Les adieux à l'Idée

Raphaël Tayachi

(9782955701935)

Vous tuâtes jadis un homme adolescent,

En son attachement à votre jeune sang,

Et cachâtes alors pour ne pas la savoir,

Notre peine prochaine à ce vôtre mouroir.

 

Car si le dur fut rude et le destin chagrin,

De la chute en ivraie du présentable grain,

Si pénible que soit ou qu'ait été l'absence,

Au matin elle ne vaut pas le prix que l'on panse.

 

C'est Madame que si s'habituer à vos ombres,

Occulta quelques joies de ces journées sans nombre,

A présent se dessine un tout autre fracas.

 

C'est ainsi voyez-vous, oui, de perte en tracas,

Qu'on se transforme vite en un nonchalant ivre,

Auquel et désormais il reste encore à vivre.

 

Non plus rien que sans vous mais sans vous à jamais,

Sans le vicieux espoir des tristes qu'on aimait,

Qu'on aima, n'aime plus, plus assez pour étreindre.

 

Au moment où désir pour toujours doit s'éteindre,

Où rien ne paraîtrait pouvoir l'en empêcher,

Une évidence naît de l'ultime péché.

 

Vous disparaîtrez dès le total abandon,

Des dernières miettes des saints morceaux de femme,

Oubliés en cette âme à la mémoire infâme,

Ou vous ou bien l'idée d'en retrouver le don.

 

Comprenez combien coûte aux amours esseulées,

De devoir par raison s'avouer abattues,

D'avoir à raccrocher sans sitôt dégueuler,

Vous tiendrez lors le proche aspect du perdu tu.

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