le mal du métro

reverine

Il y a quelque chose d’effrayant dans le métro.  Le métro.

Une froideur ambiante, qui nous rendrait tous claustrophobes.

Quand on dit que le soleil joue sur l’humeur, le métro en est bien la preuve.

Si tôt qu’on passe les escaliers, ou les escalators rouillés, ou les couloirs en travaux, il n’y a plus de vie.

Rien n‘est naturel dans le métro. Ni les murs, ni le sol, ni les bruits, ni les gens.

Alors moi, je m’évade le temps de deux stations interminables, je pense à un petit Africain qui me sourit au Sénégal

Et puis je retombe au milieu des ces êtres mi-zombies mi-robots. Collectivement influencés à ne même pas dire bonjour.

On n’est pas fait pour vivre sous terre. Ou même pour y passer dix minutes. Il en faut du courage pour garder le moral après cela.

Parait que c’est le transport le plus efficace. Voici sur quelle logique on laisse une telle horreur se construire.

On aime rêver de SF, de cyberfélins, ou d’aliens, mais on ignore que la machine, les effets, ont déjà dépassé le simple principe de se sentir bien.

Quant à moi, suffit que je m’approche de ces voies, et je suis déjà sur une autre planète. Sûrement pire qu’un rail de coke.

Les gens là-bas ont tellement inclus un gps dans leur vie qu’ils ne regardent même plus les petits clignotants rouges pour savoir où ils sont.

Moi je les fixe, ça fait passer le temps, et ce sont les seules choses qui bougent.

Et quand je les fixe… je dois aussi avoir l‘air d’un zombie. Je me fonds dans la masse. C’est terriblement contagieux, le mal du métro. On s’en rend compte quand on voit l’inconfortabilité des sièges… de vulgaires plastiques durs et super droits. Personne ne s’en est jamais plein, contrairement aux beaux sièges rouges pelucheux du TEC. C’est bien la preuve qu’il y a quelque chose de pourri aux égouts de Bruxelles.

Même lorsque je quitte enfin cet endroit, je suis encore perdue. Trop de trucs qui bougent sur un fond gris pollution. En plus, c’est fou, mais à Bruxelles même les flics et les employés communaux ne connaissent pas la rue d’à côté. Ils ont sûrement pris trop souvent le métro pour ça.

Je commence à comprendre d’où vient le risque d’extinction des Bruxellers bien vivants d’antan. Y z’avaient pas le métro.

Après quelques thérapies souterraines ils ont fait régime. Puis ils se sont vêtus de noir. Ils ont bu moins de bières pour bien descendre les marches. Ils ont plus eu le temps de faire la fête. Ensuite ils ont arrêté de taquiner leur voisin inconnu quand celui-ci leur a jeté un œil noir. Ils ont pris leurs mallettes et ils ont oublié le chemin de la maison à la surface. Ils ont même oublié leurs commerçants habitués. Le métro, ça tue le commerce. Certains en sont venus à ne plus manger que dans les quelques enseignes du métro, et des gares liées, toujours un peu les mêmes. Le métro leur a volé leur vie.

Parce que même quand ils rentrent chez eux, ils ne sourient pas à l’idée de revoir leurs familles.

Non, ils tirent la tronche à l’idée de retourner demain au métro.

J’espère ne jamais avoir à dépendre de ce genre de transport. La prochaine fois, je n’écouterai pas les gens du coin, j’irai voir si y a pas un bus ou tram pas loin.

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