Lendemain douteux
[Nero] Black Word
Fraîchement sorti de sa profonde torpeur, les yeux martyrisés par le soleil et sa tête torturée par le bruit ambiant, Richard finit par se réveiller. La gueule de bois et le levé du jour étaient là pour l'accueillir.
Il arracha son visage du sol goudronneux et se redressa péniblement, forçant son corps rongé de courbatures à se tenir debout. Richard du s'adosser à un mur pendant de longues minutes avant de prendre conscience de sa situation et de commencer à se rappeler. Il commença par ce blouson en cuir qu'il portait en pleine période d'été.
"Ce blouson est bien le mien, mais pourquoi l'avoir pris ?"
Se dit-il entre deux douleurs au cerveau. Mais ses pensées furent prit de stupeur en regardant son T-shirt blanc, maculé de taches d'alcool et de sang. Refermant précipitamment la fermeture éclair de son blouson, guettant le moindre passant qui aurait été témoin de ces traces rouges, le jeune homme força sa tête à se souvenir. S'aidant en fouillant ses poches.
Il trouva dans l'une d'elle une paire de gant en cuir, dans une autre un bout de papier plié en quatre. Une adresse et un horaire y étaient grossièrement écris. Richard, le front en sueur, disséqua ses méninges.
La veille au soir, il s'était rendu dans le centre ville pour attendre un ami Richter. Ce dernier l'avait emmené boire un verre dans un bar animé par la projection d'un match de foot sur grand écran. Il se souvenait de la difficulté qu'ils avaient eu à commander.
Ils avaient consommé quelques verres avant que son camarade de soirée ne l'emmène s'amuser chez des amis à lui, il rajouta subtilement que cette soirée sera mémorable. L'alcool avait fini par faire son œuvre et le trou noir vint corrompre ses souvenirs, peut-être qu'il aurait plus de chance plus tard.
Respirant profondément, luttant pour faire abstraction de ses douleurs et à cette sensation étouffante sous son blouson, Richard déambula dans la rue en cherchant le chemin le plus rapide jusqu'à chez lui.
Le trajet lui sembla interminable et éreintant, sa gorge sèche le suppliait à chaque expiration de lui offrir de l'eau. Il trouva presque miraculeux de franchir la porte de son hall d'escalier où il put enfin se libérer de ce cuir. Patientant devant l'ascenseur, le corps posé contre le mur, il farfouilla dans ses poches intérieures.
Ses doigts se frottèrent à quelque chose de métallique et un peu liquide. Les yeux péniblement ouverts, Richard sortit au grand jour le mystérieux objet et y fixa son attention. Deux secondes plus tard, sa main le laissa tomber au sol en étant pris de recul.
À ses pieds, les yeux à présent grands ouverts et la gorge nouée, Richard contempla le couteau de chasse qui lui appartenait, recouvert d'un sang encore frais.