L'éducation.

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Extrait : "On avait une vraie connexion lui et moi, et c'était excitant." (ndla : je vais le modifier quand j'aurais le temps. Il est PLEIN de fautes et d'incohérences de temps.)

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On ne se connaissait pas beaucoup quand j'ai commencé à tomber amoureuse de lui. Nous n'avions pas les mêmes amis, et n'étions pas non plus dans la même classe. Mais je l'ai remarqué dès mon premier jour au lycée, à ma rentrée en seconde au mois de Septembre il y a trois ans. Il avait un an de plus que moi, et sa se voyait.
Parce que quand je l'ai percuté, il ne s'est pas excusé en baissant les yeux, comme n'importe quelle première année l'aurait fait. Je me suis excusé maladroitement, en espérant qu'il ne me cherche pas d'ennuis, et il a juste répondu gentiment : « Fais attention, les couloirs sont étroits dans l'aile B ». Il m'a demandé si j'avais quelque chose, mal quelque part, et après le silence le plus gênant de mon existence, il est parti rejoindre ses amis.
Je l'ai croisé tous les jours après ça, et il ne se souvenait manifestement plus de moi.

Nous sommes tombés dans la même classe lors de ma seconde année au lycée, en classe de première. Et j'ai été surprise de le voir ici. Il avait redoublé son année, et s'était installé au fond de la classe avec un type que je n'avais jamais remarqué. Je l'ai observé rentrer dans la classe tous les matins, durant l'année entière, alors que de mon côté j'étais toujours collées devant. Je ne me souviens pas lui avoir parlé cette année-là, ou que très peu. Son ami Maxime était quelqu'un de très imposant, et personne ne se risquait à aller les déranger. Ils n'étaient pas intimidants pourtant, juste, ils ne se mélangeaient pas.
Toujours est-il que je l'ai observé tous les jours de cette année sans qu'il ne s'en rende compte. Quoi qu'une fois, je suis quasiment sure qu'il s'est tourné vers mois dans un des couloirs de l'aile B, et qu'il m'a souri.

A ma rentrée en dernière année, nous avons étés mis dans la même classe pour la seconde fois. Vous savez, il y a deux sortes d'élèves au lycée : ceux qui se fichent de leur atterrissage parce qu'ils ont des amis partout, et ceux qui ont eut les même camarades de classe durant toute leur scolarité, qui s'en accolent très bien; et qu'un jour sans prévenir, on tire au sort et jette dans une autre jungle. C'est ce qui nous ait arrivés, à Ethan et à moi.

Quand je suis arrivée dans la salle de classe, le jour de la rentrée, je l'ai vu assis près de la fenêtre, au fond ; là où il s'installait toujours avec Maxime l'année dernière. Du regard, j'ai rapidement fait le tour de la classe et j'ai compris qu'il était la seule personne dont le visage m'était familier.
« Je peux m'installer ici ?
- Sam ? Oui, bien sûr. »
J'avais subit une sorte de transformation pendant l'été. Mon brun naturel avait laissé place à de petites mèches légèrement rougies sur mes cheveux, je me maquillais un peu aussi, ma taille s'était affinée et j'avais perdu du poids – grâce à une opération de l'appendicite. Mes vieux vêtements avaient été remplacés pendant les soldes aussi, ma sœur avait bien voulu m'aider à y voir plus clair. Je devais avoir l'air plus mature je crois, plus féminine aussi.
Je crois qu'il ne m'a reconnue tout de suite quand je me suis installée. Il m'a dévisagée.

