Les libraires
Cyrille Bouchard
Chapitre/épisode 1
Le « Serre-Livres" est une librairie parisienne prestigieuse installée dans un immeuble cossu de type Hausmann, comprenant tous les trésors que recherchent les amateurs les plus exigeants. Elle comporte également un café très cosy, devenu le lieu de rendez-vous de beaucoup d'écrivains. Aucun thème n'est oublié dans cet endroit élégant, chaleureux, équipé de lieux d'expositions et de repos, d'un café chic et d'une salle de conférence accueillant les plus grandes pointures de la littérature. Passage obligé des éditeurs et des auteurs, elle fait l'actualité sans cesse. C'est LE temple du livre, quel que soit son genre.
En cette veille de rentrée des classes, les libraires s'affairent autour des ouvrages scolaires afin d'aménager un bel espace qui leur sera consacré. Une jeune femme déambule péniblement, les bras chargés d'une énorme pile de livres qui bientôt chancèle avant de s'effondrer sur le sol. Cette chute déclenche un juron tonitruant de la libraire :
- Bordel de dieu ! J'en ai déjà marre de cette rentrée !
- Bordel de dieu ? lui répond l'un de ses collègues, Loïck, occupé à aménager une table de dictionnaires. C'est quoi ce juron ? Ça sent bon la province.
- Et oui, je suis une provinciale moi, je ne suis pas née à Paris comme toi. Et alors, c'est quoi le problème ?
- Il n'y a aucun problème, dit le collègue en l'aidant à ramasser ses livres. Tu sais, je suis né à Paris, mais je suis avant tout d'origine bretonne, et j'y tiens.
- Oui, nous savons. Tu crois qu'on aura fini à midi, Sophie ? lui demande une autre employée.
- J'espère parce qu'il faut que tu m'aides à monter les boxes d'agendas que nous venons de recevoir.
- Mais tu ne peux pas demander à un mec de te donner un coup de main ? Le bricolage, c'est une affaire d'hommes, non ?
- Ben, il n'y a que Damien de disponible. Certes, c'est bien un homme, mais il a deux mains gauches.
- C'est vrai. Bon, on verra, on verra…
Plus loin, au rayon Littérature, Casimir, libraire originaire des Antilles, incontournable expert du polar et de la science-fiction, s'adresse à Estelle, chargée des romans francophones :
- Tu as l'air préoccupée. Qu'est-ce qui se passe ?
- Il se passe que j'angoisse pour l'organisation de la signature avec Gilles Berthier.
- Mais pourquoi ? Tu as parfaitement aménagé l'espace, tout est prêt pour recevoir celui qui parait-il est déjà sur les liste des prétendants au Goncourt.
- Son dernier livre que l'on devait recevoir en avant-première n'est toujours pas arrivé aujourd'hui et je te rappelle que la dédicace est pour demain. Ce n'est pas faute d'avoir pris les précautions en amont.
- Bah, il reste demain. Ne stresse pas.
- Facile à dire. J'avais un mauvais pressentiment. Lorsqu'on l'avait reçu il y a deux ans, il avait été exécrable parce que nous n'avions pas tous les livres qu'il avait écrits. Tu te rends compte ? Tous ses livres ! Mais il en pondu trente-trois en une vingtaine d'années ! C'est impossible d'avoir tout, même pour une signature ! On ne pratique jamais comme ça ! Quel crétin prétentieux !
Un autre collègue arrive, a l'allure un peu efféminée. Il s'agit de Sacha, responsable du rayon Arts et Spectacles.
- Que se passe-t-il ma chérie ? Tu m'as l'air bien énervée.
- Elle a peur que le dernier livre de Berthier ne soit pas là à temps pour la rencontre de demain.
- Oh mon dieu ! Ils ne sont toujours pas livrés ? Ça craint. En plus, il n'est pas commode le Berthier !
- Tu es rassurant, toi ! C'est un plaisir d'avoir un collègue comme toi.
- Oh comme tu parles à ton Sacha ! Tu les auras demain j'en suis certain.
- Ouais. J'espère, sinon je vais me faire tuer par Berthier et par Christophe.
- Christophe est un directeur compréhensif. Pourquoi rejetterait-il la faute de livraison sur toi ?
- Parce que c'est un directeur justement. Et un directeur, c'est… un directeur !
- Tu as fait ce qu'il fallait. Ce n'est pas de ta faute s'il y a un retard de livraison. Retard qui n'a pas encore eu lieu rappelons-le. Appelle l'éditeur pour savoir si tout va bien. Cela devrait calmer tes angoisses.
- Oui, je vais faire ça. Mais avant, un café. Tu viens prendre une pause avec moi mon petit Sacha adoré ?
- Ok ma puce. Je descends avec toi.
- Je viens avec vous, rajoute Casimir.
- Tu es sûr ?, rétorque Sacha ? Si tu viens avec nous, ça va faire ta troisième pause ce matin. On va finir par le remarquer. Avec les commères qu'il y ici, je ne m'y risquerais pas.
- Mais, tu comptes mes pauses maintenant ? La commère, ça ne serait pas toi par hasard ?
- Oh, moi je disais ça pour t'éviter des ennuis, répond Sacha. Fais comme tu veux.
- C'est gentil de te soucier de ma personne mais ça va le faire, mon petit Sacha adoré.
- Pfff. Tu es vraiment bête.
Pendant ce temps, une libraire, Virginie, spécialiste des sciences humaines, est occupée à présenter une opération commerciale dans une zone d'actualité. Fière de ce qu'elle a fait, elle prend le temps de contempler son travail quand une cliente assez âgée l'interpelle.
- Bonjour mademoiselle. Puis-je vous demander quelque chose ?
La vendeuse ne répond pas, toujours absorbée par sa zone évènementielle.
- Hum… Mademoiselle ?
Virginie n'entend toujours pas. La dame s'énerve.
- Mais, allez-vous me répondre à la fin ?
- Pardon ? C'est une honte de parler ainsi aux gens ?
- Mais, cela fait trois fois que je m'adresse à vous et vous n'avez pas daigné me répondre !
- Vous n'avez qu'à articuler. On n'a pas idée de parler ainsi dans sa barbe !
- Comment ? Dans sa barbe ? Vous n'avez pas honte de parler de la sorte à une de vos plus fidèles clientes ?
