Le miroir de Paris

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(lieu : un banc public)

Le miroir de Paris

C'est un banc aux Tuileries,

Aux Buttes ou Montsouris,

Qu'importe,

Un banc comme une île paradis

Où je contemple l'air du temps

Et respire le bonheur des amants.

Dans la lumière ajourée

D'un matin d'automne ou d'un soir de printemps

J'aime regarder passer, paisiblement,

Les enfants insouciants,

Les parents impatients

Qui ne lèvent plus le nez

Et oublient qu'autour d'eux

Bat, nonchalamment, le cœur de la Cité,

Et demeurent immortels, à l'ombre des cafés,

Poètes, peintres et musiciens de Paris amoureux.

De ces jardins je ne suis que passante,

Cueillant de ces lieux les parfums troublants,

Bien sûr que j'en vois aussi les tourments,

Des errants de la Seine, des roumaines implorantes,  

Mais ne suis que passante,

Comme eux, futile, comme l'air du temps,

Je ne suis que passante,

Et ne peux leur offrir en présent,

Qu'une parcelle de mon banc

De mon île paradis, ne serait-ce qu'un instant.

C'est tout cela Paris,

Une terrible beauté, un cadavre exquis,

Un banc pour contempler,

Un banc pour dormir,

Un banc pour s'évader,

Un banc pour y mourir.

A part ici ou là

Le temps s'écoule, la vie s'en va,

Et puis revient au p'tit matin,

Avec ou sans nous, sans fin.

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