Le monsieur du bois joli

angeblack

La musique que le poste de radio diffusait datait des années 80, les doigts de Marc Moisa tapaient sur le volant au rythme des paroles, ce qui lui permettait de se détendre un peu.

La nuit était plutôt fraîche et la lune dissimulée derrière d’épais nuages sombres, offrait une ambiance lugubre et donnait des airs de ville fantôme à cette partie du quartier.

Il avait longtemps hésité avant de venir ici, mais lorsque sa femme lui avait annoncé, deux jours plus tôt, qu'elle comptait passer quelques jours dans sa famille, il avait compris que le destin lui envoyait un signe.

Et une heure plus tard, après qu'il se fut retrouvé seul, il avait grimpé à son tour dans son véhicule pour prendre la direction des endroits chauds de la capitale. Bien qu'en route et qu'il approchait de sa destination, l'idée de faire demi-tour lui avait plus d'une fois traversée l'esprit.

Cependant, il réfrénait depuis trop longtemps ses pulsations et il ne faisait aucun doute qu'elle le pousserait à faire une erreur, s’il l’ignorait de nouveau.

L’adresse de l’établissement lui avait été donnée par une de ses connaissances. Son ami lui avait promis qu'il trouverait l'objet de son désir là-bas. L'endroit avait un nom charmant : « Au bois joli » vos fantasmes étaient assurés d'être satisfaits.

D'après ce qu'il avait entendu dire, la discrétion était de mise, car la maison close, était fréquentée aussi bien par le commun des mortels que par des politiques, acteurs, gens de lettres ou bien encore homme d'église.

Âgé de quarante-cinq ans, Marc Moisa, était cadre dans une grande entreprise. S’il venait à l’éclabousser, il perdrait alors son emploi et sa famille à coup sûr.

Et, à son âge, cela ne pardonnait pas. Il possédait tout ce don une personne dans sa situation pouvait rêver.

Une villa, une femme superbe de dix ans sa cadette qui lui avait donné de beaux enfants, un bon poste, une paye qui lui permettait de partir plusieurs fois en vacances dans l'année et n'importe où dans le monde.

Néanmoins, tout cela ne suffisait pas à son bonheur. Car il y avait toujours, au fond de lui, cette obsession qui dévorait de l’intérieur, et qu’il ne pouvait se permettre d'assouvir sous prétexte de la morale.

Lorsqu'il arriva devant « le bois joli », il resta quelques instants, hésitant, dans sa voiture. Et si jamais il rencontrait quelqu'un qui qu’il connaissait, que se passerait-il ? Et puis après tout, il s’était promis de ne venir dans ce lieu, qu’une fois ! Une seule et unique fois !

Inspirant profondément, il sortit de son véhicule et gagna la porte d'entrée tout en prenant soin de rester l'abri de la lumière des réverbères. Non sans difficulté, il avala sa salive et frappa. Aussitôt une petite ouverture coulissa et une paire d’yeux noisette se posa sur lui.

— C'est pourquoi ? demanda une voix grave.

— C'est Miguel qui m'envoie, répondit-il en un couinement.

— Le mot de passe ?

— Je voudrais louer le petit chaperon rouge.

La trappe se referma aussitôt dans un bruit sourd, il entendit que l'on tirait plusieurs verrous avant de voir l’entrée s’ouvrir devant lui. Il se retrouva face à un grand black au crâne rasé avec un anneau dans le nez et une paire de lunettes de soleil sur les yeux.

— C'est bon, tu peux rentrer.

D'une démarche presque intimidée, Marc pénétra dans le lieu qui se referma sur lui. Le long couloir qu’il traversa était éclairé par des lumières tamisées écarlates, lui donnant toutefois l’impression de s’enfoncer, dans un entonnoir, il ne fallut pas longtemps pour percevoir une musique rock.

— Vous cherchez quelque chose ? demanda, derrière lui, une voix qui le fit sursauter..

