Le vent des nuits d'hiver

pareidolie

Sur le passage de l'enfance à l'adolescence, sur les sens, la mémoire, et l'inhibition.

Les matins d'hiver,
allant à l'école dans le noir,
les lumières de la ville
s'éteignaient une à une,
pendant que ce vent délicieux
caressait mes cheveux.

Ce sentiment était spécial,
car tu étais là,
de l'autre côté de la route.
Nous marchions ensemble,
mais séparés par cette avenue
déserte.

A la fin de chaque avenue,
l'un de nous traversait la route
et l'autre se retrouvait derrière,
jamais à côté.

Alors on prenait le bus, le même bus,
Toi à l'avant, moi à l'arrière,
Nous avons rejoué le même jeu jusqu'au lycée
ou nous étions dans la même classe.

Je ne t'ai jamais rien dit,
tu ne m'as jamais rien dit,
et bien sur je le regrette.
A l'écoute de nos sens
nous sommes restés prisonniers.

Quarante ans ont passé,
certains sentiments restent gravés.
Des parties de notre cerveaux
deviennent du marbre.

Le vent des nuits d'hiver
reste associé à ces
instants de premiers émois,
à jamais,

comme un plaisir sans jouissance,
comme un sentiment qui nous est propre,
qui nous appartient,
difficile à décrire,
et qu'on a pourtant envie de partager,

dans le futile espoir
qu'un jour elle le lise
et qu'elle se dise,
c'était moi, l'autre dans le noir
de ce vent des nuits d'hiver.


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