Le retour à la campagne
joseff
David revenait, remontant l'avenue qui traversait le village peu fréquenté les jours de semaine. Carrément désert le dimanche. Fantomatique le matin. Il lui fallait encore marcher un bout sur la route qui le ramenait chez lui, l'affaire d'une dizaine de minutes. Le soleil de midi indiquait l'aube, les valeurs étaient différentes ici.
La sérénité des arbres, le pépiement des oiseaux. Mon dieu comment avait-il pu vivre jusqu'à la veille de ses vingt-cinq ans dans la pestilence des villes. Question qui lui revenait sans cesse au retour, l'épaule lourde de légumes bio, non-calibrés, « gage de qualité » se plaisait à dire la jeune maraîchère de l'amap à qui il se contentait de répondre d'un sourire bêta. Coiffée d'un bandeau, les cheveux frisottants sur les tempes, elle était tout à fait ravissante, d'une fraîcheur revigorante. Un peu comme un fruit défendu, non pas par Dieu le Père, mais par son père. Moins avenant, il portait un bouc d'Hell's Angel repenti, la barrique à bière intégrée à l'estomac. Des mains durcies par le travail de la terre où l'on imaginait facilement s'enrouler une chaîne en fer ou se glisser un pied de parasol...
Pourtant elle lui souriait tout le temps « gage de ...» …quelque-chose.
Il n'était là que depuis peu de temps, et déjà il se sentait parfaitement intégré,un élément particulier d'une communauté réelle. En ville on pouvait crever anonyme, ici, on lui donnait déjà du "Daweed".
Tout juste une petite semaine à errer du marché au boulanger, et on l'avait invité à passer à « l'assoss » où il avait gerbé, mourant presque douze heures de file suite à l’absorption du « cake » maison. Il s'était même mis à peindre ce soir-là, ce qui lui conféra à son insu, il est vrai, et cela d’emblée, le statut de membre actif et plénier du :
L.A.V.A.S.E
Une première.
Néanmoins, il lui fallut user de ruse à hauteur d'un héros des renseignements généraux pour comprendre un jour que l'inscription graffée autour de la porte du local, une grange 17ème, en était une, et que cela voulait dire: Lecture Art et Vision Aléatoire Sensation Eclectik.
Mais il était peintre désormais, et profitait de cette nouvelle vie oisive pour martyriser les formes et les couleurs.
Manquait plus qu'une gonzesse. La maraîchère mmm c'est pas qu'elle était jolie mais disponible et surtout dentée convenablement. Elle devait avoir dans les dix-sept ans....tout de même un peu juste...son père...ça valait peut-être pas la...
« _ Alors ! On dit plus bonjour monsieur Alfort ?
…
_ Eh ! Laffort c'est Laffort bonjour monsieur...Lafitte, je faisais pas attention. Excusez.
_ Comment ça va la maison ? Bien ?
David pensa un instant au toit branlant, ce n'est pas rien, mais la clause entretien aux frais du locataire lui revint à l'esprit :
_ Bien, bien, parfait avec ce soleil comment voudriez-vous que ce n'aille pas ? »
Il rit. Le proprio rit, et ils se serrèrent la main continuant chacun en sens inverse. Soulagés de ne pas avoir à poursuivre une conversation, sans aucun sujet.
...Voyons voir, la maraîchère...la voisine...leur fille étudiante en arts appliqués, elle revenait bien certains week-ends depuis Bordeaux et la peinture aléatoire de David ne la laissait pas totalement indifférente...demander lorsqu'il la verrait des ustensiles de la ville ou des pigments, pourrait faire pro...et sa mère ? Bien entrée dans la quarantaine, un tantinet rougeaude, elle n'en devenait pas moins au fil des jours, attractive. « Bonjour » lui disait-elle haletante, sur son carrée de courgettes, laissant entrevoir à travers son chemisier des seins généreux et luisants... Il pénétra dans la boulangerie :
« _ Bonjour madame, vous allez bien ?
_ Bah ça ! Mon petit monsieur, avec ce soleil ! Qu'est-ce que ça sera aujourd'hui ?