Nous avons commencé à parler au cours du début de la seconde semaine de cours. Les autres n'étaient pas méchants, mais ils se connaissaient tous depuis le collège, et ne nous permettaient pas vraiment de nous intégrer. A deux contre vingt-six, on préférait rester de notre coin. Et Ethan, tout comme moi, ne semblait ni avoir l'envie, ni le besoin d'aller vers les autres.
« Toi au moins, t'as l'air honnête. Il m'a dit une fois. »
Alors on est restés juste tous les deux au calme, mais on a commencé à nous faire remarquer à la moitié du premier trimestre. Ethan semblait m'apprécier, et on parlait souvent de tout et n'importe quoi. Cela comprenait nos week-ends, mon chat, ses matchs de foot et les disputes avec nos parents quant à notre orientation. On rigolait beaucoup aussi. Vraiment beaucoup.
Ethan avait toujours semblé très calme avant, je l'avais déjà entendu rire avec Maxime, mais il n'était pas le genre à se faire remarquer. Pas comme moi, qui me faisait toujours reprendre par mes professeurs à cause de mon indiscrétion naturelle. Et quand ça arrivait, en cours d'économie surtout, il riait à chaque fois, en me lançant un petit coup de coude ; série d'une longue et interminable suite d'autres gestes identiques auxquels je répondais par une tape sur sa tempe.
Nous sommes devenus amis naturellement, et même si je désirais plus, nous avions tout de même dépassé la simple condition de camarades de classe. Alors quelque part, c'était amplement suffisant.
Il était beau. Par exceptionnellement beau, pas le genre de beauté qui vous crève l'œil et vous ensorcèle en un regard. Mais il était beau, pour moi il l'était. Pas très grand mais bien assez, et un maigre aussi. Ses cheveux noirs, sa peau grise, presque mate mais pas trop, et ses yeux noisette en forme d'amende. Il était simple, aucune extravagance dans ses vêtement – à part ses Nike ; et il avait des petites fossettes aussi, lorsqu'il riait. J'adorais ça, quand il riait.
Mes amies me trouvaient folles, de parler d'Ethan comme ça, mais je crois que je sais que j'étais juste folle de lui. J'en parlais à Camille surtout, ma meilleure amie depuis la petite école. Elle était compréhensive, mais elle se moquait gentiment de moi. Vrai que j'étais ridicule, mais qui ne l'était pas à notre âge ?

Ethan et moi avons été convoqué deux fois chez le principal, sans que nos parents n'en entende parler. Bavardages intempestifs, notes passables et j'en passe... Et uniquement durant le second semestre. Je ne devrais peut-être pas en être fière, mais je le suis. On avait une vraie connexion lui et moi, et c'était excitant.

