vous en avez besoin.

D’où vous savez cela ?

 Ne cherchez pas à comprendre.

Et combien serais-je payé, si cela n’est pas indiscret ?

500 € par soirée de lecture, trois fois par semaine.

Sérieux.

Un peu plus, si ma cliente a des demandes particulières.

Quelles demandes.

Je vous le préciserai avant, et vous n’aurez pas d’obligation d’accepter.

Sûr?

Oui.

Pendant combien de temps ?

Un contrat de six mois.

Six mois ?

Oui.

Et 30.000 € de bonus si vous arrivez au bout des six mois.

Combien ?

30.000.

C’est une belle somme.

Je sais.

Mais je toucherais les autres sommes à la fin ?

Non, à chaque lecture, vous toucherez votre dû.

Combien dure une lecture ?

Ça dépend… entre une et deux heures, j’imagine. Tant que ma cliente le désire.

Et si ça dure toute la nuit, j’ai un boulot.

Nous limiterons à deux heures.

Ok. Et il y a un contrat ?

Non, vous toucherez l’argent au fur et à mesure, et la somme finale est un accord tacite. Faîtes nous confiance.

Tout ça est très nouveau et bizarre, comprenez que je sois un peu sceptique.

Je comprends.

Je dois vous donner une réponse de suite ?

Non, vous avez mes coordonnées, et je vous laisse le temps qu’il faut à la réflexion.

Merci.

Ne soyez pas trop long tout de même.

Je vais essayer.

Sur ce, il s’est levé, à payé les cafés, et est parti.

Je suis resté là, quelques minutes, immobile, sans pouvoir penser, sans boire mon café.

Puis, j'ai petit à petit récupéré mon cerveau.

Dois-je accepter?

Ça m'aiderait financièrement, c'est clair... Mais...

Aurélie m'attend à l'appartement. Que vais-je lui dire?

Et surtout, comment lui annoncer?

J'ai besoin d'avoir les idées claires pour me décider.

Si j'en parle à Aurélie, elle va me prendre pour un fou.

Bon, ne nous précipitons pas, réfléchissons.

Je n'ai pas à donner ma réponse de suite. Je ne vais pas en parler à Aurélie pour le moment, et nous verrons plus tard.

Mais que cette rencontre et cette proposition sont bizarres.

Je me décide à me lever pour quitter le café.

Le mensonge par omission

J'ouvre la porte de l'appartement et entre.

Elle m'attend, assise dans le canapé du salon, en feuilletant un livre.

En me voyant, elle se lève :

je ne t'attendais plus, me dit-elle.

Je m'approche d'elle et l'embrasse, en lui souriant.

ça fait longtemps que tu m'attends?

Près d'une heure.

Désolé, j'avais du boulot.

Je sais. Ça s'est bien passé?

Oui, j'ai bien avancé.

Pas trop fatigué?

Ça va, et de toute façon, je ne le suis plus dès que je te vois, lui dis-je, tout en la prenant par la taille.

Je t'aime, me dit-elle en m'embrassant.

Moi aussi.

Je ne sais pourquoi, mais ma conscience commence à me dire de lui parler... Mais bon, laissons un peu de temps de réflexion.

Veux-tu que nous allions manger au restaurant ce soir?

Attends, je vais consulter mon compte, au cas où.

Je sais très bien que l'argent ne rentre pas miraculeusement pendant son sommeil, mais j'essayais de me donner une contenance.

Je t'invite.

Non, mon chou, je t'invite.

Mais tu sais que tu ne peux pas.

Merci de me le rappeler. Mais je me débrouillerais. Je t'invite.

Non, laisse moi t'inviter, s'il te plaît.

Je me mets de dos à elle, pour ne pas lui montrer ma contrariété. Je ne peux même pas lui payer un repas. Je ne peux que me faire entretenir, quelle honte.

Elle me prend dans ses bras, son corps tout contre mon dos, et me chuchote

s'il te plaît, laisse moi t'inviter?

Je ne peux même pas t'offrir un restaurant. Quelle honte.

Mais non, et j'ai envie de te faire plaisir.

Merci. Mais comment me regarderas-tu si je persiste dans cette médiocrité? A ne pas pouvoir m'occuper de toi.

Nous sommes deux.

Je sais, mais...

Écoute, me chuchota t-elle. Je nous fais livrer une pizza, et nous ne quittons pas ton appartement ce soir.

