Les blessures

zero-janvier

Certaines blessures ne guérissent jamais. La douleur s’estompe, mais la plaie ne se referme jamais complètement. Il suffit d’une simple friction pour que la cicatrice s’ouvre à nouveau, pour que le sang et les larmes coulent à flot.

On redécouvre alors brutalement le choc et l’horreur de la blessure. On replonge dans cette douleur insoutenable qui semble interminable. On oublie les bonnes résolutions et la volonté de tourner la page, de se reconstruire. On voudrait réécrire l’histoire, croire que cela aurait pu se terminer autrement – ne pas se terminer tout court – si on avait agi différemment. On retrouve la colère, la haine, le mépris ressentis naguère, mais aussi la peine indescriptible. On comprend mieux cette mélancolie qui n’est jamais vraiment partie, cette petite musique qui résonne dans les moments de solitude, avec ses notes graves et son rythme désespérément lent. On met un visage sur ce froid qui s’installe en soi quand on entend cette chanson, quand on revoit ce film, quand on repasse à cet endroit.

On se demande, aussi, laquelle de ces blessures a été la plus douloureuse, laquelle reste la plus vive aujourd’hui. Si elles peuvent cicatriser définitivement, comme l’ont promis les amis. Si un départ et une rupture sont comparables. Si ce visage déclenchera à jamais un pincement au coeur. Si cette ville sera toujours associée à ces souvenirs. Si, avec le temps, blesser peut faire autant de mal que d’être blessé.

On essaye tout de même de repenser aux circonstances des accidents de parcours, aux fautes commises et aux leçons retenues. On se promet de ne plus reproduire les mêmes erreurs, d’éviter les excès de vitesse et les priorités grillées. On espère toujours que des moments aussi exaltants nous attendent encore. On guette des signes et des regards. On rêve de Bretagne ou d’ailleurs. On veut croire que cela en vaut la peine.

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