Le pont

martinet

Récit d'un processus

Celui que je n'ose franchir.

Car je sais ce que je vais trouver de l'autre côté... Enfin je crois le savoir. Ou plutôt je crains savoir ce qui m'y attend. 

En fait je n'en sais rien. 

De ce côté ci, c'est surtout mes peurs que je trouve, et je les projette tellement fort pour les éloigner de moi, au delà du pont, que je suis certain, que je redoute - en réalité ça me terrifie - de les retrouver,  qu' elles m'attendent toutes griffes dehors, de l'autre côté.

Et pourquoi ? 

Parce qu'elles seront sur leur terrain et moi je serai nu, voyons ! 

... 

Nu ?!

Pourquoi nu ?

J'en rajoute pas un peu là, c'est pas du fantasme de croire qu'il ne peut arriver que le pire ? Envie de me dissuader de traverser ? 

Pour pouvoir me reprocher ma couardise ? 

Pour confirmer l'idée que j'ai de moi, d'un être immobiliste et sans ambition ? 

Mais ça pourrait aussi me stimuler. 

Me donner envie de relever le défi. 

Faire émerger ce qu'il y a de meilleur en moi, en puisant dans mes ressources secrètes, celles  que je ne vais chercher que lorsque l'homme quelconque  que je suis n'a plus de marge de manœuvre ? Comme quand je suis acculé, sauf que là, j'ai le choix. 

Je peux m'imaginer les bienfaits de la traversée, faire confiance à mes capacités d'adaptation que je laisse mûrir depuis des années et qui enfouies au fond de moi n'attendent que ce moment pour me prouver que je peux retourner cette situation à mon avantage, et ce en dépit des apparences. 

Mais même ça...  me fait peur. 

Peur d'avoir peur. 

Peur de devenir meilleur. 

De ne plus être celui que je suis,  après la traversée. 

Peur de ne pas tenir la distance avec ce nouveau moi, de retomber dans l'ornière de.... d'avoir fait tout ça pour rien. 

Peur d'être déçu ? 

Déçu de quoi ? 

J'ai des attentes peut-être ? 

Pas précises, mais j'ai une vague idée. Et je me mets la pression. Alors oui ça me fait peur. 

Mes attentes, mes peurs, mes calculs... je n'ai plus les idées claires... 

Et puis il y a ce papillon qui éclot près de moi, qui virevolte, et traverse le pont, sans questions, sans doute, avec toute sa candeur et innocence de nouveau-né, et j'ai envie de le regarder de plus près, et je suis le papillon. 

  • Passer le pont, passer à l’acte. L’herbe semble toujours plus verte ailleurs, mais ailleurs, avec ou sans couleur, on reste encore le même. :o)

    · Il y a plus de 6 ans ·
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    Hervé Lénervé

    • Pas d'accord, passque mon pont, ben y transforme les gens, même si en vrai c'est les gens qui profitent du prétexte du pont pour changer. Y faudra juste un jour qu'on se mette d'accord sur la définition de "changer", passque en fait c'est bien là que ça coince, tiens ben ça me donne une idée de texte... Du coup merci Hervé Lénervé, pas si vénère que ça ;-)

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      martinet

    • Hi, han! Hi, han ! je sais, je ris comme un âne. :o)

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Hervé Lénervé

    • ... Et tu réponds du même coup à la question séculaire, "le rire est-il le propre de l'âne ?"

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      martinet

    • Bien sûr l’âne rigolait bien avant l’être humain. Maintenant, ce dernier qui ne veut jamais l’être, a dit qu’il rigolait hors propos et que cela ne pouvait pas être interprété comme un signe d’humanité. :o)

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Hervé Lénervé

    • Mais l'humain n'a jamais envisagé de prêter de l'humanité à l'âne, il ne lui aurait pas donné un nom pareil sinon..

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      martinet

    • Certes, mais en fait, il s’est trompé dans l’orthographe, il voulait l’appeler « âme » et a écrit « âne ». De toute façon le rire reste le propre de l’homme. Voir « La guerre du feu » de J.J. Annaud. :o)

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Hervé Lénervé

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