Le Test

Emilie Porcq

Dans un monde où humains, anges et démons cohabitent, il existe une université où les anges et les démons apprennent quels sont leurs points faibles et améliorent leurs points forts.

Mes cheveux châtains volant à travers l'air frais du matin, l'effort physique se faisant ressentir cette course trépidante, mes habits de tous les jours enfilés pour rejoindre l'université Wenia, les pieds frappant le sol à toute vitesse, ce jour était très important pour moi, comme pour les autres anges et les autres démons. Je vivais dans un univers où les humains croyaient aux créatures divines et démoniaques, et ils en avaient peur. Non pas de leur puissance, mais de leur diversité. Nul ne savait où ils se cachaient, à quoi ils ressemblaient et encore moins de quel clan ils faisaient partie. Leurs présences présentaient près de dix pour-cents de la population et seuls ces êtres surnaturels pouvaient se reconnaître entre eux.

    Pour ma part, je n'étais ni une divinité, ni un dragon, ni une humaine. Je faisais partie de la classe des Nephilim, des individus étant à la fois des anges et des démons. La population ne connaissait pas notre existence, nous n'étions que très peu dans ce cosmos, je me demandais même si les professeurs du lycée étaient au courant de cette espèce. Nous n'avions pas de différence avec les humains, seulement des ailes de corbeau ou de colombe, des bois de cerf ou des cornes de bélier. Les êtres humains pensaient sans doute que seuls nos ailerons faisaient la différence. Malheureusement, c'était bien plus compliqué que cela. En ce qui concerne les Nephilim, les ailerons sont représentés par la bonté à l'intérieur de nos âmes et les cornes par le caractère. Pour ma part, j'avais des ailes de colombe et des cornes de bélier fleuries. Souvent, je me disais que je n'étais pas comme les autres, et c'était bien mieux ainsi. Je savais qu'en arrivant dans l'établissement, tout le monde allait me juger, me regarder de travers, mais j'avais déjà affronté la réalité. Mes parents se haïssaient avant de réellement se connaître, mais maintenant, ils s'aimaient comme des fous. En tant que fille de deux ennemis, je me disais que ces spécimens surnaturels pouvaient s'apprécier comme se détester, mais dans l'académie où je me rendais, la colocation entre eux était primordiale. Chacun était déjà préparé, les trois espèces travaillaient depuis leurs plus jeunes enfances dans des écoles accueillant tout le monde.

    Ce campus universitaire abritait anges et démons, seule la directrice savait qu'il y aurait une Nephilim, et elle allait annoncer cette merveilleuse nouvelle à mes futurs camarades et à mes professeurs. Une fois arrivée devant le grand bâtiment qui surplombait la forêt environnante, je pressentais ce qui allait m'arriver. Devoir, martyrs, combat et d'autres épreuves aussi difficiles les unes que les autres. Mais cela ne me faisait pas peur. Je devais leur montrer qui j'étais, même si j'étais différente. L'entrée de l'internat fut protégée par un portique électronique qui sonnait quand une autre créature que les anges et les démons passait. Je fus un simple pas, et le porche s'alarma. Ça y est, c'est la première gaffe de la journée… Le gardien qui surveillait le hall appela la présidente qui arriva en deux temps trois mouvements. La femme me regardait de haut en bas, je me sentais analysée par un robot et observée par ses semblables. 


    « — Que faites-vous ici, mademoiselle ? Cet établissement est réservé aux anges et aux démons.


    — Je ne suis pas une humaine, mais une Nephilim.


    La professeure m'observa pour comprendre que je disais la vérité. Elle hocha la tête et me laissa passer. J'entrai, tout en gardant en mémoire que j'avais été humiliée dès le premier jour. Je voulais à tout prix me faire toute petite, je sentais les gros yeux des élèves me regarder, je ressemblais à une fourmi face à des bourdons. Je ne me rendais pas compte des affiches qui longeaient tout le couloir jusqu'à la petite cour qui fut aménagée pour l'occasion. Une scène surplombait la récréation avec un pupitre et un micro. Des haut-parleurs encerclaient le plateau en bois, liés au microphone noir du bureau. Les arcades montraient le petit jardin resplendissant qui accueillait les étudiants. Je me dirigeais vers ce sanctuaire prêt à offrir l'hospitalité aux lycéens. Je restais à côté d'un garçon du même âge que le mien. Je le regardai sans réellement prêter attention à son apparence. La seule chose que je retenais de lui était qu'il avait les bras croisés comme s'ils s'en fichait de ce que la directrice allait annoncer, et qu'il portait une tenue sombre avec des chaînes et des clous sur certains de ses accessoires. Tout le monde attendait impatiemment le discours ennuyeux, mais nécessaire de la proviseure. Chacun d'entre vous avait déjà déployé leurs ailes, je décidais donc de faire de même. Si je me suis faite humilier avant même de pénétrer dans ce lieu plein de magie, je peux bien montrer aux autres ce que je suis vraiment. À peine entrée dans le bâtiment, je me sentais réellement à ma place malgré la honte qui pesait sur mon dos. La femme se tenait derrière le meuble, elle possédait une prestance supérieur et majestueuse. Sa jeunesse ne m'avait pas sauté aux yeux, ses longs cheveux blonds touchaient le sol et son regard bleu rassurant et effrayant observait la foule qui remplissait l'extérieur. Ses ailes de corbeau affinait sa silhouette et prouvait son grade dans l'université. Ses ailerons représentaient sa tribu de démon. Je ne comprends pas comment un démon peut être un directeur ? C'est impossible… n'est-ce pas ?


    — Chers anges, démons et Nephilim présents ici-même, s'exprima-t-elle en adressant son regard vers ma direction. Bienvenue dans l'université Wenia ! Ici, vous allez découvrir vos points forts et points faibles, de nouvelles techniques, vous rencontrerez également d'autres personnes, vous allez découvrir de nouveaux mondes et vous apprendrez l'histoire des anges et démons de notre monde.


    Nous avions déjà entendu parler des autres mondes, certes parallèles, mais nos parents vous avaient raconté des légendes sur ces univers. J'avais toujours imaginé que nous étions les seuls dans le cosmos, mais quand l'administratrice nous en avait parlé, j'étais surprise de savoir que j'avais eu tort. Les autres êtres autour de moi paraissaient choqués de connaître la vérité.


    — Mais, continua la dame, une feuille dans les mains, afin de vous attribuer vos classes respectives, vous devrez passer un test. Ce test nous permettra de savoir quels sont les points à améliorer dans votre façon d'attaquer et de vous défendre. Vous aurez l'emploi du temps des épreuves demain. Les épreuves commenceront dans deux jours. Vous passerez individuellement, sauf dans certaines épreuves qui seront mentionnées. Vous trouverez les internats derrière les bâtiments scolaires, les internats sont séparés pour ne pas créer de conflit entre vous. Enfin, les personnes à l'accueil de chaque internat vous donneront la clé de votre chambre. Vous pourrez personnaliser vos pièces à coucher comme bon vous semble. Nous nous reverrons dans deux jours. Je vous souhaite un bon repos.


    La femme partit de l'estrade et rejoignit son bureau, nous prenions tous la même direction. Nous voulions nous reposer, et surtout nous préparer aux éventuels défis qui nous attendaient dans un avenir proche. Je ne savais pas encore comment ils allaient choisir une chambre alors que j'étais la seule Nephilim. Je partis jusqu'à l'auberge, un grand bâtiment gris avec les volets ouverts et une porte foncée s'opposait à moi. Les murs en brique se mariaient avec le reste des établissements qui étaient noirs et blancs avec des nuances de rouge et d'orange. Les arbres qui entouraient le campus bougeaient au rythme du vent. Je compris immédiatement que c'était un dortoir réservé aux Nephilim grâce à la banderole indiquant la race autorisée à dormir dans ce lieu. Je pénétrai dans cet endroit reposant et vis une femme aux ailes de corbeau et aux bois de cerf fleuris. Elle avait une carte unique pour les chambres.


    — Tu es Jemi ?


    — Oui, répondis-je en m'avançant.


    — Tiens, voici la clé de ta chambre. Tu es au premier étage, la première chambre à droite. La cafétéria pour les déjeuners est ouverte de 6h à 10h, m'indiqua-t-elle en me montrant le réfectoire. Si tu as une pause que ce soit une heure ou deux heures, tu peux aller dans la bibliothèque de l'internat ou du bâtiment scolaire. Et si tu as le moindre souci, tu peux venir nous voir. Oh, une dernière chose : si tu veux inviter des amis, tu peux le faire.


    Je remerciai la femme, récupérai la clé et montai les escaliers pour voir comment était mon séjour. Je me rappelais encore du jours où j'avais reçu un mail de la part de ce lycée resplendissant et inconnu des humains. Peut-être était-ce mieux pour nous, mais je trouvais cela ridicule de mettre des portails pour empêcher les humains d'entrer alors qu'ils ne connaissaient pas l'existence de l'université. Cela me faisait penser à une saga que j'adorais. Pour moi, le fait de cacher l'établissement scolaire me semblait inapproprié puisqu'il était protégé par des portiques électriques. Néanmoins, s'ils avaient décidé de prendre autant de précautions, leurs responsabilités restaient les leurs. Étant entrée dans ma chambre, je vis mes affaires qui m'attendait auprès de mon futur lit blanc. En les apercevant comme tels, je me remémorais qu'une camionnette avec des anges dedans patientaient pour transporter les bagages et les amener dans les séjours. Au départ, je ne faisais pas confiance à ce véhicule qui venait d'arriver de nulle part. Forcément, personne n'allait faire confiance à une remorque qui stationnait pas loin de chez eux. Quand le conducteur se présentait à nous en tant que créature angélique et travaillant pour le lycée Wenia, j'acceptais alors de confier mes valises que j'avais préparées. Je savais que je pouvais me confier à ces personnes à partir du moment où j'avais analysé la présence de sacs à dos. Mes vêtements étaient primordiaux, il y avait également les photos de mes parents et des éléments de décoration pour ma chambre à coucher. Heureusement pour moi, je n'avais pas à réfléchir pour apporter un petite touche personnelle dans cette chambre, le dessin que je possédais sortait tout juste de mon imagination, l'ayant conçu quelques jours avant mon arrivée au lycée Wenia. Tous les meubles dont j'ai besoin triomphaient déjà dans la pièce, certes pas à l'endroit spécifique où je voulais qu'ils soient, mais ils séjournaient là, à attendre que je les déplace pour faire de l'abri celui dont j'ai toujours rêvé. Je visualisais les détails du salon vide et blanc qui présentait néanmoins quelques mobiliers et qui avait besoin de fraîcheur et de couleurs. Je souris et remontais mes longues manches invisibles pour enfin me mettre au travail. J'allais devenir temporairement une décoratrice d'intérieur, mais seulement pour ma chambre. Je poussai le petit canapé en direction de la fenêtre qui offrait une vue sur le paysage environnant qui encerclait l'établissement scolaire. D'un coup, je suggérais à moi-même de changer le papier peint pour que ce ne soit pas uni et triste. Je remis finalement le fauteuil un peu plus loin et retournai auprès des surveillants qui pouvaient sûrement m'aider. 


    — Excusez-moi, est-ce que vous avez du papier peint rose clair ?


    — Évidemment, s'exclama une jeune femme aux longs cheveux blonds soyeux, suis-moi, je vais te montrer où ils sont, comme ça tu pourras choisir !


    Nous marchâmes ensemble en direction d'une porte ; probablement les locaux où il y avait le paradis de tapisserie. À peine entrée dans la salle remplie de couleurs, je cherchais mon bonheur pour embellir les murs de mon sanctuaire. Après avoir franchi ce désert de papier peint, je trouvais enfin ma béatitude et empruntai ce chef-d'œuvre inconditionnel qui ravissait mon cœur. Je pressentais déjà que j'allais trouver mon bonheur au milieu de cet arc-en-ciel riche en nuances. Je plongeais au milieu de cet océan de magie, attrapant le tissu rose pastel. Je l'emportais dans mon imagination pour la poser sur les murs de ma chambre. Cette touche d'éclat allait resplendir mon palais intime. Je me doutais déjà que je pouvais transporter le tapis pour l'installer dans ma chambre, je m'exécutais donc après avoir remercié cette gente dame qui m'avait conseillé sur le choix à faire. J'entrai dans la chambre et me rendis finalement compte du travail que je devais faire. Cela allait sûrement me prendre quelques heures, je devais aussi déplacer les meubles et rendre unique ma chambre. J'imaginais que tous les nouveaux élèves étaient dans le même train que moi, à attaquer la décoration de notre pièce à vivre. C'était, pour moi, la première étape à franchir.

    Après avoir fini de préparer mon séjour, je me reposais sur le sofa qui était installé sous la fenêtre. La couleur blanche de ce canapé s'unissait avec la tapisserie derrière. J'admirais le résultat de mon travail et fus fière de moi, prenant également en compte le temps qu'il m'avait fallu pour resplendir cette pièce. Je me sentais chez moi, bien que j'allais quitter la maison familiale pendant plus d'un an. Je m'étais jurée de leur écrire des lettres tous les jours pour les tenir au courant de ce qu'il se passait à l'université. C'était la moindre des choses de les tenir au courant des actualités du lycée, joyeuses ou non. Ayant enfin repris des forces, je me levais du siège et rejoignis le rez-de-chaussée pour faire une petite visite de l'internat. Je récupérais la clé de la chambre et sortis pour ensuite traverser le long couloir qui longeait la bâtisse. Les longs murs abritant des portes accompagnaient ma petite aventure à la recherche des autres pièces communes à observer. Je voyais souvent des fenêtres dans les étages qui offraient une magnifique vision sur la forêt encerclant le lycée. Les diverses pièces communes demeuraient magnifiques tout comme le paysage avoisinant. Il y avait une salle de bain commune dans tous les étages excepté au rez-de-chaussée avec des douches et des toilettes privés. Les cloisons blancs cassés étaient insonorisées pour garder l'intimité de chacun. Les lavabos à côté de l'entrée de la salle d'eau furent accompagnés par des miroirs incrustés dans la rempart au-dessus des éviers. La grande bibliothèque chargée de livres majestueux et utiles pour l'éducation au plain-pied faisait la moitié du niveau avec des petits bureaux. La cafétéria pouvait facilement accueillir une centaine d'élèves, les tables séparées figuraient en face du buffet rempli de fruits frais, de yaourts sucrés et de confitures. Le cuisinier s'occupait sans doute des plats pour le midi et le soir. La visite du bâtiment étant finie, je retournai dans ma pièce à coucher afin de me reposer sur le canapé. Malgré l'annonce de bienvenue de la directrice, j'étais préparée à ce test. Dans le courrier que nous avons reçu deux semaines avec la rentrée, l'examen fut parfaitement mentionné, toutefois mes parents et moi étions très surpris.