Elle m'embrasse dans le cou, puis prend le téléphone pour commander.

Nous avons mangé, puis nous nous sommes allongé l'un contre l'autre sur le canapé, devant la télévision, comme un vieux couple. Nous avons fait l'amour sur ce même canapé, tendrement.

Nous sommes resté nus, sans bouger. J'ai calé mon visage entre ses seins. Qu'est ce que j'aime caler mon visage comme cela. Je me sens au chaud, rassuré, comme un enfant.

J'entends sa respiration, calme. J'avais la douceur de sa poitrine sur mes joues. J'ai son odeur fraîche qui me rappelle ma jeunesse. Que ces moments sont simples et rassurants.

Nous nous sommes endormis comme cela.

Je me suis éveillé quelques heures plus tard, j'imagine. La télé nous regardait, et Aurélie dormait dans une position inconfortable, afin de me laisser me lover contre elle.

Je la pris dans mes bras pour l'emmener dans le lit et la déposer doucement, pour ne pas l'éveiller.

Je mis la couverture sur son corps nu.

Je m'allongeai à côté d'elle.

Elle se colla soudain contre moi et me serra très fort contre elle.

Je t'aime, me dit-elle.

Moi aussi, et je me retournai vers elle.

Nous fîmes à nouveau l'amour tendrement.

Cette nuit là, j'eus du mal à me rendormir. Je me posais beaucoup de question.

Devais-je prendre ce job si bizarre?

Devais-je en parler à Aurélie?

J'essayais de penser à d'autres solutions pour m'en sortir financièrement, mais rien à faire, je n'en voyais aucune, sûrement parce qu'il n'y en avait aucune.

A force de tourner et de retourner le problème, je me décidai à accepter cet étrange proposition. Je voulais rendre heureux Aurélie, quitte à m'avilir un peu. Elle ne le saurait pas.

La première séance de lecture

J'ai accompagné Aurélie à son boulot, avant de me diriger vers le mien.

A peine arrivé à mon bureau, je me suis connecté sur internet, et ai envoyé un mail à cet étrange Mr Durand, pour indiquer que j'acceptais l'offre.

Quelques minutes plus tard, mon téléphona sonna.

Je me suis isolé.

Allo.

Mr Durand. Vous acceptez donc.

Oui.

Nous passerons vous prendre chez vous ce soir, à 19h00.

Si rapidement?

Cela vous dérange?

Non, je vais m'arranger.

A 19h00.

Oui.

Et il raccrocha.

Jamais une journée ne dura aussi longtemps. J'étais stressé.

Aurélie appela pour m'indiquer qu'elle allait au cinéma avec une copine le soir.

Je la taquinai un peu sur la copine, et lui souhaitai une bonne soirée.

Pour ce soir, pas de problème pour la gestion de mon emploi du temps, et pour trouver une excuse pour Aurélie.

Aux alentours de 18h30, je suis rentré chez moi, et me suis rafraîchi le corps et les idées.

19h00, je descends vers l'inconnu.

Une voiture m'attend devant la porte.

C'est une grosse Mercedes. Mr Durand m'ouvre la porte arrière, et s'installe à côté de moi.

Bonjour, me dit-il froidement.

Bonsoir, lui répondis-je.

La voiture démarra. Il me tendit un bandeau noir élastique.

veuillez passer cela je vous prie, m'ordonna t-il.

Je mis le bandeau.

Durant le trajet, il m'expliqua ce que je devais faire, et comment tout allait se passer.

J'étais très mal à l'aise.

Au bout de quelques minutes, la voiture s'immobilisa.

La porte s'ouvrit, et on me dirigea vers l'objectif.

Étrange sensation que de ne rien voir, de se laisser porter par des inconnus. J'essayais de ne pas paniquer, mais j'y parvenais difficilement. Quelle idée j'avais eue. Pourquoi avais-je accepté? Tout en marchant, je me mis à penser à Aurélie. Je souhaitais la revoir une fois de plus, au moins, pourvu que ce ne soit pas un guet-apens.

Des escaliers, quelques pas, et le bruit sourd d'une lourde porte que l'on ouvre.

Quelques pas et l'on m'assoit sur une chaise.

Quelqu'un me retire le bandeau, et la porte se referme aussitôt.

J'ai tout d'abord du mal à m'habituer à la luminosité.

Je suis comme seul dans une pièce qui me semble immense, plongée dans l'obscurité.

Un abat jour est situé au dessus de moi et m'éclaire.

