Le puit de feu

[Nero] Black Word

Ce réveiller dans un chemin vertical en direction des flammes de l'enfer a de quoi faire froid dans le dos. ;) (https://www.facebook.com/BlackWordPage/)


Un carré de chaleur. C'est ce qu'il ressentait sur sa joue. Un carré parfait délimité par des frontières glacées qui lui donnaient l'impression de creuser sa peau. Cette sensation était accompagnée d'un lourd mal de tête qui le sortit sans ménagement de sa torpeur.

Se sentant mal, courbaturé, fatigué, poisseux, frigorifié, avec un estomac plaintif et seulement vêtu d'un caleçon, il ouvrit les yeux dans la semi-obscurité d'une grotte.

Etendu sur une épaisse grille en fer au centre d'un cercle de pierres dont la hauteur se perdait dans le néant, sa seule lumière provenait d'une chandelle placée à une trentaine de centimètres sous son visage, sur un sol où avait été placées des buches et du petit bois. Il sentit dans l'air une odeur facilement reconnaissable, celui de l'essence, provenant de ce liquide recouvrant tout son corps.

La cire avait presque totalement fondu, la flamme se rapprochait lentement du bois et n'allait pas tarder à se répandre dans sa prison.

Se relevant en trombe, ordonnant à qui pouvait l'entendre de l'aider, criant à s'en briser la voix, cherchant autour de lui une échappatoire, une ouverture, une pierre cachant un passage, il découvrit un chemin. Un tunnel d'un mètre de hauteur menant vers l'inconnu. Sans hésiter il s'y engouffra, se raclant les genoux sur les ouvertures de la grille, se rétractant pour mieux pouvoir passer.

Il arriva au contact d'une surface glacée et solide sur laquelle il chercha une poignée pour l'ouvrir, mais il ne trouva qu'un petit panneau cylindrique avec une poignée de la même forme ainsi qu'une barre accrochée près du bord de la surface. C'est alors que de la lumière lui permit de poser un regard sur ce qu'il touchait, sur la porte d'un coffre fort. En ce retournant, il vit des flammes envahir progressivement le puits à travers la grille.

Face à la porte du coffre, il put distinguer que le panneau en cercle disposait de numéros allant de 0 à 90 dans le sens des aiguilles d'une montre sur la bordure. Cherchant autour de lui un indice à la lumière du danger, passant son regard sur le coffre, les murs et la grille, sa peur montant aussi vite que la température de sa geôle.

Hurlant à plein poumons, frappant l'épaisseur de sa porte de sortie, cherchant dans son petit passage le signe d'un salut. Les flammes, ayant investi le puits, se propageaient doucement sur ses traces.

C'est à leurs lumières qu'il put voir une inscription jaune sur le mur près de l'entrée. Se rapprochant prudemment, n'osant dépasser une certaine limite, il vit écrit "Gauche 84". Comprenant que cela était destiné à l'ouverture de la porte, il se rendit sans attendre sur le panneau et tourna la poignée circulaire sur la gauche jusqu'au numéro 84. A peine avait-il fini qui se retourna à la recherche d'une autre indication.

Les flammes s'approchèrent de lui, progressant tel un groupe de fauves vers une proie mit à terre par une pâte cassée, pendant que ses yeux scrutaient les ombres misent à mal par la clarté du danger.

Une deuxième indication se dévoila, un "Droite 64" jaune brillant. Il s'empressa d'entrer le code et reprit son attente, plus à l'affut que jamais.

Le feu avait déjà atteint la moitié du chemin à parcourir pour le dévorer.

L'attente était intenable. Prit en tenaille entre sa hâte de dénicher un nouveau numéro, liée à sa peur que les flammes s'approchent davantage.

Un troisième code se dévoila enfin, un "Gauche 44". Sa mort brulante n'étant plus qu'à cinq mètres de lui, il fit pivoter le panneau jusqu'au numéro indiqué et tira de toutes ses forces sur la barre en fer. Mais rien n'y fit, la porte ne bougea pas.

S'acharnant, reprenant ses hurlements d'ordres, tremblant à l'approche de l'enfer, il se mit à supplier. L'écart le séparant d'une mort atroce était lentement dévoré alors qu'il s'époumonait dans ses suppliques.

Jusqu'à ce que son regard trouve le salut. Une dernière indication au dessus de sa tête. "Droite 4".

Il bondit sur le panneau et le fit pivoter jusqu'au chiffre avant d'entendre un déclic qui sonna pour lui comme le son de la liberté. Il tira sans attendre sur la porte.

Alors qu'elle s'ouvrit sur l'extérieur, ses pieds furent agrippés dans les serres des flammes qui se répandirent sur lui à une vitesse éclair.

Il se jeta hors de sa prison dans un ultime hurlement de douleur.


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