    Il me fallait du temps pour me reposer après cette après-midi chargée dû au déménagement. À peine eus-je le temps de souffler que quelqu'un toqua à ma porte. Je me levai péniblement et ouvris à la femme de l'accueil qui attendait derrière celle-ci. Elle tenait une feuille qu'elle me tendit ensuite en affirmant que c'était bien les horaires pour les épreuves. Je l'attrapai, la demoiselle repartit et me laissa seule avec le tableau imprimé.

    C'est vraiment chargé…

    Certes, les épreuves étaient nombreuses, mais je n'imaginais pas que cela prendrait une semaine entière. Néanmoins, les heures pour chaque opération restaient cohérentes. Je ne devais pas m'inquiéter pour le déroulement du test, malgré tout, je n'étais pas préparée en avance pour les éventuelles compétitions, comme si la directrice ne voulait pas en dire trop et qu'elle désirait nous laisser le temps de découvrir nos chambres, là où nous séjournerons pendant plus d'un an.

    J'attrapai un livre que j'avais posé sur mon lit pour lire pendant la pause que je m'étais imposée. Ont-ils déjà préparé les cours que nous aurons ? Comment ils s'organisent ? Je pris une grande inspiration et ouvris le roman afin de bouquiner avant de réfléchir à ce que je pourrais faire après ma séance de lecture.


    Deux heures passèrent, les pensées sur cette université spéciale avaient maintenant disparu, je ne m'inquiétais plus et faisais confiance à la directrice. La seule chose qui trottait dans ma tête restait le fait que je n'allais connaître personne et que je serais sûrement seule avec des anges et des démons, mais cela ne me dérangeait pas, étant déjà solitaire de nature.

    Je me levai du sofa et partis dehors, le paysage me donnait envie de visiter la forêt. Un peu d'air frais me fera le plus grand bien. Je sortis de l'internat et rejoignis le bois. Les arbres qui entouraient la forêt m'invitaient à entrer avec leur grandes branches feuillues. Les rayons de Soleil qui traversaient le feuillage reflétaient leurs couleurs vertes sur le sol. Mes pieds touchèrent l'herbe humide. Je parcourus la jungle à la recherche d'un endroit où je pourrais m'installer afin de me détendre et de lire en dehors du boucan. 

    Certes, beaucoup de personnes pourraient passer et s'installer comme bon leur semblait. Je m'en fiche, j'irai ailleurs s'il le faut. Je respirais la douce odeur des feuilles et de la pluie qui commençait à tomber.


    — Quel bonheur, m'exclamai-je. 


    Soudain, j'entendis un bruit de branche écrasé.

    Quelqu'un approche.

    Je n'avais rien à craindre, mais pour autant, je restai sur mes gardes. J'avais toujours appris à faire attention, je ne savais pas comment la plupart des élèves pourraient réagir en voyant une Nephilim. La totalité des anges et des démons n'étaient pas au courant que les Nephilim existaient. Je vis une demoiselle de mon âge arriver. 

    Elle avait la peau foncée et les cheveux couleur or attachés en tresse, son regard surpris d'un gris éclatant me fixait, sa robe fourreau blanche s'arrêtant en haut des genoux affinait ses hanches et la rendait encore plus belle qu'elle ne l'était déjà. Et elle avait des ailes de colombe.

    Une ange.

    L'adolescente semblait perdue en me voyant.


    — Bonjour, demandai-je dans l'espoir d'avoir une réponse de sa part.


    La réaction fut plus surprenante, elle courut en direction de là où elle venait, je ne comprenais pas pourquoi elle avait réagi ainsi. Je restai là, à ne rien faire, et décidai après quelques instants de repartir à la conquête du petit coin de paradis où je pourrais tranquillement bouquiner en compagnie des oiseaux et des papillons.

    Après avoir fait le tour de ce petit bois, je retournai sur mes pas dans l'appréhension de retrouver la jeune fille, même si je me doutais qu'elle était repartie dans l'internat pour les créatures angéliques. Je croisais une autre demoiselle qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à la personne que j'avais croisée plus tôt, seuls ses yeux étaient différents. Sans doute sa sœur jumelle. Je supposais qu'elle n'était pas comme son double, je décidai donc de l'interrompre dans son moment d'observation.


    — Salut, j'ai croisé une personne qui te ressemble, tu as une sœur jumelle, non ?


    — Oui, pourquoi tu me demandes ça ?


    — Oh, c'est juste que je l'ai croisé, dis-je en passant une main derrière ma nuque, assez gênée par la situation.


    — Ah d'accord. Mais tu n'es pas un ange, ni un démon, tu es quoi alors ?


    — Oh, je vois, dit-elle en hochant la tête, ses yeux bleus légèrement écarquillés. Peut-être qu'elle a eu peur de toi, je ne sais pas.


    Sa réponse m'étonna. Le fait qu'elle ait eu peur de moi parce que je ne faisais pas partie des deux espèces connues dans ce monde faisait partie des réactions dont je m'attendais, mais je ne savais pas que ce serait aussi direct. Je m'excusai auprès de la demoiselle et repartit dans l'internat où je séjournais.

    Malgré ma grande surprise, la visite de la pension fut enrichissante, je sentais que j'allais me plaire malgré l'absence d'autres Nephilim, quoi que je fusse préparée. Ce bâtiment serait ma première maison pendant une période indéterminée. Je devais à tout prix me sentir comme chez mes parents. Et ce sera le cas. Cela devait être le cas.

    J'entrai dans le grand bâtiment et partis dans ma chambre. Je réfléchis à ce que je pourrais faire pendant les deux prochains jours. Je devais m'attendre aux épreuves difficiles et où je n'aurais aucune compétence. Je regardais une deuxième fois la photocopie des horaires pour les compétitions qui auront lieu la semaine d'après. Déjà mercredi, je ne vais pas y arriver. J'avais parfaitement connaissance de mes faiblesses, je ne pouvais pas le nier. Personne ne pouvait être bon dans tous les domaines. Pour autant, plusieurs personnes supposaient être les meilleurs alors que d'autres personnes pouvaient les battre dans le domaine où ils sont les plus faibles. Je m'assis sur mon canapé et regardais le plafond à la recherche d'idées d'occupation. Évidemment, je n'avais pas d'illuminations, j'avais déjà tout fait pour éviter de m'ennuyer. Soudain un petit tilt résonna dans ma tête, je me dirigeai vers le bureau que j'avais gentiment déplacé contre un mur à côté de la porte. Je rangeai mes affaires, que ce soit les stylos, mon ordinateur ou même des cahiers et des feutres pour les futurs dessins que je pourrais faire.


    L'organisateur de bureau blanc rempli, je m'assis sur le fauteuil de bureau et regardai mes feuilles blanches d'esquisse. Il est temps de dessiner ! J'attrapai mon critérium, fis quelques traits sur le papier, ma concentration avait atteint son sommet. Je voulais plus que tout dessiner ce qui me passait par l'esprit, que ce soit dans un thème particulier ou non. Je dessinais pour mon envie. Ma boîte de marqueurs à ma disposition et autres fournitures dont j'avais besoin posées à côté de moi, mon voyage dans le monde de l'imagination commençait. Je ne faisais plus qu'un avec la copie ; je l'écoutais, ressentais ces émotion et lui parlait. Elle était ma confidente personnelle. Je pouvais discuter avec elle de mes problèmes, de mes envies, de mes passions, de tout. Elle ne me jugeait pas. Au contraire. Chaque mouvement de poignet avait une signification particulière : la mort, la vie, l'envie d'aller plus loin, le courage, le stress du test qui arrivait à grand pas. Dessiner me détendait. Je me sentais bien dans les bras de la créativité. Elle était comme ma grande sœur. Douce, agréable, mais quelque peu énervante et impitoyable. Mais je l'aimais malgré tout.

    Après avoir passé près de deux heures à dessiner un magnifique paysage qui ressemblait à la forêt à quelques pas de l'immeuble, je posai mon crayon et l'admirai, un sourire aux lèvres. Je passais à la deuxième étape, la colorisation. L'étape la plus périlleuse qui soit. Certes, le croquis était primordial pour faire un magnifique dessin, mais le résultat final résidait dans la colorisation qui apportait toujours un peu de gaieté dans le dessin, ou, au contraire, de l'horreur. Je sélectionnai les couleurs qui correspondaient à mon style de dessin ; plusieurs nuances de vert pour l'herbe et les feuilles, d'autres nuances de marron pour les troncs et du bleu pour le ciel ainsi que du gris glacé pour les nuages. La peinture commença.

    Une fois la colorisation terminée, je pris la caricature et la rangeai dans un des classeurs destinés aux créations tout droit sorties de mon esprit. Je passais le reste de la journée à apprécier la vue qu'offrait la fenêtre de ma pièce à coucher et à réfléchir sur mon futur, sur ce qui se passerait quand je partirai de cette université. 

    Je passai les deux prochains jours à réfléchir, à lire dans la forêt, à dessiner et à me préparer pour le test. Plus le jour de l'examen avançait, moins j'avais confiance en mes compétences et plus je stressais pour rien. C'est normal de stresser, qui ne stresserait pas ? Tout le monde. Mes pensées me trahissaient, mes mains tremblaient légèrement et je n'arrivais même plus à me concentrer sur quoi que ce soit. J'étais pressée que les épreuves commençaient, j'en pouvais plus attendre et je ne devais pas être la seule.


    Le fameux jour arriva, je rejoignis tout le monde au point de rendez-vous où une jeune femme d'une trentaine d'années nous attendait tous. Ses longs cheveux lisses couleur feu étaient sublime, ses yeux violet rares hypnotisaient les personnes qui les regardaient, sa longue robe fuchsia traînait derrière elle telle une robe de mariage. La professeure ressemblait à une déesse, sa beauté divine me fascinait. Ce monde mystérieux des anges et des démons me rendait perplexe. Certes, je vivais là depuis ma naissance, mais je ne savais pas s'ils vivaient comme moi. Mes parents n'étaient pas comme eux, après tout, ils vivaient avec moi. J'ai de la chance d'avoir des parents aussi formidables.


    Nous entrâmes dans la salle où plusieurs tables furent isolées. Je m'installai comme tout le monde à une table prise au hasard. Je savais bien que ce n'était pas un test. Les professeurs voulaient seulement voir comment les élèves réagiraient. Après tout, il n'y avait pas de réponse. Chacun réagit comme bon lui semble. Mais je me demandais si ce n'était pas par rapport aux humains.


    Je vais bien voir.


    Une fois tout le monde installé, la femme prit la parole pour parler des réponses prises en compte.


    — Évidemment, les questions sont posées pour vous et pour les humains. N'oubliez pas que nous habitons avec eux, ils ne doivent pas se sentir en danger face à nous.


    J'entendis plusieurs personnes rigoler. Je ne savais pas s'ils se moquaient des humains ou de ce que disait cette présence divine, mais j'optais pour la première option. Sûrement des démons. La femme grommela et frappa du poing sur son bureau. La salle de classe fut envahie par une atmosphère pesante. La divinité se transformait en véritable diable. La terreur se lisait dans le regard de la totalité des élèves, dont les miens.


    — Que ceux qui se sont moqués de moi se manifestent dès maintenant.


    Ses doigts de pianiste se transformaient en longues griffes acérées noires, sa longue robe devenait une tenue gothique noire et blanche avec des motifs liés à l'astronomie et des grosses chaussures obscures. Ses yeux brillaient dans la pénombre dans la salle tel un monstre caché dans le placard. Trois adolescents s'avancèrent, tremblant de la tête aux pieds comme des feuilles mortes.


    — Excusez-nous madame, on ne voulait pas se moquer de vous… 


    — Mmh, très bien. Je veux bien vous croire.


    La dame retrouva sa prestance divine et majestueuse. Elle invita tout le monde à s'installer, nous nous installâmes et nous nous remettions à peine de ce choc psychologique qu'elle mit en place le diaporama. Les questions restaient sur le thème du secourisme et des potentielles réactions à avoir dans chaque situation dangereuse ou imprévisible.

    Le questionnaire durait plus d'une heure, les questions passaient à une telle vitesse que nous n'avions même pas eu le temps de réfléchir. Après tout, à quoi bon de fléchir pour des situations jugées urgentes ? J'imaginais mal quelqu'un faire une partie d'échec alors que sa maison était en feu. Cette simple pensée me faisait rire, je pensais vraiment à des choses impossibles. Après avoir passé deux heures dans la même salle, nous sortîmes enfin, rejoignant ainsi nos appartements avant la fameuse épreuve d'agilité. Je rejoignis un petit chemin qui m'emmenait à l'internat. Pendant mon trajet, j'entendis une petite voix m'appeler.


Jemi…


    Je n'arrivais pas à distinguer d'où venait ce chuchotement. Je regardai autour de moi et ne distinguais pas une seule silhouette qui aurait pu m'appeler. Je ne voulais pas m'attarder sur ce petit détail, même si je trouvais cela étrange que quelqu'un connaisse mon prénom. Je ne connaissais personne et personne ne me connaissait. Je ne devais pas imaginer une quelconque hypothèse saugrenue. Je me dépêchais de rejoindre ma pièce à vivre au plus vite.

    Je franchis la porte de l'entrée et soupirai de soulagement. La folie ne devait pas me monter au crâne. Déjà que j'avais surpris tout le monde à l'entrée de l'université, je ne voulais pas aggraver mon cas. Je m'installai dans mon canapé et regardai la multitude de livre que j'avais rangé dans une armoire murale. Tous ces romans et ces histoires d'horreur faisaient partie de ma collection, j'avais emmené mes livres pour ne pas m'ennuyer pendant mes heures de pause, mais maintenant que je savais qu'il y avait une bibliothèque pleine à craquer de magnifiques romans, je me doutais bien que j'allais dépenser mon temps libre sur de la lecture dans les archives de l'université. Ils ont bien quelques romans à proposer aux élèves qui viennent passer leur temps libre là-bas. Je me levai du sofa et rejoignis la montagne de livres qui m'appelait. Je saluai la bibliothécaire et lui demandai des informations sur les différents secteurs présents dans la bibliothèque. Elle me présenta les différents étages qui faisaient partie de diverses catégories de lecture. Je la remerciai et rejoignis le premier étage qui montrait des romans fantastiques et des romans de science-fiction. Cet univers est parfait pour moi. Je montai les escaliers et traversai les armoires, empruntant quelques livres à mon passage. Je posai mes trouvailles sur un bureau et m'assis confortablement sur la chaise. Je lis les livres, mon esprit voyageait dans un monde semblable au mien, mais avec une histoire différente où les aventuriers devaient franchir les obstacles pour atteindre les objectifs ou pour battre un boss final. C'était toujours la même chose, mais écrite de diverses façons par différents auteurs, et c'était ce qui me plaisait le plus dans les romans variés. Je les savourais avec délicatesse et admiration. J'imaginais les écrivains qui rédigeaient dans un carnet leurs idées ou même leurs livres entiers. Je me demande comment ils font pour avoir autant d'idées et d'inspiration !

