Règle n°1 : On ne parle pas aux inconnus. À moins qu'il soit très mignon.
charlierose
Rose n'avait jamais pris l'avion seule. Elle avait fait de nombreux voyages avec ses parents et même ses amis, mais être seule pendant plus dix heures l'angoissait. Elle avait donc pris de quoi s'occuper, un bon livre, ses écouteurs et son mp3 chargé. Elle n'était pas une fille solitaire. Elle aurait plus que tout eu envie que sa mère la rassure, mais comme d'habitude, elle n'avait pas pu compter sur elle.
Au moment où elle enregistrait ses bagages, sa mère – Helen – reçut un appel, et elle l'entendit répondre :
Salut Robert ! Je t'écoute.
Au moment où elle entendit le prénom de Robert, Rose fut exaspérée. Son patron l'appelait quelque soit l'heure de la journée, et elle rappliquait à chaque fois. Qu'elle soit en train de manger avec Rose, en train de lui parler, en train de faire du shopping ou même de se prélasser au bord de la piscine avec elle, rien n'était plus important que Robert, ni même sa fille. À une époque, elle enrageait contre elle d'être aussi soumise à son patron, et avait mis ça sur le compte d'un divorce dur. Mais un jour, où Rose était rentrée en avance à la maison, elle avait surpris sa mère et son patron s'embrassant à pleine bouche et se dirigeant vers la chambre. À partir de ce jour, à chaque fois qu'elle la quittait pour son patron, elle l'imaginait se taper son boss et c'était répugnant. Et pire, elle ne l'a laissait pas pour aller travailler, c'était pour forniquer.
Je reste dire au revoir à ma fille et je te rejoins immédiatement après pour clore le dossier.
Rose eut un élan d'espoir quand elle entendit Helen retarder son rendez-vous avec Robert. Mais toutes ses espérances fut anéanti quand elle lui dis au revoir immédiatement après avoir raccroché et lui souhaita un bon voyage. Sa mère n'avait pas instantanément quitté sa fille, comme à son habitude, mais elle avait pris le temps de lui dire au revoir pour une fois. Après l'avoir étreint maladroitement, Rose la regarda partir.
Pour passer le temps, Rose décida d'aller faire du shopping dans les Tutti Frutti de l'aéroport. Rien de mieux pour passer le temps et elle pensa même à trouver une petite tenue sympa pour faire impression le jour de son arrivée. Et comme à son habitude, elle dénicha une merveille, une robe portefeuille bleue qui allait très bien avec la couleur de ses cheveux roux.
Après avoir acheté quelques magazines, Rose se dirigea vers l'embarcadère, l'heure du décollage approchait. Elle croisa plusieurs familles, et se demanda ce que faisait sa mère. Comment avait-elle pu la laisser errer seule dans un si grand aéroport sans lui recommander d'être prudente, alors qu'elle partait six mois loin d'elle ? Certes, elles avaient perdu toute complicité au moment du divorce mais était-ce une raison pour être si indifférente ? Plongée dans ses pensées, Rose se dirigea vers son numéro de place et encore toute embrouillée, s'installa sans regarder l'homme qui était assis à côté d'elle.
Les écouteurs sur les oreilles, la tête plongée dans un bon livre, les premières heures d'avion se déroulèrent tranquillement. Si paisible que Rose oublia son anxiété et se sentait prête pour arriver sûre d'elle dans sa nouvelle université.
Une hôtesse de l'air passa dans les rangées pour distribuer des boissons, et arrivée à sa hauteur, Rose dut passer la cannette de Coca zéro à son voisin. Et là, elle le vit, et se sentit complètement idiote. Elle avait été assise à côté d'un mec super mignon pendant plus de deux heures sans le remarquer. Mais Rose - étant de nature optimiste - se dit qu'il restait encore sept heures près de lui. Au moment de lui passer la canette, elle laissa ses doigts un petit plus longtemps que prévu, histoire de l'aguicher. Elle décida de commencer la conversation :
Salut, je me présente, Rose Book. Puisqu'on va être voisin pendant plus de sept heures encore, autant en profiter, non ?
Au moment où il se retourna, elle lui lança son plus sublime sourire. Rose était une jolie fille et elle le savait. Elle n'avait jamais eu de problème pour trouver un mec, mais ce qu'elle préférait, c'était draguer, et ne plus jamais revoir le garçon après. C'était intense, fougueux et ardent pendant quelques heures et pour ne rien gâcher, elle ne revoyait jamais le garçon, et gardait un magique souvenir. À vrai dire, elle n'avait jamais trouvé le bon garçon pour une relation sérieuse, alors elle multipliait les expériences et pour l'instant s'amuser, c'était ce qu'elle faisait de mieux. Ainsi, elle savait très bien quel sourire, quel regard utiliser pour séduire ce garçon. Et au son de voix, un peu stressé, et à son regard qui n'arrêtait pas d'osciller entre ses lèvres et ses yeux, elle sut qu'elle lui plaisait.
Coca zéro ? Un mec si bien musclé devrait avoir le plaisir de s'offrir une boisson sucrée de temps en temps, non ?
Il lui répondit vaguement qu'il n'était pas si musclé, tout intimidé. Rose était une fille grande, et ce qu'elle préférait chez les hommes, c'était qu'il soit, certes très grand, mais aussi hyper protecteur. Un mec qui n'a peur de rien, et qui a de l'assurance plaisait forcément à Rose. Et là, elle l'avait complimenté un peu et il était déjà gêné. Cela rendait tout de suite son voisin beaucoup moins attirant.