Se retournant, il fit face à une superbe femme. Incapable de lui donner un âge, elle avait un visage carré à la peau pâle, qui était encadré par une épaisse crinière frisée de couleur ébène, ses yeux, du même coloris, brillaient d’une étrange intensité, des lèvres rouge sang, la taille fine et les hanches larges, elle semblait tout droit sortie d'une peinture du XVe siècle.

— Je…cherche mada…madame Sullivan, bégaya-t-il sans la moindre assurance, ce qui d’ordinaire ne lui ressemblait pas.

— Et que voulez-vous à Mme Sullivan ? demanda l'inconnue d'une voix suave.

— Je viens sous le conseil d’une connaissance.

— Et peut-on connaître le nom de cet ami ?

— Miguel, il s'appelle Miguel. C’est une connaissance de cette dame.

— Monsieur Prost, oui je me souviens de lui et de ses goûts. C'est donc avec moi que vous allez traiter.

— Mais….

— Je suis Mme Sullivan, à présent suivez-moi.

Alors hésitant, il finit néanmoins par lui emboîter le pas, ils traversèrent plusieurs galeries et à chaque fois. Marc ne put s'empêcher de couler un oeil indiscret vers les chambres vitrées où l'on pouvait observer à loisir et en toute discrétion des couples en train de s’ébattre.

Un homme était à genoux et enchaîné, les yeux masqués par un morceau de cuir sombre. Il tenait entre ses lèvres une balle écarlate qui était retenue par des lanières attachées derrière ses oreilles. Pour tout vêtement, il n’arborait qu’un slip de la même couleur que le masque qui lui barrait la vue. Derrière lui se trouvait une superbe femme blonde comme les blés. Elle était perchée sur quinze bons centimètres de talons aiguille et ne portait qu’un string et un soutien-gorge rouge vif.

Un frisson parcourut l’échine de Mark lorsqu’il vit dans la main de l’inconnue un fouet à lanières épaisses, l’air se bloqua dans ses poumons quand elle leva son bras pour l’abattre, sans la moindre pitié, sur le dos de son partenaire.

À la vue du filet de sang qui coula le long de la peau de l’homme, le PDG ne put s’empêcher de s’écarter de la vitre comme si celle-ci l’avait brûlé. La chair s’était fendue au premier coup et malgré la douleur qu’il devait éprouver, sa voix s’éleva et résonna en une supplication inattendue.

— Pitié, maîtresse ! Encore ! Encore !

— Vous semblez bouleversé, monsieur, murmura madame Sullivan tout en laissant glisser ses doigts sur son cou.

— Il y a de quoi ! s’exclama-t-il avec ferveur en essuyant le filet de sueur qui coulait de son front.

— Chacun trouve son allégresse comme il le peut. Jerry est l’un de nos habitués les plus fidèles. À chacune de leur rencontre, Cerise se montre sans pitié avec lui. Les hommes qui viennent ici, ne le font pas pour se faire battre, mais pour le plaisir que cela leur procure. Vous, qui travaillez dans une grande société, vous êtes le premier à savoir ce que je ce genre de désir peut inspirer aux autres.

S’humectant les lèvres d’un geste nerveux, il ne s’étonna pas qu’elle sache dans quoi il travaillait, des femmes comme madame Sullivan étaient douées pour connaitre ces choses, mais il devait reconnaître que son hôtesse était dans le vrai, si jamais ses penchants étaient découverts, il serait perdu.

— Si vous voulez bien me suivre, c’est par ici.

Ce fut sans regret qu’ils se remirent en route. Cette fois-ci, l’homme d’affaires garda son regard fixé devant lui. Le soulagement s’empara de lui quand il vit que son guide s’arrêtait face à une porte de verre.

— Il s’agit d’une glace sans tain des deux côtés, assura-t-elle. Installez-vous, je reviens dans un instant.

