Le souilleur

Michel Michel

Molly, après lecture (et relecture) de votre texte, que j'ai beaucoup apprécié, sans forcément en être parfaitement d'accord avec vous, j'ai trouvé nécessaire d'apporter mon modeste point de vue.

PART 1 : Mon RAP.

Je suis celui qui souille les corps,
celui qui souille les corps,
qui fait trainer sa bite,
celui qui s'vautre comme un porc,
si je vais sur un site,
il vaudrait mieux qu'il soit hardcore!


J'ai essayé de te déshabiller!
Si tu veux pas, vas-y prend un billet!
Vas-y, vas-y, prends un billet!
Prends prends pr... prends un billet!
Pour moi baiser c'est comme chier!
Les chiottes ont pas besoin de briller!
Non-non-non pas besoin de briller!
Trop de virginités pi-pi-pillées!
Une heure avec moi, et tu ressors pliée!

Moi j'aime les petites putes qu'ont pas cadenassé leur culotte,
j'vais t'faire hululer, tellement, qu'on t'appellera la chouette hulotte!
J'ai une queue qu'est si forte qu'elle fait chialer celles qui s'y frottent!
J'me demande pourquoi ces lapines elles  aiment autant ma carotte?!
A c'que m'a dit une allemande coquine :"C'est parce-que c'est la moTe"


Hey hey hey hey, ma carotte sur ta motte (*134)


PART 2: on recadre.

Voilà, ce rap (que je ne cache pas avoir écrit avec un certain amusement, dirty south cousin), je l'ai mis là pour refléter cette époque dans laquelle j'ai grandi. Ce rap, je l'ai écrit facilement, parce-que j'en ai entendu des centaines comme celui-ci, parce-que ce discours moi, et les mecs (et les meufs (dans le RER... non c'est moyen ça...)) de ma génération on en à bouffé par containers normalisés, depuis tout petit, des palettes et des palettes de saloperies qu'on a fait rentrer dans nos crânes. Et pas que par le rap, par tout et partout! Je suis né dans un monde qui sent le prépuce et la chatte mouillée. Parfum omniprésent, mais parfum artificiel... Je suis, aussi, de cette génération de mecs qui ne seraient pas loin d'être puceaux si ils  n'avaient pas fait l'amour à une, ou deux, ou trois fille. De cette génération de mecs qui parlent de baise à tout va, mais qui règlent leurs histoires sentimentales en cachette. La dernière génération peut être, à n'être pas totalement corrompue, pas entièrement avilie... Partagés entre l'éducation saine du cocon familiale, et l'éducation malsaine de cette télévision, de ces publicitaires, de ces radios ou des darons de 40 ans parlent sodomie avec des filles qui en ont 16 (non je ne donnerai pas de nom... Skyrock...).  De cette connasse de prof de svt, qui, complètement endoctrinée par les conseils de ses supérieurs obscurantistes à tablier, nous expliquait qu'on pouvait s'envoyer notre voisine de classe sans aucun problème, le tout étant de se protéger, accompagnant son discours par l'enfilage d'une capote sur un pied de chaise retournée...
L'éducation sexuelle... quelle vaste blague... toujours plus d'éducation sexuelle... toujours plus jeune... toujours plus explicite...
On t'explique l'acte, pas ce qu'il y a derrière, puisqu'il n'y a rien derrière, puisque t'as mis une capote, puisqu'elle a pris la pilule... n'est-ce pas? Au pire du pire, si elle a oublié, ou si crevaison il y a eu, tu peux toujours prendre la pilule du lendemain, et puis, si tu n't'y prends que le surlendemain, y reste l'avortement, tu vois! Tout n'est pas perdu!
Et les cours de responsabilisation sexuelle, quand-est-ce qu'ils arrivent? Hein? Parce-que le coït, à la base, ça sert à quelque chose quand même non? Ca n'a pas une utilité? Si on s'éclate tant en le faisant, ne serait-ce pas parce-qu'il y a là dedans quelque chose qui nous échappe? Quelque chose de foncièrement beau, et d'absolument grave, lourd de sens, d'engagement, de devoir, de responsabilité.
On nous enseigne, qu'en pratiquant l'acte sexuel, on RISQUE, le mot est important, de concevoir un enfant. Pourquoi ne nous enseigne-t-on pas qu'en pratiquant l'acte sexuel, avec la bonne personne, dans de bonnes conditions, on permet à un nouvel être de voir le jour, et qu'on est ainsi sur la bonne voie, pour accomplir le seul dessein que l'Homme, croyant ou pas, politisé ou pas, savant ou pas, puisse être sur d'avoir à accomplir sur notre petite planète. Transmettre la vie, puis transmettre le savoir, et donc, la survie, voilà notre rôle, nous qui passons notre vie à nous en chercher un.

