Le " petit train-train " de tante Léonie

scribleruss

- XVI - Lettres de *** à *** - Pornographie, Dieu, Proust, San-Antonio -

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Mardi 9 juin 2020 16.56 21°

   Vous dérangé-je ? Ah vous avez pris votre thé ... Non non, ça va ...

   Mais vous dire que cet après-midi, cet après-midi j'ai été pris d'une drôle de fringale ... Depuis deux ou trois jours ça me poursuivait .. Mais si c'est avouable ! à quoi pensez-vous ? Moi ? Oh ! ...

   Ah si ! une fois par mois, le premier samedi de chaque mois avant d'aller me confesser avant la messe de dix-huit heures trente ..

   Ben oui que voulez-vous je suis une homme c'est naturel en somme, alors Pornhub, Youporn ou autre, un petit tour et puis je m'en vais ... Il me faut faire attention le coeur car si ... non ce n'est pas Omar c'est le coeur .. Des précédents ...

   Parce que si je veux recevoir le corps du Christ il me faut avoir été absous ...

   Non non rassurez-vous cet après-midi j'ai eu une une fringale, une fringale de Proust, depuis des mois que je n'étais pas allé lui dire bonjour il me manquait véritablement, et comme toujours quelques lignes, mais comme toujours un régal.

   Et êtes-vous d'accord avec moi ..?

   Il faut lire Proust dans une disposition d'esprit comparable à celle que vous avez lorsque vous allez prendre un thé ou une glace dans un salon, à la petite cuiller, et que vous dégustez ...

    Proust ça se déguste, et ça se déguste à la petite cuiller, petite bouchée par petite bouchée, j'allais ajouter en fermant les yeux mais non là il faut quand même les ouvrir, ah certes ce n'est pas du San-Antonio qui se lit le chapeau de paille - pas nécessairement d'Italie - sur la tête, avachi dans une chaise longue, le verre de rouge à la main, Proust lui c'est du premium, du Haut de gamme, du cinq étoiles..

    Voilà ma chérie, je vous dis ma chérie, je perds la tête, tenez prenez une paille et aspirez du Proust, mais doucement ... ;

     " Ainsi passait la vie pour ma tante Léonie, toujours identique dans la douce uniformité de ce qu'elle appelait avec un dédain affecté et une tendresse profonde, son " petit train-train " .

     Il n'était pas mal mon petit train train de cet après-midi n'est-ce pas ?

   Question rhétorique ...

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