Prologue

Kevin Rousselet

Adiscar Talem est un petit garçon de dix ans pour le moins différent. Il est issu d'une famille qui ne croule pas sous les richesses, et peine à grandir dans un monde où tout le monde se moque de lui.

« En tout temps des conflits grondent en nous. Des rages passagères, des amours oubliées, des rancœurs indomptables. De tout temps des tempêtes réclament leur dû. Elles soufflent, menacent, quand nous sommes impassibles. Des ravages invisibles tapissent les moindres recoins de nos esprits, et nous y faisons face, d'un sourire ou d'une grimace.


Des antagonismes s'affrontent sans relâche, comme autant de versions différentes de nous-même, parfois si distantes, mais pourtant si réelles. Ils se tiennent en respect – quelle curieuse chose d'ailleurs, quand on sait vers quels chemins tendancieux nous pouvons basculer – mais je m'égare.

Ils se respectent ou se renient, quelquefois, lorsque l'on endosse à la fois le rôle de juré, juge et bourreau. Et je vous le dis, comment pouvons-nous décemment penser que nous ne sommes qu'un, alors que cette réalité s'impose à nous avec tant de violence, et quand dans les potentialités d'un avenir indécis, se mélangent autant de versions fantasmées d'une seule et même vérité ? A partir de quel moment accorde-t-on le privilège d'exister à un instant plutôt qu'à un autre ?

Mais c'est ce qui arrive pourtant n'est-ce pas ? Quand le choix est fait, que l'action est portée sur une réalité ; enfin notre dévolu dévore ces potentialités dont je vous parlais une seconde encore, ne laissant que des cadavres invisibles, derrière un regard perdu, avant qu'elles ne renaissent, ces versions de nous-même, plus fortes et plus séduisantes qu'alors, dans les conséquences du choix si fraîchement désigné.

J'ai fait le choix pour ma part, de mener une vie digne, quand je le pense humblement ; je dois figurer au panthéon des plus tourmentés des Hommes. »

          Verba Laïne.

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