L'enfant sage.
-boucle
L'enfant sage.
« Un jour, je quitterai cette école pour devenir un homme qui n'a peur de rien … »
Monsieur Dumoulin, professeur à l'école primaire du village de Thoggins, fit quelques pas qui se firent entendre dans le calme inquiétant de la petite classe. Il fronça les sourcils avant d'empoigner une règle de bois dans ses mains chaudes et vigoureuses. D'un coup sinistre, il frappa le banc désordonné d'un élève qui, ayant la niaise habitude de voguer au loin dans ses pensées si innocentes, n'était pas attentif.
- « Monsieur Noah, auriez-vous l'aimable obligeance de laisser paraître sur votre visage si blanc, une particule d'attention ? ».
Le jeune garçon qui, à présent, était observé avec une curiosité plus grande que la France, s'apprêta à répondre de son insolente voix, quand il ravala ses mots.
- « J'attends votre réponse. Savez-vous, j'ai tout mon temps ». Dit Monsieur Dumoulin, calmant ses nerfs sensibles en déposant ses lourds pas sur le sol poussiéreux de la salle de classe.
Noah se tût toujours. Le silence qui, de nouveau, avait pris possession de l'endroit, proposait un profond malaise. Sauf pour l'enfant visé.
- « Très bien, vous ne voulez pas répondre à ma simple question, monsieur ? Ce n'est pas grave, le directeur n'aime pas les enfants bavards. Filez à son bureau. ».
L'élève ne bougeait point. De ses yeux grands yeux noisette, il observait son professeur sans laisser poindre sur sa figure, un soupçon de peur.
Alors, commençant à être agacé, Monsieur Dumoulin quitta la classe pour y revenir aussitôt, accompagné d'Alfred Picora, le directeur de l'établissement. Du haut de ses deux mètres approximatifs, il était assez sobre. Derrière ses lunettes qu'il laissait tomber sur son nez pointu et allongé, il avait des yeux entourés de rides. Pourtant, il n'était pas vieux, mais, à force de froncer les sourcils devant des élèves dissipés … Voilà ce qui arrive.
- « Quel est l'élève qui doit me suivre, monsieur ? ». Dit-il.
Son associé pointa Noah du regard, la tête haute. Alfred l'appela grâce à son doigt aussi long qu'une queue de souris. L'élève, qui n'était toujours pas apeuré, ouvra la bouche pour prononcer quelques mots.
- « Je ne vous suivrai pas ». Articula-t-il assez lentement, le sourire malicieux et les yeux impitoyablement dirigés vers ses dictateurs.
- « Vous n'avez pas le choix, je vous rappelle, Noah. Suivez-moi, c'est un ordre ». Répondit-il.
Joignant le geste à la parole, il saisit le bras du garçonnet, qui hurla de toutes ses forces en tentant de sceller ses mains au banc de bois si mal ordonné qu'il occupait. Malgré sa grande force, il n'était pas de taille à rivaliser avec le directeur, car celui-ci souleva Noah du sol, lui arrache les mains du pupitre et le transporta jusqu'à la porte de la classe. Réalisant qu'il n'avait absolument aucune chance, l'enfant se laissa, ce qui est fort rare, transporter jusqu'au bureau du directeur. Il fut posé sur une énorme chaise, face au bureau de Monsieur Alfred Picora. Il ferma la porte à clé.
- « Alors mon gamin, qu'as-tu fait ? ». Questionna-t-il.
- « Rien ».
Il eut un rire sinistre et une pointe de moquerie perçait dans son regard de pierre.
- « Ce n'est pas en mentant que tu t'en sortiras ». Hurla-t-il, les mains sur les hanches.
- « Arrêtez de crier ! MOI je n'ai RIEN fait ok ? ». Dit-il, imitant son rivale.
- « Tu ne sortiras pas d'ici, tant que tu ne m'auras pas dit la vérité. ».
Et, prit un instant d'une énorme vague de colère, Noah se leva et, d'un coup de bras, balaya tout sur le gigantesque pupitre du directeur. Puis, il lui lança un regard aussi noir que la pollution qui envahit les mers de notre pays, avant de lui voler les clés. Ne remarquant aucune réaction de la part de l'adulte, il continua, ouvrit la porte et s'échappa. Tout en courant, il regarda derrière lui et, vérifiant qu'il n'était pas suivit, continua son chemin en débutant un rire victorieux, sans pour autant apercevoir monsieur Dumoulin qui se dirigeait vers le bureau directorial. Une bousculade s'effectua entre les deux personnes qui, une fois qu'ils furent reconnus, levèrent les yeux au ciel.
