Les pistolets à eau

Du temps où je marchais à quatre bras,

De l'époque où je ne regardais sur mes pas.

Quand seuls comptaient les baisers sur mon front.

Qu'est-il resté de ces jours sans mouron ?

Je me pendais aux lianes, je fusais à vélo,

Je courais en forêt, je piochais dans les pots.

De ces années passées à grimper sur les toits,

Qu'ai-je vraiment occulté aux tréfonds de moi ?

Je cueillais la mélisse, récoltais quelques noix,

Chassais le fruit perdu avec arc et carquois.

Dormant dans ma brouette en rêvant au soleil,

Cherchant toujours raison au curieux appareil.

Tueur de doryphores, je sauvais les patates,

J'écorchais mes genoux, le nez dans les tomates.

Fondeur aux mille records, je rentrais seul au port,

J'étais le roi de ma jungle, j'en ignorais la mort ...

Je jouais aussi aux dames, avant de jouer avec,

Je m'envoyais en l'air pour pas même un kopeck !