- Fidèle cliente ? Je ne vous ai jamais vu de ma vie !
- C'est trop fort !
- Et vous vouliez quoi d'ailleurs ?
- Je, je ne sais plus…
- C'est bien la peine.
- Ah, oui ! Avez-vous le dernier Mossu ?
- Quoi ? c'est pour me demander une pareille horreur que vous me déranger ?
- Mais, je décide d'acheter ce que je veux, non ?
- Voyez cette présentation. Vous avez devant vous quelques-uns des livres dont on va parler dans les prochaines semaines. Des découvertes, des pépites sélectionnées par les libraires. Et, devant ces futurs chefs d'œuvre, vous osez me demander le dernier Mossu ? Mais on s'en fout du dernier Mossu ! Tenez, vous le voyez, au loin, là-bas. Allez-vous servir vous-même. Moi, je n'ai pas le temps.
- Vous êtes odieuse ! Je ne vous salue pas mademoiselle. Votre directeur aura de me nouvelles.
- C'est ça, c'est ça…
La cliente s'en va en grommelant
- Mais ils sont malades dans cette librairie. Où suis-je tombée ? Je ne suis pas prête d'y revenir. Sauf peut-être pour parler de cette fille à son supérieur hiérarchique.
La porte d'une des réserves laisse échapper de nouveaux jurons de Sophie, la libraire en train de se battre avec le montage de ses boxes. Dimitri, spécialiste de la bande dessinée, arrive à son secours.
- Mais tu vas ameuter toute la librairie !
- Je n'ai jamais été douée pour monter des armoires en kit, mais là, ça dépasse tout !
- En effet, constate Dimitri en voyant des morceaux de carton éparpillés dans toute la remise. Bon, je vais t'aider. J'ai toujours été imbattable au Mécano. Je devrais y arriver.
Plus tard, Christophe, responsable de la librairie, après avoir longuement tourné dans le magasin, s'adresse à Françoise, du secteur scolaire.
- Tu as vu Sophie ? Je lui avais demandé d'installer les boxes d'agendas avant midi. Il n'y a toujours rien et il est midi bien sonné.
- Je ne sais pas où elle est, mais elle était bien en train de s'en occuper.
- Ah oui ? Pas sur la surface de vente en tout cas. Je vais la chercher.
Il y en a une qui va se faire engueuler, pensa Françoise.
Christophe entreprend de visiter les réserves les unes après les autres et tombe assez rapidement sur Sophie et Dimitri au milieu d'un amoncellement de cartons. Un box est monté mais il a l'air de tout, … sauf d'un box. La forme ne ressemble à rien, sauf peut-être à une créature fantastique. Il sera en tout cas impossible de mettre quoi que ce soit dedans.
- Je vais vous payer une formation bricolage, ce n'est pas possible ! gronde Christophe. Aussitôt, il empoigne son téléphone portable interne.
- Que… que fais-tu, demande Dimitri ?
- J'emploie le seul moyen possible pour être dans le timing. Je vais demander à Philippe, le responsable d'entretien, de les monter, parce qu'avec vous, à Noël, nous y serons encore !
- Tu exagères.
Le regard noir de Christophe coupe court à toute justification. Dimitri consent :
- Tu as raison, l'agent d'entretien. C'est une très bonne idée. Bon, on te laisse voir avec lui. Si tu as besoin…
- Foutez-moi le camp !
Sophie et Dimitri sortent sans demander leur reste.
Charles-André, à l'allure d'aristocrate (qu'il est réellement d'ailleurs) qui a la charge du département Histoire, Géographie et Politique, accompagne un client désirant commander un ouvrage sur Napoléon. Il patiente à un plot d'accueil ou Vanessa, du rayon Loisirs, blonde incendiaire, s'attarde avec un client, lui présentant un décolleté vertigineux.
- Si vous voulez, je vous accompagne au rayon. Je serais ravie de vous conseiller dit-elle. Le client, sous le charme, fait oui de la tête.
- Elle pourrait lui vendre n'importe quoi à celui-là, murmure Casimir.
- Mrrh… si je peux disposer de l'écran Vanessa ? Merci.
- Mais pas de problème Charlie, j'accompagne ce charmant monsieur réplique-t-elle avec un sourire ravageur.
- Pfff… Alors, vous me disiez ? Un ouvrage sur la campagne de Russie ?
Estelle, toujours aussi inquiète, dit à Casimir :
- J'ai appelé l'éditeur. Pour lui, il n'y a pas de problème. La livraison a bien été enregistrée.
- Tu vois. Ne te bile pas. Tout ira bien demain.
Le lendemain matin, Estelle patiente jusqu'en fin de matinée, heure à laquelle parviennent souvent les livraisons express. Mais à l'heure des douze coups de midi, aucun colis du dernier Gilles Berthier n'est arrivé au stock du magasin.
- Je vais me faire tuer par Berthier et par Christophe.
- Mais ce n'est pas de ta faute encore une fois, réplique Casimir.
- Dans ces cas-là, il faut toujours un coupable. Et c'est Estelle qu'on va pourrir.
Chapitre/épisode 2
Estelle explique la situation à Christophe. Contrairement à ce qu'elle croyait, ce dernier se montre compréhensif.
- Bon, on est dans la merde, constate-t-il. Il faut trouver une solution. On ne peut pas annuler cette dédicace. La foule est attendue et notre image ne peut tolérer un échec de cette nature. Sans compter Berthier qui ne va pas se priver de nous griller sur Paris pour un bon bout de temps. Bon sang, ces bouquins ne se sont pas volatilisés ! Je file chez Seuillimard !
- Bon, au moins il ne m'en veut pas, souffle Estelle.
- Tu vois, lui dit Casimir. C'est un vrai manager Christophe, pas un petit chef sans cœur et sans cervelle.
- En attendant, on a du boulot. Tu viens m'aider à ranger les premiers livres de la rentrée littéraire ?
- Bien sûr ma belle.
La libraire subit les vociférations d'un client mécontent à l'accueil du magasin. Venu rendre un livre afin de se le faire rembourser, il se voit refuser cette demande par Marion qui officie à cet endroit. Il s'agit d'un guide de voyage.
- C'est inadmissible ! Il est écrit sur tous vos panneaux que vous reprenez les ouvrages achetés par erreur. C'est une publicité mensongère.