- « Que fais-tu ENCORE là toi ? ». Dit le professeur, une fois levé, se dépoussiérant les épaules.
- « On m'a dit de sortir ». Mentit Noah.
- « Je … N'y crois pas tellement mais de toute façon, l'école est terminée … ». Soupira-t-il en faisant un geste avec le bras qui indiquait au garçon de s'en aller.
Alors, l'enfant couru avec vitesse jusqu'à la classe, où, en une minute, il eut pris son frêle petit manteau et son cartable aussi léger qu'une plume pour rentrer chez lui.
Sur le chemin désert qui menait à la petite ferme où il habitait seul avec ses parents, il marchait d'une manière loin d'être vive. Son envie la plus sincère, depuis qu'il est petit, c'est d'avoir un peu plus d'amis. Car, mis à part les quelques élèves de son école avec qui il parle de temps à autre, aucun autre enfant ne s'approche de lui. La raison est telle qu'aucun garçon de son âge n'habite ici, dans ce petit village presque à l'abandon. Où paysans et campagnards se côtoient. Cette petite vie, à l'abri des regards ou des rires moqueurs, est paisible et reposante. Mais pour Noah, qui est un garçon ayant constamment besoin qu'on s'occupe de lui, de luxe … Ce n'est que l'enfer d'habiter ici. Ce n'est pas pour cela qu'il est malheureux, bien au contraire ! Il s'amuse à faire vivre à ses parents et sa famille, ses professeurs et surveillants, un véritable cauchemar. Et le seul qui le soutient lors de rudes punitions, c'est Wolf, son chien et son meilleur copain depuis que son regard sournois a vu le jour.
Arrivé dans sa modeste demeure, il jeta son cartable de cuir dans le fond du couloir et fit de même avec sa veste.
- « Noah, ramasse tes affaires voyons ! Sinon, ça a été la journée ? ». Dit Claire, sa maman, s'approchant de lui.
Le jeune garçon fit une moue désapprobatrice suivie d'un sourire léger avant de laisser apparaître ses pommettes adorables et son visage d'enfant heureux quand Wolf arriva vers lui et se coucha sur le canapé à ses côtés. Noah le caressa affectueusement et monta dans sa chambre, suivit de son acolyte. Il s'allongea sur le lit et souffla sur la mèche rousse qui retombait sur sa paire d'yeux. Ensuite, prit d'un léger ennui, fit un effort de force phénoménale pour ouvrir l'armoire à jouet du coin de la pièce. Mille et un jouets de toute sorte fusèrent de tous côtés de la chambre. L'enfant referma vite l'armoire et brandit une épée en plastique qui s'était abattue contre le petit bureau bleu. Wolf plongea la tête dans un sac et en ressortit, muni d'un chapeau de pirate sur le dessus de ses longues oreilles qui s'étaient dressées verticalement comme pour représenter un pirate en colère. Noah rigola avant de s'afficher devant son chien, accoutré d'un bandeau sur l'œil droit et d'une fausse jambe de bois. Sautant sur son petit train de bois, ses marionnettes et ses peluches, il débuta une bataille de pirates avec Wolf. Ce jeu ravageant faisait un bruit monstre dans la pièce d'en-dessous, le salon. Le père de Noah y était tranquillement assis et buvait son café. Quand il fut horriblement dérangé par les ravages que fabriquait le chien du jeune enfant, accompagné de son maître.
Il monta à l'étage et aperçu son fils, au sol, occupé à rire, muni de son épée de plastique. La bouche grande ouverte et les bras levés, l'air abasourdi, il observait minutieusement les jeux, livres et vieux objets qui s'étaient étalés sur le sol de la chambre. Noah, le n'ayant pas remarqué, continua son rire enfantin, allongé, les paupières entrouvertes et les bras sur son ventre, plié de gaieté. Son père avança d'un grand pas qu'il posa entre un canard en plastique et une locomotive de bois pour enfin annoncer :
- « Tu vas me ranger tout ce bazar. Immédiatement ».
Sa voie était si calme et son air si neutre que le jeune garçon s'inquiéta. Il regarda longuement son chien qui s'était assis sur le lit, la tête entre les pattes. Noah n'avait pas envie de ranger. Il se leva comme pour laisser un peu de suspense avant de s'installer aux côtés de Wolf, l'air fier.
- « Va s'y, je reste là. Je te regarde ». Continua M. Timard, son père.