Ce n'est pas le sexe qui est souillure, c'est le sexe sans amour, sans but, autre que l'ivresse. Non pas qu'il faille le faire dans le but unique de procréer... Mais, et c'est mon opinion, mieux vaut le faire avec la personne avec qui l'on pense pouvoir procréer. Faire l'amour n'est pas un hobby, ce n'est pas une partie de tennis, quand on le fait on y laisse une partie de soi, on s'offre et se partage jusque dans son intimité la plus profonde (sans mauvais jeu de mot). Ce n'est pas l'homme qui souille la femme, ou l'inverse, on s'auto-souille, chacun de notre côté, à chaque fois que l'on s'abandonne à ces plaisirs charnels dénués de sentiment, chaque fois que l'on laisse l'Animal prendre le dessus sur les  créations divines que nous sommes; chaque fois que l'on met en péril notre santé mentale, physique, pour quelques minutes chaudes et humides, agréables si l'on est bien tombés.
Ce sentiment de souillure, c'est ce qui nous relie à notre condition d'Homme, et nous éloigne de l'Animal hyper-consommateur que certains bien hauts placés aimeraient faire de nous.
Car tout ceci fait partie du grand business, la libération sexuelle n'a été jusqu'à maintenant que l'ouverture du sexe au libéralisme. Sur tous les plans ça fait vendre, ce qui fait vendre leur rapporte. A l'heure des Internets, il ne me faut rien qu'un jour pour me faire livrer à domicile, dans un emballage discret, toutes sortes de godemichés, vagins en plastique, pince-tétons, revues et vidéos pornographiques jusqu'au plus abject. Et c'est un marché énorme, parce-que la libération sexuelle, c'est aussi l'ouverture à la concurrence; pour tringler, ou se faire tringler, il faut dorénavant être compétitif, financièrement, physiquement, partout, dans tous les domaines, la superficialité l'emporte. Alors les plus défavorisés, les moches, les pauvres, les losers et loseuses de touts acabits, se ruent sur ce qui leur permettra de calmer leurs pulsions, alors ils se branlent, ils se godent, s'inscrivent sur des sites de rencontre salaces... Et comment ne pas le faire? Puisque tout n'est que sexe, partout, tout tourne autour de tiges et d'orifices! Comment ne pas avoir envie de gouter nous aussi à ces jouissances fantastiques qui leur sont promises à chaque coin de rue, d'affiche, de spot tv , de Jt ou de bus! Comment rester de marbre devant ces femmes quasi-dénudées qui défilent à longueur de journée devant leurs yeux? 
Et le vice va plus loin, en mettant de force dans la tête des gens l'idée qu'une relation durable, c'est de la ringardise, qu'aujourd'hui, pour vivre pleinement sa vie, il faut se taper multiples et multiples partenaires. Vous ne me croyez pas? Ouvrez le premier magazine féminin qui vous tombera sous la main, et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autre... Leur propagande salace est partout. Le projet de destruction de la famille aux bienfaits du capitalisme n'est pas un mythe, lui aussi peut se vérifier facilement... comment? Regardez la votre! Ressemble-t-elle à celle qu'ont connus vos parents? Vos grands parents? Une famille unie au 21ème siècle... C'est un miracle!  En quoi cela sert-il au capitalisme? Dois-je vraiment l'expliquer?

PART 3: L'histoire de Jean Ma et Phiphi, ou, comment le capitalisme tire sa part du gâteau .


