"Les caravanes partirent"
My Martin
Enfance sans père, mère autoritaire
Octobre 1873. Une Saison en enfer. "Le plus malin est de quitter ce continent où la folie rôde…. J'entre au vrai Royaume des enfants de Cham"
1873. Rimbaud (19 ans) rompt avec la poésie
“Je ne pense plus jamais à la littérature”. Rimbaud compte sur des brevets d'invention, la Science gouverne la Poésie objective
1879. 25 ans. Il se prépare à quitter Paris pour toujours. Pendant les dix dernières années de sa vie au Harar, il correspond avec sa mère Vitalie (La Mother, La Mère Rimb) et sa sœur Isabelle (6 ans plus jeune)
“Allons ! La marche, le fardeau, le désert, l'ennui et la colère”
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1879-1880. Bref passage à Chypre -fièvres, paludisme ?
Il part pour la Corne de l'Afrique
Août 1880. Aden l'Arabe. Yémen, sur le Golfe
En Abyssinie (Est de l'Éthiopie. Quatrième ville sainte de l'Islam), ses séjours sur les hauts-plateaux du Harar, alternent avec des replis forcés à Aden
Harar, terre brune, ville sainte inaccessible aux infidèles. 1 700 mètres d'altitude, en pays Galla -les musulmans des plateaux
13 décembre 1880. Alfred Bardey, Pinchard et Rimbaud (26 ans), premiers européens au Harar
Employé de l'entreprise française Mazeran, Viannay, Bardey et Compagnie (faillite en mars 1884. Rimbaud, licencié, est sans travail), spécialisée dans le commerce du café
Rimbaud déteste Harar. “Je vis d'une façon fort ennuyeuse et sans profits. (…) Ce climat-ci est fort traître”
Faire fortune. Photographie, chasse à l'éléphant, commerce de cotonnades, d'armes, trafic d'ivoire, négoce du café, de l'encens. On ne peut espérer devenir millionnaire dans ces contrées, sinon "millionnaire en poux"
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Rimbaud se fait livrer des traités. L'explorateur Jules Borelli : "il sait l'Arabe et parle l'Amharigna et l'Oromo. Il est infatigable". Rimbaud aurait pu être un remarquable homme de science
Jules Borelli 1852-1941, explorateur et photographe français, compagnon d'Arthur Rimbaud en Éthiopie, l'un des premiers Européens à parcourir ce pays
10 décembre 1883. La Société de Géographie de Paris publie le "Rapport sur l'Ogadine", de Rimbaud
"... Voici les renseignements rapportés par notre première expédition dans l'Ogadine.
Ogadine est le nom d'une réunion de tribus somalies d'origine et de la contrée qu'elles occupent et qui se trouve délimitée généralement sur les cartes entre les tribus somalies des Habr-Gheradjis, Doulbohantes, Midjertines et Hawïa au nord, à l'est au sud. À l'ouest, l'Ogadine confine aux Gallas pasteurs Ennyas jusqu'au Wabi, et ensuite la rivière Wabi la sépare de la grande tribu Oromo des Oroussis. ..."
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1885. Affaire intéressante, proposée par Pierre Labatut 1842-1886, un trafiquant français établi au Choa. Vente d'armes à Ménélik 1844-1913, le roi du Choa -l'une des provinces du pays
Revendre à Ménélik (41 ans) pour cinq fois leur prix, 2 000 fusils réformés de Liège (Belgique)
L'interdiction d'importer des armes vient d'être signée entre Anglais et Français
Afin d'éviter la saisie, Rimbaud (31 ans) dissimule son stock dans le sable
Février 1887. Il part seul, avec trente chameaux portant deux cents fusils. Forêts sans chemins, déserts sans secours
Le désert de Danakil (500 km). Les voyageurs redoutent les guerriers Danakils du désert -lances, boucliers d'hippopotame
Arrivée à Ankober, capitale du royaume du Choa. Rimbaud est berné par Ménélik
6 mars 1889, Harar. Reçu signé Rimbaud : « Je reconnais avoir reçu d'Ato Tesamma vingt mille thalaris (th 20.000) pour le compte de Mr Savouré avec S.M. le Roi Ménélik »
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Ménélik II, roi du Choa, futur Négus. Trente mille soldats
Le règne de Ménélik II est marqué par une politique de modernisation intérieure et d'extension territoriale de l'empire éthiopien, qui donne au pays sa forme contemporaine
