LE RIRE
marguerite
Je ne sais pas vous, mais moi, il paraît que j’en ai plusieurs. Au moins trois. Ce sont ceux que j’utilise le plus fréquemment. Le Vrai la plupart du temps, le Social régulièrement et le Charmeur de temps à autre. Chacun d’entre eux sonne différemment à l’oreille de celui qu’il entend, comme à mon oreille d’ailleurs. Moi-même je les supporte plus ou moins bien.
Quant au Niais, je n’espère pas le prodiguer, car celui-ci je le reconnais moi-même entre mille chez les autres et je ne le tolère pas. Il m’horripile. Il produit sur moi l’envie de frapper violemment son émetteur. Face au Niais je peux avoir deux types de réactions. Soit je reste de marbre, ce qui a pour effet de déstabiliser l’autre et instantanément il fait taire l’espèce de vagissement disgracieux qui sortait de sa gorge déployée quelques instants auparavant. Cette réaction est magique, elle a des effets immédiats que j’adore. Soit, après analyse de la situation et conclusion tirée que je ne peux pas me permettre en cet instant précis de faire passer l’autre pour un con, pour diverses raisons liées au savoir-vivre ; je me force à évacuer de ma bouche, le Social. Ce Social me déplait au plus haut point, il me met mal à l’aise quand je le laisse s’échapper car il n’est pas moi ; mais je dois reconnaître qu’il est pratique pour se dépêtrer de certaines situations embarrassantes ou même inextricables parfois. Il est indispensable de le posséder dans son répertoire.
Le Social ne sert pas uniquement à répondre au Niais, bien entendu. Je l’utilise moi-même souvent, pour meubler une conversation archi insupportable. Dans ce cas il est accompagné de mon fameux « visage masque » faussement intéressé par le flot d’inepties déblatéré et de mon regard atone, censé trompé l’interlocuteur navrant, face à moi. Pendant ce temps mon esprit réussit à fuir et se concentrer sur d’autres choses plus urgentes ou plus ludiques. Je ne saurais dire si réellement je parviens à tromper l’individu, mais à moi, ce Social là donne presque bonne conscience.
Le Charmeur est nécessaire également. Il se situe à mi-chemin entre le Vrai et le Social. C’est pourquoi il est sans doute le plus difficile à doser. Il ne doit pas complètement éclater mais pas non plus être réprimé. Pas si simple ! L’objectif n’est plus de tromper mais bien d’endormir l’autre pour réussir à obtenir gain de cause dans quelque situation que ce soit. L’interlocuteur doit finir par penser comme vous.
Mais le meilleur d’entre tous, le plus nourrissant, le plus sympathique, le plus naturel, en tout cas pour ma part, c’est le Vrai. Celui qui éclate sans prévenir, celui qui explose, qui me secoue ou me fait tordre presque à mourir parfois, celui qui peut faire mal aux zygomatiques tellement il est fort.
Le Vrai Rire est celui qui fait pleurer.
Et oui, rien de plus sérieux que le rire.....
· Il y a plus de 14 ans ·pouetpouet06