Alors qu'elle était plongée dans ses pensées, l'avion trembla fortement et Rose, pas très à l'aise, s'accrocha instinctivement aux bras de son voisin, terrifiée. Quand les turbulences s'arrêtèrent, elle détacha doucement ses doigts de son bras, et elle remarqua que le garçon à côté d'elle n'avait pas montré une once de peur, ni dit quoi que soit. Et à l'inverse, il commença à rigoler, d'un rire doux et taquin en la regardant :
Tu m'as détruit le bras, Rose ! Ce n'était rien, juste un trou d'air.Tu ne connais pas la technique d'approche par la peur ? murmura Rose en haussant les sourcils. Et ce n'est pas juste, tu connais mon prénom mais moi, je n'ai pas l'honneur de connaître le tien. Alors dis-moi…Greg, enchanté, répondit-il en prenant la main de Rose et en y déposant un baiser.
Rose n'avait jamais été très romantique, mais elle appréciait quand un garçon se montrait gentleman pour la séduire, ainsi elle lança son regard de braise et joua la fille intimidée. Elle avait peut-être mal jugé Greg au premier abord, il avait sûrement du potentiel.
Alors, dis-moi Greg, tu as une petite copine ? demanda Rose en prenant son innocente voix.On peut dire que t'es directe toi ! Mais j'aime ça, avoua Greg après un temps. Alors non, pas de petite amie. Tout comme toi je suppose, sinon tu ne me draguerais pas.Effectivement. Et qu'est-ce que tu penserais d'aller faire un tour en première classe ?Mais on est en classe moyenne, on n'a pas le droit d'y aller ! répliqua le garçon avec un air outré qui contraria Rose.Ce n'est pas ce qui est excitant, le danger de se faire prendre ? Aller, la classe supérieure n'est jamais complète, et on est assez bien habillés pour passer inaperçu. Suit moi, ordonna-t-elle avec un sourire.
Rose sortit son rouge à lèvre rose bonbon et s'en remit une couche. Puis elle détacha sa ceinture de sécurité et se leva. Elle lança un regard vers Greg qui était complètement troublé et hésitait encore à la suivre. Mais un sourire de Rose, et un regard vers son corps si svelte le persuada. Il ne pouvait pas louper cette occasion.
Quand Rose passa près des hôtesses de l'air, sa respiration se bloqua et elle se força à sourire. En ouvrant la porte pour accéder aux classes supérieures, son cœur battait la chamade. Elle ne se reconnaissait pas, elle n'avait jamais enfreint les lois, mais en présence de Greg, elle faisait n'importe quoi. À son grand soulagement, elle trouva le compartiment pratiquement vide. Elle s'installa dans un fauteuil et quand Greg la rejoignit, elle tira les rideaux pour plus d'intimité.
Elle avait imaginé parler un peu avec Greg, se montrer gentille et le draguer agréablement. Mais à son grand étonnement, dès que Rose se retourna, Greg l'embrassa à pleine bouche. Elle fut d'abord surprise et outrée que ce fut si facile, mais la joie prit la place de la surprise. Il embrassait agréablement bien et toute cette confiance en lui excitait Rose. Aussi, elle se laissa submergée par Greg et lui rendit son baiser de façon la plus fougueuse qu'elle put.
Après des échanges passionnés et des étreintes plaisamment longues, Rose se retrouva allongé sur le torse de Greg, à réfléchir. Ces dernières heures avaient été une expérience véritablement pleine de vie pour Rose et sûrement le début de pleins d'autres. Elle avait pris une certaine assurance en ayant eu un si beau mec si facilement et elle s'imaginait déjà toutes les conquêtes qu'elle ferait une fois sur le campus. Pour elle, c'était ça, la vie étudiante. Fougueuse et intense. Elle ne l'imaginait pas autrement. Tout en écoutant le souffle léger de Greg, elle se mit à sourire en pensant qu'un jour peut-être, lors d'une soirée pyjama, elle pourra dire que le lieu le plus insolite où elle avait fait l'amour était dans un avion.
Hey beauté, tu as bien fait de nous emmener là. Et au faite, je n'ai pas demandé. Pourquoi tu vas à Los Angeles ? demanda-t-il d'une voix un peu pâteuse.Je vais à UCLA, tu sais l'université de Los Angeles, clarifia Rose en se demandant si lui aussi allait là-bas, je veux devenir bilingue. Et toi t'es dans quelle université ?Oh moi, je ne suis pas étudiant.
Rose prit peur un moment, en se demandant quel âge avait Greg mais en y regardant de plus près, il ne pouvait pas être si vieux, il avait une peau parfaite et pas une ride.
J'y vais pour… voyager, tu vois ? hésita-t-il en ayant l'air de chercher ses mots. Il se passa la main dans les cheveux et continua. Rien ne me retenait en France et j'ai eu mon Bac, alors j'ai décidé de partir, prendre un peu de recul, tu comprend ?
Rose se demanda comment un si jeune homme, sans problème potentiel, avait pu avoir envie de quitter ses amis et la France sans raison valable. Mais elle décida que cela ne l'a regardait pas, et que moins elle en saurait sur lui, mieux se sera. Aussi, elle approuva d'un mouvement de tête et commença à se rhabiller.
Après avoir rejoint leurs places respectives, Rose mit son casque sur les oreilles pour bien montrer qu'elle ne voulait en aucun cas qu'ils continuent à discuter ensemble. À sa grande joie, il ne restait plus que quelques heures avant l'arrivée.
Après un atterrissage qui lui boucha les oreilles, elle récupéra ses bagages mains et sortit de l'avion. Au moment où elle passa la porte de l'avion, un air chaud la submergea. Elle était à LA et elle avait fait la rencontre d'un bel inconnu dans l'avion. Elle ne put résister à l'envie d'ouvrir grand les bras, de se laisser imprégner par le soleil cuisant et d'afficher un sourire béat.
Sa vie étudiante commençait tout juste.