-Jean Ma est marié, 20 ans aujourd'hui, c'est un grand jour! Pour faire plaisir à sa douce Liliane, il a décidé de l'inviter au restau et de lui offrir ce bracelet qu'elle a remarqué au centre commercial! La fin du mois s'avèrera difficile, mais Jean Ma a mit quelques euros de côtés tout prévoyant qu'il est.

-Jean Phi est divorcé, 20 ans aujourd'hui, ça commence à le titiller! Pour calmer ses ardeurs, Jean Phi s'est inscrit sur ce site de rencontres bien connu, après tout, ses sextoys et sa collection "merveilleuses voitures françaises d'antan" aux éditions Atlas, ne remplaceront jamais l'amour et la chaleur qu'une vraie femme saurait lui apporter. Après trois rendez vous au restaurant qui n'ont pas porté leurs fruits, avec Cindy, Michelle et Karine, Jean Phi a rendez vous avec Clarence, le diner se passe tellement bien qu'il décide de l'emmener danser au Macumba night, puis, une fois les tourtereaux plus imbibés qu'une paire d'éponges ménagères, il prend l'initiative de louer un chambre dans le plus bel hôtel de la ville, le Carlton de Lille (xD). Nuit de délices et de sensualité, tous ces plaisirs auxquels il croyait ne plus jamais pouvoir goûter, les voilà maintenant offerts à lui! Au petit matin, Jean Phi est vi-dé, il embrasse tendrement Clarence, lui propose de la raccompagner à son domicile avant de retourner travailler. Celle ci refusant, il lui appelle un taxi. 
Voilà maintenant plusieurs semaines que Clarence et Jean Phi se côtoient... Après plusieurs rendez vous, déjà, la passion des premiers jours semble éffacée, C'est machinalement qu'ils font l'amour et il n'y a rien d'amour dans cet amour là. Malgré tous ces restaurants, ces fleurs et ces bijoux, malgré ce week end en Andalousie que Jean phi a fait la surprise de lui offrir, Clarence semble ne plus le regarder du même oeil, comme si elle pouvait voir le perdant qui se cache en lui, celui qui se cache en tous les hommes... Jean Phi ne peut pas en rester là, la Clarence, il l'a dans la peau! Il va se refaire une beauté le Jean Phi, que même son ex femme elle lui en redemanderait l'alliance! Costume Hugo Boss, Montre Breitling, Coupé Mégane sport, Chaussures Gérard Sené, Portable Apple dernier cri, Il est méconnaissable! Pour ne pas faire le rat, il a même acheté cette petite robe pour Clarence, et même un grand flacon de son eau de toilette préférée. Elle va en tomber des nues la Clarence! Ah ça! Elle va être impressionnée! En effet, elle l'est, et c'est ainsi qu'elle s'adresse à lui:
"T'es beau, putain qu'tes beau mon Phiphi, ça me fait plaisir de te voir comme ça. Tu sais, il faut que tu vives ta vie mon Phiphi! J'ai adoré ces moments qu'on a eu ensemble, c'était si intense! Mais, mon Phiphi... moi aussi j'ai besoin de vivre ma vie... J'ai l'impression que tu t'es trop accroché à moi... et que tu attends que je te donne des trucs... que je peux pas te donner... que j'peux plus donner... tu peux pas comprendre... j'suis désolée..."
Clarence l'embrasse presque honteusement, se retourne, et ne laisse à son Phiphi, qui fixe tristement le sol, rien d'autre que le bruit de ses talons qui claquent contre le carrelage aseptisé du Mall. Jean Phi avale bruyamment sa salive, une larme coule sur sa joue proprement rasée, il regarde l'heure sur sa Breitling, fouille dans la poche intérieure de son Hugo Boss, sort son Apple et envoie un sms de la dernière chance à Clarence "FO PA MKI T JTM", le confort de ses Gérard Sené, lui permet de rejoindre tranquillement sa Mégane sport, puis de rentrer chez lui.
Jean Phi déprime quelques jours, reste dans le noir à regarder "NCIS", jusqu'à ce que lui vienne l'idée de consulter sa boite mail, surprise! Michelle, son deuxième rencard, n'a pas compris pourquoi il ne l'avait pas rappelée elle souhaite le revoir! Enjoué il décide de lui répondre et de l'inviter à dîner, quand son téléphone se met à sonner... c'est un message de la banque, Phiphi est dans le rouge, et bien dans le rouge... dépité, il éteint son ordinateur, et retourne s'affaler dans son canapé devant la saison 38 d'"NCIS"... Pub:
"Avec Credito 5%, simplifiez vous le crédit! Consultez notre site, et recevez une réponse immédiate!"
Jean Phi retrouve le sourire... Rien n'est perdu! 