- Il est écrit aussi que nous reprenons les ouvrages lorsqu'ils sont en bon état dans un maximum d'une quinzaine de jours. Là, vous nous rendez, c'est vrai, ce guide une semaine après l'avoir acquis, mais, visiblement, vous vous en êtes abondamment servi pendant vos vacances. Il est dans un état déplorable. Ce n'est plus un guide, c'est une pizza !
- Comment ? Une pizza ? Mais il était dans cet état lorsque je l'ai acheté. C'était le dernier, je n'avais pas le choix.
- Ah oui ? Il est même parfumé. Hmm…, le parfum de la crème solaire, je le reconnaitrais entre mille. Et vous êtes allé où ? Aux Baléares ? C'est logique, non ? Ah, vous avez même écrasé un moustique, là, regardez.
- Ça va, ça va… Allez-vous faire foutre ! L'homme s'en va, furieux.
- Et poli avec ça ! La journée commence bien. On va en avoir toute une brochette aujourd'hui. Les cons, c'est comme les étourneaux, ça vole en groupe.
Une nouvelle cliente se présente devant Marion.
- Bonjour mademoiselle. Avez-vous « Les écrits apocryphes chrétiens » dans la collection « La pléthore » s'il vous plaît ?
- Et bien, je vais regarder. Un petit instant.
- Ne cherche pas, lui indique Estelle, je l'ai retourné il y deux jours.
- Ah, ça arrive souvent, il faudra qu'on fasse une étude là-dessus. Le livre n'a pas été vendu pendant plusieurs mois. On le retourne, c'est normal et, hop, un client se présente pour l'acheter ! C'est un grand classique de la librairie. Il faudra vous le commander madame.
- Et bien non, mademoiselle, c'était pour consommer tout de suite. C'est quand même inconcevable que dans une librairie comme la vôtre vous n'ayez pas « Les écrits apocryphes chrétiens » dans cette fameuse collection. Je suis terriblement déçue mademoiselle.
- Ça aussi, c'est un autre grand classique madame, celui de croire que nous avons tous les livres de la terre. Même avec nos milliers de références, nous ne pouvons présenter la librairie universelle.
- Je suis déçue, déçue, déçue. Elle tourne les talons et s'en retourne.
- Qu'est-ce que j'avais dit. Ça continue. Ah, le téléphone. Si c'est pour avoir un chieur, je raccroche. Ah, mince, c'est Christophe. Allo ? Oui, Christophe, je te passe Estelle.
- Oui, Christophe ? Tu as les livres ? Non ? Tu sais où ils sont ? Ah, bon ? Non ! Mais comment on va faire ? Tu as une idée ? Ok, j'arrive.
- Tu te rends compte Marion, ces imbéciles de transporteurs se sont trompés d'adresse. Ils ont envoyé les livres de Berthier chez « Zadig et Gargantua », nos principaux concurrents, qui nous font la guerre depuis des lustres sur la place de Paris ! Christophe m'a dit qu'ils n'ont l'intention de ne pas nous les restituer tout de suite. Tu parles ! Ils sont tellement jaloux de ne pas avoir eu Berthier en avant-première qu'ils vont tout faire pour saboter la dédicace ! Les enfoirés !
- Comment Christophe compte récupérer les bouquins ?
- Je lui fais confiance. S'il dit qu'il a une idée, c'est que ça tient la route. Bon, je file le rejoindre. On vous tient au courant.
Pendant ce temps-là, Aurélie, responsable du rayon Jeunesse, fait face à une demande habituelle dans un commerce :
- S'il vous plaît interroge une cliente, y-a-t-il des toilettes dans le magasin pour mon fils ? Elle montre un petit garçon d'à peu près trois ans qui, évidemment, à cet âge, a du mal à se retenir.
- Bien sûr madame. Les toilettes réservées aux clients sont actuellement en panne. Nous allons donc utiliser exceptionnellement celles du personnel. Veuillez me suivre.
En arrivant à la porte des toilettes, Aurélie perçoit des gémissements. La cliente, plus à l'écart, n'a rien entendu.
- Attendez, madame, un petit instant, dit-elle avant de pénétrer dans l'espace concerné qui résonne de cris sans équivoque venus de derrière une des portes des WC et de mots qui ne le sont pas moins.
- Oui, oui, oui !!!!!! Oh ! Continue ! Encore !
Aurélie bat en retraite aussitôt.
- Euh… Désolée madame. Les toilettes ne fonctionnent pas non plus. Nous allons aller ailleurs. Tiens le coup mon bonhomme.
- Mais, il me semble pourtant avoir entendu du bruit. Ça a l'air de fonctionner.
- Non, non je vous assure. C'est le plombier qui est en train de réparer.
- C'est plutôt une… comment dit-on ? Une plombière ? J'ai distingué une voix de femme.
- Euh…, oui. C'est ça. C'est une femme. C'est bien normal, non ? toutes les professions se féminisent, même la plomberie.
- Certes. Si on pouvait aller dans vos autres toilettes maintenant. Mon petit n'en peut plus.
- Tout de suite. Suivez-moi.
Quelques minutes plus tard, Aurélie raconte son histoire à Marion.
- Ce n'est pas croyable ! Et tu n'as pas reconnu cette voix ?
- Non, je t'assure. Je ne vais quand même pas y retourner ? Ils doivent être sortis d'ailleurs.
- Mais qui ça peut bien être ?
- Un homme et une femme, ou deux femmes.
Nicolas, du rayon Tourisme, passe par là. Il se fait interpeller par les deux filles.
- Ça va Nico, interroge Marion ?
- Tu as l'air fatigué, renchérit Aurélie. Et,… mais tu es en sueur.
- Oui, et alors ? J'ai aidé Dimitri à chercher une BD enfouie au fond de plusieurs bacs. C'était lourd. Voilà votre curiosité satisfaite mesdemoiselles ?
- Ouais. Tu as l'air d'avoir fait un… effort colossal.
- Mais, que veulent dire toutes ces questions ? Vous n'avez rien d'autres à faire les filles ?
- Oh, si on ne peut pas parler. On te voit fatigué, on s'inquiète, c'est tout.
- Ouais, ouais. Vous vous inquiétez. Ça serait bien la première fois. Bon, je vous laisse les concierges, j'ai à faire.
Une autre personne attise les interrogations des deux libraires, toujours à la recherche du duo des toilettes.