Tous les matins, j'arrivais au lycée avec quelques minutes d'avance et après un bref sourire à mes amies, je le rejoignais devant la salle de classe. Il était toujours là plus tôt que moi, et me souriait presque instinctivement. Je le trouvais beau, de plus en plus, au fur et à mesure que l'on se découvrait. On mangeait quelques fois ensembles aussi le midi, mais c'était plus rare. On passait toutes nos pauses entre deux cours à discuter, à rire et se faires de blagues qui je pense, ne faisaient rire que nous. J'aurais pu passer chaque seconde de ces journées avec lui si j'avais pu, mais j'avais d'autres amies, que j'adorais. Et l'année qui se terminait bientôt nous sépareraient. Alors je partageais mon temps.
Elles s'en laissaient un peu aussi, de toujours me voir papillonner à gauche et à droite. Pourtant je faisais de mon mieux pour ne pas les lâcher. Elles étaient toutes dans la même classe, et partageaient des choses que je ne comprenais pas toujours. Alors je me sentais un peu perdue quelques fois, et je cherchais Ethan du regard.
Un jour, il est venu me chercher pendant la pause déjeuner. Maxime était là aussi, quelques pas derrière lui, ce qui rendait la chose un peu étrange. Parce que vous me croyiez ou non, malgré tout mon temps passé avec Ethan, jamais je n'avais eu ne serait-ce que l'occasion de dire bonjour à son meilleur ami.
« Un café après les cours, ça te dit ? »
Mon premier expresso, et ce fut un essaie lamentable. Beaucoup trop amer, et trop chaud. Toujours est-il que l'on s'est retrouvé dans ce petit café du centre-ville, et que je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Ethan et moi avons parlé de tout et de rien, jusqu'à ce qu'il sorte deux petits sachets en tissus de la poche intérieure de sa veste et les pose sur la table. Les cadeaux venaient d'une bijouterie, ça se voyait. Il a ri, ou plutôt souri, en voyant mon expression. Bon sang, est-ce que c'était vraiment en train d'arriver ?
« Fais pas cette tête Sam, c'est juste... »
Vous auriez fondu devant la petite moue qui marquait son visage.
« Je veux que tu choisisses, parce que j'ai essayé mais je n'y arrive pas.
- C'est en quelle honneur ça, Ethan ?
- Tu verras. »
Beau, et mystérieux. C'était ça je que crois qui me plaisait le plus chez lui ; sa façon de ma raconter des tas de choses tout en en cachant une grande partie. Parce que je n'avais pas besoin de tout savoir sur lui, et je crois que même si ça avait été le cas, je ne l'aurais pas voulu.
« Alors ? S'était-il empressé »
J'ai ouvert le premier, qui contenait un petit bracelet en argent. Une petite perle bleue pendait au milieu. Puis j'ai ouvert le deuxième, une paire de créoles simples mais toute aussi joli. Bon sang...
« Alors ? Il a répété.
- Le bracelet, je le trouve plus discret, et passe partout. Ai-je lancé. »
Il n'a rien dit, a souri et nous avons repris une conversation quelconque. Je ne m'en souviens plus tellement en fait, peut-être quelle était intéressante, mais après ce genre de choc émotionnel, je ne répondais plus de rien. Nous étions le 7 Février, et mon anniversaire approchait. Durant les sept jours qui ont suivis, j'ai essayé de comprendre ce qu'il manigançait.
Il me demandait comment je rentrais chez moi en bus, et de quelle couleur était la porte de ma maison, des trucs comme ça. Et je lui demandais pourquoi, mais il répondait par un de ses sourires à fossettes qui me faisait fondre.
Je n'eus aucune explication jusqu'au jour de mon anniversaire. Il a disparu rapidement à la fin du cours, sans m'adresser la parole. Je n'ai pas eu de nouvelles. Nada. Et pourtant, je savais qu'il ne m'avait pas fait choisir entre ces deux bijoux pour rien.
L'appétit m'a manqué ce soir-là, je m'en souviens. Et comme mes parents étaient encore en déplacement, personne ne me força à manger. J'ai fumé une clope en l'honneur de mon dix-huitième anniversaire, toute seule, et suis allée me coucher.
Puis on a sonné à la porte d'entrée, et je me souviens du bond que mon cœur à fait dans ma poitrine. « Pitié, faites que ce soit lui » ai-je pensé, bêtement.
Et ça l'était.

Avez-vous déjà vu un garçon, non, un homme pleurer ? Parce que moi non. J'étais fille unique, et je ne voyais pas assez souvent mon père pour connaitre ça. Ethan lui, était en pleure, lorsque j'ai ouvert la porte. Il était plus beau que n'importe quel jour où il riait. Je lui ai dit d'entrer, et on est allé s'installer dans ma chambre.
« Elle n'a pas voulu de moi... »
Qui ?
Je l'ai pris dans mes bras, sans comprendre ce qu'il se passait.
« Je suis désolé, Sam. Je sais pas pourquoi ...
- Chut.. »
Il a continué à pleurer un moment, puis on est allé sur le balcon de ma chambre fumer un peu. Et c'est là, qu'il m'a tout raconté.
Nina et lui étaient sortis ensembles l'année précédente, et elle l'avait méchamment largué. Ethan en était fou, et je venais de l'apprendre. Ça se voyait. Maxime organisait souvent des soirées chez lui, et à chaque fois, Nina était revenue vers Ethan. Ils s'étaient embrassés, à de nombreuses reprises et même s'il a voulu m'épargner les détails – par pudeur, ou parce qu'il savait, je savais qu'ils avaient couché ensembles toutes ces fois-là. Clopes sur clopes, il a continué à tout me raconter.
« Elle ne m'aime plus, en fait. »
Les bijoux ? Nous étions le 14 Février, et par égoïsme peut-être, l'idée que c'était le jour de la Saint Valentin m'était sorti de l'esprit. Il voulait lui faire un cadeau, et elle le mettait dans tous ses états ; il avait été incapable de choisir.
Mon adresse ? Sans m'en rendre compte, Nina et moi avions vécu à seulement cinq maisons l'unes de l'autre. Nous habitions dans un coin reculé, sur les grandes propriétés à l'extérieur du centre-ville. Elle avait emménagé dans le quartier pendant les vacances d'été avec sa famille, et Ethan ne savait pas comment s'y rendre. Pendant trois heures, il a parlé d'elles. Et lorsqu'il s'est endormi, ses derniers mots furent pour elle.
Pourtant, c'est moi qu'il serra dans ses bras cette nuit-là. Jusqu'à ce jour, j'avais imaginé notre première nuit ensemble, si j'avais imaginé qu'elle pouvait arriver, des dizaines de milliers de fois. Je n'avais jamais imaginé pleurer, alors qu'il dormait en murmurant le nom d'une autre.