    Les quelques livres que j'avais lu m'aidaient à retrouver le moral et à combattre l'angoisse avant l'épreuve d'agilité. Je 

stressais de nature, même pour des choses insignifiantes 

comme ce test qui n'était pas important à proprement parler, 

mais le simple mot de « test » me faisait peur. C'était comme si

je jouais ma vie. Je regardai l'heure sur l'horloge et me levai, je

pris les documents et les rangeai sur les étagères où je les avais 

pris. Je partis à la cantine pour manger avant les quatre heures 

de course. Les petits plats étaient déjà prêts, depuis ce matin 

probablement. Je pris un plateau avec les éléments pour un bon

dîner. Je m'installai sur une table et commençais à déguster le  bon repas que je m'étais pris.

    Le vide du réfectoire me rappelait les souvenirs que j'avais 

au collège. Je cachais mon identité, mais malgré tout, j'avais 

quelques amis humains, et cela me convenait parfaitement. A 

cette période, je n'avais pas confiance en moi, ni aux anges et 

aux démons. Seuls les humains me comprenaient. Et j'en étais 

heureuse.


    Après avoir dîné, je partis dans ma chambre et préparai quelques affaires. Je préparais surtout une feuille et des stylos pour écrire une lettre à mes parents. Je sortis de ma pièce à coucher et partis rejoindre les autres au fond de la forêt où un autre professeur nous attendait. Je reconnus le garçon que j'avais vu quelques temps avant. Il était de nouveau retiré de la foule pour une raison que j'ignorais. Je vis également les deux sœurs jumelles, je fis comme si je ne les avais pas rencontrées. Je vais pouvoir leur montrer qui je suis vraiment. Le professeur était totalement différent de la professeure précédente. Il nous parlait des règles de cette course tout en retirant sa mèche rebelle qui passait devant ses yeux. J'entendis quelques personnes chuchoter au sujet de cet homme, je ricanai et écoutais les détails.


    — Vous passerez chacun votre tour. Je vais d'abord vous montrer le parcours. Vous devrez passer à l'appel de votre nom, pas avant, sinon, vous passerez en dernier.


    L'homme déploya des ailes plumées blanches et s'envola. Il vola à travers les quelques cerceaux et esquiva des poteaux en zigzaguant entre eux. Ses ailes frôlaient à peine les poteaux, tel un oiseau qui esquivait les prédateurs. Des murs qui ne se montraient pas se refermèrent devant le professeur. Tous les anges et les démons poussèrent un cri de surprise. Le dernier battement d'ailes donnait de la vitesse à cet ange. Cette propulsion fit résonner un bruit sourd dans toute la forêt, nous nous bouchâmes les oreilles.


    — Wow, c'était impressionnant, dit une démone dans la foule.


    Le professeur passait dans une grande arche qui fit arrêter le chronomètre.


“00:00:31”


    Nous étions tous bouche bée, c'était une grande surprise pour nous tous. L'homme se posa devant nous, l'épreuve commença. L'ange appela un élève, un jeune homme s'avança et attaqua l'exercice, et ainsi de suite jusqu'à l'appel de mon nom. OK, allons-y… Je m'avançai et regardai l'instituteur, il démarra le chrono, je m'envolai et commençai le parcours. J'ignorai l'atmosphère autour de moi et la forêt. Seul le chant des oiseaux m'accompagnait, je me sentais heureuse et libre. Le vent ne faisait plus qu'un avec moi. Mon instinct prenait possession de mon corps. N'importe quel score me ferait plaisir. 

    Une fois passée à l'arche, je regardai le chrono et souris.


“00:00:53”


    Je retournai auprès des autres camarades. J'étais soulagée d'être enfin passée, maintenant, je pouvais réellement me détendre jusqu'au lendemain.


    — Ziros Voidtail !


    Le démon s'avança, je ne le quittai pas du regard, je ne savais pas pourquoi, mais je me sentais mal à l'aise en sa présence. Il entama le parcours, on voyait bien l'aisance dans ses moindres mouvements. Au moment de passer entre les deux murs qui se rapprochaient dangereusement, personne ne savait comment c'était possible, mais il passait à une telle rapidité que tout le monde pensait qu'il s'était téléporté. Je ne pouvais rien dire. Il passa à l'arche et la montre indiqua un temps record.


“00:00:10”


    Nous le regardâmes, abasourdis. Je le suivis du regard, je n'avais jamais rien vu de tel. Pour moi, c'était impossible de battre l'examinateur, et il avait prouvé le contraire. Ce garçon m'intriguait.


    Après les deux heures d'épreuve, chacun alla dans son coin, je rentrai à l'internat et écrivit le début de la lettre pour mes parents afin de leur parler du test et des deux épreuves que je venais de passer. Je laissai mes affaires sur le bureau, dans un petit coin pour qu'ils ne prennent pas trop de place sur le meuble. Je pris un livre que j'avais emprunté à la bibliothèque ainsi qu'un marque-page que j'avais créé. Je ressortis de l'internat et partis dans la forêt pour rejoindre ma place de prédilection. Je m'assis sur un tronc d'arbre et commençai mon long voyage dans le magnifique monde de l'imagination et de l'aventure. Le bruit des feuilles qui bougeaient au rythme du vent chatouillait mes oreilles percées. Le feuillage qui commençait à tomber tels des plumes qui s'envolaient annonçait l'arrivée d'une nouvelle saison. La fraîcheur de l'automne parcourut mon corps entier, mon esprit se reposait dans les bras de Mère Nature. La tendresse de l'air me donnait des frissons dans tout le corps. C'était le moment idéal pour lire, que ce soit à l'intérieur ou dans un parc avec des écureuils qui sautaient d'arbre en arbre et des oiseaux qui chantaient la fin de l'été. Cette nature vivante m'accompagnait dans ma quête à l'aventure. Le livre ouvert, je pouvais déjà ressentir l'excitation de lire un nouvel auteur sûrement plein de talents comme tous les autres artistes, que ce soit littéraire ou dans le dessin, ou tout simplement dans l'art en général.

    Le séjour à travers les pages qui tournaient au fur et à mesure de ma lecture me donnait le sourire, j'avais l'impression d'être dans un autre pays avec des personnes de mon entourage. J'entendis des écureuils courir sur les arbres et sur les branches, je les imaginais récolter des noix et des glands pour se nourrir et nourrir leurs familles. Je souris et mis mon marque-page entre deux pages, je fermai le livre et regardai la verdure au-dessus de ma tête, les petits animaux se reposant. Je décidai de faire de même et repartis à l'internat. Je montai jusqu'à ma chambre et préparai mes affaires pour le lendemain, je partis dans la salle de bain commune et pris une douche chaude.


    Je restai dans mon lit, le livre que j'avais commencé à lire était sur la table de chevet à côté du matelas. Cette épreuve n'était pas dure en soi, mais je m'attendais au pire. Demain, je vais me battre contre d'autres élèves… Je regardai le plafond, pensant à mes pouvoirs et à mes potentielles stratégies. Évidemment, personne ne savait si les élèves pouvaient se parler pendant quelques instants afin de parler de plan d'attaque et de défense. Peut-être qu'on va avoir un grand espace pour pouvoir se battre ? Ou alors on sera dans une arène… À voir comment ça se passe. Je lâchai un léger soupir neutre et fermai les yeux, l'obscurité berçait mes pensées, je respirai calmement, la fenêtre ouverte et l'air frais du soir caressant mon visage et mes cheveux. Je m'endormis dans les bras de Hypnos.


    Les oiseaux chantaient dans la forêt non loin de là, leur mélodie me vint jusqu'aux oreilles, me sortant directement de mon rêve qui me faisait revenir à la réalité. Et c'est parti pour la troisième épreuve. Je me levai et partis me préparer, la musique allumée qui m'amusait. Je descendis au rez-de-chaussée pour prendre mon petit-déjeuner. Le paysage dehors était vraiment sublime, je me sentais chez moi, dans mon environnement.


    Quand j'étais petite, je m'étais construite une petite cabane dans un grand arbre, je m'étais promise d'y aller quand je me sentais seule, ou quand j'avais besoin de solitude avec un livre et de la musique dans mes oreilles. Ce petit coin de paradis était à moi, et rien qu'à moi. Je ne voulais pas que quelqu'un d'autre que moi monte dans cette maisonnette, même pas mes parents. À chaque fois que c'était mon anniversaire, les enfants qui voulaient venir dans la cabane avaient droit à un “non, tu n'as pas le droit d'y aller” de ma part et de la part de mes parents. Ce lieu était secret et très important pour moi. Si quelqu'un y allait, c'était comme s'il s'introduisait dans ma vie privée. Pour moi, cet endroit était sacré. C'était mon sanctuaire, ma deuxième maison, mon royaume.

    Une fois mon estomac bien rempli, je sortis et marchai jusqu'au lieu de rendez-vous pour l'épreuve des combats en groupe. Je regardai autour de moi. Derrière l'examinateur se trouvait une petite tente, elle était plantée là, sans croix rouge pour montrer que c'était l'infirmerie ou d'autres signes qui pourraient nous donner une idée de la fonction et de ce qu'on  pourrait trouver à l'intérieur de ce chapiteau. L'homme qui restait statique devant nous ne parlait pas, attendant les autres élèves qui devaient arriver. Nous fîmes au complet, le dirigeant racla sa gorge pour attirer l'attention de tout le monde.


    — Bienvenus à la troisième épreuve de votre test ! Comme vous l'avez vu dans votre emploi du temps, l'épreuve durera huit heures, avec des temps de pause de quelques minutes et du temps pour que vous puissiez manger à midi. Vous serez répartis en vingt-cinq groupes de trois personnes. Chaque combat a un temps imparti de dix minutes. À la fin, le dernier groupe va se battre contre moi. Bien sûr, ma mission n'est pas de vous critiquer, mais seulement d'analyser vos mouvements et votre travail d'équipe. Pour le dernier groupe, vous n'avez pas à vous inquiéter, je ne vais pas vous blesser, du moins, pas gravement.


    Nous étions tous perdus face à ses derniers mots, une sensation d'inquiétude se faisait ressentir autour de nous tous. Même si nous savions qu'il plaisantait, personne ne pouvait s'empêcher d'avoir peur pour sa vie. Nous fûmes ainsi répartis dans chaque coin. J'étais avec un ange et une démone, cela ne m'étonnait pas. Avec qui j'aurais pu être ? Il n'y a que des anges et des démons ici. Le professeur sortit un tableau avec les combats qui allaient avoir lieu après avoir prit connaissance de sa fiche. Tout le monde entra dans la tente. Ce que je vis sortait de l'ordinaire. Nous nous étions téléportés dans un autre cadre spatio-temporel. Le monde autour de nous était tout simplement sublime. Le ciel montrait des planètes magnifiques et des étoiles en plein jour. C'est incroyable comme la nature peut être extraordinaire… Le cosmos fut d'un bleu divin avec des petites touches de couleur violette, ces couleurs étaient paradisiaques et agréables à la vue. Nos pieds étaient dans une grande rivière qui s'allongeait sur le sol autour de nous. Seules quelques montagnes entouraient cette marée, des morceaux de terre flottaient sur l'eau claire du fleuve, ce qui ajoutait un petit effet magique dans ce lieu majestueux.


    — Le premier combat va commencer, que les deux équipes se mettent en place, les autres, allez sur les montagnes et admirez le combat !


    Nous allâmes sur les monts et nous installâmes chacun dans un coin pour mieux suivre l'affrontement. Personne ne connaissait le potentiel de chacun, et c'était plutôt intéressant à savoir. Nous n'avions pas besoin de cela pour pouvoir se mettre dans l'ambiance d'un combat acharné. Le professeur nous avait conseillé de représenter dans nos têtes le rôle de chaque groupe pour qu'on puisse s'intégrer dans la bataille. C'est sûrement pour nous préparer à une possible future guerre. Un coup de sifflet suffisait pour que les deux trios partent à l'assaut. Les assemblés avaient des regards sérieux, comme s'ils voulaient en découdre au plus vite. L'ambiance qui émanait de cette rencontre nous plongeait directement dans une bataille sans fin. Je ne savais pas si quelqu'un ressentait comme moi, mais je me sentais mal, même très mal. Le professeur regardait les élèves se battre. Il se mit soudain à froncer les sourcils.


    — Ça suffit ! Arrêtez le combat !


    Les six anges et démons arrêtèrent de se battre et regardèrent le professeur. Tout le monde le regardait, l'air incompris. L'examinateur partit rejoindre les autres élèves qui se regardaient, perplexes.


    — Il y a quelque chose qui ne va pas avec le décor.


    Personne ne savait ce que le professeur racontait, il regardait autour de lui avec un air interrogateur. Ce n'est pas normal que le professeur réagisse comme ça. Que se passe-t-il ? Je regardai le professeur, une créature sortit de l'ombre d'une montagne. Nous étions tous surpris de voir cet être étrange qui venait nous rendre visite. Nous comprîmes qu'ils ne devaient pas être là en voyant l'observateur se mettre sur ses gardes.


    — Mettez-vous derrière moi et restez groupés !


    Cet homme à la tête de cerf se tenait devant nous, le haut de son corps squelettique penchait vers nous. La forte odeur de décomposition et de dégradation nous montait aux sinus, ce parfum nous faisait mal au nez et au crâne. Sa tête nous terrifiait, tout le monde reculait pour s'éloigner le plus possible de lui, mais nous sentîmes d'autres présences derrière nous, l'air devint plus frais, nous nous retournâmes et virent d'autres créatures ressemblant au mi-homme, mi-cerf. L'assistant regardait les autres animaux et comprit le danger qui émanait de ces personnages.


