LES FUNAMBULES

Ils étaient comme deux funambules, à se balancer entre honneur et déshonneur, malheur et petits bonheurs.

Ils se racontaient tout par l’intermédiaire de ce fil virtuel. Ce lien ténu se fit plus solide. Il devint corde.

On pouvait marcher dessus, sans se casser la figure... pour une fois. Mais l’un des deux vint à vaciller.

Après s’être rapprochés dans les mots, de plus en plus près, de plus en plus liés, ils en étaient à utiliser le verbe “aimer”.

Ils allaient dans le même sens mais le sens des mots n’était plus le même. L’équilibre redevint précaire, le filin se remettait à bouger sans cesse. Dans des incompréhensions mutuelles.

Oui, l’un devenait petit à petit malheureux et l’autre, à l’autre bout, se demandait bien pourquoi, persuadé que cela ne pouvait pas venir de lui. Il n’avait rien fait de mal, en effet, il bougeait à peine pour garder son équilibre. Pourtant, il avait dit ce mot qui poussait l’autre petit à petit vers le vide.