David fit mine de balayer du regard les produits de la veille, et avec l'air détaché suivant une âpre réflexion :
_ Mm...je vais prendre une baguette s'il vous plaît.
_ Ça sera tout ?
_ Mmoui
Il repartit avec toute une poche de croissants et un chausson aux pommes.
Le « sera tout » était asséné avec toute la misère du monde, rappelant et pour des prunes, le travail harassant des artisans boulangers à travers les âges. David y faisait un parallèle avec les artistes, pain pour le ventre et pain pour l'âme, leurs productions si essentielles et si peu rétribuées. Plongé dans une contemplation abyssale sur la condition humaine, la sienne et celle de l'univers, il fut tiré une nouvelle fois de sa rêverie :
Sur le perron du bar tabac « Chez Lucien », les bras en anses et le bide en avant, le patron venait de le héler plein d'entrain.
David s'approcha et entra prendre un café sans envie, et ressortit avec un paquet de tabac local infumable, les deux gazettes régionales sous le bras : « Pays Landes Chalosse » et le « Daily Chaloss ». Ce dernier fondé avec une faute d’orthographe par la récente et grandissante communauté anglophone.
David aimait bien le patron, quoique un peu familier à son goût ; considéré un temps d'un œil amusé ce méridional fantasque avait su se faire adopter dans le cœur des habitants mâles, en produisant un pastis bon marché et goûteux, qu'il nomma avec finesse : Pastaga Gascounis.
Marque clandestine qui orne aujourd'hui le maillot officiel de l'équipe de Basket. Et qui semblerait permettre des troisièmes mi-temps homériques et amnésiques.
C'était quand même agréable la vie à la campagne, bon dieu, où tout le monde se connaît. Il arriva enfin chez lui, les bras chargés de cabas, auxquels s'ajoutait un sac dégoulinant d’huîtres douteuses. Comment résister au vendeur ambulant ? Il se fit la réflexion qu'on était vendredi. Et s'arrêta saluer longuement sa plantureuse voisine, sachant le mari à la pêche au moins jusqu'à 16h.
_ Madame Élisabeth, comment poussent les...
_ Concombres ?
David rougit, comme toujours désarmé.
Il la regarda fixement en guise de réponse, faisant preuve d'un stoïque courage. Elle lui fit une grimace, puis elle se remit à bêcher, penchée à en faire chavirer l'univers.
Il se reprit et dans une bulle, entama l'allée qui menait à son jardin, songeant que les huîtres ne seraient pas toujours superflues.
Cependant, arrivé à une vingtaine de mètres, il s'immobilisa brusquement : La porte de chez lui était grande ouverte. Certainement, il ne l'avait pas fermée, à quoi bon dans cet havre de pins. Les écureuils, les lapins ou encore les chevreuils n'avaient au dire des anciens jamais rien volé. Il se glissa chez lui sans autre façon, mais lorsqu'il voulut claquer la porte, son mouvement s'enraya. Il tourna doucement le cou et mit une seconde pour faire le point, ne voulant en croire immédiatement ses yeux :
Deux hommes se mouvaient dans son salon avec une aisance naturelle, parfaite.
_ Oui ? Lança-t-il comme pour crever une équivoque.
_ Monsieur ? Répondit le plus gros des deux, un véritable colosse.
Le plus petit, contrastant à l'excès par un physique de fouine, s'avança vers David :
_ Vous cherchez quelque-chose ? Lui insinua-il.
_ Hé bien, j'allais vous retourner la question...vous êtes chez-moi, ajouta David après une hésitation assez désagréable.
Le petit homme lança un regard à son gros ami, tous deux éclatèrent d'un rire contagieux, s'il n'avait pas été mystérieux et effroyable du point de vu de David.
_ Vous vous trompez, nous habitons ici. Mais je vous ai déjà vu au village...? Francis ?
Francis dont les yeux brillaient de malice enfantine, secoua la tête, la blague du jeune homme l'amusait visiblement beaucoup. David considéra les deux intrus avec un hébétement croissant.