- « Je n'ai pas envie … ». Essaya le fils, hésitant.
- « Ah bon ? Et bien tant pis, il ne fallait pas désordonner ta chambre aussi rapidement. Comme je suis bon, je te donne 20 minutes, le temps de préparer la soupe. Quand je reviens, tout doit être nickel ». Ordonna-t-il, tournant déjà les talons vers la porte bleue qui séparait le vaste couloir de l'étage de la pièce où dort le jeune Noah.
Et il sortit. Le jeune garçon, désormais laissé seul avec son animal, fronça les sourcils avant de les lever miraculeusement et de sourire à pleines dents. Il sauta en arrière sur son lit et, de son épée de pirates, il alluma le poste de radio. De la musique se fit entendre, elle était à peine audible alors Noah augmenta le son, au point d'en avoir à se boucher les oreilles avec deux coussins. Mais il s'amusait, il voulait voir la tête de son papa, quand il réaliserait que son fils n'était pas obéissant. Cet enfant se trompait sur toute la ligne, mais depuis toujours, il avait été comme ça. Puis, il eut une idée machiavélique, il éteint le poste, histoire de laisser croire à Monsieur Timard qu'il était sagement en train de ranger, et descendit les escaliers à pas de souris. Il entrouvrit les tiroirs de la cuisine, qui étaient assez proche du plan de travail où cuisinait son père, sans pour autant se faire remarquer. Il déroba le tube de mayonnaise et remonta dans sa chambre en ayant un rire moqueur accroché à sa figure de voyou. Arrivé à destination et prit soudain d'une totale inconsciente, il pressa le tube blanc jusqu'à ce que de la sauce dégoulina. Il aspergea les murs de la substance. Puis il le jeta sur le sol et marcha jusqu'au garage, où il plongea ses mains grasses dans deux pots de peintures, un rouge et un vert. Il retourna auprès de Wolf et colla ses mains au lit, au bureau, aux étagères afin de laisser des traces de couleur sur les meubles. Puis, pour finir, il mouilla la pièce entière grâce à son pistolet à eau tout neuf. Hilare, il se posa sur le sol, à côté de ses marionnettes pour rire un bon coup. Puis il réenclencha la musique pour finalement redescendre voir son père.
- « Papa, j'ai fini, viens me voir en haut ! ». Dit-il, avant de remonter et de s'assoir sur le lit recouvert de taches vertes et rouges.
- « NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOAH ! TU M'EXASPERE ! J'ESPERAIS QUE TU FERAIS DES EFFORTS ET TU CONTINUES A ME FAIRE DES COUPS COMME CA … JE N'EN PEUX PLUS DE TOI ! JE … JE … JE TROUVERAI UNE SOLUTION APRES DISCUTION AVEC TA MAMAN ! MAIS JE PEUX T'ASSURER QUE TU REGRETTERAS TOUTES CES ANNES DE SOTTISES MON ENFANT !!!! ». Hurla-t-il, aussi fort qu'on l'entendit à trois kilomètres à la ronde.
Terrorisé, le fautif se refugia sous le lit et commença à laisser couler une larme sur sa joue chaude. Mais ce fut de courte durée car quand Wolf arriva pour avaler cette goutte salée, aucune ne parvint plus à se libérer du corps du petit monstre. Mais à l'intérieur de lui, il se demandait quelle serait sa punition. Il n'avait pas vraiment peur car il savait que les punitions de ses parents étaient loin d'être terribles. Se libérant du dessous de son lit, il se trouva une place sur un coussin quelque peu déchiré par son meilleur ami et regarda par la petite fenêtre. Wolf dormait. Il resta une petite heure à jouer avec son petit train et à lire des bandes dessinées. Puis, n'entendant plus de bruit à l'étage d'en dessous, il décida d'aller voir. Quand il fut arrivé, ayant glissé sur la rampe de l'escalier en guise de toboggan, il trouva une lettre.
Cher Noah,
Comme je te l'ai dit tout à l'heure, j'ai réfléchis avec ta mère à ta punition. Et il est vrai que, nous avions une petite idée depuis longtemps. Quand tu commences à hurler dans les supermarchés ou que tu renverses des étagères entières de livres à la bibliothèque, nous sommes réellement honteux. Tu aurais pu éviter la sanction très sévère que nous avons prise, mais tu as choisi de commettre une autre bêtise, celle de trop. Ta punition est normalement de t'inscrire en internat dans la ville d'à côté pendant 6 mois. Je sais que ces temps-ci, tu as été très sage. Et que la bêtise que tu as faite était petite comparée aux autres, mais elle n'est pas des moindres .Tu rejoindras l'Académie des Ailerons d'Or. Cet internat est très réputé pour sa sévérité et son attachement aux règles. Cet établissement vit aussi beaucoup comme avant. Ainsi, tu auras un uniforme d'écolier et on exigera de ta part une tenue exemplaire. Les maîtres sont sans pitié et les punitions qu'ils t'offriront avec grâce (rire) te feront regretter tes multiples gestes odieux envers nous et la famille. Nous sommes partis t'inscrire dans l'Académie et nous revenons vite.