- Regarde Aurélie, Jennifer, la stagiaire, tu ne trouves pas qu'elle à l'air décoiffée ?
- En effet. Pas clair tout ça. Tu sais qu'elle court après Dimitri ?
- Non, c'est vrai ? A peine arrivée et elle nous pique nos libraires ! Tu crois que… dans les toilettes ?
- Ça ne m'étonnerait pas. Je vais enquêter.
Estelle retrouve Christophe devant le magasin « Zadig et Gargantua ».
- Ecoute Christophe. Je m'en veux. J'aurais dû appeler l'éditeur plusieurs fois par jour pour être sûre et…
- Stop Estelle. Je te l'ai déjà dit. Tu n'y es strictement pour rien. On va les récupérer ces livres. J'ai un plan.
- Mais, tu as mis un costume ? Il te va très bien mais… On te voit rarement habillé ainsi.
- Oui, mais là, je vais me faire passer pour le responsable des ventes de la maison Seuillimard. Toi, tu seras ma secrétaire. Je vais même mettre une moustache, voilà,… des lunettes et je me coiffe à l'opposé de d'habitude. Toi, comme tu es habillée, tu seras parfaite pour jouer de tes charmes.
- Euh… Pas trop quand même.
- N'aies pas peur. Juste ce qu'il faut pour nous aider à être persuasif. Ouvre un peu ton chemisier, mets ce bandeau. Ça devrait aller. Je t'explique ce que nous allons dire…
En librairie, l'eau avait envahi une partie du rayon Loisirs. Les plombiers étaient en route mais en attendant, il fallait éponger. Le responsable de cette énorme fuite en était le lavabo des toilettes d'où étaient sortis les fameux cris de plaisir. Il était à terre et un tuyau s'était rompu.
- Mais ils sont pires que des bêtes, s'exclama Aurélie !
Et les deux filles de continuer à râler en épongeant.
Estelle et Christophe se présentent alors au directeur des concurrents, Jean-Charles Muller qui semble en effet ne pas les avoir reconnus.
- Bonjour monsieur, je suis le directeur des ventes de Seuillimard. Je sais que vous avez en votre possession le dernier livre de Gilles Berthier qui devait être livré en avant-première chez vos confrères du « Serre-Livre » pour une dédicace ce soir.
- Oui, mais ce n'est pas grave, nous garderons ce titre et le présenterons dans notre librairie à la date de sortie prévue.
- Mais nous ne pouvons pour le moment fournir d'autres exemplaires à votre confrère pour la signature. Je vous rappelle que le livre n'est pas officiellement sorti. Nous venons donc reprendre les romans qui vous ont été remis par l'erreur du transporteur.
- Ecoutez, ce n'est pas notre faute s'il y eu une erreur. Ce sont de féroces concurrents. Ils ne nous feraient pas de cadeaux. Alors, n'attendez pas que je leur en fasse. Comprenez-moi.
- Nous avions prévu pour vous deux autres dédicaces en avant-première pour les semaines qui suivent. Nous allons évidemment reconsidérer celles-ci et les proposer au « Serre-Livre » si vous ne me remettez pas les ouvrages.
Estelle s'avance, avec un déhanché à fairese pâmer même un monastère.
- Deux avant-premières, rien que pour vous, monsieur le Directeur. Elle se penche vers lui, déployant la plus sensuelle des gorges. Muller devient écarlate et commence à transpirer. Et je viendrai moi-même encadrer ces rencontres.
Elle en fait trop, pense Christophe.
La librairie reçoit en même temps une visite qui met en panique l'ensemble de l'équipe. Gilles Berthier en personne vient d'arriver. Il s'adresse à l'accueil, dévisageant Marion :
- Mademoiselle. Comme vous le savez je suis en dédicace ce soir chez vous. Tout est en place je l'espère ?
- Mais… bien sûr monsieur Berthier. Voyez, là-bas, la table est installée. Tout est en place.
Berthier s'approche de la table.
- Hum… Je vois bien quelques-uns de mes précédents livres. Je sais que c'est trop vous demander de les présenter tous. Mais où est mon dernier titre mademoiselle ?
- Heu… Nous allons le mettre, ne vous inquiétez pas.
- Figurez-vous que je m'inquiète. Pourquoi n'y est-il pas ?
- Nous n'avons été livrés que ce matin. Nous allons l'installer d'un instant à l'autre.
- J'exige que ceci soit fait maintenant. Je veux voir votre directeur.
- Il est en déplacement.
- Je viens aujourd'hui et il est en déplacement ?
- Il va rentrer d'un instant à l'autre.
- Et bien je vais patienter. Et j'attends que vous présentiez mon dernier livre.
- C'est la cata glisse Casimir à l'oreille de Marion.
Chapitre/épisode 3
Berthier fait toujours les cent pas dans la librairie, de plus en plus nerveux.
- Cette fois c'en est assez ! Si votre directeur n'est pas là, je veux voir votre patron.
- Pourquoi pas le pape, murmure Damien ?
- Je… je vais annuler ma signature. Vous ne me méritez pas, entendez-vous ?
- Calmez-vous, monsieur Berthier. Voici votre dernier livre que nous allons présenter tout de suite.
Christophe vient d'arriver accompagné d'Estelle. Ils ont réussi ! Berthier se calme, dit à peine merci, s'en va et lance :
- A ce soir. Et dépêchez-vous de mettre mon livre. Mes nombreux lecteurs l'attendent.
- Nombreux, nombreux… Pour l'instant il n'y a pas eu beaucoup de demandes, constate Damien.
Christophe raconte à l'équipe comment les affaires se sont arrangées :
- Nous leur avons fait croire que Seuillimard leur accorderait l'exclusivité sur deux dédicaces en avant-première.
- Et ils ont marché ? Qui avez-vous promis ?
- Amélie Rothonde et Patrick Mariano.
- Rien que ça !
- Il faut dire aussi qu'Estelle a été… très persuasive.
- C'est vrai que tu es sexy tout plein comme ça, remarque Vanessa. J'en deviendrais bien lesbienne.
- Toi, ça m'étonnerait, sourit Casimir. Si ça arrive, je me fais moine.
- Qu'est-ce qu'il y a Nico ? questionne Christophe.
