Certatiores

Soda Pop

(ELA : TOME II - Chapitre 2)

Le Vieux... qui présidait naguère et pour notre plus grand plaisir, de légendaires séances en soufflerie.

Mouais, car certains soirs après le cassoulet on faisait bien de nos draps de lit, la tante du « Cirque Plinder » par intermittence.

Rhooo que oui, de tels roulements de pets, que ça ressemblait à la bande sonore d'un film sur Verdun. Tiens, comme sur le mont Calvaire, où chaque camp retranché s'en prenait plein les écoutilles !

Faudrait dire aussi, qu'à l'Abbaye de la Confrérie du Bontemps, y'avait entraînement quotidien, compète journalière même, entre les Frères ! Que parfois, une simple pression de la main en guise de bonjour, suffisait au lieu de parler, de placer une louise d'attaque sèche comme un bruit d'étoffe déchirée. Ah, ça oui, bille en tête ! Avec nouzautres, c'était du sans micro, on luttait à cul nu...

Alors, les moinillons d'autour faisaient place rase : le combat singulier s'organisait. On arrangeait une espèce de champs clos en laissant une sorte de ring entouré de tables, de bancs zé de tabourets des fesses !

L'abbé Urbain en personne, alerté (et très alerte) et qui faisait l'élevage des porcs avec les sous-produits du lait, déclarait même souvent, de son auguste personne, qu'il offrait un cochon de plus de 100 kilos au vainqueur ! L'annonce décuplait alors l'excitation ambiante.

Puis, on sommait les z'adversaires de poser les robes de bure. Certains poussaient des cris de stupeur, et se signaient même, en voyant les génitoires des Fréros !

Seigneur ! Une affaire pareille ! Est-ce possible ??? Quel outil, mon Dieu !

A preuve, répliqué-je-t-il ;)

L'Escrimeur ! L'Escrimeur ! L'Escrimeur ! Scandaient mes fans en liesse lorsqu'on me provoquait en duel, glorifiant la longe de mon épée et mes légendaires coups des pets.

D'ailleurs, Je me rappelle un jour où...

Mon adversaire ne devait aucune action de grâce au Créateur : il se trimbalait une ch'tite bistouquette à califourchon sur ses deux noisettes, bref pas de quoi à fouetter une chatte ! Je le louchais alors sur ces chétifs attributs et le railla de fort belle manière :

- Je comprends que tu pètes fréro, t'es vraiment pas équipé pour la pêche !

L'oublié du Grand Barbu tourna sa boîte à Benco de mon côté, et me craqua une louise des plus langoureuses.

- Gâche pas tes munitions, tu vas en avoir besoin ! gueulé-je-t-il

A ce moment-là, je me tourne toujours vers l'abbé Urbain pour l'interroger :

Par quoi commençons-nous-t-il ? Faut de la discipline comme au bon vieux temps ! Je suis insulté quand même !!!

L'abbé tout jouasse qu'il est, assume alors (sans se faire prier !) la direction des opérations de soufflerie...

On va débuter par le pet le plus long, déclara le sage. Y'en a-t-il parmi vous qu'ont une trotteuse à leur montre solaire ?

Trois fréros levèrent la main et furent qualifiés de chronométreurs officiels. Z'ensuite de quoi notre abbé prit un tabouret, s'assit entre les duellistes et nous pria d'adopter la même position : penchés en avant, fesses à fesses (et pas face to face, avé l'accent anglais !) avec les mains en appui sur les genoux.

- Emile va débuter, puisqu'il est offensé ! J'annonce le compte à rebours et quand je gueule le « top » nos frères déclenchent leurs chronos et Emile son pet. Pas déjection... heu... d'objection ?
Il n'y en eu pas.

- Prêt, l'Escrimeur ? questionna l'abbé.

- Prêt, dis-je-t-il.

L'arbitre réputé, commença :
- Cinq...quat'...trois...deux...un... Toooooooop !!!

Il se fit comme une explosion de marmite norvégienne. Ce fut sismique, brutal, ample, mais bref ! On m'entendit m'égosiller :

- Bordel à cul ! Fait chier ! J'ai mal pris mes marques ! Comme un con, j'ai foutu la grande ouverture ! 

- Pauv' cloche ! me lança un collègue frère. Quand je pense que l'autre jour à « Ze Voix » j'ai pas pu écouter Vanessa Parapluie, tant et tellement qu'il louffait en continu, l'apôtre !

Les orificieux chronométreurs annoncèrent trois secondes, ce qui fit jubiler mon concurrent...

(Misère et cordes, 3 secondes... :(

Lorsque le top lui est donné, mon adversaire, lui, s'en donne à cœur joyeux, le grand vilain. Il pète à tue-tête !

Ça commence par une note filée qui dure, dure, n'en finit pas, puis se transforme. C'est mélodieux ! Une symphonie ! Une vraie sérénade, avec des trémolos, des vibratos, des montées en force ! A tout bout de champ (Mouettes et chantons !) tu crois qu'il va s'interrompre pour reprendre sa respiration, mais non, il continue sa loufée géante. Et tu sais quoi ? Il se met à interpréter « vous les femmes » (vous lé faméééééé !) tu tu rends compte ? Avec le trou du cul et c'est aussi bien que Julio Iglésias avec la bouche ! Le don quoi ! Le don qui choque (dé la mancha, Olé !)

Quand il cesse enfin de souffler la merde, une monstre ovation salue sa prouesse. Les fréros subjugués sont en liesse. Ça frétille sous les robes deux burnes ! Les performances de l'instrument à vent, les transportent !

Les orificieux chronométreurs annoncent le chiffre effarant d'une minute douze...

(à suivre)

Traduction auteur : Certatiores -> Duellistes


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