Les murs chuchoteurs : Chapitre Trois.

Cheshire Grin

Le Shérif

L'office du shérif ressemblait à toutes celles que l'on peut voir dans les séries américaines : Une maison de briques rouge avec le Stars and Stripes flottant devant, des voitures blanches et deux policiers fumant à l'entrée.

Je me dirige vers l'entrée quand un des policiers m'interpelle :

 - Bonjour Monsieur, que voulez-vous ?

 - Bonjour, je suis l'inspecteur Barthelemy. Je viens m'entretenir avec le Shérif.

 - Oh oui, c'est vrai ! Vous deviez arriver aujourd'hui ! Bienvenue à New Hampton.

 - Merci.

Je pousse la porte de l'office, j'accroche mon caban à un porte manteau et je me dirige vers le bureau du shérif. Je frappe deux coups à la porte avant d'entendre un beuglement :

 - Entrez !

J'entre et là, je sens ma gorge se nouer. Une odeur de whisky embaume la pièce. C'est une journée normale dans la police. L'individu ayant gueulé s'appelle Rosco Davis, un homme d'une cinquantaine d'années, bouffi et affalé dans sa chaise avec verre de bourbon dans la main. Je vous présente mon coéquipier, le shérif.

 - Bonjour, je me présente. Je suis Aimé Barthelemy, l'inspecteur venu de New York pour ..

 - Ouais, pour Boone !

 - C'est ça, en effet. J'ai lu l'interrogatoire de Monsieur Boone et le rapport d'enquête, j'ai quelques questions à vous poser.

 - Avant, voulez-vous boire quelque chose ? Café, thé, bourbon ?

 - Non, rien ça ira, merci.

 - Bon, tant pis.

 - Mais pour ce qui est du meurtre ...

 - Dites-moi, vous avez de la famille française ? Votre nom fait pas très américain.

 - Vous ne m'avez pas donné le temps de finir ma question.

 - Et vous, vous n'avez pas répondu à la mienne !

Je pense que ce n'est pas la peine que j'insiste, il doit être bourré. Je vais faire ce qu'il dit sinon ça risque de mal tourner.

 - Oui j'ai de la famille française. Enfin mes arrières grands parents l'étaient. Ils sont venu aux Etats Unis en trente-trois quand les tentions montaient en Europe. Mon grand-père était enfant quand il est arrivé à New York. Pour ce qui est de ma grand-mère, elle était aussi une migrante politique. Ils se sont rencontré par hasard quand ils avaient une quinzaine d'années. Ils se sont marié à dix ans plus tard et ils ont eu mon père quelques années plus tard. Ma mère, elle, elle est américaine. Elle a fait la connaissance de mon père un jour quand il était parti en vacances sur la cote ouest. Bref ça n'a peu d'importance. Parlons de Monsieur Boone.

 - Si si, c'est très intéressant ! Vous savez parler français ? Vous aimez le fromage ? Et le vin ?

 - Je vous dis que je suis américain ! Mes parents ont juste voulu continuer la tradition française de la famille. Je n'ai plus personne en France. Ils sont morts pendant la résistance !

 - Wahhhh très belle histoire !

Rosco commence à applaudir et manque de tomber de sa chaise en se relevant. Je vais quand même tenter d'avoir des informations sur Boone.

 - Donc je reprends. Boone a tué sa famille il y a deux mois, il s'est fait enfermé a Wall Whisperer quelques jours plus tard et un mois après s'être fait enfermé, donc il y a 13 jours, il s'évade. C'est bien ça ?

 - Tout à fait Sherlock ! Vous savez un guignol comme Boone ça survie pas très longtemps dans la nature surtout s'il est traqué !

 - Vous avez fait des recherches avant que j'arrive ?

 - Ouais, on a fouillé dans tout l'asile puis on suivi la piste jusque dans la foret. Sans succès bien sur, aucunes traces.

 - Mais ça ne vous alarme pas qu'un potentiel tueur psychotique se balade en ville ?

 - Boh vous savez mon cher, tout le monde connait Aaron alors personne n'a peur. Ca nous a même étonné qu'il ait tué sa famille ! C'était un mec très fermé et discret. Mais bon de nos jours, le stress au travail et la déprime vous font péter des câbles !

 - Mais pourquoi on m'a envoyé ici si vous êtes sur qu'il est le tueur et qu'il est mort ?

 - Il faut bien un motif pour tuer ou être carrément cinglé non ?

 - Oui mais où voulez vous en venir ?

 - Pour notre ami, rien de laisse croire qu'il avait un motif et il n'a pas d'antécédent psychiatrique. Il fallait juste trouver un coupable.

 - Quoi ?! Vous êtes entrain de me dire que vous avez enfermé un pauvre mec qui a tout perdu pour l'inculper d'un triple homicide qu'il n'a pas commis ?

 - Non ! On est pas sur que ça soit lui, c'est pour ça que vous êtes là. Puis il s'est enfui aussi.

 - Mon dieu … Vous vous rendez compte qu'il y a un malade mental qui serait prêt à tuer n'importe qui en ville et dont on ne sait rien de lui ?! Et qu'à côté de ça un innocent s'est enfuit ?!

 - Vous avez rien compris ! On sait pas si c'est Boone qui les a tuer mais pour l'instant, c'est lui le coupable le plus probable !

Dans quelle merde le bureau m'a encore envoyé. Il faut que j'aille au plus vite à Wall Whisperer pour commencer mon investigation.

 - Bon calmons nous. S'il y avait eu un autre tueur, il aurait tué depuis le temps. Un meurtre d'une telle sauvagerie ressemble au mode opératoire d'un tueur en série mais ce genre de personne tue régulièrement selon le meme schéma. Vous n'avez pas recensé d'autres cas similaires dans le comté ?

 - Heu … De souvenir non. Ah quoique … Attentez ! Il me semble qu'il y a une affaire qui date de plusieurs années maintenant. C'était un jeune de dix-neuf ans qui tuait en portant un masque de clown, il découpait ses victimes en morceaux et faisait toutes sortes de choses avec. Il s'appelait David. Mais bon, il s'est suicidé avec son chien quand Zack l'a chopé.

 - Donc c'est du passé. Partons alors sur la piste que c'est Aaron l'assassin. Je vais partir pour Wall Whisperer demain matin.

 - D'accord, je viendrais avec vous. Vous partez à quelle heure ?

 - Je partirais vers 8h. Je viendrais vous chercher ici. Vous avez intérêt à être sobre, ça ferait tâche si je mettais ceci sans le compte rendu d'enquête.

 - Heu … Oui.

- Bon, il est tard. Je vais me reposer. A demain shérif Davis.

 - Au revoir inspecteur Barthelemy.

Je m'en vais du bureau sous le regard des autres policiers qui étaient venus écouter notre conversation. Je pense que je suis tombé sur une bonne équipe de bras cassés. Je reprends mon caban toujours aussi trempé et je sors de l'office. Je tâte mes poches et sors mon paquets de clopes. J'en sors une et je l'allume. Putain, ça fait du bien. Ce fut une grosse journée et c'est pas prêt d'être fini.

Bienvenue à New Hampton, hein ? Ce fut une partie de plaisir.

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