    — L'épreuve est annulée, on va plutôt se battre contre ces wendigos.


    Des “wendigos” ? C'est quoi ça ? Ces créations ne pouvaient qu'être des individus venant d'un autre univers différent du nôtre. Étaient-ils dangereux ? Pourquoi le professeur était-il aussi inquiet ? Nous ne cherchions pas à comprendre et exécutâmes l'ordre de l'instituteur, je fonçai sur l'un des wendigos, l'ange et le démon de mon équipe me suivirent. Nous étions enfin dans le feu de l'action, tous en train de se battre contre des ennemis communs. Ils ne sont pas de notre monde, et vu la réaction du professeur, ils ne sont pas non plus de ce monde… Mais d'où viennent-ils ? Malgré la pression qui tournait autour de nous, je ne pouvais m'empêcher de me poser des questions sur ces créatures. Leur provenance, leur origine, la raison de leur visite, pourquoi ils nous attaquent… Tant de questions pour au final les détruire et ne plus entendre parler d'eux. Quelle ironie du sort. Les quelques interrogations qui passaient dans mon esprit disparurent temporairement, faisant place à un seul objectif : la destruction de ces êtres morbides. Des cristaux de glace foncèrent sur eux, suivis de feu et de vent. Ces trois éléments primordiaux créèrent ensemble une tornade de feu et de glace. Cette combinaison choqua tout le monde, nous ne savions pas comment nous avions fait, mais nous étions très fiers de notre exploit. Cette tempête réussit à détruire le cerf qui était face à nous, les flammes et les cristaux dansant en harmonie au rythme du vent qui les faisait tournoyer. Cela détermina tous les autres à faire des attaques combinées pour battre plus efficacement ces créations du Diable. Malgré notre attaque, je ne cessais de penser que cela n'était qu'un avertissement, que quelque chose de plus grand allait arriver peu de temps après. Mais je ne savais pas quoi. J'ignorais cette mauvaise pensée et retournai à l'assaut, les messagers de Dieu et les diablotins continuant à se battre contre nos ennemis.


    Quelque temps après, nous étions tous épuisés, cette bataille nous avait absorbé toute notre énergie, mais c'était pour une bonne cause ; au final, l'examinateur semblait impressionné par nos combats qu'on avait gagnés avec brio. La seule leçon que nous avions apprise face à cet affrontement fut que les wendigos étaient belles et bien des créatures venant d'un autre univers et qu'ils étaient vulnérables au feu. Certes, nous avions eu un problème pour l'épreuve, mais nous avions combattu des êtres venant d'un autre monde et cette découverte nous montrait bien que nous n'étions pas seuls dans cette galaxie infinie. Qu'allons-nous encore rencontrer ? Est-ce qu'il y a d'autres créatures légendaires ? Tant de questions trottaient dans mon esprit. La voix de l'instituteur me fit revenir à la raison. 


    — Très bien, nous allons rentrer à l'université, en espérant que je ne fasse pas de bêtises, dit-il en rigolant.


    Le même portail que quelques heures plus tôt s'ouvrit, l'un des élèves franchit le vortex avant que nous le suivions. Je soupirai de soulagement en voyant le lycée comme nous l'avions laissé avant de partir dans cet endroit magnifique et plein de danger.


    — Bien, comme l'épreuve a fini plus tôt, vous pouvez retourner à vos dortoirs. À bientôt les jeunes !


Nous partîmes chacun de notre côté, je mis mes mains dans mes poches, regardant le ciel et réfléchissant à tout ce qui pourrait nous entourer. Je décidai ensuite d'aller à l'internat et de prendre des affaires pour dessiner dans la forêt. Je retournai ensuite à mon endroit de prédilection et installai tranquillement mes petites affaires sur le tronc d'arbre. Je m'assis dessus et dessinai des créatures majestueuses, que ce soit dans leur légende ou dans leur esthétique. Cela faisait certes très enfantins, mais depuis que la directrice nous avait parlé des autres mondes, je ne pouvais qu'imaginer à quoi ressemblaient les autres êtres magiques des mondes parallèles au nôtre.


    L'imagination était essentielle à notre croissance et à notre évolution. Sans imagination, le voyage à travers nos pensées les plus farfelues serait impossible et inexistant. C'était bien pour cela que les livres existaient ; ils nous accompagnaient dans notre rêverie et dans notre créativité et nous permettaient d'oublier nos problèmes. Le travail des plus grands auteurs était récompensé pour cette exploit et pour leur écriture magique qui captivait les passionnés de littérature comme moi. Le monde de l'imaginaire et de l'émotion ouvraient leurs portes à ses écrivains exemplaires. Les dessins d'artistes renommés nous aidaient également à mieux percevoir le monde extérieur et le système galactique à travers leurs traits majestueusement dessinés et à leurs couleurs délicatement choisies par leurs soins. Le cosmos était rempli de talent, et certaines personnes ne voyaient pas leur propre don, que ce soit pour l'écriture, le dessin ou d'autres dons dans la spiritualité et dans d'autres domaines. Chacun avait une lumière dans son âme qui l'aidait à avancer.

    Je laissai glisser le crayon sur la feuille à grains tout en imaginant un elfe qui cueillait des champignons et des fleurs pour son repas du soir. La forêt autour de moi m'aidait à mieux percevoir l'environnement autour de ce gardien de la nature. Le bruit du vent frôlant le feuillage me remplissait de joie, je me sentais bien, je n'avais aucun tracas en venant ici. Le crayon s'arrêta, rendant l'esquisse en noir et blanc vivant. J'ajoutais de la couleur à cet œuvre et la levai pour mieux admirer la beauté du fusain. Wow… J'ai vraiment l'impression que ce dessin est réel… Je levai la tête et regardai les feuilles au-dessus de moi. Certaines d'entre elles tombaient prudemment jusqu'au sol, virevoltant à travers l'air frais de l'automne.


    — Je me demande bien ce qu'il y a en dehors de notre monde…


    Je fermai les yeux, la tête légèrement en arrière pour mieux ressentir la demi-saison. Je rouvris mes paupières et vis une tête au-dessus de la mienne qui me regardait. Ce visage était celui du jeune garçon que j'avais rencontré plus tôt au moment du discours de l'administratrice. Je voyais clairement ses yeux bleus aux tons légèrement violets me fixer, l'air impassible, un sourire totalement absent sur son visage et surtout sa peau claire comme de la neige fraîchement tombée en décembre. Quelques piercings sur son visage rendaient sa figure encore plus froide qu'elle ne l'était déjà.


    — Tu es la fille de tout à l'heure, finit-il par dire tandis que je me remettais droite.


    — Oui, c'est moi, qu'y a-t-il ?


    — Il n'y a rien, c'est juste que tu m'intrigues, répondit-il, toujours avec son regard vide d'émotion.


    L'intriguer ? Moi ? Je ne vois pas pourquoi. Peut-être qu'il a vu l'attaque de tout à l'heure et qu'il a été impressionné… Je ne savais pas quoi répondre et rangeai mes affaires.


    — Et pourquoi je t'intrigue autant ?


    — Mmh… Je sais pas, j'ai l'impression que tu ne devrais pas être ici.


    Si c'est pour réagir comme ça, il peut partir. Je lâchai un soupir d'énervement et partis à mon dortoir, exaspérée par cette attitude. Je serrai mes cahiers contre ma poitrine, comme pour sortir au plus vite de cet endroit. S'il ne m'avait pas perturbé, je serais restée volontiers ! J'avais ressenti de la haine dans cette phrase, je sentais qu'il voulait que je parte au plus vite, que je n'avais rien à faire là. Mais je n'allais pas me laisser faire. Je devais lui montrer qui j'étais. J'entrai dans l'internat et rejoignis ma chambre pour m'installer sur mon bureau et écrire la suite de ma lettre sur ce qui s'était passé pendant l'épreuve du travail d'équipe. Cette victoire était notre premier exploit avant de réellement intégrer l'université. J'étais très fière de ce que j'avais fait avec mes autres camarades. Malgré ce qui s'était passé quelques jours auparavant, j'avais réussi à rattraper le coup. Je finis la rédaction et admirai la forêt pas loin du dortoir. Je souris et décidai de sortir de ma chambre pour aller dans la bibliothèque avec un carnet dans les mains. J'entrai et demandai à la femme qui regardait son écran si je pouvais utiliser un ordinateur et où ils étaient. Elle m'indiqua le chemin à prendre pour accéder aux ordinateurs. Je la remerciai et partis en direction des postes de travail, je choisis une machine et m'installai sur le siège avant de commencer les recherches. C'est parti pour découvrir le mystère qui se cache derrière la légende des wendigos… Je notai quelques informations dans mon carnet à leur sujet. Je me mettais dans le rôle d'un détective à la recherche d'indices sur une personne.


Les wendigos viennent du monde décroissant, un monde où toutes les créatures du Diable sont réunies, hormis les démons. Ce monde fait partie du Chaos, tandis que le monde croissant appartient à l'Harmonie.


    Je cherchai d'autres renseignements sur ces créatures démoniaques, parcourant plusieurs sites Internet en lesquels j'avais confiance.


    — On peut les battre avec du feu ou avec une arme…


    En y réfléchissant bien, c'est vrai que les personnes qui avaient battu le plus de wendigos avaient un pouvoir en lien avec le feu. Ce que je vis ensuite m'effrayait au plus haut point. Ces créations étaient carnivores et dotées d'une vitesse et d'une force surhumaines. Il faudra que j'améliore ma vitesse et ma force. Je fermai la page web et sortis de la bibliothèque, je repartis dans ma chambre et pris mon carnet de croquis. Je crayonnai l'être maléfique que j'avais vu plus tôt et notai dessus les informations que j'avais trouvé. Je l'accrochai ensuite à l'un des murs de ma pièce à coucher. Comme ça, c'est parfait !


    — Je vais baptiser ce mur « Le Mur des découvertes » !


    Je rangeai mes quelques affaires et vis le soleil se coucher. Je fis ma routine du soir et partis me coucher.


C'était une sacrée journée !


~~~


    J'étais dans un univers très sombre, j'avais comme une sensation de suffocation et d'oppression. Je sentais que quelqu'un m'observait. Je courus jusqu'à essoufflement sans m'arrêter. Il fallait que je sorte au plus vite, avant de me faire tuer par l'homme qui me poursuivait. Je sentis une racine d'arbre me faire un croche-patte et perdis l'équilibre. Je tombai en avant et me retournai aussitôt, apercevant le démon au-dessus de moi. Son regard perçant me donnait des frissons qui parcoururent tout mon corps.


Tu ne perds rien pour attendre, sale ange.


~~~


    Je me réveillai en sursaut, entendant le réveil que quelques secondes après mon réveil si précipité. Je m'assis presque immédiatement et mis mes mains sur mon visage, respirant rapidement. J'attrapai mon journal des rêves et un stylo, les rayonnements du Soleil illuminant la chambre et m'aidant à y voir plus clair. J'écrivis l'illumination qui était apparue dans mon sommeil le temps que je me souvenais encore des moindres détails. Je regardai fixement les lignes du cahier et cherchai à comprendre pourquoi le monde de la Nuit avait décidé de me mettre cette image. Ça a forcément un sens logique… Je regardai ensuite l'heure et me préparai en vitesse malgré le temps que j'avais devant moi. Je récupérai ensuite la lettre d'informations qui nous avait été donnée le jour de notre arrivée dans l'internat. Je l'ouvris et lisais l'écriture au sujet de l'épreuve du sens de l'orientation.


Pour l'épreuve du sens de l'orientation, nous vous demanderons de rester dans vos internats, nous viendrons directement vous chercher à l'entrée. Soyez là à l'heure indiquée pour que l'on puisse vous voir et vous emmener dans votre lieu de prédilection.


Je ne comprenais pas exactement pourquoi ils voulaient que l'on reste dans le hall de nos dortoirs, mais je ne voulais pas m'attarder sur ce questionnement. Pour moi, cela restait sans importance. Je partis déjeuner dans mon petit coin favori en admirant le bois à côté. Je souris et regardai sur l'horloge mural l'heure avant de repartir dans ma chambre pour me reposer et réfléchir à ce qui allait se passer pendant l'épreuve de l'après-midi. Je devais faire confiance à mon instinct. J'aurais dû m'entraîner avant la rentrée… Peut-être qu'ils vont nous donner des conseils ! Je m'installai sur mon bureau et pris un livre pour me renseigner sur les animaux dans les forêts et sur les dangers qui rôdaient dans ces lieux magiques. Il ne faudrait pas qu'il y ait encore des wendigos. D'ailleurs, je me demande si l'examinateur en a parlé à la directrice. Je finis de lire les documents et notai les informations que j'avais soulignées au sujet des bêtes dans un carnet de poche. Je mis le cahier dans ma poche et patientai avant le début de l'examen. Je tentai de me souvenir des histoires que mes parents m'avaient raconté pendant mon enfance.


Tu sais, il existe des mondes où plein de créatures cohabitent, comme nous ! Il y a les wendigos, les centaures, les fées, les licornes, les géants… Il existe tellement de créatures que l'on ne pourrait pas les nommer ou même te dire combien il y en a dans la galaxie. Tu ne dois surtout pas aller dans un monde différent, sinon tu ne pourras plus jamais revenir dans ton monde.


Je ne pouvais m'empêcher de penser au nombre d'univers qu'il pouvait exister dans notre galaxie et à l'apparence physique que pouvaient avoir ces êtres magiques aux noms plus enchanteurs les uns que les autres. J'avais déjà une vague idée de l'aspect de certains personnages grâce à quelques images que ma mère m'avait montré pendant mon enfance. Je refusais de me référer à l'imagination de personnes inconnus ou à l'investigation de chercheurs sur la cryptozoologie, je préférais stimuler ma créativité à l'aide de noms de cryptides. Je rêvai d'animaux aux têtes humaines ou encore à des individus ayant des figures extraordinairement horribles. J'accordai à chaque silhouette une étiquette sur ce qu'ils pourraient être. Peut-être que les elfes ressemblent vraiment à ça ! Je me mis à rigoler en visionnant ma représentation de l'esprit de la forêt.


    Plus tard dans l'après-midi, j'entendis une sonnerie retentir, je partis dans l'allée. Je vis une femme attendre devant la porte d'entrée, je m'avançai vers elle, comprenant qu'elle faisait partie de l'équipe qui s'occupait de l'organisation de la prochaine étape du test annuel.


    — Tu es Jemi Heartgray ?


    — Oui, c'est moi.