Il cherchait dans des souvenirs fuyants où il avait pu déjà rencontrer ces deux types. Francis était grand et énorme, pourvu d' un coffre d'athlète, des bras pouvant broyer à la lutte un gorille. Son visage poupin, grisé de barbe et sa queue de cheval de marginal, relativisaient toutefois l’effroyable carrure. Paradoxalement le nabot donnait bien plus à s'inquiéter, brun comme un corbeau, le blanc des yeux un peu jaune, et un petit sourire en coin de vicelard.
Francis décapsula une bière de plus et la tendit à David, celui-ci s'en saisit et la porta à sa bouche comme pour dissiper un mirage.
Il regarda à ses pieds, les sacs n'étaient plus là. Il regarda tout autour... C'était bien là sa télévision à écran plat, sa collection de DVDs, son canapé, sa cuisinière au gaz et sa bonbonne d'huile d'olive de catalogne.
_ Bon messieurs, c'était bien marrant, mais pouvez-vous me dire d'où vous venez ? Et accessoirement ce qui vous amène chez moi ?
Francis entoura de ses bras son buste de chêne centenaire et plia sous le fardeau d'un rire insurmontable. Il s'écria, écroulé, entre deux respirations :
_ T'entends Renaud ?? et il est sérieux le gamin ?
David qui jusque là s'était senti osciller entre doute, incrédulité, vaudeville, hallucination en phase terminale, était maintenant plus si sûr de lui, et s'était même surpris à examiner la bonne foi des deux partis. Ce qui semblait incroyable mais bon. Il eut cette idée merveilleuse :
_ Écoutez, allons donc au village et nous demanderons qui habitent ici ou pas, c'est simple. Une goutte de sueur sur la tempe, il se trouva à les tirer dehors, puis l'instant d'après au centre du village.
Il courait trouver le peu de gens qu'il voyait, les hélant de loin, ceux-ci continuaient leur route sans rien dire, au mieux haussaient imperceptiblement les épaules.
Il entra dans le bar tabac, le patron lui dit :
_Oui ?
_ Hé bé, Lucien, j'ai un petit problème, ça paraît fou mais enfin deux types se sont glissés chez moi et...
_ Pastagas ?
_ Non, faudrait que tu leur dises que tu me connais...
Essuyant ses verres sans chercher à l'écouter, il émit un grognement rancunier quand David ressortit sans avoir pris la peine de consommer.
_ Mais enfin c'est à n'y rien comprendre!
Les deux autres d'abord amusés, avançaient nonchalamment.
Il aperçut à ce moment-là la maraîchère jeunette qui rentrait de sa vente, il se rua vers elle :
_ Ah ! Ça va ? La journée...les fruits...se fichant d'une réponse, il poursuivit :
Vous savez quoi , ces messieurs prétendent habiter chez moi ! Enfin, pour eux, je n'habite même pas au village !
Les messieurs se lancèrent un regard complice, la maraîchère cilla, plusieurs petits battements rapides :
_ Je ne sais pas de quoi vous parlez moi. Je vous connais ?
Les apercevant, elle s'adressa aux deux autres :
_ Hey ! Renaud, Francis, ça va ? Faites pas trop boire papa cette fois !
Ils ricanèrent, elle rigola franchement.
Et reposa des yeux toujours rieurs et étrangers sur David. Il se demanda si elle n'allait pas lui débiter son coup des légumes « Non calibré » etc.
_ Vous rigolez? J'espère, je viens à votre stand deux fois par semaine ! J'y étais encore tantôt.............Ah !...Vous me montez un canular, j'y suis ! Putain je me suis fait avoir, j'ai bien douté un moment...
Francis venait de poser la main sur l'épaule de David. Celui-ci fit volte-face en apercevant une nouvelle tête familière. Puis s'élança avant que le moindre signe ne la fasse entrer dans la conspiration. Entre-nous il n'y avait là, précisément, aucun soucis.
_ Hey Rico, Rico OH !!!!
