Le même cauchemar.

Je revois encore ce quai interminable, bondé de gens. Il y a des gens qui affichent un large sourire, sûrement ravis de retrouver leurs proches. Il y a ceux qui, au contraire, tirent une bien triste tête en laissant ce qui semble être de la famille. D'autres sont venus seuls et partiront seuls. Puis il y a ce garçon, fondu dans la masse, un peu perdu et cherchant son chemin. Regardant à droite, puis à gauche, derrière lui. On dirait qu'il redoute un instant, une personne qu'il ne devrait plus voir. Il ne se sent pas à sa place, il ne sait pas s'il fait bien d'être là. Le train arrive. Il veut fuir. Puis la voilà, écartant la foule et tractant sa valise. Cette fille blonde, cette adolescente de seize ans, qui s'approche de lui d'un pas décidé. Le cœur du garçon bat la chamade, lui aussi veut fuir. La paume de ses mains est moite. Ses muscles se contractent. Sa gorge se noue. Il ne peut reculer, il est au pied du mur. C'est alors que la fille arrive à sa hauteur, un sourire mesquin sur les lèvres, une mèche de cheveux cachant son œil droit. Elle l'attrape par la main, monte sur la pointe des pieds et approche sa bouche de celle du garçon.
Le soleil vient déposer sa lumière sur la figure du jeune garçon, déjà réveillé. À côté de lui, la fille aux cheveux blonds dort paisiblement. Le même sentiment de la veille le taraude, celui de la fuite. C'est alors qu'elle écarquille ses petits yeux, puis porte son regard sur lui. Une boule dans le ventre et la gorge serrée, il soutient son regard. L'air dans la chambre lui semble pesant. "Je t'aime", lui dit-elle.

Soudain, je me réveille brusquement. C'est comme cela que ça aurait dû se passer. Juste un mauvais rêve et un réveil brutal.