Alors qu’elle s’effaçait pour le laisser passer, il resta bouche-bée devant le décor de la pièce. Avec ses statues et ses colonnes, on se serait cru dans un vieux temple. Le sol, quant à lui, était totalement recouvert de coussins de diverses couleurs au point que l’on aurait pu croire qu’un arc-en-ciel s’était écrasé sur le parquet.

D’abord hésitant, il finit néanmoins par s’asseoir au milieu d’eux, et entreprit de jouer nerveusement avec ses pouces en attendant le retour de son hôtesse. Les minutes qui s’écoulèrent lui semblèrent des heures et le doute commença à s’infiltrer dans son esprit.

Avait-il eu raison de venir ici ? Et s’il s’agissait d’un piège ? Peut-être l’endroit était-il truffé de caméras et que l’on se servirait de ses images pour un prochain chantage !

Mais au moment où il s’apprêtait à se lever pour quitter la chambre, madame Sullivan réapparut.

— Veuillez me pardonner pour cette attente…commença-t-elle

— Je crois que j’ai changé….commença-t-il en lui coupant la parole.

—Tournez-vous vers l’écran, s’il vous plaît, reprit-elle comme s’il ne l’avait pas interrompue.

Les lumières s’éteignirent. Alors que Marc se retournait, il sentit ses jambes trembler sous lui, sa gorge s’assécha et son coeur se mit à battre de plus en plus fort.

N’étant là que pour la façade, l’immense télévision s’avéra être une fenêtre donnant sur une autre chambre ou des enfants se trouvaient là

Comme pour les coussins, l’homme d’affaires constata que tous les types étaient réunis : européen ou asiatique, arborant une couleur de peau chocolat ou albâtre, et des cheveux passant par le blond jusqu’aux tous vêtus de toges comme celles que l’on portait dans l’antiquité.

Occupés à jouer entre eux, garçons et filles n’accordèrent pas la moindre attention aux deux adultes.

— Quel âge ont-ils ? demanda Marc d’une voix rauque.

— Le plus jeune cinq, les plus âgés dix ans.

Tout en déglutissant, son attention se fixa soudainement sur une fillette à la chevelure ébène et aux yeux d’absinthe.

— Je voudrai celle-ci ! lança-t-il plus fort qu’il ne l’aurait voulu avec la même autorité que s’il s’adressait à l’un des employés sous sa charge.

— Excellent choix, susurra Sullivan avec un doux sourire. Elle s’appelle Kate.

Oubliant toutes pensées de prudence et de désir de quitter l’établissement, Marc ne parvenait plus à détacher son regard de la jeune nymphe.

— Est-elle….

— Oui, mon bon monsieur, elle est intacte.

— Allez….allez la chercher ! ordonna-t-il sans pouvoir maîtriser son ton de nouveau.

S’inclinant, elle disparut à nouveau et, avec son départ, la lumière dans la chambre des enfants disparut. La sueur perla sur son front, incapable de tenir en place, il commença à faire les cent pas jusqu’à ce qu’un timbre pure que le cristal s’éleva.

— Bonsoir.

Il se retourna si vivement qu’il manqua de perdre l’équilibre et de s’écrouler de tout son long. Elle était là !

— Kate, voici monsieur Marc, le présenta l’hôtesse en caressant les boucles ébène de la fillette. Il va passer un peu de temps avec toi. Je veux que tu sois très très gentille avec lui. Tu me le promets ?

— Oui, madame, c’est juré, lui répondit la petite avec un sourire qui illumina son visage lui donnant l’air d’un ange.

Une bouffée de chaleur monta en lui en ressentant des fourmillements envahir son bas-ventre. Belle et douce !

— Je vais vous laisser seuls.

Quand la porte fut refermée, Marc dut se faire violence pour ne pas se précipiter sur elle. Pendant un instant, ils ne dirent rien puis, finalement, il inspira profondément et s’assit sur le sol.

— Vient, dit-il la main tendue devant lui. Approche.