- Quelqu'un a vu Dimitri ? Je cherche un comics que nous avons en stock et que je ne trouve pas.
- Il doit être en pause dans sa réserve, répond Vanessa.
Nicolas ouvre la porte de la réserve et voit Dimitri en tee-shirt, short et baskets, s'agrippant à une étagère en relevant les jambes.
- Tu peux m'expliquer ce que tu fais ?
- Tu le vois, je fais travailler mes abdominaux. Vanessa m'a recommandé un livre génial sur la musculation sans appareil. Voilà, j'applique.
- Et tu n'as pas peur de casser ton environnement.
- Pas du tout. Tu sais, une poignée de porte, une chaise, une étagère, c'est solide.
- Et après, tu passes à la douche, j'espère ? dit Nicolas en souriant. Sinon, merci pour les clients et pour nous.
- Ne t'inquiète pas, je ne fais ça que pendant vingt minutes et j'ai prévu de me passer un linge adapté.
- Bon, si le Superman que tu vas devenir peut me chercher ce comics que je ne trouve pas.
- Mais si, il est en facing sur le haut du rayon. J'arrive si tu ne trouves pas.
- Après avoir refermé le local, Nicolas entend un grand bruit : des livres qui tombent des rayons de celui-ci.
Dimitri sort de la remise. Il ne comprend pas pourquoi les clients le regardent, horrifiés. Il sent un filet de liquide coulant sur sa joue puis a la même sensation sur l'autre joue. Nicolas le fixe avec d'énormes yeux ronds.
- Tu,… tu saignes Dimi ! Tu en as partout !
- Ah, c'est pour ça qu'ils me regardent tous en ayant l'air effaré. Je me suis pris deux dictionnaires sur la gueule ! Ils n'ont pas fait de jaloux visiblement. Ils m'ont entaillé chaque côté du front. A gauche, un dictionnaire des noms communs. A droite, un dictionnaire des noms propres.
- Viens, on va nettoyer tout ça. Je suis secouriste. Je vais m'occuper de toi. Eh ! Dimi, tu es tout pâle ! Eh ! reste avec nous !
Dimitri vient de s'évanouir, victime du poids de la culture sur son pauvre front.
- Vite, j'ai besoin d'aide, appelez la sécurité ! clame Nicolas. Il reste auprès de son collègue qui commence à reprendre un peu ses esprits jusqu'à la venue du personnel de sécurité puis l'accompagne en attendant les pompiers.
Quelques minutes plus tard, Nicolas revient en librairie, assailli de questions des collègues qui souhaitent des nouvelles de Dimitri.
- Ne vous inquiétez pas, il va bien. Il va passer une petite radio et va se reposer chez lui. Il sera là demain.
Voici venu le temps de la dédicace de Gilles Berthier. Tous les livres sont en place. De grandes photos parsèment les vitrines, annonçant l'évènement. Une impressionnante file de clients patiente pour avoir la signature du maître qui s'est calmé depuis les évènements précédents. Un large sourire l'anime devant le succès de cette manifestation. Il signe à tour de bras et nargue Estelle et Christophe :
- Il aurait été fort dommageable de passer à coté de ce triomphe, n'est-ce pas monsieur le directeur ?
Le lendemain matin, avant l'ouverture de la librairie, Christophe conduit une réunion afin de mettre la dernière main à la préparation d'une importante opération commerciale montée entièrement sur l'initiative du personnel. Tout le monde est présent, même Dimitri, coiffé d'un pansement et chaleureusement applaudi par l'équipe.
- Merci de cet accueil. Avec cette blessure de guerre, je vais pouvoir frimer devant les clientes.
Christophe prend la parole :
- Bien, après avoir ovationné comme il se doit notre blessé au champ d'honneur, nous allons finaliser notre projet d'opération sur l'érotisme puisque c'est le sujet qui fait l'unanimité entre vous. Je dois dire que ça ne m'étonne pas (il sourit). Estelle était chargée de rassembler les titres de la sélection que vous lui avez proposés. Tu les as Estelle ?
- Mais oui mon capitaine. Je les ai. Il y a des classiques, comme « Histoire d'O », « L'amant de Lady Chatterley », le « Kamasutra », des livres du marquis de Sade mais également pas mal de découvertes. Nous aurons à peu près quatre-vingts titres. Merci pour votre investissement et votre curiosité.
Christophe continue :
- Nous avons déjà la signalétique, la PLV et les modèles d'affiches. Quant à l'emplacement, et bien ce sera la meilleure zone du magasin. Il ne reste qu'à faire les photos que vous avez suggérées. Evidemment, c'est Casimir, dont on connait le talent de photographe, qui réalisera ces clichés. Il faut maintenant un modèle pour poser nue. Vous êtes toujours d'accord pour que cela soit une libraire ?
- Oui, certains ont les dieux du stade. Nous, on a les plus belles libraires du monde ! clame Loïck.
- Vous voulez surtout vous rincez l'œil les gars. Allez, avouer ! s'exclame Marion.
- Vous vous êtes tous concertés. Qui est la volontaire ?
- Il ya deux volontaires : Moi et… Vanessa.
- La blonde et la brune. Bravo, approuve Casimir. Ce sera un plaisir de vous immortaliser toutes les deux.
- Les clients vont nous voir d'un autre œil, dit Vanessa en riant.
- Déjà que tu fais fantasmer les clients lorsque tu es habillée. Je n'ose imaginer comment ils vont être quand ils te verront nue, s'esclaffe Nicolas.
- Nous n'allons pas montrer les visages en détail, rajoute Christophe. L'anonymat sera préservé.
Durant les jours qui suivent, la préparation se poursuit assidument. Les livres parviennent dans de gros bacs. Les libraires rédigent les textes qui vont accompagner leurs coups de cœur de la sélection érotique. Estelle et Vanessa se livrent, non sans appréhension, à l'objectif de Casimir qui se montre bienveillant, psychologue et sensible. Il contemple enfin le résultat de son travail après de longues séances de mise en scène et de poses. Enfin, il peut lâcher :
- Vous êtes magnifiques les filles. Je ne réalisais pas que je travaillais avec des créatures de rêve. Cette opération va cartonner j'en suis sûr, et vous y serez pour beaucoup. Regardez-moi ça.
- Aaah ! C'est nous ça ? Casimir, tu es un génie !
- C'est vous qui êtes belles De vraies déesses ! Ou de parfaites tentatrices.
