Les "nouvelles" aventures de Sherlock Holmes

melanchoolic

Pastiche de la célèbre série littéraire écrite par Arthur Conan Doyle, la suite sera peut-être écrite si ce début vous plaît.

L'hiver 1891 fut peut-être le plus froid de cette moitié du siècle. Le verglas avait envahi les rues londoniennes et la Tamise, se pliant elle aussi aux rigueurs hivernales, avait éclipsé un temps tous les ponts de la ville. Devant la cheminée, Holmes frottait ses mains en grelottant. Ce n'était pas la grippe qui le rongeait mais bien cette fièvre dégénérative qui s'emparait de lui lorsque son esprit, resté trop longtemps sans énigmes, commençait à bouillir. Il lui arrivait parfois, entre deux frissonnements, de sortir pour la soirée et de rentrer le lendemain, puant l'alcool et la crasse, ramenant avec lui des petits animaux, vivants ou morts, sur lesquels il expérimentait ses dernières trouvailles. Un matin, alors qu'il maugréait en fumant sa pipe, on frappa à notre porte.


- Entrez, criai-je. Madame Hudson entra.

- Docteur Watson, le commissaire Lestrade et un autre monsieur vous demandent, vous et Monsieur Holmes.

- Et bien faites les entrer, lui répondit ce dernier sans quitter les flammes des yeux, le regard vide.


Les deux hommes montèrent et tandis que je me levai pour les saluer, Holmes ne quitta pas son fauteuil.

- Commissaire Lestrade, et Monsieur …

- Abergreen, se présenta l'inconnu.

- Enchanté ! Docteur Watson.

Il laissa mollement retomber sa main et tandis que je leur indiquai le canapé, je remarquai l'imperceptible tremblement qui secouait son genou droit, ils s'assirent et Lestrade, adressant un bref signe de la tête à Holmes, s'adressa alors à nous.


- Comme vous l'avez sûrement entendu, on a dévalisé la banque Warhol cette nuit, quatre millions de livres ont été volés sans que nul bruit ne nous parvienne ; mais à dire vrai, ce n'est pas précisément ce point qui me fait requérir vos services.

Il marqua une pause, comme pour bien nous faire comprendre l'étrangeté de la chose qu'il ne nous avait pas encore dévoilée, Sherlock pouffa. Sans le connaître, on aurait pu simplement croire qu'il toussotait, mais je savais mieux que personne le cynisme qui le prenait durant ces périodes de manque. Lestrade paru comprendre aussi et il m'adressa un regard accusateur auquel je ne pus répondre que par une moue compatissante, il reprit alors.

 

- Tous les coffres personnels, dont seuls les titulaires possèdent les clés, ont été vidés, sans aucun signe d'effraction. Et bien entendu la porte de la salle des coffres n'a pas été forcée. Si aucun client n'était venu ce matin, cela aurait pu passer inaperçu quelques jours encore. Le directeur nous a confié que leurs usagers ne donnaient que de rares visites à leurs dépôts, souvent des héritages ou des assurances, parfois sans aucune réelle valeur monétaire, ces criminels ont gaspillé beaucoup de temps à vider chacun des coffres.

Il arrêta là son commentaire, n'ayant pas tiré d'avantages de conclusions des faits qu'il nous avait exposés. Il semblait presque espérer, à cet instant, qu'une cinglante remarque de son hôte le réprimande et, d'un même coup, le sauve de ce qui semblait une obscure impasse.

 

Sherlock resta un moment muet, sans dévier ses yeux de l'âtre, jouant sur l'accoudoir du fauteuil un air inaudible. Il posa soudain sa pipe puis, joignant ses deux mains du bout doigts, ainsi qu'il le faisait lorsqu'il réfléchissait, il se tourna vers l'autre visiteur.

- Et vous ? Monsieur …

- Abergreen, répéta l'homme maladroitement. Eh bien, je suis venu vous trouver monsieur Holmes car ma femme a disparu.


Une étincelle s'était à cet instant allumée dans les yeux de mon ami, entreprenant déjà l'analyse de ce mystérieux invité. Je sentis de mon côté que le véritable récit commençait.

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