Le véritable voyage
rafa
L’éternelle insatisfaction,
Douane de l’exigence quotidienne,
Il faut doser, faire attention,
La coupe est bonne mais jamais pleine.
Je me souviens de ce jeune homme,
Les pieds sur terre, la tête ailleurs,
Qui acheva ce premier tome
En recherchant une terre meilleure.
Trop impatient de s’en sortir,
C’est un lundi qu’il prit la route,
Il est trop long de voir venir
Lorsque l’action fait place au doute.
Je le revois fier comme un coq,
Bardé d’un sac et d’un billet,
Il se voulait fort comme un bloc
Mais avait bien les yeux mouillés.
Il arriva dans ce pays,
En arpenta de nombreux autres
Fit des rencontres, eut des amis
Et oubliait qu’il fut des nôtres.
Je pense pourtant qu’on lui manquait,
Mais l’homme sait s’habituer à tout,
Comblant l’absence par les excès
N’écoutant plus et feignant tout.
Il aima croire qu’il était libre,
C’est ce qu’on croît quand on est loin,
On oublie même qu’un cœur qui vibre,
Peut s’arrêter le lendemain.
J’entends encore la pluie tomber,
D’un soir où il nous appela,
On l’entendit nous rassurer
Avec ses mots mais sans la voix.
Il continua encore un peu
De continents en découvertes
Puis s’arrêta, s’aperçut que,
L’herbe recherchée n’était plus verte.
Je me souviens de son retour,
Celui d’un homme en terre promise,
Celui d’un homme qui fit un tour
Avant de poser sa valise.
‘’Sache que les années nous enseignent
Ce que les courtes journées ignorent.’’
C’est cette phrase dite d’une voix ancienne
Qui le fit revenir au port.
Rafa
10 Mai 2013