- Tu as su nous magnifier. Tu es super !
Quelques jours ont passé. La librairie a souhaité mettre les petits plats dans les grands pour le premier jour de cette opération sur l'érotisme. Trois auteurs ont été conviés afin de rencontrer les lecteurs et d'évoquer leur travail. De superbes photos montrent des femmes sublimes dans le plus simple appareil. Si les clients se doutaient que ces sirènes dénudées les servent et les conseillent toute l'année, quelles seraient leurs réactions ? Ce secret sera sauvegardé. Casimir n'a dit mot à ses collègues des détails de prises de vue. Il gardera pour lui ces instants de grâce, conscient d'avoir été privilégié devant ce spectacle.
Ce soir règne un climat serein. Les petits fours passent de tables en tables, de têtes de gondoles en têtes de gondoles. On diffuse de la musique sensuelle. Les clients se plongent dans la chaude littérature.
Mais cette harmonie menace d'être brisée par des slogans, des cris et des chants venus du rez-de-chaussée qui se dirigent ensuite vers le premier étage, lieu de la soirée privée réservée aux clients ayant leur carte de fidélité. Portant des pancartes sur lesquels sont inscrits des slogans sans équivoque sur la nature de leurs convictions, des associations familiales intégristes hurlent au scandale concernant cette opération scandaleuse à leur goût et outrageante pour les bonnes mœurs. Christophe va à leur rencontre afin de désamorcer au plus vite cette manifestation qui pourrait dégénérer.
- Honte à vous ! crient-ils. Pensez à nos enfants !
- Christophe consent : Vous avez raison, cette opération n'est absolument pas destinée aux enfants. Vous avez remarqué d'ailleurs qu'elle se situe au plus loin du rayon Jeunesse, précisément pour cette raison.
- Et vous croyez qu'aucun enfant ne va passer par là ? réplique celui qui a l'air d'être le porte-parole de ce groupuscule.
- Les parents feront leur travail en les éloignant. Avez-vous vu que les livres sont situés très hauts pour éviter qu'un petit ne les prenne ? Une librairie générale est un endroit où se côtoient toutes sortes de livres. Nous sommes des milliers dans ce cas-là en France et ailleurs.
- Ce n'est pas une raison suffisante. Nous vous intimons l'ordre de supprimer cette ignominie !
- Excusez-moi, mais ce n'est pas vous d'en décider. Je vous incite à partir dans le calme et nous oublierons tout cela.
- Il n'en est pas question. Nous allons nous installer au milieu de votre magasin et nous ne partirons que lorsque vous aurez enlevé ces photos et ces livres immondes.
- Oui, ajoute une autre, vêtue de noir, engoncée dans un vêtement étriqué et fermé jusqu'au cou.
- On dirait un peu Françoise, non ? murmure Sacha.
- C'est peut-être sa sœur, répond Aurélie.
Les choses s'enveniment. Certains menacent directement de détruire les livres. La police a été appelée. En attendant, agents de sécurité et libraires font rempart de leurs corps devant les livres et les photos.
- J'espère que les flics vont vite arriver, analyse Christophe, parce que la tension monte et qu'on ne tiendra pas longtemps. Ils sont beaucoup plus nombreux et bien remontés. Il peut y avoir des dégâts considérables avec ce genre de coco.
- Oui, approuve Casimir, nous sommes très mal.
Synopsis du Tome 1 (et ouverture sur un Tome 2)
Dans une très grande librairie, il se passe toujours quelque chose car le bouillonnement du monde s'exprime d'abord par l'écrit, source de tous les conflits, pensées, émotions et imaginations. Ce temple du livre, lieu familier et pourtant méconnu dans son fonctionnement est un creuset d'aventures du quotidien prenant parfois la forme d'étonnantes histoires.
Chaque épisode voit s'entrecroiser de multiples scènes courtes. D'autres plus développées constituent un fil rouge sur plusieurs chapitres, humoristiques ou plus sérieuses. Le lecteur n'a pas le temps de respirer car les rebondissements sont nombreux et quasiment systématiques. Le café joue le rôle de respiration entre les intrigues. Chloé, l'accorte serveuse, devient incontournable.
On entre progressivement dans la vie personnelle et intime des principaux personnages de manière à offrir un univers familier proche du lecteur ou du spectateur.
Nous suivrons les libraires sur vingt chapitres, entre petites et grandes histoires, dans le 1er tome. En voici quelques-unes, il y aura beaucoup d'autres :
Chapitre 4 :
Les libraires parviennent à éloigner les intégristes qui voulaient saboter leur opération Erotisme grâce à l'intervention du directeur d'un lycée catholique, amateur de ce genre de littérature, qui leur fait la leçon et sert de médiateur.
Les alarmes nocturnes vont se déclencher de manière mystérieuse. Il faudra plusieurs heures de recherche pour détecter la présence d'un chat, responsable de cette panique.
Vanessa cherche vainement dans ses livres de cuisine une vieille recette que lui faisait son grand-père quand elle était enfant. Elle voudrait lui refaire à l'occasion de son anniversaire. Une grand-mère passant par le rayon entend cela. Elle connait parfaitement la recette que Vanessa décrit à ses collègues et l'invite chez elle pour la lui apprendre. Vanessa va découvrir que cette dame a bien connu son grand-père lorsqu'il était petit. La recette leur a été transmise par une dame qui les gardait à l'époque.
Chapitre 5 :
Une partie de l'équipe est en séminaire à Deauville. Aurélie craque pour un beau réceptionniste d'hôtel, Casimir et Loïck prennent un bain de minuit d'automne. Françoise et Vanessa à la personnalité et au tempérament diamétralement opposé sont obligées pour des problèmes de réservation, de coucher dans le même lit.
Chapitre 6 :
Le grand patron de la librairie, au service de puissants actionnaires, annonce qu'il n'y aura pas de prime avant les fêtes, ce qui ne s'est jamais produit. Cela déclenche une grève générale de tout le personnel. Distribution de tracts, débrayages, piquets de grève sont au programme de ce chapitre, ce qui n'empêche pas l'amour : celui d'un jeune auteur de BD qui a le coup de foudre pour Aurélie. Ce n'est pas réciproque, tout au moins au début…
Chapitre 7 :
Où l'on reparle du lavabo cassé et où on lance une rumeur. Charles-André provoque en duel un client qui lui a manqué de respect. Des motos envahissent la librairie pour une animation. Et on danse le madison dans les allées.
