L'envol amoureux

L’envol amoureux.

Notre histoire avait un penchant naturel pour les transports amoureux déraisonnables.

 Nous n’avions ni règles, ni contraintes. On ne se devait rien, si ce n’est la liberté. Nous avons juste appris à nous connaître, nous apprivoiser.

De là est né un sentiment, le sentiment.

Notre histoire, personne ne l’enviait, pour les gens de notre milieu, de notre espèce elle n’était pas normale. Je la raconte aujourd’hui pour ne pas l’oublier.

Les autres s’aimaient, se quittaient, au gré des saisons. Notre stabilité était un acte de folie.

Notre moteur était les voyages. Je me levais, tu me regardais, et je savais qu’on allait partir. Où ? Peut importe. Rester au même endroit était impossible...

Nous avons voyagé partout d’hivers en étés.

Dans les coins de la Camargue sauvage, notre refuge. Dans l’est de l’Europe, en Scandinavie. Tu disais que tu avais de la famille là bas. Dans les pays du Maghreb, à Marrakech où nous rejoignions des amis, dans les jardins de Majorelle ou encore en Sardaigne.

Il n’y avait pas de limite.

Un matin de Septembre, vint un sentiment de lassitude, le voyage était devenu notre quotidien, notre routine.

Devenir sédentaire serait quelque chose de nouveau. Tu m’as convaincu.

Nous avons choisit la Camargue, évidemment. Nous avons volé des jours et des jours. Malgré le vent et la pluie qui nous ralentissaient, je sentais qu’on approchait, je le ressentais dans mes tripes.

Un jour, enfin, j’aperçu notre refuge au loin, je pris une grande respiration.

Nous allions enfin être bien.

Plus que quelques mètres..

D’un coup, un bruit sourd déchira le silence.

Je me retournais vers toi. Rien. Je ne te voyais plus.

Je te cherchais, tournais, retournais, virevoltais dans le ciel. Rien.

Quand soudain je t ‘aperçu, gisant au sol. Je descendais à toute vitesse, fendant l’air vers ton corps inanimé.

Trop tard.

Déjà la gueule du chien se refermait sur toi. Et je voyais, à travers mes yeux embués, ce monstre, l’air heureux, flatté par son maitre, le fusil à l’épaule.