Les mots d'Eros

epice

Il lui fait perdre la tête
Lui susurrant des mots érotiques
Un répertoire de lettres bêtes
Agencées sans rythme
Mais de façon poétique.
Il lui chante une hymne
Étayée de travaux pratiques.
C'est un slam improvisé
Aussi sensuel que charnel
Où une langue aiguisée
Fait rimer corps et boutons d'or
Mais parle de tétons et mamelons.
Le coquin vicieux boit
À la santé de son plaisir personnel.
Ses doigts riment avec joie
Quand index et majeur sucés
Promettent des plaisirs plus exquis.
Il conjugue le mot désir
Comme il le ferait avec jouir
L'intimité devient un jardin secret
Où l'on est libre de crier
À son corps défendant, qu'on est conquis.
 *
La langue est mutine
Quand les lèvres butinent.
La sensation euphorique
Rend le moment onirique.
L'élocution habile
Sert une langue volubile.
Voici qu'entre les jambes en équerre
Se présente totalement offert
Le Graal auquel il aspire.
Lentement, il respire
Tandis que la rose éclot
Et sa vigueur pulse contre sa peau.
Il est déjà en feu
Mais fait durer le jeu
Évoquant une fausse pudeur
Juste pour refréner son ardeur.
 *
« Bel étalon, sois sans censure
Couvre-moi de douces morsures »
Tel est le vœu de la peau sous ses caresses
Esclave fébrile de la tendresse
Avec laquelle il pétrit une fesse.
Les mots susurrés vibrent
Se laissant aller à la dérive
Le long des courbes et des rives.
Il va nourrir son excitation
À la source de son imagination.
Nul besoin d'aphrodisiaque
En ce moment paradisiaque
Où s'érige une érection arrogante
Résultat d'attentions ferventes
 *
Les mots se dénudent
N'ont plus rien de prude
En quittant leur manteau mièvre.
Crus, ils sont affectés par cette fièvre
Sans laquelle ils seraient encore guimauves.
Dorénavant, il est aux prises avec un fauve
Une bête indomptable et sauvage
Qui vient de le réduire en esclavage.
Voici qu'elle manque de le faire défaillir
De ses mains cajoleuses, en allant cueillir
De sa bouche enjôleuse, les prémices
D'un nectar divin, offrande d'un calice
*
Il est près de minuit, mais au diable le temps.
L'ignition a grimpé de plusieurs crans.
Les rayons pâles de la lune
Glissent sur une cambrure et dévalent des dunes
L'étalon est fougueux mais se fait présomptueux
Dans ses propos, il se donne des airs de prétentieux.
Car cette nuit, Morphée n'aura pas de carton d'invitation.
C'est à un autre qu'iront toutes ses libations
Lorsqu'il honorera enfin de ses hommages
L'être languide l'ayant conduit aux rivages
Des délices d'Eros…
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