Le plaidoyer du randonneur

cyaron

Savez-vous pourquoi j'aime marcher?
Pourquoi je préfère la sueur et les lourdes chaussures de marche à la douceur d'une sieste dans un hamac sous les oliviers?
La plus part de mes amis parisiens ne le comprend pas. Les vacances ne sont-elles pas faites pour se reposer de notre vie trop active, trop pressée, trop tendue? Justement.
C'est là le seul moment où on peut s'affranchir de toutes nos conventions sociales, c'est là qu'on peut laisser le personnage qu'on s'est construit, malgré nous, pour répondre au sollicitations du monde qui nous entoure.
Je n'ai plus à plaire, à séduire. C'est cela le vrai repos des machines sociales que nous sommes.
Je me rappelle être parti randonner avec deux amis en Corse. Nous étions amis de puis des années, nous étions partis des dizaines de fois en vacances ensemble. Et pourtant, dans ces montagnes, nous nous sommes dit des choses qu'on ne s'était jamais dites auparavant.
La marche me rend la vraie valeur des choses. Tenez, par exemple, les distances. plus personne ne sait ce que cela veut dire dix kilomètres. quoi? quelques minutes en voiture? cela dépend de la circulation? cela dépend si il y a une grève à la SNCF? Moi, je le sais; je le sais dans ma chaire. je sais l'effort que représentent dix kilomètres. Si je veux faire un détour de dix kilomètres de mon parcourt initial pour me rendre dans tel lieu, je sais ce que je risque en terme de fatigue, je sais que je risque d'arriver au refuge après la nuit et de me perdre dans la montagne. A n'importe quel autre moment de notre vie on ferait ce détoure sans même y penser. Et puis notre nourriture. on vit aujourd'hui dans une société qui n'envisage même plus de manquer de nourriture, on se pose seulement la question de ce qu'on Veut manger. Thaïlandais? Italien? Sur les sentiers, tout ce qu'on mangera il faudra l'avoir porté toute la journée. Nous nous retrouvons donc à évaluer l'énergie et le plaisir que nous apportera notre déjeuné par rapport à l'effort qu'il représentera à transporter. De ma vie, je n'ai jamais autant apprécié une orange.
Cette réflexion est valable pour tous les objets, ai-je réellement besoin de ceci? On possède beaucoup moins de chose, mais chacune d'elle prend une valeur bien plus importante à nos yeux. Nous ne les avons pas avec nous par hasard, nous les avons toutes choisie. chaque fois j'ai pris un livre.

qu'on me comprenne bien, j'apprécie la chance que j'ai de vivre dans notre société privilégiée, et j'en fais entièrement partie; mais il m'est vital de m'en extraire de temps en temps et de me confronter à ce que je suis réellement et à la nature. La marche est une expérience philosophique.

Signaler ce texte