    — Parfait, ne bouge pas, dit-elle en claquant des doigts.


    En l'espace de quelques secondes, je me retrouvai au milieu d'une forêt sombre. Elle m'a téléporté je ne sais pas où et je ne sais pas où aller. J'entendis une voix féminine parler dans ma tête.


    Vous voilà tous dans un endroit que vous ne connaissez pas, c'est tout à fait normal. Ce que vous devez faire, c'est sortir d'où vous êtes et retourner devant le lycée par tous les moyens possibles en moins de deux heures. Vous pourrez utiliser votre magie ou quoi que ce soit, on s'en fiche. Le plus principal, c'est que vous arriviez avant le temps imparti et en un seul morceau. Après les deux heures, nous viendrons vous chercher. Maintenant que vous avez toutes les informations, l'épreuve peut commencer !


    Une alarme résonna dans toute la forêt, les oiseaux s'envolèrent suite à ce son violent et très fort. Je réfléchissais à un moyen de quitter cet endroit si reposant pour retourner auprès de ma maison provisoire. Je regardai les arbres et les rayons du soleil qui traversaient le feuillage. Les couleurs provoquées par les rayonnements solaires apaisaient mon corps et mon âme. Allez, reprends-toi Jemi ! Je tentai de me rappeler ce que mon père me disait sur ce que je devais faire pour retrouver mon chemin.


Remémore-toi la position du soleil à l'endroit où il était quand tu étais à ton point de départ et réfère-toi à l'environnement qui t'entoure pour savoir dans quelle direction aller. Surtout, aie confiance en ton instinct !


    Je pris une grande inspiration et partis dans une direction qui me semblait bien plus rassurante que les autres chemins. Je ne dois surtout pas me perdre ! Je regardai les alentours et me rappelai d'un détail. Je fermai les yeux et me concentrai le plus possible. Je levai délicatement les mains jusqu'au ciel. Des gouttelettes de pluie s'élevèrent du sol, ils devinrent des petits glaçons qui tombèrent ensuite par terre. J'en pris un dans mes mains et le fixai attentivement, un immeuble apparut sur la glace, comme une indication à suivre. C'est là où je dois aller ! Pendant les vacances d'été, je m'étais entraînée à geler de l'eau et à montrer dans quelle direction il était. Je ne me doutais pas que j'allais pouvoir l'utiliser pendant une épreuve. Je courus vers l'Est et ne m'arrêtais qu'une fois dans une intersection qui me semblait étrangement familier. Je ne voulais pas m'attarder sur le détail. Je ne pouvais pas admirer la reine Nature qui offrait sa grâce et son amour à travers ce bois luxuriant.


    Deux kilomètres s'étaient déjà écoulés, utiliser constamment mes pouvoirs me fatiguait énormément, mais je devais affronter cet obstacle et dépasser mes limites. Je n'avais aucune idée de ce que les autres faisaient, et c'était bien mieux ainsi. Je ne devais pas m'attarder au sujet des autres et continuer de courir jusqu'à destination. Je sentis quelque chose que je n'avais jamais ressenti auparavant. Peut-être est-ce mon instinct qui me parle ? Je partis à l'Ouest et courus au rythme du vent. Je sentis sous mes pieds un changement de sol. Je m'arrêtai et me mis accroupie, touchant les dalles en béton qui m'accueillaient. Ce sont les mêmes qu'à l'université ! Je levai mes yeux et vis l'internat. Je souris et m'avançai devant le bâtiment principal, mais plus j'avançai, plus j'avais l'impression que le bâtiment était loin.


    — Il se passe quoi là ?! Pourquoi le bâtiment part, alors que je ne suis pas loin ?!


    Quelque chose n'allait pas, et j'en avais conscience. Était-ce une illusion ou la fatigue qui me jouait des tours ? Je ne savais plus où j'étais, ni quoi faire. J'étais perdue dans le Monde des Illusions, un passage entre la réalité et les espérances. Il faut que je sorte de là le plus vite possible ! Je regardai précipitamment autour de moi, cherchant quelque chose qui sortait de cet univers mystérieux et plein de vie. Quelque chose qui pourrait faire en sorte que je retourne où j'étais censée être. Je trouvai une solution et repartis auprès du dortoir. Tout semblait étrange, tout droit sorti d'un rêve, sauf la porte. J'attrapai la poignée et entrai dans ledit dortoir.


    Je me retrouvai dans la forêt, haletant et allongée sur l'herbe mouillée de la forêt. Je suis sortie à temps… Je me rassis et tenais mon crâne.


Il vous reste une heure !


    Ce stress qui s'ajoutait seconde après seconde s'intensifiait après cette annonce. Allez, accroche-toi ! Je me rappelais ce qu'avait dit le démon à mon sujet et m'énervai.


    — Je vais lui montrer de quel bois je me chauffe !


    Je repris la course. Ayant repris un peu de force, je repartis de plus belle, toujours en utilisant ma glace comme guide. Si j'arrive à temps, il faudra que je vérifie que ce soit la réalité. Je reconnus enfin la forêt qui était à côté de mon dortoir et soupirai de soulagement. Je vis quelques anges et démons attendre patiemment devant l'entrée principal. Je suis déjà dans les cinquante premiers ! Je me sentais victorieuse de cet exploit qui restait l'un des plus admirables pour moi. Je rejoignis les autres participants et m'installai, je croisais le regard du jeune garçon que j'avais vu plus tôt, je fis comme si je ne le connais pas et m'assis dans un coin. J'aperçus du coin de l'œil une horloge qui indiquait le temps qui restait aux autres camarades avant que les inspecteurs n'aillent les chercher à leur position actuelle. Je savais que je devais attendre l'arrivée des autres, mais je voulais à tout prix aller dans ma chambre pour écrire à mes parents sur mon succès du jour. Je cherchai du regard la femme qui était venue à l'internat pour m'emmener dans ce lieu naturellement magique.


    — Excusez-moi ? Ce serait pour savoir si nous pouvions aller dans nos chambres.


    — Non, vous devez rester ici pour que nous puissions vous 

protéger en cas de problème. Malheureusement, avec ce qui s'est passé dans l'autre épreuve, nous devons faire encore plus attention, dit la femme qui s'occupait de l'épreuve. Mais, si tu veux, tu peux aller chercher quelque chose dans ta chambre, il faut que tu sois accompagnée par l'un de mes camarades.


    — D'accord !


    Un homme arriva à côté de nous, je marchai avec lui jusqu'au dortoir. Je sentis quelqu'un marcher derrière nous, mais je ne le mentionnai pas en remarquant que mon accompagnateur ne réagissait pas. Je rejoignis ma chambre et pris deux livres, je retournai auprès du surveillant qui parlait à un autre élève.


    — Ah, tu as trouvé de quoi t'occuper ?


    — En effet, répondis-je en serrant mes ouvrages contre ma 

poitrine. On peut y aller !


    Nous repartîmes du bâtiment et prîmes la route du retour, l'élève avait mystérieusement disparu de la circulation.


    — Euh, où est passé l'élève qui parlait avec vous ?


    — Quel élève, demanda le combattant.


    — Le jeune homme qui était avec nous.


    — Il n'y avait personne d'autre avec nous.


    Mmh… Vraiment étrange… Je décidai de ne plus parler avant d'arriver au point de rendez-vous. Je retrouvai les autres anges et démons, certains venaient de s'intégrer dans notre groupe. Il ne restait plus que quinze minutes et tout le monde était déjà arrivé. La dame discutait avec d'autres intervenants et la directrice. L'examinatrice m'aperçut et soupira de soulagement.


    — Vous voilà enfin !


    — Que se passe-t-il, demandai-je en regardant la forêt.


    — Une élève a disparu dans les radars et d'autres wendigos arrivent.


    Je regardai les examinateurs discuter entre eux au sujet des 

créatures démoniaques.


    — Que tous les examinateurs ayant le pouvoir des flammes se mettent en place pour se battre, ordonna la cheffe. Les élèves, restez ici ! Les autres, protégez-les !


    Les adultes hochèrent la tête, tandis que je rejoignis mes autres camarades. Les professeurs se répartirent chacun de leur côté. Les cerfs difformes arrivaient à une vitesse folle. J'avais à peine le temps de respirer que j'avais déjà peur. Chaque tuteur éligible au combat se battirent corps et âme pour détruire les êtres diaboliques. Nous les regardâmes lancer des attaques sur ces hybrides, les autres soldats restèrent à l'affût du moindre mouvement suspect. Je me sentais faible face à ces monstres sanguinaires, je savais que les professeurs réussiraient à les faire disparaître, mais malgré tout, je ne cessai d'avoir un mauvais pressentiment. Pourquoi sont- ils toujours dans notre monde ? Ils ne peuvent pas être ici sans l'aide d'un démon de notre univers ! La chaleur des flammes éloignait les cerfs affreux et rassurait nos âmes en détresse.


    — Ne vous inquiétez pas, nous allons retrouver votre camarade ! Nous y passerons la nuit s'il le faut, rassura un professeur en nous voyant paniqués.


    Je regardai autour de moi pour voir qui avait disparu. Certes, je ne parlais avec personne, mais je pouvais facilement reconnaître leurs visages. Effectivement, il manquait bien une élève, et c'était l'une des sœurs jumelles. J'interpelai un professeur pour lui décrire comment était l'étudiante en question. Il m'écouta attentivement et regarda la sœur qui observait autour d'elle. Une fois les wendigos éradiqués, les professeurs se séparaient en plusieurs groupes pour retrouver plus efficacement l'ange.


    — Attendez, proposa un élève, nous pouvons vous aider ! Plus nous serons nombreux, plus vite nous retrouverons notre amie !


    — Oui, nous serions sûrement plus efficaces, réfléchit un autre professeur face à cette suggestion. Bien, nous allons faire des groupes de cinq élèves, chaque groupe ira avec un professeur. Veuillez vous séparer dans le calme et de manière égale !


    Je partis voir la sœur de la disparue qui semblait perdue sans sa sœurette. Je lui proposais de s'intégrer dans mon groupe, elle hésita un long instant avant de finalement accepter. Nous cherchâmes d'autres anges et démons qui voudraient être admis dans notre équipe. Nous étions cinq, nous décidions de rejoindre l'un des instituteurs présents avec nous. Une fois toutes les assemblées réunies, la directrice indiqua à chaque éducateur la direction où les communautés devaient aller pour faciliter les recherches. Les responsables des escouades informèrent chaque élève de leur groupe du trajet à prendre, nous nous éloignâmes ensuite de l'université en petite communauté pour traverser les bois. Nous faisions également attention de ne pas nous faire attaquer par un wendigo. Les investigations semblaient durer une éternité à mes yeux et aux yeux de l'ange. Pourquoi je m'inquiète pour cette fille ? Je ne la connais même pas, en plus elle a peur de moi ! La voix de la gardienne des cieux me fit sortir de ma bulle invisible. 


    — En fait, je voudrais te remercier de vouloir m'aider alors que tu ne me connais même pas… Tu sais, peut-être que ma sœur te craint, mais tu as l'air très sympathique ! Grâce à toi, je sais qu'on va vite retrouver Minda ! Merci encore d'être là, finit-elle par me dire en m'adressant un sourire sincère.


    — Et bien, merci à toi de ne pas avoir refusé mon aide, je suis heureuse que tu aies confiance en moi, alors que je suis une parfaite inconnue.


    Nous retrouvions les autres quand nous entendîmes un cri non loin de nous.


    — C'est la voix de Minda ! Vite, allons-y !


    Nous nous précipitâmes jusqu'à l'endroit d'où émanait la voix. Je sentis une force titanesque dans les alentours, tout le monde s'arrêta d'un coup. Cette aura disparut d'un coup, comme par enchantement. Je sentis un mauvais pressentiment, je regardai la frangine de Minda et vis qu'elle avait des larmes.


    — Tout va bien… Arrête de pleurer, on va retrouver ta sœur…


    — Mais je ne sens plus sa présence, s'écria-t-elle.


    Je compris immédiatement ce qui n'allait pas et partis voir l'éducateur qui nous accompagnait. Je lui expliquai la situation, il m'écouta attentivement et regarda la jeune fille, il s'approcha d'elle et lui parla, je retournai auprès des autres et leur répéta ce que j'avais dit au dirigeant. Je leur conseillai également de ne pas aller la voir, elle avait sans doute besoin d'être seule. L'instituteur nous incita à retourner au point de rendez-vous le temps qu'il irait informer ces camarades de la situation. Tout le groupe hocha la tête, je restai à côté de la frangine de Minda pour lui montrer que j'étais là malgré tout. Elle me regarda et m'adressa un sourire douloureux. Nous arrivâmes devant l'établissement avec les autres étudiants, je cherchai à comprendre coûte que coûte ce qui s'était passé avec Minda, mais je n'avais aucune piste. Chacun attendait l'arrivée des enseignants, je restai auprès de ma camarade.


    — D'ailleurs, je n'ai pas encore eu l'occasion, du moins, le courage de te demander ton prénom.


    — Oh, oui, répondit-elle en essuyant ses larmes. Je m'appelle Isda et toi ?


    — Je m'appelle Jemi. Je suis enchantée de te rencontrer Isda !


    — Moi de même Jemi.


    Les instructeurs revinrent voir Isda, je la laissai avec eux pour qu'elle puisse leur parler. La directrice nous proposa de retourner dans nos dortoirs, ce que nous faisions. Cette journée était pleine d'émotion, surtout pour Isda qui venait de sentir sa sœur disparaître de notre monde. Elle n'était pas morte, nous aurions vu une lumière bleue voler jusqu'au ciel et son corps disparaître dans un éclat de centaines de milliers d'étoiles. Je me tournai une dernière fois en direction de Isda avant de reprendre la route du dortoir. L'oiseau du mauvais pressentiment ne sortait pas de sa cage, mais malgré moi, je restai toujours positive, des pensées préoccupantes traînant dans mon cerveau et ne faisant que tourner en rond. Je rentrai dans ma chambre et m'installai sur mon bureau, posant mon livre à côté de moi. Ce n'est pas normal… Normalement, une personne de n'importe quel monde ne peut pas voyager à travers d'autres mondes ! Comment est-ce possible ? Je me mis à réfléchir en regardant mon dessin sur le wendigo.


    — Ils sont venus d'un autre monde… Et Minda a mystérieusement disparu… Elle est forcément dans un autre univers, mais lequel ? Et même si on le savait, comment y accéder ?