Deux semaines de vacances, quelques messages. Quand je suis entrée dans la classe au début du troisième semestre, Ethan était assis à notre place habituelle. Je l'y ai rejoint, et nous avons passé la journée dans un silence pesant. Le reste de la classe aussi d'ailleurs ; le bac arrivait à grand pas, et nos professeurs accéléraient le rythme pour boucler le programme. On était tous aux aguets, pour ne pas louper une miette d'informations.
Ethan et moi ne parlions plus beaucoup. Il m'envoyait de ses petits coups de coude de temps, ou me tapotait l'épaule, mais je ne réagissais plus. Les rendez-vous plus tôt devant la salle, les déjeuner au réfectoire... Plus rien. Je n'en avais plus envie. Ce n'était pas réellement de sa faute, mais c'était comme ça.
La fin de l'année est arrivée plus vite que prévu. Camille et moi avons passé notre semaine de révision ensemble, et je n'ai pas eu de nouvelle d'Ethan jusqu'au premier jour de la semaine d'examens. Nous avions le malheur d'être tous les deux à la fins de la liste alphabétique, alors on s'est retrouvés dans la même salle, et tous les deux l'un derrière l'autre au fond de la salle, côté fenêtre. Il m'a souri quand il a vu ça, et je n'ai pas pu m'empêcher de lui rendre une moue aussi détendue que possible.
Cinq jours. Six épreuves de quatre heures presque, à sentir son regard sur moi, à comprendre que j'avais loupé quelque chose, et qu'après la dernière épreuve, je ne le reverrais certainement plus. Il partait dans l'Est de la France dans une école d'informatique, et même si ça n'aurait pas été le cas, nous nous serions perdus de vue.
Quand ce jour est arrivé, je me suis planté. J'avais toujours été nulle en maths, et malgré les efforts d'Ethan au cours de l'année pour m'expliquer les théorèmes en tout genre et autres équations du second degré, j'ai foiré mon épreuve. J'ai pourtant quitté la salle en dernière, Ethan lui n'était resté qu'une heure et demie.
Il m'attendait, juste en bas de escaliers. Ma tête était vide, la semaine m'avait totalement cassée et je ne savais pas à quoi m'attendre. Pourtant, je me suis arrêtée juste devant lui, et instinctivement je me suis lovée dans ses bras. Mon cœur a fondu quand il m'a entouré de ses bras, et je crois avoir senti son sourire de former contre ma joue.
Ethan s'est écarté, lentement, et a juste dit :
« Merci. »
On a marché l'un à côté de l'autre jusqu'à la sortie de l'établissement. Maxime est venu le prendre en voiture, et moi je suis partie de mon côté.
Et puis plus rien.