Je suis assis sur une chaise de bois simple.

A ma droite, un guéridon, et un livre posé dessus, ainsi qu'une bouteille d'eau.

'Le rouge et le noir' de Stendhal. Il faut tenir six mois.

Avant de commencer à lire, et tout en prenant le livre, je demande :

il y a quelqu'un?

Comme je m'y attends, aucune réponse.

J'ouvre le livre, et me mets à lire à haute voix.

Je suis hésitant, et me sens idiot, au début, puis petit à petit, je me décontracte, et je lis les pages les unes après les autres, sans presque m'en apercevoir.

Je bois quelques gorgées quand le besoin s'en fait sentir, mais je continue ma lecture pour ce fantôme.

Une odeur flotte dans la pièce, qui me semble presque habituelle, connue. Finalement, je finis par me sentir à l'aise.

Je ne me suis pas rendu compte du temps.

La porte s'est ouverte, et une voix m'a indiqué que c'était l'heure.

Je me suis levé, on m'a passé le bandeau et je suis sorti, en souhaitant une bonne soirée à ma femme fantôme, tout en en attendant pas de réponse.

La Mercedes m'a ramené, et Mr Durand m'a donné les 500 Euros prévus.

J'allais pouvoir inviter Aurélie au restaurant, enfin.

Le renouveau

Comme je me le suis promis, dès le lendemain, j'invite Aurélie au restaurant.

Nous prenons un apéritif, une entrée, un plat, un dessert, et même du vin. Depuis combien de temps ne pouvais-je plus lui offrir cela.

Aurélie veut savoir comment subitement, j'ai eu cet argent.

Je lui dit que je viens d'avoir une prime sur intéressement pour les derniers travaux réalisés.

Elle me félicite.

Les semaines suivantes passent tranquillement.

Je m'arrange pour trouver de bonnes excuses pour ne pas éveiller l'attention d'Aurélie.

Nous sortons plus fréquemment.

Mes finances remontent doucement.

Je prends du plaisir à faire le lecteur trois fois par semaine, d'autant plus que cela me permet de découvrir ou redécouvrir certaines œuvres.

Je découvre Céline, redécouvre Stendhal et le marquis de Sade, et bien d'autres.

Mr Durand me dit que sa cliente est pleinement satisfaite de mes lectures.

Tout se passe donc de façon la plus fluide possible, et je commence à me dire que je suis le plus heureux des hommes.

Mais c'est lorsque tout va bien qu'il faudrait être le plus vigilant.

Un soir, pendant mon trajet bandé, Mr Durand me dit froidement.

Ce soir vous serez payé un peu plus.

Ah bon? Et pourquoi.

Ma cliente voudrait que vous lui lisiez un livre plus complexe, différent.

Pas de problèmes. Je me sens sûr de moi.

Quelques minutes plus tard, installé sur ma chaise, je saisis le livre, comme à mon habitude. Je ne fais pas attention au titre et à l'auteur, car je ne les connais pas du tout.

Au fil de ma lecture, je m'aperçois que je lis un livre qui a tout l'air d'être à tendance érotique.

En effet, des passages à connotations nettement sexuelles se profilent.

Je suis très mal à l'aise et commence à devenir nerveux et un peu honteux lorsque le premier passage à l'acte débute.

J'ai quelques bégaiements, quelques hésitations, le timbre de ma voix devient hésitant et plus faible.

On tape sèchement des mains, dans la pièce. Je comprends qu'il faut que je lise avec plus de conviction.

Je continue cet ouvrage, en essayant d'y mettre toute la conviction que me permets ce que je prends comme une humiliation.

Une fois la séance terminée, je suis raccompagné chez moi, et reçois 750 €.

La récompense est généreuse, mais je me sens mal, je me dégoûte... Et ce n'est pas fini.

Quatre semaines

Les lectures suivantes, sont de plus en plus spéciales.

Après avoir débuté par des histoires érotiques, je passe à des histoires sur toutes sortes de sexualité. De gay à lesbienne, en passant par du sadomasochisme...

J'ai de plus en plus de mal, et rentre chez moi de plus en plus écœuré de moi même.

Tenir un mois. Il me reste un petit mois.

J'essaye de ne rien laisser paraître devant Aurélie, mais c'est de plus en plus dur.

Tenir un mois. 4 semaines. 12 séances de lecture.

Les six séances qui suivent sont encore plus difficiles.

