Le professeur Rollin se rebiffe

Joévin Canet

François Rollin reprend au théâtre de l’Européen son personnage fétiche, créé du temps de l’inoubliable série télévisée Palace.

Quel plaisir de retrouver le professeur Rollin, ce phare de la pensée, maître du langage et de ses déclinaisons phatiques. Car s'il y a bien un domaine d'excellence où s'illustre notre sémillant professeur, c'est celui de parler pour ne rien dire. Il y a quelque chose de profondément réjouissant dans ces circonvolutions incessantes où s'enchaînent les sujets saugrenus. François Rollin est un acrobate des mots. Il passe d'un thème à l'autre, explore l'infime, scrute le ridicule et approfondit l'inutile. Voilà un virtuose du dérisoire, jamais pris de court, jamais dans l'impasse, et qui retombe toujours sur ses pieds.

Démonstration par l'absurde

Tout commence ici par le problème d'une biche. L'énoncé est le suivant : l'animal a vu quelque chose et part. C'est tout ou presque. Cela suffit pourtant à notre sémillant professeur pour nous tenir en haleine tout au long de sa conférence haute en couleurs. Jusqu'à ce que tout à coup, au détour d'une phrase, perle au milieu des rires le sujet véritable du débat du soir : est-ce que ce monde est sérieux ? Extrémismes de toute sorte, violence aveugle, intolérance, ou plus simplement bêtise humaine, tous ces ingrédients de l'absurde composent bel et bien le monde réel. Rollin n'a pas volé son titre de professeur : sans jamais cesser de rire, mais comme un médecin face à son malade, il appuie là où ça fait mal. Ne ratez pas cette conférence. En ces temps troublés, les rebuffades de Rollin relèvent de la catharsis.

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