Trois semaines encore sans nouvelles. Le plus bête, c'est que j'ai même espéré une notification sur Facebook. Mais rien. Pas un message, pas une seule fois où il a sonné à ma porte pour venir fumé une cigarette sur mon balcon. Je ne l'ai même pas croisé en ville. Camille non plus, et Margot, qui habitait près de chez son père, ne l'avait aperçu que très rarement.
J'ai trouvé un travail dans un restaurant, alors ça m'a changé les idées. Les filles étaient superbes aussi : elles avaient fini par comprendre que j'étais amoureuse de quelqu'un qui ne voudrais jamais de moi dans ce sens-là, et je crois qu'elles se sentaient désolé de ne pas m'avoir soutenu plus tôt. On est sorties ensembles souvent, le soir, elles essayaient même de me caser avec des amis de leurs frères, surtout Margot en fait, mais rien y faisait. Je pensais à lui de moins en moins souvent, mais je l'aimais toujours. Et Camille me réconfortait quelques fois quand j'y repensais trop, en me répétant que malgré tout : il m'avait aimé lui aussi, mais à sa façon.

Les résultats des examens sont arrivés milieu Juillet. Un type du lycée a invité chez absolument tous les élèves de la promo, et Camille a insisté pour qu'on y aille ensemble. On a fait ce truc que font toujours les filles avant d'aller à une grande fête dans ce genre : Margot nous a toutes invitées chez elle, et on s'est préparées comme quand on était petites. Je n'ai pas fait de folies : une robe noire, un peu de maquillage et Laura a insisté pour me faire un chignon.

