Le silence des trêves
motel
D'abord, l'odeur.
Un parfum de vacances, de liberté.
Je voudrais dire d'espace.
Te rappelles-tu de cette odeur?
Elle te revient certains soirs.
Étriqués et obscurs.
Une odeur forte.
Excitante.
Effrayante.
Puis, le bruit.
Un bruissement d'abord.
Un grondement ensuite.
Un vacarme enfin.
Assourdissant.
La parole vaine.
L'homme contraint au silence.
La nature reprend ses droits.
Enfin, regarde.
La mer est haute.
La plage n'est plus.
L'homme est chassé.
Les vagues sautent sur la digue.
La mer va gagner.
Elle a déjà gagné.
Elle fait frémir les passants.
Elle les fera reculer.
La mer jubile.
Saute de plus belle.
Les hommes l'ont mise au défi.
Ont construit digues et remparts.
Mais armée d'algues et de sable.
Elle revient.
Et le vent s'en mêle.
Elle saute encore plus haut.
Cette fois, l'homme n'est rien.
Il va devoir reculer.
Contraint au repli.
Il va céder sa place.
Les yeux fascinés.
Il bat en retraite.
Ses murailles sont vaines.
Il a cru à la victoire.
Quelle prétention.
La mer reprend sa place.
Elle le nargue.
Comme elle est arrivée.
Elle repart.
Et déjà elle n'est plus.
Alors le silence.
Assourdissant.
Plus que le bruit des vagues.
Le silence des trêves.