Bon allez, tout ça n'est sûrement pas très clair, pas bien fini, mais c'est mon habitude, et puis je n'ai plus de temps.

Pour finir, comme le disait Jésus (Psl)

Aimez vous les uns les autres.

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Voici un lien vers le texte de Molly, que j'ai pris plaisir à lire, et auquel je "réponds".

http://welovewords.com/documents/souillure

Tout ceci est bien entendu sans prétention aucune, ce sont mes idées, ma façon de voir les choses, je n'ai pas la prétention de vous faire adopter mon point de vue, bien que cela flatterait mon ego. J'ai trouvé le sujet développé par Molly intéressant, et tout sujet intéressant mérite débat. Aussi, je ne suis ni philosophe, ni écrivain, ni sociologue ni doctorant en quoi que ce soit, juste un sous-prolo, fils de prolos, pardonnez moi donc mes éventuelles fautes d'orthographe, de syntaxe, inexactitudes, sophismes, grossièretés... Je suis ouvert à la contradiction, ainsi qu'à la correction. (ça fait un peu S&M ça ^^)

Dans mon premier texte, j'avais dit que mon deuxième parlerait de Jésus (Psl)... Bon ce sera pour la prochaine fois... ou la fois d'après ;)

Comme je suis un mec sans respect, Je vous met une chanson de Daniel Balavoine en vidéo associée. Parce-que Daniel Balavoine, c'est la classe.

Bonne journée à vous.


  • À 8h47, j’entreprends de répondre. J’ai un peu de mal à me concentrer parce que dans la télé Bourdin braille sur Pierre Moscovici qui ferait bien mieux de demander à son copain Cahuzac de lui faire des implants. Bref, digression.

    Le lien entre sexe et libéralisme : je suis 100% d’accord ! Et je pense aussi qu’on s’est tous fait avoir, dans l’histoire. Tout le monde consomme, rares sont ceux qui prennent le temps d’aimer, qui envisagent la possibilité de tomber amoureux... C’est pas à la mode (raison officielle) : ça fait trop peur (raison officieuse).

    Voici l’histoire de Gourgandine.

    Gourgandine aussi a grandi dans un univers paradoxal, entre l’utopie du Prince Charmant et « si t’es vierge à 16 ans c’est la mort ». Elle a regardé Matrix un jour, elle a pas tout compris. Les relations humains, c’est tout pareil, elle comprend pas tout.

    Comme le Petit Chaperon Rouge, elle s’est emplafonné le loup en mode pas d’bol. Oh, grand-mère, que vous avez une grande... Hum. Et c’était beaucoup différent de qu’est-ce qu’elle croyait.

    Des sentiers parcourus, beaucoup de galettes et de petits pots de miel engloutis (et de régimes à répétition pour coller à l’image de la femme à quequette parfaite), la certitude que NON le loup n’est pas une espèce en voie de disparition et que OUI il dégomme les brebis... Elle écarquille encore les yeux. Elle pige pas pourquoi il y a un fossé si grand entre ce qu’elle ressent et ce qu’ils racontent. Assez rapidement, elle commence à les croire. Elle dit « Chut ! » à la petite voix dans sa tête qui lui serine des vilaines choses, puis « Ta gueule ! » parce qu’elle est dure de la feuille... Puis elle pense, « Foutu pour foutu »... Et elle se jette dans la gueule des loups. Parce qu’elle est jeune, que c’est une fille, qu’elle a besoin de sentir qu’elle est belle. Elle s’habille, elle joue, elle s’allonge et devient pourtant intouchable. Elle en a rien à péter, de ces connards. Blindée, la Gourgandine. Elle sait désormais que ces marins de passages ne peuvent pas la salir, parce qu’ils ne sont rien.