Pendant que je lis mes histoires, à caractère fortement pornographique, j'entends des gémissements dans la pièce, comme si quelqu'un se caressait tout en m'écoutant.

Je rentre totalement perturbé.

Les histoires lues, ces gémissements. Ce n'est pas possible. Chaque nuit ou elle est là, je m'enfonce de plus en plus forts entre les seins d'Aurélie, comme pour me cacher.

La seule chose que je vois ce sont les 30.000 €, et le voyage inoubliable que nous allons faire avec, et la demande en mariage que je me promets de lui faire.

Deux semaines

Plus que deux semaines.

Deux semaines à souffrir.

Six séances.

Que me réservent ces deux dernières semaines.

Nous voilà parti pour la première des six dernières séances.

Je monte dans la Mercedes, et y reçoit le bandeau.

La Mercedes ne démarre pas.

Mr Durand, d'une voix froide :

Ma cliente ne désire pas continuer comme cela.

Mais encore, dis-je d'un ton très inquiet.

Elle désire vous voir lire entièrement nu.

C'est une plaisanterie?

Non.

Et si je refuse.

Nous nous quittons bons amis. Mais si vous acceptez, vous toucherez 1,000 € par soir. Vous avez cinq minutes pour réfléchir.

Six séances, nu. Non, je ne pourrais pas. Mais échouer si près du but, si près de cette somme qui me serait d'une grande utilité. Je ne suis pas infidèle, je m'humilie juste un peu plus. Mais pour des sommes correctes.

J'accepte, lui dis-je.

La voiture démarre.

Plus nous roulons, et plus je suis mal à l'aise.

Je ne sais pas encore de quelle manière je vais pouvoir me dénuder devant ce fantôme de femme.

Ils poussent à bout ma servilité, mais je sais pourquoi je le fais, et surtout pour qui.

Arrivé à ma place de lecteur, je suis hésitant pour enlever le haut, puis je me surprends à enlever mon pantalon et mon boxer sans trop de gêne. Finalement, elle souhaite me voir, elle me verra.

Comme d'accoutumé, c'est à nouveau une lecture sexuelle, et je l'entends gémir.

La seule différence est que je suis nu, et que ma nudité, ajoutée à la lecture pornographique, ajoutée aux gémissements féminins, commencent à faire naître en moi une sensation que je ne désire pas. En bref, je bande.

Un moment de panique me traverse l'esprit, puis reprenant mon calme, je me mets à lire ce vomis d'écriture, de façon aussi sérieuse et concentrée que si je lisais du Proust. Je réussis ainsi à contenir mon érection.

Les quatre séances suivantes se déroulent de la sorte.

Il m'arrive de pleurer seul, de ce que je fais, de cette humiliation, mais je suis presque au bout. Tenir.

La dernière séance de lecture

Plus qu'une séance. La dernière et le jackpot.

Que me réservaient-ils, pour cette dernière.

Cela ne peut pas s'arrêter là.

La Mercedes est devant. Je m'assois dans la voiture et mets le bandeau.

La voiture démarre.

Je m'attends à une demande particulière, mais rien.

Tiens.

La voiture s'immobilise.

Une fois de plus on m'accompagne à mon siège.

La porte se referme.

Le siège est dans l'autre sens, dirigé vers la porte.

Tiens, bizarre, mais bon, une dernière lecture nu, de dos, pourquoi pas.

Je me dévêtis et prends ma position, avec le bouquin.

Je me mets à lire, comme d'habitude, une histoire de sexe.

Au bout de quelques minutes, deux mains se posent sur mes épaules et commencent à me caresser.

Je veux me lever pour arrêter, mais la personne s'éloigne.

Je me rassois peu rassuré, et reprend ma lecture.

Concentré sur les ébats pornographiques d'une jeune femme nymphomane, je n'entends pas l'approche silencieuse de mon fantôme.

Au milieu d'une phase de contact intense, je sens une main se poser sur mon ventre et descendre vers mon sexe dénudé.

Je me leve d'un bond.

ça non, ce n'est pas prévu.

Une vois féminine et éraillée répond :

C'est prévu, maintenant.

Non.

Allez, tu n'es plus à une humiliation près, et ce ne sera peut-être pas si désagréable.

Que je sois humilié, là n'est pas le problème. Je ne souhaite pas humilier en plus celle que j'aime. Laissez moi au moins cela.

Non,

Je rompt le contrat.