Rico avançait les yeux fendus, collés par une myxomatose matinale. Il dormait habituellement à l'association culturelle littéralement assommé sur la table de cuisine. Il était donc normal qu'il ne reconnut pas son associé, lorsque celui-ci se présenta à moins de trente centimètres.
_ Putain Rico, ça fait plaisir de te voir ! Dis donc...ça te dirait d'aller boire un café chez moi, j'ai de nouvelles toiles à présenter à votre O sérénissime jugement.
_ Excuse-moi man mais faut que j'aille acheter des feuilles.
Et il continua de son pas excessivement mou. David eut un moment de vide difficile à chiffrer, il rattrapa néanmoins Rico en un quart de seconde.
_ Mais mec, tu passes chez moi après, tu sais où c'est ? Mmm c'est ici ? Hasarda-t-il.
_ Man ici c'est chez toi, chez moi, là-bas chez eux, chez nous, la Terre man. Faut pas s'emmerder avec ça.
Devant cette leçon de vie et de philosophie, David resta coi. Il laissa filer Rico, et revint dans une confusion hébétée trouver les autres.
_ Alors ? Lança fouineusement Renaud quand il le vit arriver, déboussolé.
Il reconnut la voisine couguar au gros seins, il s'élança dans un dernier espoir parfaitement navrant.
C'était comme prêcher dans le désert, il comprit l'expression dans toute sa lucidité, un moment transcendant.
La rue principale était brillante et profonde, les dalles devant l'église scintillaient, des silhouettes d'ombres se croisaient, les visages invisibles percutaient son esprit, il tomba à genou sous le ciel indiffèrent, et se dissolut.
II
Dans le camion David se souvint brusquement du rêve de ce matin, il se demandait tout de même s'il fallait le raconter, c'était psychédélique, étrange et fou. Une bonne anecdote en somme. Mais enfin, peut-être que ses collègues l'interpréteraient mal. Il y avait de quoi, exactement ? Demandez Jung.
Mieux valait se rappeler cette sensation, de retour heureux à la réalité qu'il avait savouré au réveil.
_ Bon les gars, c'est encore loin ? Vous m'avez toujours pas dit où on porte ce truc.
_ Non, on va pas tarder.
Francis, consulta rapidement Renaud, assis immédiatement à sa droite, qui hocha la tête.
David était assis contre la portière, il passait son bras par la fenêtre, se régalant de la caresse épaisse de l'air. Le soleil pesait comme une boule de feu sur le par-brise, nous étions à coup sûr entrés dans un mois de canicule. Le temps se déglingue. David saisit une bière dans la glacière à ses pieds, puis une seconde et les offrit à ses camarades. Il décapsula enfin la sienne, la fraîcheur l'envahit momentanément. Il se sentait bien, être là avec des potes.
Même s'il n'avait pas trop saisi à quelle combine ils se vouaient ce matin-là. De toute façon qu'en avait-il à secouer ? , un travail pas trop fatiguant pour ça pas de soucis.
Il se laissait porter par le cametard qui lui-même se laissait porter par les coussins d'air de l'asphalte brûlant.
Le paysage défilait dans la lenteur de l'été à venir, les vallons jaunes ou verts, les rivières scintillantes, terres arables, clochers, et le maïs encore le maïs, océans immobiles et secs dans le soleil harassant. Bientôt les pins se firent plus abondants, une odeur de sève picotant l'air et pas une brise pour danser...David somnolait doucement bercé par la plénitude et le demi-litre de bière qu'il venait d'enquiller.
Le camion s'engagea sur une voie non goudronnée, à petite allure, les cailloux crissaient, la poussière s'élevant en nuage, le jeune homme remonta la fenêtre.
Sur leur gauche un long et haut mur défilait, la propriété d'une Princesse du Bois, cling le tiroir caisse ; de l'autre côtés se succédaient de moyennes et grandes maisons, entrecoupées de touffes de forêt. Ils passèrent un demi-cercle de buissons et Francis arrêta le camion. Le sol brillait comme un miroir blanc.
Renaud sauta rejoindre les autres, une pelle à la main. Elle décrivit une courbe et tomba à un emplacement précis.
