Les prisonniers
robinpclt
Le bagne, le bagne c'est bien. Je ne m'enchante pas à l'idée de travailler sous un soleil de plomb à m'en ruiner la santé, à subir les années sur mon corps en les multipliant comme sur une mauvaise table qu'on apprend à l'école. Mais je suis entre quatre murs, protégé par des hommes en arme, loin de toi. Loin de toi c'est bien. Prisonnier en dehors de ce qu'on a vécu, c'est être libre. Ici, au moins, ton amour ne me poursuivra pas, et s'il me trouve, ne pourra pas m'atteindre. Ça te coupe le souffle hein ? Si je te disais que je désire être enfermé par choix, à l'intérieur d'une forteresse. C'est pour moi la seule forme de paradis, au diable Foucault et sa punition. Je l'emmerde. J'emmerde la sanction ; l'isolement ; solitude ; dépersonnalisation. Je veux me dépouiller de ce que le monde a fait de moi, du plus profond de sa morale, je veux pourrir dans sa manifestation la plus pernicieuse. L'esclavage, le vrai, il est au-delà des murailles, j'en ai la preuve sur le cœur et dans les tripes. Je sortirai lorsque la vie aura pris le dessus sur l'ego. Pas avant.