Et maintenant on est toutes les quatre là, Camille veut boire, et moi je veux juste profiter d'une dernière occasion de le voir. Parce que je suis certaine qu'il sera là, quand même.
Quand Valentin a ouvert la porte de chez lui, quasiment tout le monde était arrivé. Et quand je dis monde, je n'en pense pas moins : presque quatre-vingt personnes. Et après presque une heure à tourner en rond dans l'immense maison, je ne voyais toujours aucune trace d'Ethan. Camille se chargeait de remplir mon verre alors qu'elle avait du mal à finir le sien. Je ne sais plus exactement combien j'en ai bu, mais je titubais un peu lorsque Maxime est venu me voir.
« Il va venir, Sam. Alors arrête de tourner en rond.
- Quoi ?
- Ethan, il va venir. Enfin il est déjà là, mais il s'est planqué parce qu'il a peur que tu le recales. Lâche-t-il. J'arrête pas de lui dire que non, que tu l'aimes et tout, mais il croit qu'il t'a fait trop mal et nia nia nia... »
J'aurais voulu qu'il ait bu beaucoup, mais Maxime semblait incroyablement sobre.
« Je suis désolé Sam, il s'est conduit comme un abrutis. Mais il est toujours comme ça. Les deux cadeaux, tu sais ? Celui que tu as choisis, le bracelet, il est toujours sur son bureau. Il ne voulait pas l'offrir à Nina, il voulait juste que tu choisisses un truc joli pour ton anniversaire. »
Je n'ai pas cherché à comprendre pourquoi il me racontait tout ça, maintenant. Et surtout lui.
« Après pour la crise de larmes à ta porte, il a pas d'excuse. Il croyait vraiment qu'il était amoureux d'elle tu sais, c'était sa première copine. »
Il jette un coup d'œil à un type qui vient d'augmenter le volume de la musique.
« Viens, on va parler ailleurs. »
Je le suis sans rien dire, abasourdie. Je ne sais pas si c'est l'alcool, la fatigue ou le choc, mais je suis littéralement sans mots. On monte les escaliers et il m'entraine dans une chambre où il sait qu'on ne sera pas dérangés ; puis ferme la porte à clé.
« Bref. Il m'a raconté que t'avais pleuré cette fois-là, et il a fait une crise de malade chez moi. Il n'arrêtait pas de s'insulter lui-même, on aurait dit un tarer je te jure et...
- Maxime !
- Quoi ?
- Pourquoi tu me racontes tout ça ?
- Parce qu'il n'arrivera pas à le faire lui-même, et que c'est mon meilleur pote. »
Je souris et le laisse continuer.
« Je peux continuer ?
- Oui.
- Il en était dingue je te jure, je l'avais jamais vu comme ça. On aurait une fille quoi ! Pire ! Bref, après il m'a dit que tu venais plus le voir avant les cours, et que vous ne parliez quasiment plus. Ça m'arrangeait je te le cache pas, parce qu'il parlait plus que de toi, même dans les vestiaires après les match. Il voulait même t'inviter à venir nous voir jouer un jour. Ça me saoulait un peu, je crois pas lui avoir déjà autant parlé de ma copine moi... »
J'éclate de rire, sous les effets de l'alcool.
« Merde te marres pas ! Je suis sérieux là ! Bref !
- Excuse-moi. Je ri encore.
- Il a plus parlé de toi après, enfin il a plus parlé beaucoup tout court. Je sais pas vraiment quand il s'est rendu compte qui était amoureux de toi, parce qu'il l'est vraiment, je me fou pas te gueule. Je n'oserais pas. Mais en tout cas, je crois que ça lui a fait super peur, et super mal. Il jouait beaucoup plus au foot, et il courrait plus vite aussi. Il se défoulait je crois. Je sais pas si il t'en a déjà parlé, mais il a pas mal de soucis avec sa famille et tout... Alors le sport ça lui fait du bien tu vois. Mais là c'était pas pareil : il ne parlait pas beaucoup, mais il courrait deux fois plus. »
J'ai la tête qui tourne.
« Enfin ce que je veux te dire, c'est que si tu ne fais pas ce qu'il faut, il va continuer à courir.
- Je...
- Enfin tu vois...
- Non Maxime je... Je crois que je vais vomir.
- Merde ! »
Il me lève – on était assis ?, et m'entraine du mieux qu'il peut dans le couloir. Ma tête tourne affreusement vite, et la moquette ivoire du sol se rapproche dangereusement. Maxime réussis à me porter jusqu'à la salle de bain, et je perds le contrôle. Je béni Laura et son chignon avant de maudire Camille et sa mains généreuse.
Maxime m'aide à me relever. Il pose ses mains délicatement, un peu trop à mon goût, sur mes hanches et m'entraine contre son torse pour ne pas que je perde l'équilibre.
« Dans quel état tu t'es mise, Sam ? »
J'entends le rire d'Ethan contre mon oreille. Ses mains font pivoter, doucement, mon corps, et je lui fais –enfin- face. Je ne sais pas si c'est l'alcool, le manque ou les déclarations de son meilleur ami, mais je le trouve encore plus beau qu'avant. Il a coupé ses cheveux, et il a l'air un peu fatigué, mais bon sang, il est toujours aussi beau.
Trois semaines seulement, et j'ai l'impression pourtant de le découvrir pour la première fois.
« Tu ne vas pas me vomir dessus, si ?
- Non.
- Je le mérite pourtant, non ?
- Si. »
Il ri, bon sang il ri !
« Sure ? Me demande-t-il, avec ses fossettes toujours incrustées sur son visage.
- Non.
- Alors quoi, t'as peur de moi maintenant ?
- C'est toi qui devrais avoir peur de moi, non ?
- Si. »
Ça n'a jamais été comme ça, entre nous. Un an à parler sans sous-entendus, sans que je ne ressente émaner de lui une quelconque attirance pour moi. Et le voilà là, maintenant, avec moi dans cette salle de bain.
J'ai imaginé des tas de choses possibles entre nous, des tas. Jamais une fois mon esprit ne m'a guidé dans cette salle de bain, chez ce type, Ethan les mains, douces, sur mes hanches.
« Sam, j'ai vraiment envie de t'embrasser, de te dire plein de choses, mais je ne veux pas que tu le regrettes. Et puis je suis mort de trouille.»
Quelque fois, il ne faut pas réfléchir et prendre les choses comme elles viennent, et j'espère que vous le savez. Quand le garçon que vous aimez est là devant, prêt à vous offrir ce que vous cherchez depuis des mois, vous ne devez pas reculer. Peur oui, mais ne vous enfuyez pas.
Je prends sa main dans la mienne et l'entraine dans une pièce voisine. J'imite les gestes de Maxime et ferme la chambre à clé.
« Qu'est-ce que tu fais ?
- Je rattrape le temps perdu, Ethan. »

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