Menaces par les puissances étrangères, constituer un glacis de protection autour des hauts plateaux, face au colonialisme. Limité au contrôle du Choa, Ménélik agrandit son royaume et crée une véritable force armée moderne, capable de soutenir ses projets impériaux. Il noue des contacts avec les Européens, importe un matériel militaire performant, une supériorité technologique
Trois principaux combats mènent à la suprématie du Choa sur le reste de l'Empire éthiopien
6 ou 7 juin 1882. Contre le suzerain qui impose à Ménélik (38 ans), de lourds tributs annuels. La bataille se déroule à Embabo ; elle oppose les forces de Takla Haymanot, à l'armée de Ménélik qui sort victorieuse de l'affrontement
6 janvier 1887. Contre les émirs et les musulmans du Harar, région rivale des Abyssins. La bataille se déroule dans la plaine de Chelenqo, entre les troupes du Shewa menées par Ménélik II (43 ans) et les forces de l'émir Abdullaï. Les forces du royaume du Shewa remportent la victoire et annexent la ville de Harar, ainsi que la province du Hararghe -région Oromia et région Somali. Placées sous l'administration du Ras Mäkonnen, qui s'est illustré durant le combat
1er mars 1896. Enfin, devenu Négus le 3 novembre 1889, Ménélik (52 ans) se retourne contre les Italiens, dirigés par le colonel Baratieri -tentative d'étendre la colonie italienne d'Érythrée. Avec les fusils que les Italiens lui ont vendus, il leur inflige la sévère défaite d'Adoua. 100 000 Éthiopiens répondent à l'appel du Négus Ménélik II. Bien armés et dotés d'une artillerie grâce à la bienveillance des Anglais, ils écrasent une armée italienne de 18 000 hommes (dont 10 000 Européens), près d'Adoua -région du Tigré, nord de l'Éthiopie
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Mars 1881. Paludisme
Mai 1881. Syphilis
Abyssinie, les femmes ont une réputation de beauté
1884, Aden. Rimbaud (30 ans) vit avec Mariam, une Abyssine chrétienne. Six mois, "drôle de ménage"
1885. Lettre d'Arthur Rimbaud à l'aventurier italien Augusto Franzoj. « J'ai renvoyé cette femme sans rémission. Je lui donnerai quelques thalers et elle partira s'embarquer par le boutre… J'ai eu assez longtemps cette mascarade devant moi »
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3 décembre 1885. Lettre à sa famille « N'allez pas croire que je sois devenu marchand d'esclaves »
20 décembre 1889. Lettre à Alfred llg, ingénieur suisse et conseiller de Ménélik. Rimbaud (35 ans) demande « deux garçons esclaves pour [son] service personnel »
Le gouverneur de Zeila, redoutable bandit. Ennemi des négociants et voyageurs européens au Choa. Mohammed Abou Bekr, détient le monopole absolu de la traite des esclaves Amharas et Gallas, vers l'Arabie
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1888-1890. Rimbaud (34 ans) est commerçant indépendant au Harar. Onze caravanes, de Harar à la côte
Panama. Zanzibar
23 août 1887. « Peut-être irai-je à Zanzibar, d'où l'on peut faire de longs voyages en Afrique... »
24 août 1887. « Et peut-être ne partirai-je pas pour Zanzibar, ni pour ailleurs... »
4 août 1888. « Je m'ennuie beaucoup, toujours ; […] n'est-ce pas misérable, cette existence sans famille, sans occupation intellectuelle […] ? »
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Gravement malade, Rimbaud rentre en France
20 mai au 15 juillet 1891. Marseille, hôpital de la Conception (5ᵉ arrondissement), premier séjour
Cancer des os, aggravé par une ancienne syphilis contractée en mai 1881. Rimbaud est amputé d'une jambe
Ardennes. Convalescence à Roche, la ferme familiale, commune de Chuffilly-Roche, à une quarantaine de kilomètres au sud de Charleville-Mézières
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24 août au 10 novembre 1891. Marseille, second séjour, hôpital de la Conception
« à portée de se faire embarquer pour Aden, au premier mieux senti »
Retourner en Éthiopie. Pendant son agonie, il demande à son entourage de le laisser se lever
9 novembre 1891. Rimbaud dicte à sa sœur Isabelle un message (les dents, défenses d'éléphant)
Marseille, 9 novembre 1891
Un lot : Une dent seule
Un lot : Deux dents
Un lot : Trois dents
Un lot : Quatre dents
Un lot : Deux dents
Monsieur le Directeur,