    J'entendis quelqu'un toquer à ma porte, un sursaut de ma part me fit sortir de ma réflexion. Je me levai péniblement de ma chaise et ouvris la porte à la directrice qui était accompagnée de ma connaissance.


    — Jemi, tu peux venir dans mon bureau ?


    — Oui, bien sûr, dis-je en sortant de ma chambre et en fermant la porte derrière moi.


    Nous sortîmes de l'établissement avant de rejoindre le bâtiment principal. J'en profitais pour admirer chaque recoin de l'académie pour me rendre compte de la magnificence de cet immeuble. Je voyais déjà des centaines et des centaines d'élèves se promener dans les allées éclairées qui laissaient place à des salles de classe. J'adressai un sourire à cette scène inactuelle et nous arrivions devant le bureau de la proviseure. Elle nous ouvrit la porte, nous entrâmes et nous installâmes.


    — Alors, Isda m'a dit que tu l'avais aidé pour trouver sa sœur et elle pense que tu as une idée d'où peut être sa sœur jumelle, expliqua-t-elle en s'asseyant sur sa chaise.


    — Oui, en effet. En fait, je pensais que Minda pouvait être dans un autre monde, sûrement celui d'une personne 

intermédiaire qui aurait également amené les wendigos dans notre monde. Malheureusement, je ne sais pas qui aurait pu faire ça, mais je pense que ce serait un démon qui viendrait de notre univers, conclus-je.


    La directrice se mit à réfléchir et sortis un énorme classeur, je regardai Isda qui cherchait sûrement à comprendre pourquoi ce diablotin voulait faire ça. Je posai un bras sur son épaule et souris, elle me regarda et répondit à mon rictus.


    — Très bien, j'ai ce qu'il me faut, vous pouvez retourner dans vos internats.


    Nous sortîmes de la pièce et marchâmes le long du chemin jusqu'à la sortie, le silence dominait ce couloir sombre et oppressant par sa longueur et l'absence d'élèves ou de professeurs. Isda regardait l'extérieur, notamment cette forêt prestigieuse et gigantesque. Elle s'appuyait sur le rebord de la fenêtre.


    — Et si elle mourait ? Qu'est-ce que je vais dire à mes parents ? On ne sait même pas où elle est…


    — Elle ne mourait pas, on va la retrouver !


    — Mais où, cria-t-elle. Nous ne savons même pas où elle est partie ! Il existe sûrement des centaines de monde en plus du nôtre, ça prendra des années pour la trouver ! Et même si on arrive à la trouver, elle sera peut-être morte ou gravement blessée ! Et ça, je ne l'accepte pas ! Tu peux pas comprendre, tu n'as pas de frère ou de sœur !


    Cette réponse me brisa le cœur, je décidais de ne plus parler et de repartir en direction de la sortie. Je voulais l'aider à aller mieux, et voilà qu'elle me rejette ! Même si elle avait répondu cela sous le coup de la colère, cette douleur était physique et mental. Certes, je n'avais pas de frère ou de sœur, mais je l'imaginais avec un de mes parents. Je ne voulais pas contrarier ou être de trop pour ma camarade. Je sortis de ce lieu scolaire et partis dans mon pensionnat, voyant que des surveillants restaient devant la forêt pour empêcher quiconque de la traverser. Il doit sûrement y avoir des wendigos, pensais-je. Je franchis la porte d'entrée de l'internat et retournai à la 

bibliothèque, je pris un documentaire sur les différents mondes qui pouvaient entourer notre galaxie si vaste. Je m'installai ensuite à une table et ouvris le manuscrit pour en découvrir tous ses secrets. Je regardai d'abord l'heure avant d'entamer la lecture de ce dictionnaire. Très bien, je vais lire pendant une heure avant d'aller dans ma chambre pour préparer mes affaires pour demain ! Je mis des écouteurs dans mes oreilles et écoutai de la musique calme pour pouvoir me concentrer dans ma lecture. Ce déchiffrage sur les univers me permettait d'en savoir plus sur eux et sur notre cosmos si vaste. Cette histoire que nos parents nous avaient raconté était réelle, nous qui pensions que ce n'était qu'une légende, nous nous étions trompés sur ce sujet et avions sous-estimé à quel point le Divided Universe était extraordinaire. J'imaginais à quoi pouvait ressembler les autres mondes. Je finis ma lecture d'une heure et reposai le recueil à l'endroit où je l'avais pris. Je sortis ensuite de la librairie et rejoignis ma pièce à coucher. Je fis mes habitudes du soir et partis dormir pour être en forme le lendemain. Ça y est, on attaque la fin du test !


    J'attendais devant une salle avec les étudiants. L'instituteur qui s'occupait de l'audition nous avait indiqué de venir devant une salle avec un panneau “Courage et sang froid” pour la future épreuve. Personne ne savait encore ce qu'il y avait dans la salle, ni pourquoi nous étions là, et encore moins ce que nous allions faire pendant cette épreuve. Nous attendions devant cette porte depuis une bonne vingtaine de minutes déjà, et cette attente demeurait de plus en plus insupportable. Quand nous entendions la porte, nous vîmes le professeur de ce matin s'avancer vers nous.


    — Bonjour à tous, s'exclama-t-il. Je suis ravi de voir que vous ayez trouver cette salle et que vous soyez tous présents, à l'exception de cet ange qui a disparu. Mais pour autant, nous n'allons pas annuler les épreuves, notre devoir dans cet établissement scolaire est de vous aider à améliorer vos points forts et vos points faibles, également de vous apporter plus de connaissances sur l'histoire du Infernal Universe, mais ça, vous le savez déjà. Bien, annonça-t-il en sortant une feuille, aujourd'hui, vous serez chacun enfermés dans une pièce dans le noir. À l'évidence, vous pourrez allumer la lumière de l'endroit où vous serez, ça va de soi. Il faudra que vous sortiez de cette chambre dans un temps limité d'une heure. Évidemment, il y aura des pièges et des attaques, sinon, ce serait trop facile pour vous. En clair, vous devrez participer à un escape game, mais seuls et différents des vraies escape game qui vous seront proposés en ville. Je vous propose de commencer, je vous souhaite bonne chance et surtout… Gardez votre sang-froid.


    Il claqua des doigts et nous fûmes téléportés dans une pièce plongée dans le noir. Je savais qu'utiliser mon pouvoir ne servirait à rien à l'heure actuelle, je frôlais les murs pour trouver l'interrupteur qui pourrait éclairer la chambre. J'appuyai sur le petit bouton, la douce lumière blanche de celle-ci m'aveugla quelques instants avant que je puisse retrouver la vision. J'observai les quatre murs et les meubles qui composaient cet appartement. Il faut que je sois stratégique. Je commençai à chercher dans les armoires tout en restant sur mes gardes sur les potentielles attaques qui pourraient arriver de partout. Je retournai tous les tiroirs pour avoir une vue d'ensemble sur ce que présentaient les meubles. Les moindres petits indices pouvaient m'aider à trouver la solution à cette énigme. Je trouvais une clé et un code à déchiffrer dans un des livres de la petite bibliothèque présente dans la chambre. Parfait, c'est exactement ce qu'il me fallait ! Je mis le petit papier sur la table à chevet et cherchai cette fois-ci un coffre et un petit livret ou un papier avec lequel je pourrais décoder ce cryptogramme inconnu. Certes, j'avais trouvé deux éléments qui pouvaient m'aider à avancer dans mon enquête, mais trouver les deux autres objets qui allaient de pair avec la clé et le code serait sûrement moins fulgurant. Un bruit me fit sortir de mes recherches, je me retournai et esquivai la boule de feu qui fonçait sur moi. Je pensais avoir échappé à cette provocation, mais la chaleur de ses flammes me fit penser qu'elle venait de derrière tel un boomerang. Je lançai un pic de glace sur cette magie qui devint un glaçon géant avant d'exploser au sol. Je regardai les débris et me surpris de voir un morceau de papier non-loin de là. Je l'attrapai et sortis un parchemin rempli de caractères semblable à ceux de la fiche. Je le récupérai et écrivis dans un carnet posé sur le bureau les pictogrammes que je lisais sur ce billet.


···− −−− ··− ··· · − · ··· ·−−· ·−· −−− −·−· ···· · −·· · ·−·· ·− ···−−− ·−· − ·· · −−··−− −− ·− ·· ··· ··· ·− ··− ·−· · −−·· −····−···− −−− ··− ··· ··· −−− ·−· − ·· ·−· −·· ·−−−−· ·· −·−· ·· ·· −·−·· · −− −· · ··−−··


    Je mis la codification à côté de la page et écrivis sous la phrase la conversion qui me prit un certain temps. Je trouvais une phrase qui ne m'aidait pas énormément.


VOUS ÊTES PROCHE DE LA SORTIE, MAIS SAUREZ-VOUS SORTIR D'ICI INDEMNE ?


    Je repartis à la quête d'une boîte scellée avec un cadenas qui pouvait aller de pair avec la serrure. Je regardai sous les meubles, même si je devais me traîner par terre. Il y a sûrement quelque chose de caché sur ce petit papier, c'est pas possible autrement ! Je repris le billet et passai ma main dessus, des mini flocons de neige passèrent par-dessus, dévoilant une série de chiffre. Je passai en revue tout ce que j'avais vérifié, pour tenter de trouver un quelconque levier ou quelque chose qui pouvait m'aider à découvrir l'emplacement du boîtier. Soudain, je sentis quelque chose d'étrange sous ma main. J'enlevai les éléments perturbateurs qui pouvaient m'empêcher d'accéder à ce dispositif. Je soulevai le drap qui cachait ce bouton et appuyai dessus. J'entendis un petit cliquetis et me retournai en direction de ce bruit. Mes yeux s'écarquillèrent quand je vis une caisse sortir de nul part. C'est sans doute ce qui me manque ! Soit c'est un code à entrer, soit c'est une clé. Je regardai le cadenas et entrai le code que j'avais trouvé. La caisse s'ouvrit et laissa paraître une autre malle plus petite que la précédente. Je la sortis de là et utilisai la clé pour découvrir son contenu. Une carte ? Je me relevai et aperçus à l'entrée un dispositif de carte magnétique. Je regardai le peu de temps qu'il me restait et me précipitai pour ouvrir la porte de sortie. Je vis l'homme du début de l'épreuve m'adresser un large sourire et appuyer sur son chronomètre.


    — Tu as réussi à sortir de là en cinquante minutes, 

félicitations ! Tu peux rejoindre les autres dans cette salle, m'indiqua-t-il en ouvrant une porte.


    Je le remerciai et entrai dans ce qui semblait être une salle d'attente. Je m'assis à une chaise libre. Il devait rester pas moins de la moitié des candidats, j'étais fière d'être arrivée à bout de cette épreuve, bien que je sois à deux doigts de craquer à plusieurs reprises. Je profitai de cette pause pour me détendre et repenser aux dernières épreuves avant de réellement intégrer l'université. Déjà un grand pas de fait ! Je vois enfin le bout du tunnel ! Une sonnerie retentit ; l'épreuve venait de se finir. Des hauts-parleurs dont j'ignorais la présence firent un léger bruit, puis une voix familière se fit entendre.


    — Très bien, l'épreuve est finie, vous pouvez retourner dans vos chambres et vous reposer avant l'épreuve de cette après-midi. Surtout prenez beaucoup de force ce midi, vous en aurez besoin, dit l'instituteur que j'avais vu quelque temps avant.


    L'enceinte s'éteignit ensuite, je pris la route pour retourner à l'internat, mais vis le démon que j'avais vu quelques jours auparavant. Son regard était encore plus froid qu'avant, toutes les personnes qui passaient à côté de lui s'éloignaient le plus possible. Je suivis leur exemple et partis de l'autre côté du couloir. Je cherchais une porte de sortie pour éviter de bêtement me perdre. Heureusement qu'il y a les plans ! Je réussis à trouver la fameuse ouverture et sortis à l'air libre. Je pris le chemin pour rejoindre l'internat, j'avais maintenant trois heures devant moi pour écrire dans mon carnet de bord pour l'examen et au sujet du diablotin.


    Je ne savais pas pourquoi, mais il m'intriguait de plus en plus. Peut-être était-ce ma première impression, mais il dégageait quelque chose… d'étrange. Je ne pouvais pas être la seule à l'avoir découvert. Le fait qu'il soit seul captivait encore plus mon attention. Il me rappelait cette fameuse période où je me demandais ce que je faisais sur le Divided Universe et si ma présence valait le coup. Mais maintenant, j'étais sûre que je pouvais changer le monde, du moins, montrer au monde qu'une nouvelle espèce pouvait exister et qu'un amour entre deux êtres totalement opposés était parfaitement possible.


    Pendant que j'écrivais sur mon livre, je regardai en même temps l'emploi du temps du test et observai plus précisément la prochaine étape. Cette partie du concours m'angoissait. Je ne voulais pas montrer mes pouvoirs aux autres élèves qui passaient l'examen avec moi, ni à l'instituteur. Le temps d'attente s'écoula, je partis au lieu de rendez-vous pour entamer la dernière épreuve de cette journée si mouvementée. Une femme à l'allure élégante se tenait debout, face à nous et patientant quelques instants, le temps que les autres étudiants arrivaient en ce lieu.


    — Parfait, tout le monde est là ! Nous pouvons donc commencer l'épreuve ! D'abord, je vais vous dire ce que vous allez faire dans cet exercice. Derrière moi, il y a des cibles, mais ces cibles ne sont pas comme les autres. Elles ont un détecteur de puissance et de précision. Évidemment, nous n'utiliserons que la fonction de détecteur de puissance. Nous pourrons ainsi voir ce que vous devrez améliorer dans vos attaques, expliqua-t-elle. Bien, maintenant que je vous ai parlé des règles, nous pouvons maintenant commencer l'épreuve sur la puissance des épreuves.


Elle appela les premières personnes à passer le test sur l'efficacité de leur pouvoir. Nous attendîmes que les autres avaient fini tout en les regardant lancer leurs boules d'énergies. Nous ne vîmes pas les scores qu'ils avaient fait, ce qui soulageait une grande partie d'entre nous. Je passai ensuite devant mes autres camarades, je lançai mon attaque sur la cible qui stationnait devant moi. Je ratai de peu la cible, m'estimant heureuse de mon record. Je levai un peu plus la tête et vis quelque chose – du moins, quelqu'un – qui ressemblait à Minda. C'est mon imagination ou c'est vraiment Minda ?! Je 

me retournai pour voir Isda et remarquai qu'elle était bien auprès des autres. Je m'approchai d'elle et lui murmurai quelque chose à l'oreille. Elle regarda en direction de la fameuse personne et se mit à courir jusqu'à elle, je la suivis, la professeure tenta de nous arrêter, mais nous ne l'écoutions pas, nous voulions à tout prix retourner auprès de la sœur de Isda. Isda regarda sa sœur, ses yeux furent noyés de larmes.