Je te dégoutes à ce point?

J'aime une femme, vous comprenez. Je ne veux pas la trahir, et encore moins pour de l'argent.

Mais tu l'as déjà trahie.

Je ne l'ai pas trahie.

Si, tu étais là, tous ces soirs, et je suppose qu'elle l'ignorait.

Oui, mais je n'ai fais que lire.

Tu passes trois soirs par semaine dans la même chambre qu'une femme et tu crois qu'elle te croira. De plus, tu étais nu.

Qu'elle me croit ou pas n'est pas le problème. Je ne la trahirais pas, car c'est un ange et je ne veux pas la salir. Moi, je ne suis rien, mais, au moins, depuis peu, je le sais.

C'est beau. Tu es quelqu'un de bien.

Non, mais j'aime et c'est tout ce qui compte.

Rhabilles toi!, me dit la voix éraillée.

Je me rhabille, sans me faire prier plus avant.

Et elle, tu lui fais confiance?

Plus qu'à moi même.

Es-tu sûr de la connaître bien?

Oui.

On croit toujours connaître les gens, et parfois on tombe de haut.

Pas cette fois.

Avant de partir, pourrais-tu me lire un dernier morceau, mais pas de sexe.

Et pas de contact?

Oui

Habillé?

Oui.

Court?

Oui, juste quelques lignes, pour me rappeler ma jeunesse.

D'accord.

Tu auras malgré tout mérité ton argent.

Je n'en veux pas. Gardez-le. Il me rappellera trop la façon dont je l'ai gagné.

Tu es sûr jeune homme?

Oui.

Soit. Tu n'es donc pas obligé de lire ces dernières pages.

Si, la boucle sera bouclée.

Le livre est dans le tiroir du guéridon. Retourne ta chaise, assis-toi, et lis le moi.

Je retourne la chaise, m' assois, et je saisis le livre dans le tiroir.

Je veux en lire le titre, et là, mon cœur, mon corps, mon cerveau, tout tombe en lambeaux.

Sur la couverture est inscrit mon nom et le titre du livre que je suis en train d'écrire.

J'ouvre au hasard quelques pages. C'est bien mon écrit.

J'essaye de comprendre.

Comment l'avait-elle eu?

Qui lui avait fourni? Comment était-ce possible?

Non, elle ne m'a pas trahie? Non, ce n'est pas possible.

Soudain une voix de glace :

Alors, tu ne lis pas?

Je ne sais pourquoi, mais je me mets à lui crier de toute mes forces :

salope!

Puis j'ouvre la porte, et parts en courant.

Mr Durand arrive en courant vers moi.

Je le percute, et malgré sa masse, l'envoie à sol.

Je me mets à descendre des escaliers, puis, je vois une grande porte. Je l'ouvre, pour me retrouver dehors.

Une immense propriété, un portail métallique au bout.

Je cours vers lui, l'enjambe...

La course

Je ne sais depuis combien de temps je cours.

Je cours, je pleure, je suis brisé.

Ils m'ont tout pris.

Je suis humilié, et elle en est une des responsables.

Elle.

Elle, que j'aime plus que tout.

Elle, pour qui j'aurai tout donné.

Je savais que c'était trop beau.

Je cours, sans savoir où. Je cours pour oublier.

Je ne veux pas rentrer chez moi. Mais où aller?

Un hôtel.

Une chambre.

Une supérette de quartier.

Une bouteille de whisky.

Je m'installe dans ma chambre, et débute la bouteille à même le goulot.

Mon téléphone portable se met à sonner.

Aurélie.

J'ouvre la fenêtre et balance mon téléphone dans la rue.

Ce soir là, j'ai bu.

J'ai pleuré.

J'ai noyé mes pleurs.

Et puis, je me suis endormi dans l'alcool.

Au petit matin, j'ai appelé le boulot pour dire que je prenais quelques jours de congés. La présence d'un pisseur de code n'est que facultative. Nous sommes vite remplacé.

Il me fallait passer par mon appartement, pour récupérer quelques affaires. Les clés de la voiture étaient sur moi.

Faire une valise sommaire, et partir.

Vers où? Je ne sais pas, mais partir.

Je suis rentré à l'appartement.

A peine la porte ouverte et une voix tant aimée il y a encore si peu :

c'est toi?

Je suis reparti en courant, suis monté dans ma voiture, et ai démarré vers... vers nulle part.

La route

La route.

