Les retrouvailles
artax
Allongé sur la cheminée du feu d'alarme, la pense pleine, les yeux rivés vers le Nuage et l'esprit très loin d'ici, Tyrazar rêvassait à un monde où tout absolument tout serait différents d'ici, sauf évidement l'imagination sortie de la pensée des êtres vivants autochtones. Cette affirmation qu'il se surprit à penser dans un état de demi-conscience le ramena à la réalité et le fît frissonner, son esprit s'emplit de questions sans réponses. Mais fidèle à lui même la distraction si simple qui le caractérisait -malgré que le concept de la distraction lui soit totalement étranger- il replongea rapidement dans ce lointain univers imaginaire aux couleurs tant inappropriées. Un univers où se croisent d'innombrables formes de vie, parfois dans la violence, parfois dans l'altruisme mais jamais dans l'indifférence. Seule une variété de ces autochtones étaient capables d'éprouver l'indifférence, que ce soit envers les étrangers ou envers ses semblables. Tyrazar revint une fois de plus à la réalité à coups de frissons qui lui firent reprendre conscience que ses pensées étaient d'une étrangeté terrifiante, s'il essayait de provoquer ce raisonnement il n'y arriverait pas et il le savait, c'était comme s'il était induit dans cette forme logique inexistante dans son propre univers par une cause extérieur à ce dernier. Cette induction fictive de toute évidence lui parut extrêmement ridicule en comparaison de ses pensées précédente, et la conclusion de cette comparaison était tout aussi ridicule d'après lui! Comment pouvait-il s'adonner à ce genre de loisirs cérébraux par ces temps si sombres? Il est vrai que depuis un passé très lointain -trop lointain- se surprit-il à rectifier, la Haute Zéronité n'avait pas pratiqués de loisirs et avait même fait disparaître de la Haute pensée Zéronne l'existence de telles pratiques pour ne transmettre au fil des âges que le Devoir, le devoir de se protéger de la Basse Menace Zéronne… Tyrazar eu un moment de panique, il ne savait expliquer ce qu'il lui arrivait, la multitude de sensations jusqu'alors inconnues, conséquences de raisonnements tout aussi nouveaux qu'il venait de ressentir et penser. Y avait-il une part de vérité? Était-il simplement en train de délirer? Encore des questions sans réponses, plus il y pensait plus il était terrifié. Puis lui vint en tête la question à laquelle il fallait répondre pour comprendre ce tout, et il le sut instantanément en se la posant: pourquoi à partir de pensées si plaisantes qu'étaient les descriptions d'un univers fascinant, était-il arrivé à ces sensations si désagréables? La réponse était toute simple, il y avait même déjà en parti répondu quelques instants plus tôt: la Haute Zéronne s'était engouffrée dans un mode de pensé qui empêchait les Hauts Zérons de suivre certaines voies. Sans crier gare la terreur immense, inavouable se fît ressentir à nouveau en Tyrazar, et les fameuses questions qui ont le chic pour se bousculer les unes les autres ne se firent pas languir… Elles étaient en surnombre et eurent raison de Tyrasar, à peine finissait-il de s'en poser une qu'une nouvelle naissait de la précédente. Les heures passaient, tout juste était-il encore capable de différencier la raison de la folie, les questions cessèrent subitement de l'assaillirent, puis les couleurs vives et étranges de ses précédentes visions revinrent le fasciner et l'éblouirent d'une sensation de sérénité totalement étrangère. C'était la première fois depuis des temps immémoriaux qu'un Haut Zéron accédait à l'état de plénitude, Tyrazar le savait, il savait aussi désormais que la terreur qui l'avait hanté plus tôt était le chemin d'accès, plus précisément la façon dont la terreur avait été provoquée. Loin de toutes misère, toutes peurs auxquelles il était confronté jusqu'à présent, dans cet endroit fictif si fascinant à découvrir, il sentit rapidement l'envie de partager cette Chose invraisemblable. Mais comment parler d'une chose inexistante qui est composer d'autres choses indéfinissables, indescriptibles? Peu importe il y était maintenant et il y était seul! Tout à coups le bleu azur de son doux rêve se ternit, Tyrasar revint rapidement à la réalité et vit le Nuage habituellement grisâtre, flamboyer d'un rouge orangé terriblement agressif. Il comprit que les feus d'alertes s'allumaient en réaction en chaîne et qu'il lui fallait quitter son nid douillet pour l'embraser, même si les précédents feux illuminaient déjà le Nuage plus loin que la prochaine cheminée, c'était son devoir. Cela signifiait que le monde qu'il avait connu était sur le point de connaître un tournant considérable dans son Histoire, quel qu'en soit la direction. Tyrasar fût surpris de ne pas trouver ridicule de penser que la Chose était intimement liée avec l'alerte, qui n'avait plus eu été lancée depuis fort longtemps. Un nouveau frisson le parcourra.