Vous auriez pu penser que Noah était attristé et qu'il avait éclaté en sanglots, et bien non. Le jeune homme s'était contenté de jeter la feuille et de la déchirer en mille morceaux tellement il était énervé. Il ne comprenait pas le geste de ses parents. On toqua à la porte, le visage de ses parents fut aperçu par le jeune garçon et il fronça les sourcils avec un sentiment de haine incontrôlable.
- « COMMENT VOUS AVEZ PU ME FAIRE CA ? ». Hurla-t-il en leur jetant les bouts déchiquetés de la lettre.
Le couple se regarda et souffla.
- « Nous n'avons pas envie de débattre sur ce sujet. Mais tu es inscrit. Tu pars demain matin. Le dîner sera bientôt prêt, monte dans ta chambre ». Ordonna le père.
Quand Noah fut monté, Claire, la mère, éclata en sanglots. Le fait d'abandonner son fils, seul à des inconnus lui fendait le cœur mais elle savait que c'était bon pour lui. Son mari lui tapota et le dos avant de l'embrasser et de la serrer dans ses bras. Elle essuya ses joues empourprées et prépara le repas. 30 minutes plus tard, il fut prêt et Noah descendit. Le souper se passa avec un air glacial et dur qui passait dans les âmes des membres de la famille pour leur imposer un regard de pierre.
- « Noah … Il faut que tu ailles préparer tes affaires ». Dit le père de famille.
- « Je suis content, demain je ne vous verrai plus ». Dit le garçon, sentant une larme chaude couler sur sa maigre joue.
Il monta dans sa chambre, prépara sa valise et se mit en pyjama. Il se coucha très vite pour essayer de ne pas fondre en larme le dernier soir dans sa maison.
Le lendemain matin, quand il eut mangé, qu'il fut propre et bien habillé, lui et ses parents se mirent en route. C'était un trajet assez long alors il passa le temps en jouant avec sa vieille Gameboy qu'il avait retrouvée en ouvrant l'armoire à jouets. Pour énerver ses parents, il augmenta le volume au maximum. Son père lui arracha le jeu des mains. Noah commença à crier dans toute la voiture. Il détacha sa ceinture et passa devant pour reprendre son bien. Ce qui déconcentra sa maman, qui était au volant. Elle se gara sur le côté. Le père sortit de la voiture, la Gameboy en main, et entraîna sa femme avec lui. Leur fils voulut sortir, mais la mère l'enferma dans l'auto en verrouillant les portes. Il tapait sur les vitres avec une haine de fauve. Ne pouvant plus rouler avec Noah à bord, le père composa le numéro de téléphone de l'internat pour qu'il vienne le chercher. Au bout de 25 minutes d'attente, une grande camionnette bleue avec le logo des Ailerons d'Or gravé en lettres d'or se gara aux côtés de la voiture des parents du garçon.
- « Que se passe-t-il ? ». Demanda un grand homme, vêtu d'un grand manteau gris qui semblait dater du XVI siècle.
- « Notre enfant devient véritablement ingérable, c'est celui que nous voulons placer dans votre centre si réputé ». Dit la mère, inquiète.
L'homme s'approcha de l'auto et aperçu Noah qui était en train de s'amuser à abaisser les sièges de la voiture plus de faire un grand saut vers le coffre. Il était bourré d'énergie.
- « Cet enfant me paraît difficile, nous allons le ramener à l'ordre très vite. Nous le prenons à notre charge dès maintenant, ouvrez la voiture s'il vous plaît ». Dit le monsieur.
Le père obéit et Noah sauta de la voiture sans réfléchir. L'homme au manteau gris chuchota quelque chose aux parents et il saisit l'enfant par le bras. Malgré ses cris inlassablement poussés, ses coups de pieds et les morsures que Noah lui infligeait, il resta neutre avant de l'attraper par le col et de lui dire :
- « C'est moi qui commande. Inutile de lutter ».