    Tu vois, elle fait tout pour faire envie. Elle joue à un jeu dangereux, parce qu’il n’a que les règles qu’on lui impose, et que si l’adversaire joue pas fairplay ça peut vite tourner au vinaigre. Et le vinaigre, ça pique. Même si c’est bon dans les carottes râpées. Elle croit que ça lui va comme ça. « Je m’éclate » qu’elle se dit.

    Et puis un jour... Gourgandine, qui en a marre des loups parce qu’à force, les griffes et les dents et les griffes ça raye sa carrosserie, elle tombe sur un agneau. De la façon la plus incongrue du monde : sur un site de rencontre (si si, c’est possible). Assez rapidement, l’agneau et Gourgandine se retrouvent au corps à corps. Gourgandine fait L’AMOUR pour la première fois. Gourgandine n’en croit pas ses yeux. Elle ne sait plus comment faire... Elle a perdu la recette, tu vois. Elle a peur du matin, qu’il se lève et parte. Mais il reste. C’est juste la plus belle nuit de sa vie. Il reste, et elle trouve ça louche. Les jours passent, et il lui dit des trucs gentils. Elle trouve ça louche, elle le croit pas, elle érige des barrières.

    C’est louche, un garçon qui dit « Je t’aime ».

    Cinq ans plus tard, il est toujours là. Et Gourgandine a peur, des fois. Parce que de toutes parts, on lui bombarde qu’elle est jeune, qu’ils n’ont pas profité de leur jeunesse. Gourgandine regarde autour d’elle, elle voit des loups et des louves, qui se cherchent, se battent et se blessent. Si c’est ça, profiter, non merci, se dit Gourgandine.

    Elle se dit qu’ils ont rien compris, que ce qui aurait dû leur permettre de se jauger, de se découvrir et, s’ils ont de la chance, de s’aimer, leur sert à se dénigrer. Parce qu’ils sont trop peureux. T’essayes pas tu souffres pas. Tenter le coup c’est risquer de se prendre un mur. Mais ces gens qui fuient ont-ils conscience qu’ils pourraient finir seuls à force de déconstruire ? Gourgandine sait qu’une histoire d’amour, ça prend du temps, des heures, des jours des nuits et des années. Le savent-ils, ces jeunes qui remettent toujours tout au lendemain ?

    Tu vois, Michel Michel (pardon, je te tutoie, je fais partie de cette génération qui ne grandira peut-être jamais et voit le « vous » comme un grand suspect), en fait je suis assez d’accord avec toi. On se souille. Mais dans l’imaginaire collectif, les filles sont toujours plus souillées que les garçons (de leur côté, les filles deviennent des moqueuses professionnelles). Pour autant, je ne suis pas de ces féministes bizarres qui prônent l’égalité totale : à un moment, faut arrêter de se leurrer, j’ai une foufoune t’as un zizi, on n’est pas les mêmes, et c’est merveilleux. Manquerait plus que les femmes deviennent des hommes, on serait pas dans le caca. Puis la galanterie, je vois pas en quoi c’est un problème. Non mais. Offrez des fleurs, tenez la porte, c’est très bien. Non mais.

    Dans l’histoire, tout le monde se fait du mal. 1 mariage sur 2 finit par un divorce. Plus du tiers des couples qui durent commettent l’infidélité. Alors, vu qu’1 de perdu 10 de retrouvés, pourquoi on se ferait suer à entretenir la flamme ? Elle vacille, on change.

    Je fais partie de cette génération qui a grandi dans la CRISE. L’avenir est sombre, comment pourrait-on être insouciants ? Tout est noir, il paraît. Alors on noircit tout. Pourtant, les bisous ça réconforte, moi j’dis.