Sans que la moindre hésitation ne la saisisse, la fillette s’avança de lui et glissa ses maigres doigts dans la paume de l’adulte qui l’attira à lui.

— Tu es une gentille fillette, assura-t-il en l’installant sur ses genoux. Tu es obéissante ?

— Oui, monsieur, et bien sage !

Marc lui offrit un charmant sourire tandis qu’il entreprenait de caresser longuement les fines jambes. Un parfum de vanille et de camomille se dégageait d’elle.

— C’est bien tu es une brave fille.

Tout en chuchotant ces mots, il entreprit de déposer plusieurs légers baisers sur ses cheveux, son cou, son nez. Cette gamine lui tournait les sangs ; après tout quel mal y avait-il à céder à la tentation ? Une fois, rien qu’une fois se jura-t-il.

— Tu veux bien me donner un baiser ? demanda-t-il tout tremblant.

Comme elle acquiesçait en silence, il plaqua sa bouche sur la sienne, forçant ainsi le passage de sa langue. Il lui trouva un étrange goût d’amande douce, mais n’arrêta pas pour autant.

Fébrilement, ses doigts se refermèrent sur la mince bretelle et tira dessus avec force, déchirant le vêtement, ce qui eut pour effet de dévoiler la poitrine naissante.

Quittant sa bouche, il referma ses dents sur les petites pointes roses, sans la moindre douceur, il les mordilla et les suça avec avidité. Bien qu’il craignait qu’elle ne prenne peur, il ne parvenait pas à se contrôler.

Tandis que de légers halètements s’échappaient de la mince gorge de Kate, toute raison l’abandonna définitivement, après l’avoir repoussée sur le sol, il acheva de déchirer le fin vêtement dévoilant la peau d’albâtre.

— Tu vas voir, je vais te montrer un jeu que tu vas beaucoup aimer, dit-il tout en retirant fébrilement son pantalon dévoilant un membre gonflé et dressé. Tu vas voir c’est très bon ! Oh oui, tu vas adorer !

Empoignant les jeunes cuisses, il s’apprêta à l’empaler sur lui quand il constata qu’il ne pouvait plus bouger, le goût d’amande douce dans sa bouche semblait se répandre dans le reste de son corps, le paralysant.

— Mais que ce…

Toutes couleurs déserta son visage lorsqu’il vit des marques rouges apparaître autour de ses doigts, les veines de son corps prirent une teinte plus foncée comme si l’on ait à aspirer le sang en lui. L’horreur se peignit sur ses traits, les iris de l’enfant avaient pris une couleur écarlate, ses petites dents blanches s’allongèrent en horribles crocs tranchants tels des lames de rasoir.

— Vous avez raison, chuchota-t-elle en passant sa langue sur ses lèvres pleines. Je vais adorer.

Puis, sans autre forme de procès, elle se jeta sur lui.

— Tu peux entrer Maddy, lança Kate, occupée à lécher ses doigts couverts d’une teinte rougeâtre.

Sans un mot, madame Sullivan apparut, bien qu’elle serve la fillette depuis plusieurs siècles à présent, elle ne s’était toujours pas habituée à fringale de celle-ci. Il ne restait du PDG que ses vêtements, pas la moindre trace de sang ou le moindre os.

— Je vais nous débarrasser de ses frusques, Ô, déesse Cali.

— Fais ce que tu as à faire, lança la divinité sans pouvoir retenir un rot. Je déteste les pédophiles, bien qu’ils soient des plus nourrissants, ils me laissent toujours un arrière-goût en bouche. Quand doit arriver le prochain ?

Comme pour répondre à sa question, le bruit d’une cloche résonna, les deux femmes se tournèrent vers l’écran qui, cette fois, s’ouvrit sur la porte de l’entrée ou un jeune homme d’une trentaine d’années se trouvait en se tordant les mains. Un mince sourire se dessina sur les lèvres de la fillette.

— J’ai encore un petit creux. Amène-le-moi

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