    — Minda, tu es enfin là… Je suis heureuse de te retrouver en vie ! J'avais tellement peur que tu ne reviennes jamais… Tu étais où ?


    — Désolée, répondit-elle, mais j'étais partie en dehors de la forêt pour visiter les horizons ! C'est tellement beau ici… Excuse-moi grande sœur.


    Isda prit Minda dans ses bras, je me mis à sourire en voyant les deux sœurs se faire des câlins.


   — Heureusement que Jemi était là pour me réconforter, sinon je ne sais pas comment j'aurai supporté ton absence. On pensait même que tu avais été kidnappé par quelqu'un qui t'aurait amené dans le monde des wendigos !


    — Ah bon ? C'est ridicule, et tu le sais Isda, répondit Minda d'un ton sec.


    J'étais surprise par cette réaction de la part de la disparue face à notre hypothèse sur sa localisation. J'entendis quelqu'un arriver, qui n'était qu'autre que l'institutrice qui venait nous voir.


    — Ah, super, tu es revenue ! Tu vas pouvoir passer l'épreuve ! Je vais prévenir la directrice. John, tu peux t'occuper des autres participants, demanda-t-elle à un de ses coéquipiers qui accepta aussitôt.


    Elle disparut dans une fumée blanche, nous retournâmes auprès des autres qui accueillaient Minda les bras ouverts, lui tous ce qui lui était arrivé et comment elle a réussi à revenir parmi nous. Cela dura à peu près une heure avant que tout le reste du groupe finissait de faire l'épreuve. Je regardai Minda. Quelque chose n'allait pas avec elle. Je trouvais que son comportement envers sa sœur n'était pas normal – même si je ne les connaissais pas spécialement. Nous rentrâmes dans nos dortoirs. En même temps que je marchais jusqu'à l'internat des Nephilim, je réfléchissais au sujet de Minda. Peut-être que je devrais en parler avec la directrice… Je regardai l'heure sur la grande horloge qui restait au-dessus de la porte d'entrée de l'internat. Le bureau est sûrement fermé. Je mis un rappel sur mon téléphone pour aller voir la proviseure le lendemain à treize heures trente. Je posai ensuite mon smartphone avant de regarder dehors et de sourire.


    Le lendemain matin, mon réveil sonna à sept heures. Je me préparai et partis ensuite à l'extérieur où tout le monde était réuni pour l'épreuve des réflexes. Je n'étais pas du tout confiante en ce qui concernait l'habilité, tout comme le sens de l'orientation. Mais je ne voulais pas me décourager ! Je devais me battre pour montrer aux autres de quoi j'étais capable, même si je m'étais pas mal débrouillée pendant le combat avec les wendigos. Cette fois-ci, c'était la directrice qui présentait cet exercice. Nous vîmes également les autres instituteurs 

derrière elle qui attendaient sûrement que la proviseure parle des instructions de la compétition.


    — Bonjour à tous ! Comme vous l'avez remarqué, c'est moi qui me chargerais de cette épreuve. En soi, il n'y a pas grand-chose à dire sur ce que vous allez faire aujourd'hui. Vous serez séparés en duo avec un professeur qui vous lancera des attaques qui ne seront pas trop fortes. Vous devrez les esquiver sans utiliser votre magie. Mais vos professeurs pourront ajouter ou enlever des règles s'ils jugent que c'est nécessaire. Vous 

aurez deux sessions d'une heure et demie avec une pause de quinze minutes entre les deux séquences. J'espère que vous êtes prêts, ajouta-t-elle, car l'épreuve va commencer !


    Elle indiqua les élèves qui devaient rejoindre les examinateurs pour attaquer l'examen. Je me retrouvai avec le professeur qu'on avait vu à l'épreuve du travail d'équipe. Je me préparai à esquiver les moindres attaques.


    — Tu es prête ?


    Je hochai la tête tandis qu'une petite bulle s'approchait de moi. C'est une blague ? Ne sachant pas que c'était le pouvoir de l'homme, je ne bougeais pas. Quand la bulle éclata contre ma peau, je sentis de l'électricité parcourir tout mon corps. Je ne pus m'empêcher de pousser un petit cri de douleur dû à la tension de l'électricité. Je savais dorénavant que je ne devais pas tomber dans le piège. Mais, comment faire ? Les bulles ne sont pas assez rapides pour que je puisse les esquiver, et en plus de ça, je ne sais pas quand les esquiver ! La légèreté de ces bulles m'empêchait de comprendre leur mouvement et l'élément qui était associé à chacune. Et surtout, pouvait-il contrôler la trajectoire de chaque bulle ? Ou dirigeait-il toutes les bulles jusqu'à son ennemi ? Je me posais trop de questions sur la magie, cette réflexion approfondie m'avait fait oublié que mon adversaire n'attendait pas que je finisse mon analyse. Je remarquai également que des centaines de petites boules d'eau fonçaient sur moi. Leurs vitesses n'était pas la même. Certaines avaient une vitesse quatre fois supérieure à la vitesse moyenne tandis que les autres possédaient une rapidité plus faible. Je n'avais pas le temps de réfléchir que je devais déjà sauter dans tous les sens pour les esquiver. Je ne voulais pas prendre le risque d'utiliser ma magie pour échapper aux ballons. Je savais que la directrice avait prévu quelque chose pour protéger la forêt et l'université – du moins, je m'en doutais.


    — Jemi, dit le professeur tandis que les quelques bulles de savon qui restaient devant moi disparurent. À partir de maintenant, tu peux utiliser ton pouvoir. Tu n'auras pas le droit de m'attaquer, seulement de contrer ou d'immobiliser mes bulles.


    Je hochai la tête et me tenais prête. Il a dû voir que j'avais du mal à tout esquiver. Maintenant qu'il m'avait annoncé cela, je pouvais montrer de quoi j'étais réellement capable. Le simple fait de glacer les bulles de savon m'émerveillait. La glace qui prenait de l'ampleur sur les ballons était tout simplement magnifique. Les cristaux visibles de givre sur la surface de la balle les rendaient plus magiques et plus beaux. Les flocons de neige dévoilaient toutes leur beauté et leurs facules. Les quelques bulles touchés par cette maladie tombèrent lentement sur le sol, tandis que j'esquivai les autres éléments perturbateurs. Cette chorégraphie improvisée m'épuisait peu à peu, mais je ne devais pas lâcher avant la fin de la première session. Mes pieds touchaient légèrement le sol, suivant le rythme des bulles les plus rapides. Pendant ce temps, mes mains frôlaient les autres bulles qui subissaient la même fantaisie que les camarades qui étaient tombés au combat. Il faut que je limite les dégâts au maximum ! Je commençai à m'essouffler, je n'arrivai plus à rien faire, mon corps en avait marre.


    — Tu veux faire une pause, me demanda le professeur.


    — Oui s'il vous plaît, je pense que j'ai trop utilisé ma magie…


    Les bulles disparurent une nouvelle fois, je m'assis par terre, l'homme me tendit une bouteille d'eau fraîche. Je l'attrapai, le remerciai et bus la bouteille entière.


    — Si je peux te donner un conseil, je te dirai de ne pas trop te concentrer et d'utiliser ton pouvoir le moins possible. N'hésite pas à penser efficacité et non rapidité.


    Je regardai l'instituteur et compris immédiatement. Je posai la bouteille vide plus loin et repris la séance. Je créai une grande raquette de glace et lançai les bulles dans les airs. Créer des objets en glace m'épuisait moins que de figer un objet, léger ou non. Je jouai au tennis jusqu'à la fin de la première session. Un ange que je n'avais encore jamais vu apporta deux autres bouteilles d'eau et deux fruits mûrs. Nous la remerciâmes, je récupérai l'autre bouteille vide et retournai voir Minda et Isda. Tout le monde mangeait dans son coin et discutait entre eux. Nous parlâmes des attaques et des pouvoirs que nos examinateurs avaient.


    — Il y a vraiment des pouvoirs intéressants, ajouta Minda. Je n'avais jamais entendu parler du pouvoir des bulles.


    — Tout le monde pense que les bulles sont inoffensives, mais elles cachent bien leurs jeux, dis-je en rigolant aux éclats avec les deux sœurs.


    Nous entendîmes quelqu'un frapper dans ses mains, nous jetâmes nos déchets dans une poubelle qu'une ange nous tendait et retournâmes auprès de nos examinateurs respectifs.


    — Alors tu es prête pour la deuxième séance ?


    — Oui et même plus que prête !


    Il adressa un sourire et d'autres bulles foncèrent sur moi, je créai une grande raquette de glace et frappai les bulles tout en les dirigeant vers le ciel. Cela dura le reste de l'épreuve, j'étais moins concentrée qu'à la fin de la séance précédente, mais je ne baissais pas les bras.


    L'épreuve se termina donc sans encombre – du moins, sans dégâts importants. J'avais certes quelques égratignures, mais ce n'était pas un problème.


    — Tu t'es bien débrouillée, tu as besoin d'entraînement pour esquiver plus efficacement.


    — D'accord, merci encore pour vos conseils, le remerciai-je avant de repartir.


    La raquette de glace se mit à fondre, je rejoignis mon dortoir et m'assis sur mon lit, lâchant un soupir de soulagement. Je regardai l'heure sur mon téléphone et partis manger mon repas au réfectoire. Je réfléchissais en même temps sur le comportement de Minda et sur la raison de ce changement de personnalité rapide. Ça ne peut pas être le fruit du hasard. C'est beaucoup trop étrange. Je ne voulais pas trop m'attarder sur le sujet puisque j'allais en parler à la directrice, elle avait 

sûrement une idée du pourquoi du comment. Je finis mon repas et sortis prendre l'air. En allant dans le bois, j'avais peur de ressentir cette aura surhumaine et obscure. Aussi obscure que les ténèbres elles-mêmes. Mais rien ne se passait. Je me sentis soulagée et m'enfonçai un peu plus dans la pénombre de la forêt. Je posai ma main sur un tronc d'arbre, le gel prit de l'ampleur sur les écorces du sapin. Des petits écureuils sautaient de branches en branches, jouant entre eux, tandis que les oiseaux dominaient la forêt par les airs. Les hiboux se reposaient dans les troncs, attendant la nuit pour hululer. Les lapins gambadaient dans les buissons et croisaient mon chemin,s'arrêtant de temps en temps pour me regarder de leurs yeux noirs. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire en les voyant sauter et me regarder avec leurs yeux ronds. L'un d'entre eux s'approcha de moi, je me mis à genoux, il restait prudent, ne voulant plus trop s'approcher.


    — N'aie pas peur, conseillai-je, je ne veux pas te faire de mal.


    Il remua son petit nez, sautillant juste en face de moi. J'approchai ma main et lui caressai la tête. Il ferma les yeux et plaqua ses oreilles en arrière. Je fondai d'amour devant cette attitude si mignonne. Il releva soudainement les oreilles et repartit à toute vitesse avec ses camarades. Les lapins partis, je me relevai et regardai autour de moi.


    — Il y a quelqu'un ?


    Aucune réponse. Néanmoins, je sentis une présence non-loin de là.


    — Je sais que vous êtes là, montrez-vous, criai-je tout en prenant un bâton pour seule défense contre une éventuelle attaque.


    — Ne t'inquiète pas, c'est moi, Isda !


    Je soupirai en entendant la voix de mon amie et lâchai le morceau de bois, elle vint à ma rencontre.


    — Dis-moi Jemi, commença-t-elle. Toi aussi tu as remarqué le comportement étrange de Minda ?


    — Oui, je comptais justement en parler à la directrice. Tu veux m'accompagner pour lui en parler ?


    — Je veux bien, mais tu y vas à quelle heure, demanda-t-elle.


    — J'y vais à 13 h, ça te va ?


    — Bien sûr ! Comme ça, on aura le temps d'en discuter avec elle.


    — Merci encore d'être là pour moi. Je n'oublierai jamais ce que tu as fait pour moi. Je vais te donner mon numéro de téléphone, comme ça, on pourra se contacter !


    Elle écrivit sur un petit morceau de papier le série de chiffre et me le donna. Je la remerciai, elle sourit et repartit dans son dortoir. Je sortis mon téléphone et recopiai le numéro dans mon répertoire, je regardai ensuite l'heure et souris en voyant qu'il me restait encore une bonne partie de mon temps libre pour profiter de cette nature verdoyante. Je m'allongeai par terre et regardai le ciel bleu légèrement caché par les feuilles des 

arbres. Les quelques feuillages tombaient du ciel, chutant au ralenti avant de toucher le sol avec une élégance naturelle. Les branches dansaient au rythme du vent, le soleil illuminant leurs habits de couleurs. Cette nature est vraiment splendide… Cette ouverture sur l'azur me fit penser que la Mère Nature était bien trop précieuse pour la laisser se faire détruire par des humains qui s'intéressaient trop peu à la conservation de la nature. J'envoyai un message à Isda pour lui dire de venir me rejoindre devant le bâtiment principal quinze minutes après. Je reçus une réponse quelques secondes après. Je rangeai ensuite mon portable dans ma poche et mis ma main vers le vaste cosmos. Cette bouffée d'air frais me faisait le plus grand bien, j'en avais grandement besoin pour ne pas penser à ce qui m'attendait après les deux dernières épreuves. Une feuille d'arbre tomba dans ma main, je serrai le poing et ramenai ce pétale contre mon cœur. Ce cadeau de la nature allumait un peu plus la flamme de mon cœur de glace. Les dix dernières minutes furent assez courtes, je sortis de la forêt et marchai jusqu'à l'immeuble central, je vis Isda qui m'attendait face à la bâtisse dominante.


    — Tu es en avance ! Tu veux qu'on y aille maintenant, demandai-je en arrivant devant elle.


    — Ça me va !


    Nous entrâmes dans le hall du monument. Nous marchâmes jusqu'à la porte de l'administration de la directrice, je toquai à la porte avant d'entendre la voix de la proviseure. J'ouvris la porte et entrai avec mon amie.


    — Ah, bonjour Jemi et Isda ! Que me vaut cette visite ?


