Les petits mouchoirs.
louisette
J'ai du mal à m'y faire, à cette solitude grandissante, je la pensais enfouie en moi pour toujours, je pensais que le fait d'être toujours avec ceux qu'on aime pourrait nous faire oublier ça. Nous faire oublier le sentiment de solitude, le sentiment de perdition qu'on éprouve quand on se sent abandonné.
Ne plus être.
Ne plus se souvenir - de sa voix, de ses gestes, de sa façon de rire, de ses fossettes, de sa façon de courir, ou de prononcer votre prénom. L'entre–apercevoir une après–midi et apprendre que le soir il n'y a : plus rien.
J'ai du mal à m'y faire. De penser que je ne le reverrai jamais.
Je culpabilise, je n'arrive pas à comprendre comment je n'ai pas pu profiter plus de tous ces instants à ces côtés. Comment je ne me suis pas aperçue plus vite que la famille était ce qu'il y avait de plus important dans une vie.
Il me manque, il me manque tellement.
J'ai ces images en tête, celle de la douleur. De toi effondrée sur le sol à demi-consciente de ce qui se tramait autour. Refusant de croire à l'impossible, à l'impensable.
Ne plus jamais.
Ces images ne me quittent pas et me suivent partout où je vais. On aurait tendance à penser que la peine s'en va en s'amenuisant. Que le temps efface les douleurs ; on ne cesse de nous répéter de laisser au temps, le temps d'agir. Mais je sens ma peine qui ne cesse de croître, sans jamais s'arrêter, j'ai l'impression d'être dans un tunnel sans fin. Que l'on m'a déposé là et que je reste planté à l'endroit même où je suis, hagarde – les bras ballants, sans solution, sans mot dire, sans explication.
« Gère ta peine et tais toi - »
Si le monde pense que j'ai tout oublié, que je t'ai oublié. Que je suis passée à autre chose, parce que j'arrive à sourire, à rire – Sache que ce n'est pas vrai, tu es dans chacun de mes gestes. Dans chacune de mes paroles, tu es mon souffle, mes pleurs, mes peines & mes joies.