Le métro c'est le pied

Collectif D'auteurs Atelier Les Cris De L'écrit

Atelier du 6 décembre 2016 - Geneviève

Ce métro de 8 heures emporte, chaque matin, son lot de voyageurs vers leur travail. Que s'est-il passé aujourd'hui ?

En voyant tous ces pieds perdus, abandonnés sur le quai on a imaginé un instant que l'asphalte avait fondu et que les pieds des voyageurs s'étaient englués dans le bitume collant.

Mais, non, ce n'était pas ça car on a pu sans aucun mal ramasser tous les pieds et les transporter dans une brouette pour les déposer aux objets trouvés. Bien rangés par paire pour ne pas risquer un mélange saugrenu ou pire un appariement dangereux : Imaginons tel voyageur avec un godillot taille 44 et un escarpin verni taille 37, ou bien telle autre boitillant avec un talon aiguille à droite et un mocassin à gauche !

Enfin, tout était en place. Ne restait plus qu'à attendre.

Les réponses à la question : que s'est-il passé ? fusaient de part et d'autre :

Un cordonnier aurait-il jeté un sort pour récupérer toutes les semelles et les lacets qui habillaient ces pieds ?

Peut-être un podologue voulait-il faire des statistiques sur le nombre de pieds plats existant dans une population donnée ?

A moins que ce ne soit un pédicure ayant besoin d'orteils pour former une armée d'apprentis coupeurs d'ongles

Un vendeur de chaussettes d'occasion voulait-il refaire son stock ?

On cherchait, on cherchait… même dans les héros de l'Antiquité :

Achille, roi des Myrmidons, traumatisé par son talon vulnérable cherchait-il à pallier son handicap ?

Hermès, Dieu, entre autres, du commerce… et des voleurs !, en avait-il assez de ses sandales ornées de petites ailes ?

Ah ! qui sait ? ce pouvait être aussi un poète écrivant des vers et en quête de rimes riches ou pauvres, qui avait besoin de quelques pieds supplémentaires pour équilibrer ses alexandrins.

La journée se terminait sans qu'aucune solution raisonnablement acceptable ne soit trouvée.

Le métro de 18 h 30 comme chaque soir ramena ces voyageurs après leur dure journée de labeur.

Sitôt descendus, ils se précipitèrent tous aux objets trouvés pour récupérer leurs biens. Heureusement, grâce au rangement efficace effectué le matin, chacun put prendre son pied gauche et son pied droit assez rapidement.

Ce faisant, ils discutaient tout en réajustant leurs chevilles à leurs jambes. Que s'était-il donc passé ?

Eh bien, voilà : ils s'étaient concertés et avaient décidé de voyager léger. Leurs corps, allégés de leurs chaussures et de leurs pieds avaient pu aller plus vite, plus loin, sans fatigue : déplacement aérien, cors aux pieds oubliés, pas de mauvaises odeurs sous le bureau. L'idéal ! En plus, ils avaient tous constaté qu'ils n'avaient pas eu faim de la journée et donc pas besoin de déjeuner, gain précieux de temps et d'argent : tout le monde le sait, c'est dans les talons que se situent les estomacs !

 

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