Mon âme est brisée, je souffre. Par moments, mes yeux ne voient plus cette route, tellement ils sont recouverts de larmes.

Je roule.

Vers mes parents?

Non, elle me cherchera là.

Je roule.

Vers mes amis?

Mes parents essaieront de les contacter.

Je roule.

Sans but.

Je roule.

Au premier qui fatiguera, de moi ou de la voiture.

Je roule.

Une réalité

J'entends sa voix dans un coton :

Mon amour, pourquoi? Pourquoi ne m'as tu pas attendu? Que je t'explique?

Je ne peux lui répondre. J'essaie mais rien ne sors, je ne contrôle plus rien.

Oh mon Aurélie.

J'entends ma mère pleurer, et mon père s'en vouloir.

Ne vous culpabilisez pas, vous n'y êtes pour rien.

Je vous entends. Je ne peux juste pas communiquer avec vous.

Pardon papa, pardon maman. Je vous aime, et vous ne méritiez pas cela.

J'écoute les bruits autour, je pense. Je ne peux plus rien faire d'autre.

Je ne souffre pas, mais je ne suis plus que pensées et ouïe.

Le bruit des plateaux que l'on sert et dessert. Les commentaires des infirmières des aides soignantes. J'entends tout.

Ma mère, qui me parle, pleure et pleure encore, et me donne envie de lui crier mon amour pour elle.

Mon père, qui me demande de me battre. Je sais, toi, tu t'es toujours battu pour nous. Et moi, je n'ai pas su.

Aurélie est à mon chevet toutes les nuits. J'écoute sa voix sans me lasser.

Elle me dit qu'elle m'aime, et n'aimera que moi. Qu'elle s'en veut de ne pas m'avoir parlé avant.

Ne pas m'avoir parlé de quoi?

Un soir où nous sommes seul, elle finit par me dire la vérité.

« Mon amour, je ne sais pas si tu m'entends, mais je suis prête à prier n'importe quel dieu pour que tu m'entendes.

Ma famille vit dans la région. Elle est très riche.

Je ne suis pas secrétaire de direction, mais je gère une filiale de mon père.

Mon père est un homme adorable mais très occupé. Mais il s'est remarié avec une peste avec qui je ne peux rester deux secondes sans avoir envie de la tuer. Elle est tyrannique et cruelle.

Il y a quelques mois, j'ai parlé de ton cas à mon père. Je lui ai dit que je t'aimais, mais je ne voulais pas que tu saches qui j'étais. Il a de suite compris, et m'a dit qu'il allait essayer de t'aider.

Je n'ai pas su qu'il avait chargé ma belle mère de le faire.

Il s'en veut, profondément, aujourd'hui, lui aussi.

Elle lui a dit qu'elle faisait ce qu'il fallait pour que tu ne t'aperçoives de rien.

Ne sachant pas que c'était elle qui avait les rennes, et pensant que c'était mon père, et voyant que tu reprenais goût à la vie, que nous ressortions, et que tu avais de l'argent, je ne me suis pas posée de questions.

Je croyais en tes primes, tes promotions.

Le livre, je ne sais comment elle l'a eu. Par contre, son Mr Durand a été viré et papa la quitte.

Papa fera son possible, s'il y a une chance pour trouver les meilleurs chirurgiens, où qu'ils soient.

Elle avait tout filmé.

Mon amour, ce que tu as fait pour que je sois heureuse.

Mon amour, si j'avais su.

Elle me prit dans ses bras et se mit à pleurer sans discontinuer pendant plusieurs minutes.

Tout mon corps pleurait de l'écouter, et de la voir dans cet état.

J'avais envie de crier qu'elle était trop belle pour souffrir, surtout pour moi.

J'avais envie de lui crier mon amour.

Rien ne pouvait sortir.

Non, ne souffre pas, ma douce, mon ange. Tu ne le mérites pas.

Laisse ma peau inutile et flétrie d'humiliation pour un autre ange qui saura te rendre heureuse.

Soudain, Aurélie s'est relevée de mon corps et s'est mise à crier :

Infirmière, vite, il pleure, il pleure, il est en vit.

Epilogue

Est-ce que je vis, ou pas.

Sincèrement, je ne sais pas.

Je suis heureux avec mon ange.

Nous avons deux petits angelots.

Je passe mon temps à aimer, Aurélie, et mes enfants.

Il fait toujours beau.

Si vous me lisez, c'est que je suis en vie... ou bi

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