_ Là ça sera bien. Dit-il, satisfait d'un tel jet.
David s'aperçut alors, contrastant avec la dureté du sol, qu'elle était en plastique. Une bonne pelle pour faire de gros pâtés.
_ Bon alors on s'y met ! Commenta Francis. Coordonnant l'acte à la parole, il ouvrit le coffre et en sortit un long sac qu'il hissa facilement sur son épaule. Il le laissa choir dans un bruit mat, plom, à côté de la pelle.
Un boudin de toile noire, difforme.
_ Eh ! on va pas enterrer ça là quand même ?
_ Mais si mais si, c'est très bien là. Qu'est-ce qui te va pas ? Renaud avait l'air d'une sérénité réconfortante.
_ Les pierres déjà, ça va pas être de la tarte, vous avez pas vu le sol !?
Sans s'attarder sur la sinuosité de son ressenti, David se dit qu'à eux trois ils y parviendraient certainement.
Il ramassa la pelle et se mit en devoir de creuser. Le plastique se ployait minablement, il continua un certain temps à gratter le sol de cette manière absurde mais dut s'arrêter, soudain, comme saisi d'un trouble vague. Mais non moins poignant :
Il se retourna et vit la clôture buissonneuse, ça venait de là.
_ Attendez les gars, et la voisine, le voisinage ? On va quand même pas bazarder ça là. Il y a plus discrets, on va nous voir...
_ Tss tss des idées, et puis si on nous voit ?
_ Ouais qu'est-ce ça fait ? Renchérit Francis, ses deux bras énormes croisés sur son ventre de baleine.
David consulta la grosse face de Francis, placide et en aucun cas menaçante.
_ Tiens passe-moi plutôt la pelle !
Renaud à son tour se mit à grattouiller inutilement le sol.
Après tout ils devaient savoir ce qu'ils faisaient...le jeune homme se rasséréna encore une fois aussi vite qu'il s'était alarmé.
Une légère brise venait de se lever, il la regarda un moment jouer dans la lumière d'un grand chêne. Puis de nouveau cette intuition.
Quelqu'un quelque-part, tout près, diffus, précis, insaisissable et saisissant tout, cela en train de n'en rater pas une miette.
David sentit alors quelque-chose se dénouer dans son esprit, jusque là si terriblement inopérant. Un bout de glaise auquel on aurait insufflé la vie, neurotransmetteurs et tout le tsoin tsoin.
Le sac contenait un cadavre.
Son second flash fut d'imaginer cette terre fraîchement remuée, n'importe qui pouvant les relier... Une disparition, c'est pas rien, ça apparaît dans les journaux ! Rien n'était perdu, il voulut alerter les autres, vite : Ils n'étaient plus là. Le sac ? Non plus. David tourna vivement la tête sur la terre, tout juste grattée, la pelle inerte en travers.
Et l'évidence le foudroya cette fois dans toute sa clarté, un souffle glacé balayant tout sur son passage. Il chercha des yeux la route et aperçut le camion qui s'éloignait.
Il se mit à courir derrière de toute ses forces, la pelle à la main, puis frappé d'absurdité, tout en appelant, hurlant :
_ Hé les gars, les gars vous allez où comme ça ?
Il lâcha cette foutue pelle.
Et marcha peu à peu, se demandant comment pouvait-il courir derrière un véhicule motorisé ? D'une.
Mais ce qui allait bien au-delà de ses forces, comment pouvait-on rationnellement poursuivre un sac dans lequel...on se trouve !
David, pour des raisons évidentes d'intégrité mentale, se fit la réflexion de remettre cette singularité à plus tard.
Parce qu'en attendant, et c'était là l'essentiel, il se sentait vivant, les membres gagnés d'une euphorie douce, son sang irriguant ses muscles frémissants...
Mort ou pas, il se mit en route d'un pas décidé, il marcherait toute la nuit s'il le faut, mais il était temps, de faire ses affaires et de s'en aller ailleurs. Les minimas sociaux, l'art, la campagne, c'était pour un autre.
FIN