Le garçon le foudroya du regard et les guetta ses parents un instant, qui venaient de prendre la route du retour. Quand il entra dans l'espèce de petit camion, Noah sembla calmé. En réalité, il était en train d'observer avec curiosité les personnes qui l'entouraient. Personne ne parlait. Un petit homme assez dodu conduisait le véhicule, le directeur du centre tenait le garçon fermement par le bras pour éviter des désagréments semblables à ceux qu'ont subis les parents de l'enfant. Deux femmes et un autre homme étaient là aussi, mais Noah ignorait quelles étaient leurs fonctions. Et puis, à l'arrière, il y avait des enfants. Des grands, des petits, des tristes et d'autres qui affichaient un sourire inespéré. Le garçon, ayant l'envie de faire connaissance avec ceux-ci, bougea légèrement le bras mais le directeur le tint plus fort encore. Noah le regarda et, par le langage visuel, lui fit comprendre qu'il ressentait le besoin de se faire de nouveaux amis.
- « Vous vous parlez tout à l'heure, dans votre chambre ». Dit-il en cessant tout de même la pression qu'il infligeait au maigre bras de Noah. Mais il le tenait toujours.
15 minutes plus tard, la troupe était arrivée à l'internat. Les enfants prirent panique en apercevant une vingtaine de personnel enseignant, de gardiens, de chefs de nuit, de titulaires, rangés derrière un troupeau énorme de jeunes pensionnaires. L'homme qui tenait Noah sortit, le lâcha et fit sortir les autres enfants de la camionnette. Le chauffeur, les deux dames et l'autre homme les suivirent. Tous les futurs amis du jeune garçon levèrent la tête pour admirer la hauteur inimaginable du bâtiment. Notre petit rusé les imita et voulut s'avancer de plus prêt. Il tenta donc de faire un seul petit pas, personne ne l'en empêcha alors il marcha avec entrain jusqu'à la grande porte. Au moment où il allait toucher la poignée, deux gardes du jour débarquèrent derrière lui et, par surprise, posèrent leurs bras en dessous des siens, pour ensuite le soulever. Noah bougea un peu les pieds mais, après avoir observé la carrure de ses adversaires, se laisser amener jusqu'au directeur qui l'avait déjà tenu. Pendant ce temps, il était observé par le personnel et les enfants. Le directeur le plaça devant lui et lui tint l'épaule avec une technique efficace qui, au moindre geste de l'enfant, le retenait d'un petit geste du poignet. Noah se sentait enfermé. Alors il respira un bon coup et eut un sourire sournois. Il jura de leur faire mener la vie dure, à tous ces « grands ».
- « Bon, pour ceux qui me connaissent, inutile de me présenter. Mais nous accueillons en ce jour, 5 nouveaux arrivants. Et, j'avertis tous les enseignements que celui placé devant moi me semble coriace. Il s'appelle Noah, et les autres se nomment Clotaire, Cédric, Gregory, Julien et Henry. J'espère qu'ils sauront mieux se tenir que notre ami Noah. Alors, je m'appelle Rudy Saccaro et je suis le directeur de ce centre. Voilà, je crois que c'est tout. Les titulaires se chargeront du reste, pendant qu'ils visitent leur chambre, les autres élèves, vous avez une pause d'une demi-heure ». Déclara le grand homme.
Il lâcha le garçon et ordonna à une dame au visage humble de les conduire au dortoir numéro 17. Elle obéit rapidement et, après avoir monté 3 escaliers tournants, les 5 garçons se retrouvèrent devant leur chambre. Elle ferma la porte et les attendit à l'extérieur de la chambre. Sur chaque lit, un uniforme d'écolier était posé et quand Noah découvrit cela, il hurla :
- « C'est laid ! ».
Et il jeta la tenue au sol. Les autres se regardèrent avant de monter sur les lits et de faire pareil avec leurs uniformes.
- « Je propose qu'on soit copains, et qu'on soit plus forts que tous les grands qu'il y a ici, pour qu'on puisse régner et qu'on ne soit pas obligés de porter ces tenues ridicules ». Affirma-t-il, plein d'espoir.
Tous les autres étaient d'accord, alors, démarrant leur petite révolution, ils se mirent en rond sur le plancher poussiéreux. La dame toqua à la porte.
- « Mais que faîtes-vous ! Vous n'êtes pas encore habillés, pauvres choux … Je veux dire, dépêchez-vous ! ». Tenta-t-elle en se forçant à abandonner sa voie si douce.
Mais aucun enfant ne bougeait. Alors elle appela son supérieur.