    — Eh bien, commençai-je, nous voulons vous parler de Minda… Nous trouvons qu'elle a un comportement étrange. Pour ma part, j'ai remarqué qu'elle n'était pas soulagée de revoir Isda, alors qu'elle aurait dû être heureuse, enfin, je pense… Je ne les connais pas personnellement, mais je ne pense pas que ce soit une réaction normale vis-à-vis de sa sœur jumelle. Et son ton de voix était assez neutre, comme si elle n'avait plus de vie.


    — Mmh… C'est vrai que c'est assez bizarre, finit-elle par conclure. Isda, as- tu quelque chose à ajouter ?


    — Oui, hier soir, j'ai vu qu'elle parlait à un miroir. J'ai trouvé cela inhabituel, mais il y a quelque chose d'encore plus étrange. Elle a parlé de plan, d'étape et de guerre, alors qu'elle ne parle pas de ça d'habitude ! Je ne sais pas quoi en penser, mais elle n'était pas elle-même, comme si quelqu'un la possédait.


    Les paroles de Isda semblaient interpeler l'administratrice, tant bien qu'elle ne réagissait plus. Cette réaction nous rendait perplexes, elle savait forcément quelque chose que nous ne savions pas.


    — Je comprends mieux pourquoi elle est comme ça… Je vais m'en occuper avec les professeurs, ne vous inquiétez pas. Allez vous préparer pour la prochaine épreuve, et si vous voyez quelque chose d'étrange, venez me voir après l'épreuve pour me dire ce que vous avez vu.


    Nous nous lançâmes un regard d'incompréhension avant de finalement sortir de la direction.


    — Je me demande pourquoi elle a réagi comme ça…


    — Je pense que c'est l'œuvre de la personne qui l'a 

kidnappé, supposa Isda. Il a sûrement fait quelque chose pour qu'elle soit dans un autre état d'esprit. Il a quelque chose contre nous, mais quoi ? Nous ne connaissons personne ici.


    — Ce n'est pas une personne de l'université, c'est quelqu'un d'autre qui peut accéder à d'autres mondes, et ça, la directrice le sait. Peut-être que cette personne veut provoquer une guerre entre notre monde et elle-même !


    — C'est vrai que c'est plus logique… Nous allons devoir surveiller Minda ! On devrait aller à l'épreuve, sinon nous allons arriver en retard !


    — Oui allons-y !


    Nous courûmes jusqu'à la forêt où les autres élèves nous attendaient. La première examinatrice que l'on avait vu pendant le test sourit en nous voyant au complet.


    — Super, nous sommes au complet ! Je vais pouvoir vous expliquer comment va se passer cette épreuve. Quoique, je n'ai pas grand-chose à vous dire, puisque vous êtes au courant depuis hier de l'organisation de cette épreuve. Les cibles que vous voyez ont été programmées pour que nous puissions voir la précision de vos attaques. Il y a donc trois cibles, on appellera trois personnes qui passeront et lanceront cinq attaques sur les cibles. Votre objectif sera de viser au mieux le centre de la cible. Bien, que les premières personnes passent, finit-elle en énonçant les trois premiers noms de famille.


    Nous attendîmes sur le côté pendant que les premières 

personnes passaient l'épreuve. Nous touchions droit au but, et nous étions pressés de finir l'examen. J'attendais une demi-heure avant d'attaquer l'exercice sur une des cibles qui étaient libres. Les cinq attaques que je lançais ne touchaient pas toujours le centre de la cible, mais j'en étais fière. Après mon passage, j'allais voir les autres. Je regardai les derniers anges et démons passer. Cette étape était assez rapide à passer, que ce soit pour tout le monde. J'observai les moindres mouvements de Minda, je remarquai que ces yeux avaient une drôle de couleur. Ils étaient légèrement plus sombre et ce changement 

dans ce regard m'embarrassait. Une légère lueur rouge brillait dans ses yeux, je regardai Isda qui hocha la tête. Je compris ce signe, demandai à l'institutrice si je pouvais aller voir la proviseure. J'attendis son accord, ce qu'elle me donna, et partis voir la directrice pour en discuter avec elle. Pour elle, cette modification n'était pas normale, j'avais également le même avis qu'elle. Je repartis ensuite dans le dortoir et m'installai sur mon bureau, j'écrivis la suite de la lettre tout en parlant de ce que j'avais raconté à la directrice sur mon amie. Je partis ensuite dans la salle de bain pour faire ma toilette du soir. Je retournai ensuite dans ma chambre et regardai l'extérieur, ouvrant la fenêtre pour laisser entrer l'air frais. Je mis un peu de musique douce sur mon téléphone et m'installai sur mon lit avec un livre de science-fiction. Ce moment relaxant me fit oublier pendant un court instant que j'allais passer la dernière épreuve le lendemain. Le vent fit partir cette inquiétude dans la douce lumière du coucher du soleil qui disparaissait petit à petit derrière les arbres qui dominaient l'université. Allez, courage Jemi !


    Le lendemain matin, je déjeunai au réfectoire, regardant de temps en temps l'horloge. C'était sûrement l'épreuve la plus difficile de ce test. Je n'avais jamais fait de camping ou d'autres loisirs de la sorte. Je ne connaissais aucune base, ni même les aliments qui pouvaient m'aider à survivre ! Je n'avais aucune idée de comment j'allais m'en sortir, mais je devais le faire ! Je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas décevoir mes parents pendant la dernière épreuve – même s'ils ne me voyaient pas. Je finis de déjeuner et partis devant l'internat, attendant l'ange qui m'avait téléporté dans la forêt pour l'épreuve du sens de l'orientation, comme indiqué dans la lettre qui accompagnait l'emploi du temps.


    — Parfait, tu es là, entendis-je derrière moi.


    Je me retournai et vis cette femme qui m'adressait un tendre sourire. Je fus étonnée de la voir arriver plus tôt que prévu, mais cela était forcément prévu.


    — Pour l'épreuve de survie en forêt, l'instituteur m'a 

demandé de te parler de quelque chose. Là où tu seras téléporté, tu auras un petit sac avec une tente pliable et une petite casserole. Tu devras te débrouiller pour te nourrir et survivre pendant quatre heures en forêt, sans l'aide d'autrui. As-tu des questions ?


    — Oui, comment je peux savoir ce qui est comestible dans la nature ?


    — Pour ça, je ne peux pas t'aider. Tu vas devoir réfléchir aux possibilités pour pouvoir manger. Très bien, j'estime que tu es prête pour l'épreuve, je te souhaite bonne chance !


    Elle claqua des doigts, je me retrouvai maintenant au milieu des arbres, je n'étais pas au même endroit que la dernière fois, mais pour autant, cela ne m'aidait pas énormément. Je regardai autour de moi et vis le fameux sac que la surveillante m'avait parlé. J'ouvris le sac et vis son contenu. Je soupirai de soulagement en voyant qu'elle ne m'avait pas menti, mais j'étais tout de même angoissée dans l'idée de devoir faire de mon mieux pour survivre le plus longtemps possible dans la forêt. Mais comment ils vont faire pour savoir ce qu'on a fait ? Soit ils ont des caméras dans tous les arbres, soit ils peuvent voir à travers nos esprits. Je n'y pensais pas plus longtemps et mis le sac à dos sur mes épaules. Je partis à la recherche de quelques baies et champignons pouvant être comestibles. Heureusement pour moi, je savais à quoi ressemblaient certains poisons, et c'était déjà un poids d'enlevé. Je marchai au plus près des buissons, regardant les fruits qui se cachaient dans le feuillage de ceux-ci. Cette promenade me permettait de récolter quelques baies qui me paraissaient mangeables. Je pris également des pommes en montant sur les arbres, rencontrant de temps à autre des écureuils et des oiseaux. Je mis mes petites trouvailles dans une poche intérieure de mon sac et repris la route pour trouver un camp où je pourrais dîner à l'abri d'animaux sauvages. Je devais être au plus près d'une petite rivière pour pouvoir récupérer de l'eau potable et au plus près d'un chemin pour sortir du bois. Je vis un court d'eau et m'accroupis devant, je mis un peu d'eau fraîche sur mon visage et me relevai, admirant l'environnement.


    — C'est tellement beau… Je pourrais rester ici toute la journée !


    Je me retournai soudainement, sentant une aura familière qui me donnait des frissons. C'était la même que celle que j'avais ressenti quand Minda avait disparu. Je ne savais pas exactement d'où elle venait, elle était tout autour de moi et semblait bouger. Je n'osais pas bouger, cette personne n'était clairement pas un élève de l'université. Cette présence ne semblait pas bienveillante. Elle était même effrayante. Je pris mon courage à deux mains et partis au plus loin de la rive. Cette puissance me donnait mal au crâne, aussi bien que j'avais du mal à courir. Quand je sentis que l'atmosphère devint plus calme, je m'assis derrière un arbre, tenant ma tête entre mes deux mains. La respiration saccadée, je posai l'arrière de mon crâne contre le tronc, regardant les feuilles pour reprendre mon souffle. Je n'avais jamais ressenti autant de stress. Moi qui pensais que j'allais pouvoir passer le test tranquille, je me suis trompée nu ! Je regardai derrière moi, à l'affût du moindre mouvement suspect. Je ne sentis plus cette aura désastreuse, comme si elle avait disparu par enchantement. Je me relevai, faisant tout de même attention à ne pas croiser le chemin de la personne qui avait cet halo terrifiant. Je ramassai mon sac et marchai prudemment jusqu'au ruisseau, mes yeux fusillaient les alentours tandis que mon cerveau analysait la situation. Je n'ai vu personne, et pourtant j'ai bien senti cette aura… Comment c'est possible ?! Je n'arrive même pas à réfléchir correctement tellement je suis angoissée… Une fois arrivée devant ce fleuve, je posai mon sac et sortis une pomme. Je la lavai en vitesse avant de remettre le sac à dos sur mes épaules, de me lever et de repartir de cet endroit de malheur. Je créai ensuite un humain de glace.


    — Tu peux surveiller les environs pour moi ?


    L'humain hocha la tête et se cacha dans un buisson avant de partir je-ne-sais-où. Je repris la marche et mangeai le fruit tout en regardant à droite et à gauche. J'avais certes confiance en ma création, mais je ne savais pas s'il allait survivre à la pression de l'aura démoniaque. Il était tellement fragile qu'une simple aura de démon pouvait le détruire. Je vais aussi devoir améliorer cette imperfection. Je frôlai les arbres avec ma main, des flocons de neige me montraient la direction à prendre pour pouvoir trouver un emplacement pour mon camp. Je savais que j'étais plus loin qu'à l'épreuve du sens de l'orientation à cause de l'obscurité de ce bois.


    Après une demi-heure de marche, je tombai finalement sur un terrain de terre plat avec quelques troncs d'arbre allongés en guise de banc. Je soupirai de soulagement et m'assis sur l'un d'entre eux, posant mon bagage devant moi. Je mis mon trognon de pomme dans la poche extérieure de la hotte et je regardai autour de moi.


    — Maintenant, il faut que je me trouve une occupation…


    Je regardai mon sac et me levai. Les arbres autour du camp cachaient les souches, j'étais donc cachée des autres et potentiellement de l'atmosphère pesante que j'avais ressentie plus tôt. J'aperçus un chêne non-loin du terrain, je m'approchai donc de celui-ci et souris. C'est le bon moment pour s'entraîner ! Je me concentrai et lançai toutes sortes d'attaque sur l'arbuste. Cet entraînement improvisé m'aidait à me défouler, je me sentais beaucoup plus à l'aise comparé à quelques instants auparavant.


    Trois heures passées à m'entraîner, je faisais une pause sur l'un des troncs d'arbre, mangeant quelques baies que je connaissais. J'entendis ensuite une voix dans ma tête.


    

Chers élèves, l'épreuve se termine dans trente minutes. Nous vous demanderons de ne pas sortir de la forêt et de ne pas vous éloigner de votre campement. Un instituteur viendra vous chercher pour vous ramener au bâtiment principal. Vous devrez être prêt à ce que l'on vienne vous chercher.


    

    Je profitai de cette annonce pour me reposer pendant les 

dernières minutes, m'étant entraînée sans m'arrêter pendant ces

trois heures. Je n'avais pas ressenti l'oppression de l'aura 

démoniaque et je m'en réjouissais. Je pris une autre pomme 

dans mon sac et retournai à la rive qui n'était qu'à cinq minutes

du camp. Je nettoyai l'agrume et la mangeai en retournant à 

mon campement. Je m'assis et fermai les yeux, profitant de 

l'air frais qui chatouillait mon visage pâle. Je créai quelques flocons de glace qui volaient grâce au vent. Je souris en voyant cette beauté. Aussitôt, une sirène résonna dans toute la forêt. Étrangement, les animaux n'avaient aucune réaction, comme s'ils n'entendaient rien. L'homme de l'épreuve du travail d'équipe apparut devant moi.


    — Tu es Jemi, demanda-t-il.


    — Oui. C'est la fin de l'épreuve, c'est ça ?


    — Effectivement, et également du test. Je t'emmène aux autres.


    Il claqua des doigts, je me retrouvai à côté d'Isda, sac sur le dos.


    — Alors, comment ça s'est passé ?


    — Plutôt bien, même s'il s'est passé quelque chose d'effrayant…


    — Ah bon, demanda Isda. Que s'est-il passé ?


    Je lui expliquai ce qu'il s'était passé dans la forêt, dans les moindres détails. Je lui parlais également de mes questions. Un professeur entendit notre conversation et vint à notre rencontre. Il me demanda ce que j'avais ressenti pendant cet instant d'angoisse, je lui dis comment j'avais réagi et que c'était la même aura pesante que j'avais éprouvé.


    — Je vais en parler à la directrice, nous allons renforcer la sécurité de notre école et nous allons surveiller chaque entrée et chaque sortie au sein de l'établissement. Vous pouvez retourner dans vos dortoirs. En attendant, nous nous retrouvons la semaine prochaine pour votre rentrée scolaire. Profitez du reste du week-end pour vous reposer, vous recevrez vos emplois du temps dimanche.


    Nous remerciâmes le professeur, tout le monde partit dans son coin. Je pris la route pour aller dans mon internat, confiante. Ce test était certes original, mais j'avais appris beaucoup de choses, notamment que je devais faire attention à ce que je pourrais voir ou entendre autour de moi. Je rentrai dans le bâtiment et montai jusqu'à ma chambre, me jetant sur le siège de mon bureau. Je m'emparai de mon stylo et écrivis sur le papier les dernières lignes de la lettre, sourire aux lèvres. La véritable aventure allait enfin commencer pour moi et pour l'ensemble des nouveaux élèves.


Signaler ce texte