LES GUERILLEROS

Jacques Penna

VOICI LES PREMIERES PAGE DE MON ROMAN QUI TRAITE DE LA BATAILLE DE CAMERONE

DE L'INVASION DU MEXIQUE  PAR LES TROUPES DE NAPOLEON III A LA BATAILLE DE BAGDAD SUR LE RIO GRANDE

 

LA BATAILLE DE CAMERON OU LA LEGION CREE LE MYTHE.

 

 

I

 

 

Le marquis Gabriel de BERLANGA fulminait.

- Comment ça, ruiné ? Gronda-t-il en se levant brutalement de sa chaise qu'il renversa au passage.

Le notaire qui lui faisait face se leva à son tour. Il était impressionné par la fougue de ce jeune hobereau de trente trois ans. Du haut de son mètre quatre-vingt quatre, BERLANGA toisa le petit homme qui se sentit soudain tout rabougris.

- Comment est-ce possible ? Siffla le marquis en serrant les poings.

Son oeil, teinté de noir par la colère, jetait des éclairs à la ronde.

- Je n'y suis pour rien, monsieur le marquis ! Votre beau-père, le sieur Boyer, a dilapidé votre fortune.

- Il a pu faire ça ?

- Votre mère l'a laissé gérer les affaires et la fortune de la famille.

- Lui... lâcha sourdement BERLANGA...encore lui... toujours lui...

Sa voix avait des relents de meurtre. Il abhorrait son beau-père, lui reprochant d'avoir séduit sa mère et d'avoir indirectement poussé son père au suicide.

Ancien officier sous la restauration, le  colonel-marquis De BERLANGA n'avait pas supporté qu'un jean-foutre le supplante dans le cœur de sa femme. Chez les De BERLANGA, l'honneur primant sur la raison, le père s'était vissé le bout du canon de son pistolet dans la bouche, puis avait pressé sur la détente, mettant un terme prématuré à son existence ignominieuse.

A peine un mois plus tard, sa mère avait convolé en seconde noces avec le beau parleur et cela malgré les hauts cris de Gabriel et du reste de sa famille. C'est qu'il avait une drôle de réputation, le susnommé Boyer. On colportait toutes sortes d'histoires louches à son sujet. C'était un aventurier au passé nébuleux. Un coureur de dot, qui avait fait du commerce d'esclaves et qui s'était vu ruiné par le décret d'abolition du 27 avril 1848, rédigé par Victor Schoelcher.

Le marquis se jura bien qu'à la première incartade, il lui passerait le fer de son épée à travers la carcasse.

De son regard dédaigneux, De BERLANGA détailla la pièce dans laquelle il se trouvait. Il haïssait les rond-de-cuirs et leur sale habitude d'entasser la paperasse. Il laissa son regard se promener sur le fatras de dossiers poussiéreux archivés au fil des étagères couvrant la surface des murs et se dit qu'il y avait là le tout Valladolid répertorié par décès, héritages, ventes de biens, d'immeubles, etc. La poussière qui saturait l'air ambiant le fit éternuer.

- A vos souhaits !

- Mes souhaits, vous ne voulez pas les connaître, monsieur Bigard.

Il avait dit ça d'un ton glacial qui n'augurait rien de bon. Le notaire frissonna et se dit qu'il n'aimerait pas être l'ennemi d'un tel homme. De BERLANGA tourna les talons et sortit en claquant la porte. Le notaire s'épongea le front à l'aide de son buvard et laissa fuser un long soupir.

- Bah mon cadet...

 

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