    Je crois qu’on a dénaturé le progrès. Je crois que libération sexuelle ne rime pas nécessairement avec désacralisation. Je crois qu’on a le droit de papillonner, je trouve pas que ce soit un problème de faire l’amour avec un inconnu, tant qu’il y a du respect. L’envie, le désir, le vrai, c’est déjà un début de sentiment. Oui, je crois qu’on peut faire l’amour avec un inconnu, pour peu qu’on fasse attention à l’autre plutôt que de s’occuper à reproduire la séquence pompage-pilonnage typique du porno. Et puis faire l’amour ça rend toujours un peu amoureux.

    Pitié, arrêtez, de vous battre contre votre ventre qui gargouille et votre coeur qui palpite. Bordel, c’est ce qui fait l’humain. Merde. Chiotte.

    Pourquoi c’est plus à la mode les sentiments ? Peut-être parce que c’est contreproductif, les émotions... Le sexe soumis aux lois du marché. Et si vous profitiez de la prime à la casse, qui va vous permettre de changer de voiture, pour troquer votre conjoint contre ce nouveau modèle parfaitement assorti au cuir des sièges ?

    Je crois qu’on a pas compris le champ des possibles qui s’ouvrait à nous n’était pas une injonction à foncer tête baisser et à faire du sexe comme on ferait du vélo. Avant, il était de bon ton de ne pas en parler. Maintenant, il faut vanter ses exploits. Et puis, il faut assumer ses désirs ! Réaliser ses fantasmes. Dans les termes, c’est cool. Quand ça devient une obligation pour être dans le coup, ça l’est moins. C’est une avancée, pourtant, la contraception, le droit à l’avortement... Mais tu as raison, Michel Michel, quand tu dis que ça déresponsabilise les gens (d’ailleurs, ça déresponsabilise encore plus les hommes : la pilule, l’avortement, tout ça, c’est des trucs de nanas), ça donne aux femmes une maîtrise sur leurs corps, et mal interprété ça donne à tous le droit d’user du corps de l’autre sans crainte.

    Chacun fait ce qu’il veut, ça ne me pose aucun problème, les couples libres, les partouzeurs... Je m’en fiche, tant que les gens sont épanouis, qu’ils gaudriolent en paix ! Ce qui me dérange, c’est qu’on s’immisce dans ma vie la plus intime pour me souffler que je ne colle pas à la nouvelle norme, que je suis trop conventionnelle et timorée. Il n’y a pas de normes en la matière (ou presque, hun, faut pas non plus abuser et tripoter des enfants), et il me semble que c’était le combat de 68 : laisser s’exprimer la diversité... On n’a tout simplement troqué une dictature contre une autre, plus insidieuse parce qu’elle se donne les airs de la liberté. Il est habile, le libéralisme, quand il s’agit de se déguiser...

    J’ai la naïveté de croire qu’on va se réveiller et se rendre compte qu’on a le coeur tout sec. Qu’on va réaliser qu’avoir le droit de faire l’amour hors mariage, avec qui on veut, quand on veut, ça n’est cool qu’à condition de voir l’autre comme un partenaire, pas comme un ennemi qu’il s’agit de dégommer. Qu’on va s’ôter de la tête que tomber amoureux, c’est ringard, que ça ne peut pas durer, que ça nous prive de notre liberté.

    Je suis une ringarde de chez ringarde. Faut dire que j’ai eu de la chance. Et comme en plus d’être ringarde, je suis conne et provocatrice, benh quand je sors je m’habille comme une salope, pour qu’ils me regardent, qu’ils aient envie de moi. Et, dans mon for intérieur, je clame « vas-y, tu peux me dévisager autant que tu veux, me déshabiller avec tes yeux, m’imaginer dans toutes les positions, tu ne m’auras pas, tu ne m’auras jamais ». C’est terriblement bas, mais je m’en fous. À la guerre comme à la guerre.

    Je crois que j’avais plein d’autres trucs à dire, mais j’ai oublié.

    « Faites l’amour, pas la guerre. » Et surtout, arrêtez de faire la guerre en faisant l’amour.

    · Il y a environ 10 ans ·
    Juin 1996 500

    molly

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