Chapitre 8 :
Christophe, Sacha et Estelle sont pris en otage par un auteur devenu fou qui pense que le personnel du « Serre-Livre » lui en veut parce que tous ses livres sont systématiquement retournés. Dimitri voit le mari jaloux de sa nouvelle conquête lui jeter ses vêtements au milieu de rayon BD.
Chapitre 9 :
La librairie est aux aguets : Un gang de voleurs dont la cible est la collection « la Pléthore » et ses volumes prestigieux sévit dans Paris. Des bandes de jeunes sont traquées et surveillées par la sécurité. Mais cette petite mamie toute discrète qui vient tous les soirs avec son gros cabas n'est, elle, jamais fouillée...
Chapitre 10 :
Le patron du « Serre-Livre » annonce une réduction des effectifs due à la crise que traverse le Livre. Qui sera touché parmi les employés ? Les plus jeunes s'inquiètent. Les plus anciens aussi. Et pourtant une stagiaire est accueillie. Mais elle n'est pas comme les autres. C'est une jeune trisomique. Les libraires vont-ils relever le défi de son intégration ?
Chapitre 11 :
La télévision investit le « Serre-Livre » afin de suivre les libraires dans leur quotidien. Cela s'avère contraignant car ceux-ci doivent s'avérer exemplaires devant les caméras. Or, ils ne le sont pas toujours. Certains sont naturels, d'autres en font des tonnes. Certains sont discrets, d'autres jouent les stars.
Chapitre 12 :
La librairie « Zadig et Gargantua » veut se venger de Christophe et son équipe après la récupération des livres de Gilles Berthier dans les conditions que l'on sait. Elle trouve l'occasion en faisant un procès au « Serre-Livre » qui a malencontreusement présenté le nouveau roman de Jean-Marie Le Cléziard avant la date officielle. Or, « Zadig et Garganua » est coutumière du fait, vendant habituellement sous le manteau de nombreux titres avant la date sans que personne n'ait pu le prouver. C'est donc la guerre et Christophe est bien décidé à la gagner.
Chapitre 13 :
Charles-André est convaincu de vol. Pour quelqu'un de son éducation, ce n'est pas admissible. Il va donc faire son enquête et prouver son innocence. Mais cet épisode va le marquer, lui dont la droiture et l'honneur sont un moteur. Il va faire une dépression, ce qui va le rendre plus humain et plus proche de ses collègues.
Aujourd'hui le représentant le plus détesté par la librairie. Michel Rebèche est lourd, se plaint et n'est jamais satisfait des quantités commandées. Il est insupportable. Et il ne vaut mieux pas laisser une femme toute seule avec lui très longtemps. Ce jour-là, il est particulièrement entreprenant avec Vanessa…
Chapitre 14 :
Les fêtes sont déjà là. La décoration de la librairie est magnifique. Le budget serré oblige cette année à se passer d'un père Noël professionnel. Quel est le libraire qui va s'y coller ? L'équipe pense plutôt à un non-libraire dont le tempérament bourru ferait merveille : Le responsable d'entretien qui porte déjà la barbe. Après d'âpres négociations et contre toute attente, il finit par accepter et se révèle absolument irrésistible dans ce rôle.
Chapitre 15 :
Les fêtes se poursuivent. C'est la course aux cadeaux. Vanessa s'éprend d'un client venu acheter pour ses trois enfants. Il est beau, il est séparé, il est craquant. Et elle craque. C'est décidément la saison des amours : Sache tombe en pâmoison devant un jeune danseur de l'opéra de Paris venu faire des emplettes dans son rayon beaux-arts.
Chapitre 16 :
Après Noël, la Saint-Sylvestre ! Blasés, les libraires ne trouvent pas d'idées pour passer une nuit originale. Charles-André, toujours en dépression les invite dans son château familial, pas très loin de Paris en Normandie. Et c'est un oui massif de la part de toute l'équipe. Nous faisons connaissance avec compagnes et compagnons. Vanessa et Sacha sont un peu tristes et continuent à rêver sur leurs deux conquêtes hypothétiques.
Chapitre 17 :
Voici un nouvel évènement organisé dans le cadre de la librairie : Une exposition de peintures et sculptures du grand artiste Dario Lizzini. Le Tout Paris s'y presse. Pour Estelle, c'est un bouleversement. Elle y retrouve l'un de ses ex dont elle était amoureuse folle. Une carrière à New York les a séparés. Brillant trader, Alexandre est revenu en France pour vivre une vie plus simple. Passionné d'œnologie, il est devenu caviste et développe sa franchise partout en France. Ils passent ensemble un moment merveilleux à rire, à se souvenir et à échanger. Ils vont se revoir puis plus tard, être amants. Problème : Estelle est mariée et mère de deux enfants.
Chapitre 18 :
Sacha et Vanessa ont chacun concrétisé avec les flirts du chapitre 15. Mais pour Vanessa, ça va trop vite. Son amoureux parle déjà de s'installer chez elle.Elle doit en plus faire face à des appels anonymes et à des lettres déposées dans sa boîte par un homme dont elle ne connaît que la voix sourde, sans doute déformée volontairement. La peur s'immisce dans son existence, encore plus quand elle apprend qu'un serial killer a déjà tué deux femmes blondes dans Paris. Un matin, Vanessa ne vient pas travailler. C'est l'angoisse dans toute la librairie.
Chapitre 19 :
Christophe organise une sortie à ski avec son personnel. Il n'imaginait pas qu'elle allait être si tourmentée. Des chutes, une jambe cassée, la rencontre avec un beau moniteur, des libraires perdus sur un hors-piste composent le cocktail de cet épisode dans lequel on retrouve aussi le charme fou de la montagne.
Chapitre 20 :
Un incendie ravage une partie du magasin, générant de lourdes pertes en matériel et en stock. Mais l'équipe n'est pas abattue et va continuer à faire fonctionner la librairie sous des toiles de tentes en attendant sa réouverture. Pour quand ? C'est une énigme car les travaux risquent d'être longs, sans compter les problèmes d'assurance et « Zadig et Gargantua » qui aspire à la disparition de son principal concurrent.
