L'effet Bradley

Clement Billaux

       

Il y eut une guerre.

Il y eut un homme.
////Nous sommes en 1862, et alors que la guerre de Sécession entre les Etats Confédérés d'Amérique et les USA fait rage depuis un an déjà, un homme, un simple homme comme vous et moi, décrète en Septembre laProclamation d'émancipation.
Bien que premièrement critiquée car n'accordant leur liberté qu'aux esclaves situés dans des territoires hors du contrôle de l'Union, elle sera étendue à toutes les Etats-Unis en 1865, et affirmera une fois pour toute l'abolition de l'escalage dans ce qui devait devenir plus tard le symbole de la démocratie dans le monde.
La Confédération, vaincue, se tait et plie l'échine. Les lois ont cette force de s'imposer aux mentalités. Mais les mentalités ont cette force de pouvoir survivre aux lois.
Cet homme, ce simple homme comme vous et moi, s'appelait Abraham Lincoln.


Il y eut une femme. Il y eut un homme.
////Nous sommes en 1955, et alors que s'applique dans l'Etat de l'Alabama, à l'instar de nombreux autres états américains, une ségrégation raciale dure et injuste vis-à-vis de la population noire-américaine, une couturière refuse de céder sa place à un blanc dans le bus.
D'abord déboutée par la justice puis soutenue dans son appel par un jeune pasteur noir d'Atlanta, elle et le mouvement de masse qu'ils créeront aboutiront, après plus d'un an de boycott de la fameuse compagnie de bus, à la reconaissance de l'anticonstitutionalité des lois ségrégationnistes dans les bus par la Cour Suprême.
Cette couturière, cette simple couturière, s'appelait Rosa Parks.

////Le pasteur qui l'accompagne décide lui de poursuivre son combat. 
Nous sommes en août 1963, et devant le Lincoln Mémorial à Washington, ce dernier prononce en face de centaines de milliers de personnes un discours qui à jamais le fera entrer dans le panthéon des plus grands orateurs américains. Une phrase, une idée y revient près de dix fois. Le rêve.
Le rêve qu'un jour, dans les allées embrumées par les bouches de métros de New-York, dans les plaines sèches et arides du Texas, dans les Rocheuses et au bord de la mer, un blanc et un noir puissent parler, travailler ensembles, d'égal à égal, simplement.
Ce pasteur, ce simple pasteur assassiné cinq ans plus tard pour ses idées progressistes, s'appelait Martin Luther King.

Il y eut un homme.
////Nous sommes en 2008, et au Grant Park de Chicago, devant une foule de 200.000 personnes, le candidat démocrate annonce officiellement sa nomination en tant que 44ème président des Etats-Unis d'Amérique. Le nombre de grands électeurs qu'il a remporté est plus du double de celui de son adversaire. Soit, le peuple l'a élu pour son charisme, son dynamise et son programme novateur, son "Yes we can" et l'espoir de changement qu'il incarne dans une amérique malmenée par huit ans d'administration Bush. Mais il est plus qu'un candidat. Bien malgré lui, même s'il en a évidemment joué, ce ''noir'' américain est un monument.

Il y eut des hommes, des femmes, comme vous et moi, et leurs sacrifices aboutirent à cet homme.
Cet homme, ce simple homme comme vous et moi, s'appelle Barack Hussein Obama.
Chapeau, l'artiste ;)


Il y eut une guerre.
Et le 4 Novembre 2008, devant les yeux du monde entier, elle prit fin.

-=[Article écrit le 5 Novembre 2008]=-

Signaler ce texte