Le verre de vin

etiennebnc

La vie des choses, des shoes, des chaises et du cheese... Illustrations d'Hugo C.

Le verre de vin est un peuple immense avec plusieurs classes que l'on peut distinguer.

Le verre de vin a du bol car comme son nom l'indique, il peut plus ou moins prédire un avenir proche. Il lui suffira de compter le nombre de gorgées et devinera si sa gueule de bois du lendemain le laissera de marbre…

Le verre divin est le dernier d'une belle brochette de grands crus. Le dernier verre après les neufs précédents. Neufs, mais à parfaite maturité hein !

Le verre divin peut parfois aussi être verre diva. Sa voix cristalline est à l'égal de sa robe. Fragile, oui, mais magnifique. Le verre diva est un divin chanteur, le Castafiore des verres, mais qui ne le brise pas, lui. Si son talent est reconnu et qu'il est apprécié, notons tout de même son caractère capricieux de Maria Callas du vin. Aussi, parfois, le verre divin diva peut être verre divan. Le verre social, le parvenu, le nouveau riche. Celui qui n'est là que pour les apparences. Il aimera se la ramener en parlant des jambes de ses partenaires, il complimentera les robes des femmes et étalera ses connaissances sur le précieux liquide dionysiaque. Le verre divan est généralement un verre vantard mais qui cache un gros complexe d'infériorité par rapport à ses congénères issus de la noble famille. Le verre divan est le Rastignac du récipient, flagorneur et ambitieux. Il quitterait ses parents, des verres d'avant, paysans aux grands coeur pour les vents de la cour.

Les verres d'avant, justement, sont les échoppes des bars et tavernes. Ils prônent l'amitié, la fête, le sexe et la bonne bouffe. Ce sont des bons vivants. Certes, leur richesse ne leur permet pas de boire des grands crus, mais ils s'en moquent, tant qu'ils boivent avec leurs amis et leurs familles.

Le verre d'avant est aussi appelé verre vindiou ! Il peut aussi se transformer, quand il a été fêtard jusqu'à tôt le matin, et qu'il est au volant, en verre « vin deux v'là les flics » !

Leurs enfants sont les verres de cantine, et ils n'ont qu'une envie : grandir ! Alors ils essaient de duper leur monde en s'affichant plus vieux qu'ils ne le paraissent au fond de leur pot. Mais tant qu'on ne leur donnera que de l'eau ou du jus d'orange, les enfants resteront aux tables à manger des écoles.

Et puis il y a l'oncle, pas celui d'Amérique, non, celui de Russie. Le verre Davai. Rempli à rabord de vodka, c'est l'oncle qui soûle. Il n'est pas à pied, et heureusement, il n'est pas non plus en voiture.

Voilà les différentes catégories de verres que l'on peut rencontrer. Le « verre devant » n'est autre que la traduction québécoise de « vers l'infini et l'au-delà ». Cela n'a donc rien à voir. Idem pour les vertèbres, les verbes être, les verdâtres et autres vergetures…

Ce dont on peut être sûr, c'est que le verre de vin, est sûrement le fidèle ami du poète maudit. De l'écrivain, grattant des vers en vain, ne valant pas plus de vingts sous, mais flirtant avec le verre jusqu'à être saoul au vin.

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