LE REVE

Catherine Abanda

LE RÊVE

 Je prends  mon petit déjeuner et Mia,  ma mère,  s’active à remettre de l’ordre dans la cuisine. Elle finit et  essuie comme à son habitude le contour de levier afin de n’y laisser aucune goutte. Satisfaite de son travail achevé, elle se tourne vers moi.

-    Tu en veux encore, me demande t-elle en s’essuyant les mains sur son tablier.

 Je ne peux répondre,  terrifiée par son regard. Ses yeux sont fermés mais de larges yeux sont dessinés comme en trompe l’œil sur le revers. 

 -  Tu en veux encore ou pas ? Dit-elle un peu agacée de mon silence.

-   Non-merci, répondis-je enfin.

 Je trempe un reste de tartine qui semble être apparut entre mes doigts, et l’avale rapidement. Je ne quitte Mia des yeux et me demande comment elle parvient à se déplacer.  Elle dépose le torchon sur le  rebord de  la chaise et se dirige  hors de la cuisine sans tâtonner. Je me lève aussitôt, mon bol à la main. Je ne peux quitter du regard la porte de la cuisine qu’elle vient de franchir.

 Je  rince mon bol et m’essuie les mains sur mon pantalon de pyjama sans quitter des yeux l’entrée de la cuisine. Je m’y précipite  et entends  mon frère Ted marmonner des mots noyés dans le bruit de la brosse à dent électrique et la mousse  de la pâte dentifrice. Je m’approche de la salle de bain et assiste à une conversation joyeuse entre Mia et Ted. Je ne comprends et n’écoute rien de leur conversation tant ma stupéfaction est grande. Ted  se brosse les dents, les yeux fermés et de grands yeux dessinés en trompe l’œil également sur le revers. Ma mère se tourne vers moi et semble-me « regarder ». Seule la position de sa tête penchée sur le coté exprime l’étonnement de mon état stoïque. Je m’approche de mon frère qui l’air méfiant-me « regarde » à son tour, du coin de l’œil tout en se brossant les dents.

 -   tcha hun broblem ! Tentât-il de balbutier en lâchant un jet de salive bleuâtre  sur le miroir.

 Je crois perdre connaissance tant ce que j’y vois m’épouvante. La jeune fille que je   reconnais, c’est moi. La bouche grande ouverte d’étonnement, je me « fixe ». Mes yeux sont fermés et de grands yeux inexpressifs sont dessinés sur le revers de chaque œil. Je pousse un crie, et n’y « vois » plus rien.

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