[…] envoyez-moi donc le prix des services d'Aphinar à Suez. Je suis complètement paralysé donc je désire me trouver de bonne heure à bord. Dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord... »
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10 novembre 1991. Rimbaud (37 ans) meurt à Marseille
14 novembre 1891. Sépulture, cimetière Boutet de Charleville-Mézières (Ardennes), ville natale de Rimbaud
Rimbaud lègue 3 000 Francs à Djami Wadaï, son jeune serviteur en Abyssinie
Sa sœur Isabelle respecte sa volonté. Djami est décédé. La somme est remise à sa veuve et à son enfant
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Harar
Forteresse musulmane enclavée à l'est de la chrétienne Éthiopie
Montagnes. Grise et ocre, ville fortifiée. Derrière les anciennes murailles (XVIe siècle) pointent les minarets. Deuxième prière du matin, appels des muezzins
La ville est fondée avant le XIIIe siècle. La tombe de Sheikh Abadir, fondateur légendaire de Harar et second émir, est un site de pèlerinage important
Harar prend de l'importance au XVIe siècle, son Âge d'Or. Cœur des routes de l'Afrique, riche centre culturel -littérature, poésie. Carrefour commercial. Trafic d'esclaves et café, excellent dans la région
Principal foyer musulman d'Éthiopie. Jadis à la tête d'un royaume indépendant. Les guerriers musulmans de la cité menacent l'existence de son voisin d'alors, l'Empire éthiopien copte
L'Église chrétienne orthodoxe d'Éthiopie est statutairement un évêché copte. Du IVe au milieu du XXe siècle, elle reçoit son évêque métropolite du siège patriarcal d'Alexandrie (Égypte)
Dynastie salomonide (1270). Selon la tradition, la dynastie salomonide remonte en ligne directe sur trente siècles, à la reine de Saba et au roi Salomon
1887. Foyer de rébellion. Harar est écrasée par Ménélik II, oncle au deuxième degré d'Hailé Sélassié Ier, le dernier Négus d'Éthiopie, déposé le 12 septembre 1974 par une junte militaire
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Installé à l'extérieur de la muraille près de la porte de Choa, le marché chrétien propose légumes, fruits, épices, fruits secs
Couleurs vives. Les vêtements des femmes Amharas frémissent dans la lumière
Chèvres, ânes, taxis tirés par les chevaux gharis. Montagne Kondudo, chevaux sauvages
Les hautes murailles entourent la ville. De la place principale partent les cinq artères de la ville qui mènent aux portes (XVIe siècle) -Choa, Sanga, Erer, Buda et Fallana
A la tombée de la nuit, les portes sont fermées. Les hyènes rodent. De la nourriture est mise à leur disposition, afin de prévenir les attaques
Par Choa, dédale de passages étroits, labyrinthe. Cent mosquées, constructions d'un étage surmontées d'un fin minaret
Un bâtiment de deux étages de style indien. Le palais des gouverneurs, construit pour le Ras Mekonnen Welde Mikaél 1852-1906, neveu de Ménélik et père d'Hailé Sélassié -il passa ici sa jeunesse. Immigration indienne, maisons traditionnelles du XIXe siècle
Les métiers sont regroupés par quartiers
Dans les ruelles proches de la porte de Buda, les ateliers des forgerons
Près du marché central, les tailleurs -makina guirguir, en raison du bruit des machines à coudre
Marché Madde Dudú. Les terrasses dominent les étals des bouchers. Vautours et milans attendent la fin de la journée, pour descendre et se nourrir des abats
Sur le sol, les femmes Somalies, Amharas et Oromos étalent leurs marchandises -bois de chauffe, charbon
Boire un verre de café, de thé. Fumer une pipe à eau -geie
La tala, boisson alcoolisée locale. Faite de grains de teff (famille du millet), d'orge et parfumée avec des feuilles de gesho -houblon local
Le qat -"arbuste", cultivé dans les environs de Harar, l'une des principales sources de richesse de la ville. Arbuste ou arbrisseau (sorte de fusain), originaire du Yémen et d'Éthiopie. De plus en plus de producteurs se détournent du café pour cultiver du khat -interdit et classé dans les produits stupéfiants dans de nombreux pays, mais pas dans la corne de l'Afrique
XVe siècle. La culture s'étend en Arabie et surtout au Yémen
Les feuilles au goût amer sont mâchées pour leur effet stimulant. Deux jours après avoir été coupées, les feuilles perdent leurs effets psychotropes