Le tome 2 nous transporte dans la nouvelle librairie qui, non seulement est ouverte à nouveau mais en plus s'est agrandie, ajoutant de nouveaux employés aux personnalités encore plus désopilantes. Un comptoir d'accueil sera équipé d'une tireuse à bière, on donnera des cours de yoga dans la salle de pose, une compagnie d'improvisation théâtrale d'improvisation mettre le public en transe lors d'une soirée littéraire, une femme accouchera sous une table du rayon Jeunesse et Christophe, après un énième désaccord avec le grand patron risquera sa place, soutenu par l'ensemble des libraires . Ceci n'est qu'un échantillon de ce qui attend le lecteur. Le « Serre-Livre » n'a pas fini de le surprendre.
Bible des personnages
Aurélie : Elle a la passion des enfants et se trouve heureuse dans le rayon jeunesse. Les petits l'adorent, surtout quand elle anime des ateliers qui leurs sont destinés.
Christophe : Agé d'environ quarante ans, Il est le directeur de la librairie. Brillant universitaire, il a toujours voulu travailler dans le monde de la librairie. C'est un manager né, charismatique mais aussi humain, protecteur, psychologue et proche de son équipe qu'il défend dans toutes les circonstances, même s'il peut être exigeant et autoritaire quand il le faut. D'une élégance bohème, il déteste les rats de bibliothèque et revendique aussi, outre son amour des lettres, sa passion du sport et du vin.
Casimir : Né à Fort-de-France, en Martinique, il est une référence en matière de thrillers et de science-fiction. Arrivé à Paris lorsqu'il était adolescent, il a gardé quinze ans après la décontraction, le style vestimentaire chatoyant et la bonne humeur de son île. C'est le bon collègue vers lequel on se tourne pour des conseils ou des problèmes à résoudre.
Charles-André : C'est un véritable aristocrate dont la famille, désargentée possède encore un château dans le Calvados. Sa lignée prestigieuse lui a donné le goût de l'histoire qui l'a conduit jusqu'au doctorat. C'est un peu par hasard, en commandant des livres, qu'il a appris que la librairie qu'il avait l'habitude de fréquenter cherchait un spécialiste de ce sujet. Il n'eut pas de mal à être embauché. I y est resté. Bon collègue, il a cependant une haute idée de lui-même qu'il porte jusque sur son physique, qu'il a hautain et guindé.
Chloé : La ravissante serveuse du café du livre est la confidente de tous les libraires et connait tous les secrets du magasin.
Damien : Chargé de la littérature étrangère, Damien est un intellectuel souvent perdu dans ses pensées, peu enclin aux choses concrètes et aux aspects contraignants du métier. Il possède un tempérament imaginatif derrière ses petites lunettes rondes.
Dimitri : Connu sur la place de Paris par le blog spécial BD qu'il a créé, c'est une encyclopédie vivante sur la question à la personnalité baba-cool, affable, douce et pleine d'humour.
Estelle : Elle s'occupe de la littérature francophone. Grande lectrice, elle est l'un des piliers de la maison depuis plusieurs années. Même si elle a presque quarante ans, cette jolie brune demeure encore une montagne de stress, ce qui n'empêche pas une grande détermination. Par sa gentillesse, c'est l'une des collègues les plus appréciées.
Françoise : C'est une ancienne enseignante d'une cinquantaine d'années, ne supportant plus le métier de prof et reconvertie en libraire au secteur scolaire. Son look sévère évoque les institutrices des fifties. Habillée de façon stricte et portant des lunettes cerclées de noir, elle a le caractère de son physique : rigide, sectaire et coincée.
Gilles Berthier : C'est un romancier à succès, habitué des médias. Portant une chevelure mi-longue poivre et sel, toujours vêtu d'une veste et d'un foulard sur une chemise blanche, il représente l'archétype de l'écrivain pédant, méprisant les petites mains de la librairie.
Jennifer : Elle effectue un stage dans le cadre de ses études et espère être embauchée à l'issue de celui-ci.
Loïck : Breton d'origine, fier de ses racines, il est pourtant né à Paris. Au « Serre-Livre », les dictionnaires et ouvrages universitaires n'ont plus de secrets pour lui. Il porte les cheveux longs et une barbe, tel un barde celte.
Marion : D'une beauté classique et d'un calme olympien, Marion est responsable de l'accueil. Parfaitement organisée, elle rappelle à la rigueur bon nombre de membres de l'équipe. Rassurante, elle occupe le plot où convergent beaucoup de demandes (et de plaintes parfois) des clients.
Nicolas : Pour lui, le rayon Tourisme dont il a la charge est une anomalie car il n'y a pas plus casanier. Il rêve depuis toujours du rayon Littérature qui est chasse gardée.
Philippe : Responsable de l'entretien, il sait tout faire de ses doigts. Rien ne lui résiste. Il râle souvent devant les demandes farfelues de l'équipe mais finit par trouver des solutions.
Sacha : Il conduit le rayon Arts et Spectacles. Passionné de mode, il s'adonne à la couture avec un certain succès dans une vie parallèle. Il ne cache pas son homosexualité.
Sophie : Affectée aux méthodes de langues, elle donne souvent un coup de main sur tout le Scolaire. A bientôt trente ans, elle à l'impression de stagner dans sa vie professionnelle.
Vanessa : Voici la libraire la plus sexy. Blonde à 100% comme elle aime le dire, elle fait tourner les têtes et n'a aucun mal à vendre aux hommes les très beaux livres de son rayon Loisirs. Leurs femmes écourtent souvent les conversations que veulent prolonger leur mari avec cette bombe aux décolletés plongeants et aux jambes de rêve. Malgré ses atouts, à vingt-cinq ans, elle est toujours célibataire et cherche l'homme idéal.
Virginie : Les sciences humaines sont son domaine. Travailleuse et compétente, elle possède un caractère exécrable et n'hésite pas à rabrouer des clients si son humeur n'est pas au beau fixe.
D'autres personnages peupleront la suite des chapitres : Alexandre, l'ex d'Estelle, les logisticiens, les bons clients, les représentants des maisons d'édition, d'autres serveurs du café, le patron de la librairie, souvent en conflit avec Christophe mais le respectant pour ses compétences, Jean-Charles Muller, le directeur de la grande librairie concurrente, les agents de sécurité, etc…
Cyrille Bouchard