Le poids de la mort
yl5
Sous Louis XV, le maréchal de Saxe déclarait qu'à la guerre pour buter un soldat, il fallait pour toucher au but, qu'il reçoive au moins son poids en plomb.
En 1913 un général allemand prévoyant voulut vérifier ce point de façon comptable, en étudiant la bataille de Kin Tchéou, venant d'opposer dix-sept mille Russes à trente-cinq mille Japonais.
Les progrès dans l'armement auraient-ils changé le bien-fondé de cette maxime, intéressant au premier rang les services d'intendance des armées si désœuvrées en temps de paix ?
Sept-cent-cinquante mille cartouches et près de huit mille coups de canon étaient partis des lignes tsaristes tuant quatre mille assaillants, alors qu'en même temps les futurs Soviétiques reçurent quatre millions de balles et quarante mille obus made in Japan qui abattirent mille-cinq-cent des leurs.
Donc pour renvoyer ad patres un Slave bien retranché une tonne de métal fut nécessaire, alors que dix coups de canon et deux-cent cartouches, soit son poids, éliminèrent un Nippon en tranchée.
En conclusion, outre le fait que ce général changea immédiatement de carrière pour embrasser celle des mines avec bonheur et rapidement une jeune et nouvelle compagne, si vous souhaitez faire fortune après la guerre, faites là ferrailleur, devenant nettoyeur de champ de bataille tout en recyclant le fruit des maladroits, offrant de plus un modèle exemplaire selon les critères actuels, mais gare tout de même aux mines égarées et aux guerres atomiques qui tuent le métier.